Le palissage est une intervention qui est encore très largement réalisée manuellement car l’utilisation des fils releveurs la rend beaucoup plus facile. La qualité de l’agencement des rameaux dans le palissage qui conditionne ensuite la bonne aération des grappes au sein de la végétation est une notion qui a été supplantée par les enjeux de recherche de productivité. Le palissage manuel avec des fils releveurs nécessite entre 10 et 25 heures par hectare selon le niveau d’exigence qualitative et esthétique. Le regroupement des surfaces conduit cependant beaucoup de viticulteurs à repenser l’organisation des travaux de palissage. Certains optent pour un travail rapide et minimum et d’autres cherchent à trouver une alternative au travail manuel. La raréfaction de la main-d’œuvre temporaire et le souci de réduire les coûts de production semblent aujourd’hui susciter un nouvel intérêt autour de la mécanisation. La société Tordable a sorti cette année une nouvelle palisseuse dont les principes technologiques ouvrent de nouvelles possibilités.
Le palissage, une intervention à réaliser au moment opportun
La mécanisation du palissage est une opération à laquelle de nombreux constructeurs se sont intéressés avec plus ou moins de succès compte tenu des fortes variations de comportement de la végétation d’une parcelle à une autre et des variations importantes de pousse selon le climat. L’une des difficultés du palissage réside dans le fait que la qualité du travail est directement liée à l’état d’avancement de la végétation. En effet, tant que les rameaux n’ont pas atteint une certaine longueur, leur relevage s’avère inefficace et à l’inverse, une intervention trop tardive en présence d’une végétation trop abondante rend le travail difficile et beaucoup plus lent. Les travaux de palissage doivent être effectués à un stade de développement opportun dans chaque parcelle, ce qui constitue un handicap en matière de mécanisation. La nature du port de la végétation des différents cépages influence aussi fortement la rapidité et la qualité du travail. Le merlot ou l’ugni blanc qui possèdent un port retombant sont beaucoup plus difficiles à palisser que des cépages à port érigé comme le Colombard ou le cabernet. Les fortes hauteurs de palissage obligent aussi les viticulteurs à passer deux fois pour canaliser le développement des rameaux. La mécanisation du palissage doit être abordée à la fois avec un souci de rapidité d’intervention pour prendre la végétation au bon moment et à un coût abordable, car le travail manuel a gagné en productivité avec la généralisation des fils releveurs dans la plupart des vignobles. Un palissage manuel avec des fils releveurs permet de limiter les charges de main-d’œuvre entre 10 et 25 heures/ha dans des vignes larges selon le niveau d’exigences. Certains viticulteurs optimisent le chantier de palissage manuel en attendant un développement maximum de la végétation pour remonter les fils releveurs en une seule fois dans les vignes larges et en acceptant que le palissage ne soit pas parfait, mais l’enjeu prioritaire est de réaliser le travail en 10 heures/hectare. Le principal inconvénient de cette méthode de palissage en un seul passage tardif est lié aux conséquences du vent qui certaines années peut casser beaucoup de rameaux avant que les fils soient remontés. L’autre moyen d’optimiser le palissage manuel est de monter en deux fois les fils releveurs pour, dans un premier temps, canaliser la végétation et ensuite la maintenir définitivement en réalisant un agrafage. Dans les vignes équipées de piquets bois, les fils sont en général posés sur deux niveaux de pointes distants de 30 centimètres et une bonne tension des fils évite de poser des agrafes. Dans les vignes équipées de piquets métalliques, les fils sont posés très facilement sur les encoches du profilé et leur remontage en deux fois s’avère très facile. Le dispositif d’écarteurs commercialisés par certains fabricants constitue aussi une alternative pour canaliser la végétation dès le départ et retarder l’intervention proprement dite de palissage. Ces accessoires comme les deux niveaux de pointes des piquets bois nécessitent un certain entretien car ils peuvent être abîmés lors des vendanges mécaniques. L’intérêt du palissage en deux fois est, d’une part, de limiter les conséquences du vent et, d’autre part, d’étaler dans le temps les travaux de palissage.
