Un territoire et des acteurs en mouvement

21 mars 2024

« La prévision est difficile surtout lorsqu’elle concerne l’avenir. Mieux vaut s’attendre au prévisible que d’être surpris par l’inattendu. »

Les derniers mois auront été éprouvants pour la filière Cognac. Si la tendance sur les expéditions tend, depuis trois mois à retrouver le chemin de la croissance avec + 5,7 % en décembre, + 3,2 % en janvier et + 15 % en janvier, la prudence reste de mise et l’optimisme encore timide à l’abord de la campagne 2024. Si les questions sont encore nombreuses pour les opérateurs de la filière à la fois côté vignes (rendement, plantations, couts de production), côté chais (stocks) et côté marchés (contexte géopolitique, accès aux marchés), chacun s’est mis, à son niveau, en mouvement pour avancer. La résilience, terme plus que galvaudé ces dernières années retrouvant ici toute sa place et ses lettre de noblesse.

Comme certains représentants de la filière, « des anciens », n’ont eu de cesse de le rappeler au cours des dernières années, alors même que d’autres préféraient se laisser bercer par le chant des sirènes d’une croissance infinie, la résilience d’une exploitation repose à la fois sur des réserves financières bien gérées, des stocks d’eaux-de-vie rassises libres et donc commercialisables rapidement, mais aussi sur des stocks de réserve climatique permettant de palier un aléa de production, soit sur une véritable gestion d’entreprise, l’exploitant viticole ayant la lourde responsabilité et tâche d’être à la fois à la vigne et au bureau, soit au four et au moulin.

Alors que les résultats exceptionnels des dix dernières avaient laissé s’installer un certain confort, voire une certaine opulence, les tensions globales sur les marchés ont amené chacun à réétudier, d’un peu plus près, la situation macroéconomique pour ensuite et en regard la rapporter à l’échelle microéconomique, soit au niveau de l’exploitation. Dans ce cadre, un outil cristallise toutes les attentions : le Business Plan Cognac. Si l’outil est encore aujourd’hui nébuleux pour nombre de viticulteurs, tous ont néanmoins envie de comprendre le dispositif, ses tenants et aboutissants, son fonctionnement, pour in fine analyser ses résultats.

Pour rappel, le business plan Cognac est un outil de projection reposant sur le partage d’une vision économique, à horizon 15 ans, entre les familles de la viticulture et du négoce. Le grand objectif du business plan est donc le suivant : disposer d’une production (rendement/plantations) et de stocks répondant aux besoins du marché (quantité à mettre en stock pour satisfaire les marchés et fluidité des approvisionnements). Sur la base des données d’entrées validées par les familles de la viticulture et du négoce, il permet de proposer, en début de mandature, le niveau de rendement à adopter pour les trois campagnes à venir, mais aussi le niveau d’autorisations de plantations nouvelles annuellement demandé par la filière Cognac.

Côté maisons de cognac et au début de chaque mandature, la famille du négoce présente alors sa vision partagée des perspectives du marché du Cognac dans le monde, en présentant un taux de croissance annuel sur 15 ans, préalablement confrontée aux perspectives de consommation de spiritueux au niveau mondial et aux perspectives de croissance économique mondiale publiées par l’OCDE pour le Cognac et les autres utilisations. La répartition par qualité (VS, VSOP, XO) à horizon 15 ans est aussi présentée, tout comme la répartition détaillée, au sein de chaque qualité, des besoins pour chaque compte d’âge. Ces perspectives de croissance permettent de calculer les volumes à mettre en stock annuellement et donc d’évaluer, d’anticiper les besoins futurs.

Côté viticulture, cette dernière présente, de la même manière, ses ambitions de production à horizon 15 ans, en intégrant ses objectifs de renouvellement du vignoble, d’entreplantation, mais aussi l’impact des changements d’itinéraires techniques (sujet très prégnant dans un contexte de réduction de l’utilisation des intrants phytosanitaires), et prenant en compte les risques d’aléas climatiques.

Ces perspectives permettent de calculer un rendement agronomique sur 15 ans, auquel la notion de dispersion est ensuite appliquée pour le calcul du rendement annuel minimum Cognac triennal. En effet et alors que la somme des rendements des exploitations ne permet pas nécessairement d’atteindre les besoins de mise en stock, les services de l’interprofession calculent, à l’échelle de chaque exploitation et sur les six dernières récoltes, la différence entre le rendement agronomique de l’exploitation – en prenant alors en compte les réintégrations de réserve climatique – et le rendement annuel Cognac.

Et c’est là que la nuance est importante ! Si le rendement annuel cognac détermine bien ce que chacun aura le droit de produire pour le millésime, après application de la dispersion, c’est bien le rendement à passer en chaudière qui est l’expression du besoin des marchés.

Avec la mise à jour de l’outil et son adaptation toujours en cours à date, tous attendent déjà avec impatience ses résultats et surtout le rendement de l’année, chacun partageant déjà son pronostic, plus ou moins optimiste !

A lire aussi

L’appel à l’aide de l’US Cognac Rugby

L’appel à l’aide de l’US Cognac Rugby

C'est un constat qui a fait le tour des médias, sportifs ou non: l'US Cognac va très mal. Malgré les efforts de Jean-Charles Vicard pour tenter de redresser la barre, le club se retrouve dans une difficile situation financière.  La direction a de fait décidé d'envoyer...

error: Ce contenu est protégé