Faisant écho à cet article déjà paru sur notre site, L’association Addictions France a récemment révélé des pratiques marketing inquiétantes des industriels de l’alcool sur les réseaux sociaux, visant à séduire les jeunes consommateurs. L’association soulève des questions sur l’impact de ces stratégies sur la santé publique et la nécessité d’une régulation plus stricte.
Selon une étude de l’Observatoire Français des Drogues et des Tendances addictives (OFDT), près de 15 % des élèves de 4e et 3e, ainsi qu’un tiers des jeunes de 17 ans, ont expérimenté le « binge drinking » au cours du mois précédent l’enquête. Cette tendance inquiétante est aggravée par le fait que l’alcool est le premier facteur d’hospitalisation et la deuxième cause de mortalité évitable en France. En dépit de ces chiffres alarmants, les jeunes sont de plus en plus exposés à la promotion de l’alcool sur les réseaux sociaux, comme le souligne le rapport d’Addictions France.
Une exposition massive à la publicité, parfois déguisée
L’étude a révélé que 80 % des adolescents voient des publicités pour de l’alcool chaque semaine sur leur téléphone. Les marques comme Ricard, Heineken et Apérol sont parmi les plus gros annonceurs sur ces plateformes, utilisant des contenus sponsorisés qui s’intègrent directement dans les publications des utilisateurs sur Instagram et TikTok. Ces publicités sont souvent des mini-films soigneusement réalisés, mettant en avant l’alcool de manière séduisante et tendance.
Un autre aspect clé de cette stratégie marketing est l’utilisation d’influenceurs. Par exemple, la marque Bombay Sapphire a réussi à populariser le Gin Tonic auprès des jeunes en collaborant avec des influenceurs qui partagent des moments festifs autour de leurs produits. Myriam Savy, directrice du plaidoyer pour l’association, souligne que ces influenceurs, en se mettant en scène lors d’événements sponsorisés, véhiculent une image positive du produit, incitant ainsi les jeunes à le consommer. Cette approche a visiblement porté ses fruits, avec 38 % des consommateurs de gin âgés de 18 à 35 ans.
Un vide juridique exploité
Les industriels de l’alcool profitent d’un vide juridique. Bien que la loi Évin de 1991 ait interdit la publicité pour l’alcool à la télévision et au cinéma, elle ne couvre pas les réseaux sociaux, qui n’existaient pas à l’époque. Les actions en justice menées par les associations pour contrer ces pratiques prennent du temps, car elles nécessitent une documentation rigoureuse des contenus, souvent éphémères. Pendant ce temps, de nouvelles publicités continuent d’apparaître, rendant la régulation difficile. Face à cette situation, l’association Addictions France appelle à une réforme urgente de la législation afin d’interdire spécifiquement la publicité pour l’alcool sur les réseaux sociaux. Cette mesure est jugée nécessaire pour protéger les jeunes des influences néfastes et réduire les risques associés à la consommation d’alcool .
Les techniques marketing des industriels de l’alcool sur les réseaux sociaux soulèvent des préoccupations majeures quant à la santé des jeunes. L’exposition accrue à des contenus valorisant l’alcool, couplée à l’influence des réseaux sociaux, crée un environnement propice à une consommation excessive. Il est impératif que des mesures législatives soient prises pour encadrer ces pratiques et protéger les générations futures.
Le rapport complet est à retrouver ici
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