Alors que l’échéance du vote du conseil se fait de plus en plus pressante, et au moment où la pression de l’enquête conduite par les autorités chinoises ne retombe pas avec des enquêteurs aujourd’hui en terres charentaises pour auditer encore plus en détail les grandes maisons charentaises, la combativité reste de mise pour les professionnels du cognac qui envisagent encore une sortie vers le haut sur ce dossier. Prise en otage, comme son cousin Armagnac, dans un différend qui ne la concerne pas, la filière appelle aujourd’hui le nouveau gouvernement et la diplomatie française à tout mettre en œuvre, dans cette dernière ligne droite, pour que les décisions prises, le soient, en pleine responsabilité et conscience des risques encourus pour toute une économie et un territoire.
Le Paysan Vigneron : En tant que président du BNIC, quelle analyse faite vous de la gestion du dossier chinois depuis le lancement de la procédure en janvier dernier ?
Florent Morillon : Pour reprendre la chronologie de manière synthétique, quand nous avons appris la nouvelle du lancement de cette enquête le 5 janvier dernier, nous avons collectivement pris un coup de massue sur la tête. Pourtant nous n’avons pas eu le temps d’encaisser ce coup qu’il fallait déjà réagir pour respecter les délais très contraints de la procédure, mais aussi pour rencontrer rapidement toutes les autorités et représentants de l’Etat compétents et porter ce dossier de front. Nous étions alors loin de nous imaginer les enjeux et conséquences, déjà immédiates, d’une telle enquête. L’ampleur humaine, logistique, financière, le rythme aussi, cela fait plus de 9 mois que cette enquête fait partie de notre quotidien et que nous collaborons pleinement avec les autorités chinoises. Nous avons répondu à toutes les enquêtes successives, avons été reçus à Pékin et recevons en ce moment même des enquêteurs du ministère du commerce chinois dans nos maisons.
Dans le même pas de temps et depuis janvier, nous avons rencontré toutes les autorités compétentes, à plusieurs reprises, à Paris comme à Cognac. Nous avons directement pu défendre notre dossier auprès de l’Elysée et de nos ministres de tutelle. Si à chaque fois, ces derniers et leurs équipes ont fait preuve d’empathie à l’égard de notre région, manifestant l’intention de nous aider, force est de constater, qu’à ce jour, le dossier n’a pas avancé en notre faveur.
Florent Morillon, président du BNIC
© BNIC/Fabrice Schäck
Florent Morillon, président du BNIC
© BNIC/Fabrice Schäck
Le Paysan Vigneron : En tant que président du BNIC, quelle analyse faite vous de la gestion du dossier chinois depuis le lancement de la procédure en janvier dernier ?
Florent Morillon : Pour reprendre la chronologie de manière synthétique, quand nous avons appris la nouvelle du lancement de cette enquête le 5 janvier dernier, nous avons collectivement pris un coup de massue sur la tête. Pourtant nous n’avons pas eu le temps d’encaisser ce coup qu’il fallait déjà réagir pour respecter les délais très contraints de la procédure, mais aussi pour rencontrer rapidement toutes les autorités et représentants de l’Etat compétents et porter ce dossier de front. Nous étions alors loin de nous imaginer les enjeux et conséquences, déjà immédiates, d’une telle enquête. L’ampleur humaine, logistique, financière, le rythme aussi, cela fait plus de 9 mois que cette enquête fait partie de notre quotidien et que nous collaborons pleinement avec les autorités chinoises. Nous avons répondu à toutes les enquêtes successives, avons été reçus à Pékin et recevons en ce moment même des enquêteurs du ministère du commerce chinois dans nos maisons.
Dans le même pas de temps et depuis janvier, nous avons rencontré toutes les autorités compétentes, à plusieurs reprises, à Paris comme à Cognac. Nous avons directement pu défendre notre dossier auprès de l’Elysée et de nos ministres de tutelle. Si à chaque fois, ces derniers et leurs équipes ont fait preuve d’empathie à l’égard de notre région, manifestant l’intention de nous aider, force est de constater, qu’à ce jour, le dossier n’a pas avancé en notre faveur.
La situation est identique, voire potentiellement encore plus impactante pour nos structures. Alors qu’était évoquée une surtaxe de 15 % au printemps, des niveaux pouvant aller jusqu’à 39 % sont désormais sur la table. Si nous mettons tout en œuvre de notre côté, il nous faut un soutien qui soit, en regard, à la hauteur.
Face à cette situation d’impasse et pour alerter le nouveau gouvernement, notre syndicat viticole, soutenu par le négoce, par nos instances, notre filière élargie, nos partenaires, nos élus, a initié une grande mobilisation. Cela fait 26 ans que les tracteurs et la filière n’étaient pas sortie dans la rue. C’est un temps fort et important de notre mobilisation s’il fallait encore rappeler notre pleine unité sur ce dossier.
La situation est identique, voire potentiellement encore plus impactante pour nos structures. Alors qu’était évoquée une surtaxe de 15 % au printemps, des niveaux pouvant aller jusqu’à 39 % sont désormais sur la table. Si nous mettons tout en œuvre de notre côté, il nous faut un soutien qui soit, en regard, à la hauteur.