Un intérêt constant des constructeurs depuis 30 ans
La mécanisation du palissage est donc une intervention qui doit répondre à la fois à des exigences de productivité et aussi de qualité pour éviter les entassements de rameaux. Les constructeurs utilisent deux techniques pour assurer le palissage, soit des machines déroulant des ficelles pour canaliser la végétation, soit des machines remontant les fils releveurs. Au cours des dernières années, les surfaces palissées mécaniquement sont en hausses mais elles restent encore marginales par rapport au travail manuel avec des fils releveurs et en général ce sont les propriétés de surfaces importantes qui s’intéressent à la mécanisation. Les pionniers du palissage mécanique ont été les sociétés Grégoire et Dagnaud dans le courant des années 70, qui proposaient des machines déroulant des ficelles mais à l’époque ces équipements n’ont pas trouvé leur marché face à la concurrence de la main-d’œuvre familiale disponible sur les propriétés et au développement des fils releveurs. Dans le courant de la décennie 80, le palissage mécanique a fait un retour avec le matériel allemand Ero, simple et d’un coût abordable et par la suite sous l’impulsion de Pellenc qui a présenté la machine à remonter les fils releveurs. La société Pellenc a mené une réflexion globale sur le palissage qui a débouché sur la mise au point d’une machine utilisant les fils releveurs avec un agrafage automatique. Cet équipement a mis un peu de temps a trouvé son public mais au fil des années il s’est imposé en France comme la référence en terme de mécanisation de palissage. Dans le milieu des années 90, un petit constructeur en Charente, JR Distribution, a mis au point une palisseuse simple et peu coûteuse qui remonte les fils releveurs grâce à des disques crantés mais sans réaliser la fonction d’agrafage. Après le passage de la machine, une intervention manuelle est nécessaire pour poser les agrafes traditionnelles. Cette approche de la mécanisation a trouvé un écho favorable dans les propriétés où la main-d’œuvre familiale est encore présente. En Italie, plusieurs constructeurs proposent des palisseuses mécaniques qui n’ont pas connu un développement en France.
Des propriétés de tailles beaucoup plus réceptives à la mécanisation du palissage
Actuellement, une conjonction d’éléments plaide en faveur d’un nouveau développement du palissage mécanique dans les propriétés de taille moyenne (de 20 à 50 ha). Le souci de réduire les charges de production est devenu beaucoup plus prioritaire et un gain de 10 à 15 heures de main-d’œuvre par hectare suscite un véritable intérêt même si la qualité du travail ne sera pas tout à fait la même. Par ailleurs, il devient de plus en plus difficile de trouver et de gérer de la main-d’œuvre temporaire pour réaliser ce travail et le manque de formation de ce personnel pose aussi des problèmes. La mise en place de méthodes d’organisation des travaux différentes permet aussi d’envisager une utilisation quotidienne plus intense des palisseuses mécaniques sur une courte période. Le matériel peut travailler 14 à 16 heures par jour et dans les cépages à port retombant, le fait de palisser mécaniquement à la « fraîche » peut constituer un avantage en matière de rigidité de la végétation. Par ailleurs, les contraintes des bouts de rangs non palissés et le niveau de technicité du personnel conduisant les palisseuses semblent poser de moins en moins de problème. Les viticulteurs sont désormais habitués à utiliser des matériels assez complexes à conduire et à régler. Le fait de devoir palisser manuellement quelques mètres en bout de rang pose de moins en moins de problème et les structures du palissage solides et de mieux en mieux agencées contribuent à faciliter le travail mécanique. Les nouveaux moyens de tension des fils releveurs (tendeurs à mâchoires) et leur parfaite libération au niveau du sol facilitent considérablement le travail par la suite. La bonne marche des palisseuses est aussi étroitement liée à l’état du sol qui doit être le plus plat possible pour éviter les balancements latéraux de la tête de palissage sur les rangs. Plusieurs utilisateurs de machines Pellenc semblent assez unanimes pour dire que sur une propriété et pour un même cépage, le palissage mécanique doit être réalisé sur une courte période de 10 à 15 jours maximum et ce délai est variable selon les années. Le délai d’utilisation des palisseuses joue un rôle déterminant sur la rentabilité de cette intervention. L’arrivée d’une nouvelle génération de palisseuses mécaniques est peut-être aussi en train de faire évoluer la technologie du relevage à la fois sur le plan de la rapidité du travail, de l’organisation de cette intervention et de la qualité de l’intervention dans la mesure bien sûr où les vignes sont préparées à cette intervention.
La « Palisso » palisse et remonte les fils en deux phases bien distinctes
Une technologie permettant d’envisager le palissage en deux passages
Bibliographie :
– Société Tordable, SA de Frimont, 33190 La Réole.