Réchauffement climatique: le génome de la vigne pourrait être la clé de sa survie

13 février 2024

Dans le contexte du dérèglement climatique, des épisodes à plus de 40° dans la majorité du pays deviennent annuels; ainsi 2019 restera dans l’histoire comme l’année là plus chaude jamais enregistrée en France -jusqu’à présent-, avec un pic à 46° à l’ombre dans l’Hérault. Fortuitement se trouvait, à quelques kilomètres, une expérimentation menée par des scientifiques de l’Institut Agro et d’INRAE qui rassemblait plus de 250 cépages cultivés en pot dans le vignoble expérimental Pierre-Galet à Montpellier. Ces conditions ont permis d’évaluer « grandeur nature » comment la diversité des cépages de vigne répond aux températures extrêmes.
 
D’après les simulations des chercheurs, les feuilles des plants les plus éclairés ont atteint près de 54°, les brûlant littéralement. Mais tous les cépages n’ont pas subi le même sort : certains ont manifesté des dégâts très sévères alors que d’autres sont sortis indemnes de l’épisode caniculaire. Devant ce constat, les scientifiques ont développé une approche de « génétique d’association » : en croisant les mesures de symptômes avec les informations disponibles sur la diversité des cépages et de leur génotype, ils ont identifié les parties du génome impliquées dans les réponses mesurées.
 
Six régions du génome ont ainsi été mises en évidence dans les réponses au stress thermique. Dans ces régions, les chercheurs ont identifié des groupes de gènes, mais ne savent pas encore si seul l’un d’entre eux est important, ou s’ils agissent de concert. Ces gènes sont corrélés à la gestion du stress oxydant (lié à la production de molécules qui déstabilisent les cellules de la plante) et à la signalisation activée aux fortes températures, mais étonnamment, pas la transpiration. Alors que cette dernière pourrait avoir abaissé la température de surface de presque 5 °C.
Ce résultat pourrait s’expliquer par le compromis entre le besoin en eau pour le refroidissement de la plante et la disponibilité en eau dans le sol. En effet, les canicules sont souvent couplées à des épisodes de sécheresse, et le maintien de l’eau dans le sol et au sein de la plante est tout aussi crucial que la régulation de la température de la plante pour assurer son intégrité.
 
L’intensité et la fréquence des événements extrêmes vont augmenter dans le climat futur, et l’épisode de juin 2019 a permis aux chercheurs d’explorer une partie du potentiel génétique de la vigne dans de telles conditions. Ces résultats permettent d’envisager un progrès majeur dans l’amélioration variétale en viticulture, et peut-être sur d’autres espèces cultivées. Une solution à combiner avec d’autres leviers agronomiques pour adapter nos cultures au changement climatique.
Source: INRAE

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