Face à cette situation d’impasse et pour alerter le nouveau gouvernement, notre syndicat viticole, soutenu par le négoce, par nos instances, notre filière élargie, nos partenaires, nos élus, a initié une grande mobilisation. Cela fait 26 ans que les tracteurs et la filière n’étaient pas sortie dans la rue. C’est un temps fort et important de notre mobilisation s’il fallait encore rappeler notre pleine unité sur ce dossier.
Le Paysan Vigneron : Plusieurs rencontres ont été organisées cette semaine à l’Elysée et à Matignon, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
Florent Morillon : Notre rencontre du 25, à l’Elysée, était déjà programmée avant la manifestation. A l’approche du vote du Conseil, il était indispensable pour nous, une nouvelle fois, de tirer la sonnette d’alarme. La rencontre de la veille, à Matignon, a quant à elle été obtenue grâce à la mobilisation du 17 septembre. Une dernière réunion était organisée, toujours à Matignon, à l’initiative de l’Union patronale, bien consciente des risques encourus pour notre tissu économique, notre écosystème et notre territoire. Interprofessions du cognac et de l’armagnac, syndicats de la viticulture et du négoce, FEVS, mais aussi élus et partenaires institutionnels, tous se mobilisent aujourd’hui pour arriver à une issue favorable pour notre filière. Ces échanges ont été l’occasion, à chaque fois, de rappeler nos messages et les conséquences de la mise en place de surtaxes. Les échanges ont été francs et transparents du côté des services de l’Etat, comme du notre.
Le Paysan Vigneron : Dans quel état d’esprit s’inscrivent aujourd’hui les discussions ?
Florent Morillon : Nous sentons une prise de conscience plus collective, les différends tendant à se multiplier aujourd’hui à l’échelle européenne, avec des filières porcine et laitière désormais également sous le coup d’une enquête diligentée par la Chine. Le premier syndicat de France, la FNSEA, s’en inquiétait d’ailleurs lui aussi, comme du dossier cognac, auprès de notre nouvelle ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire ces jours-ci. Si nous ne trouvons pas de solution, les conséquences seront majeures et risqueraient, en plus de condamner notre territoire, d’amplifier la crise viticole nationale. Si nos négociants vendent moins de cognac, ils achèteront moins, soit des volumes qu’il faudra écouler sur un marché déjà en crise. Il faut avancer sur une issue favorable.
Le Paysan Vigneron : Comment avancer vers cette issue favorable ?
Florent Morillon : Il nous faut trouver des solutions de fond tout en ayant en tête le calendrier qui nous contraint. Le vote du Conseil, imminent, pourrait être décalé à la fin octobre. Il nous faut obtenir ce délai. La France doit jouer de tout son poids dans ce cadre.
Il nous est indispensable de disposer de ce temps, déjà court, pour proposer des solutions et d’abord en trouvant un espace de dialogue. Nous comprenons que la France souhaite soutenir le secteur automobile, mais ce soutien ne doit pas se faire à notre détriment. Il faut prendre du recul et avoir une discussion plus large, qui repositionne la France comme un pays facilitateur dans les échanges avec la Chine. La position française, très tranchée au démarrage de l’enquête de la Commission, et qui conduira peut-être le Conseil à voter des surtaxes sur les véhicules électriques importés de Chine, a créé un climat qui nous a été défavorable, conduisant à la situation que nous connaissons.
Nous devons néanmoins avancer. Nous voyons aujourd’hui les positions espagnole et allemande davantage orientées vers le dialogue. La France peut faire de même, tout en conservant une position de fond sur le dossier des voitures électriques. Une abstention de sa part serait évidemment une possibilité que nous aimerions envisager. Il y a dans tous les cas d’autres sujets à mettre sur la table et il faut poursuivre les échanges, commerciaux comme diplomatiques.
« Ce qui serait de nature à nous rassurer, ce serait d’obtenir un résultat positif. Pour le moment, nous n’avons que des intentions. »
Le Paysan Vigneron : Un dernier message ?
Florent Morillon : Encore une fois, nous mettons tout en œuvre et avons fait tout ce qui était en notre pouvoir. La mobilisation est pleine et entière. En plus de ces réunions, nos parlementaires, nos services de l’Etat, nos présidents de conseils départementaux et régionaux, nos syndicats professionnels, mais aussi le Medef en local et national, ou encore les syndicats agricoles nationaux, tous sont à nos côtés.
En parallèle, nos entreprises ouvrent leurs portes, donnent accès à toute leur comptabilité, traduisent des dizaines milliers de pages en chinois, engagent des millions d’euros en frais d’avocat dans le but répondre, avec précision et réactivité, à toutes les demandes qui sont formulées.
Nous sommes donc dans l’action. Depuis le 5 janvier, nous n’avons négligé aucune piste et nous continuons à nous battre. Ce qui serait de nature à nous rassurer, ce serait d’obtenir un résultat positif. Pour le moment, nous n’avons que des intentions. Nous restons néanmoins positifs tant qu’aucune décision n’est prise et continuons de croire à une issue favorable.