Au sein de la Confédération française des vins de pays, présidée par Jean Huillet, on ne s’estime pas choquée par l’idée d’une éventuelle gestion des vins de pays par un Institut de la qualité issu de l’évolution de l’INAO. Sans oublier de rappeler qu’au préalable, les vins de pays doivent obtenir gain de cause sur leur demande de reconnaissance en tant que signe officiel de qualité, une requête figurant dans la future loi d’orientation agricole.
Ne pas confondre cause et conséquence ! Ne pas raisonner à l’envers ! C’est le premier message qu’entendent faire passer les vins de pays au sujet d’un possible ralliement à un Institut de la qualité. C’est parce que les vins de pays pourraient être reconnus signe officiel de qualité qu’ils seraient susceptibles d’être gérés par un Institut de la qualité composé de l’INAO et de la Commission nationale des labels. Lors du précédent débat sur le projet de loi sur les territoires ruraux, les vins de pays avaient essuyé une fin de non-recevoir. A l’époque, beaucoup de personnes s’étaient opposées à leur demande de reconnaissance comme signe officiel de qualité. Auront-ils plus de chance cette fois-ci ? Il semblerait que les esprits aient évolué et notamment parmi la famille des AOC. Reste à convaincre les pouvoirs publics. Sinon, les vins de pays voient plutôt d’un bon œil – à quelques « rouspétailles près » sans doute – la perspective d’une gestion au sein d’un Institut de la qualité. Ils quitteraient sans trop de regrets un ONIVINS de plus en plus dépouillé de sa composante vin au profit de sa composante fruits et légumes. L’ONIVINS ne doit-il pas être rebaptisé « Plantes et saveurs de France » ! Les vins de pays émettent pourtant une réserve à cette gestion commune des vins à indication géographique à l’intérieur d’un Institut de la qualité : conserver leur spécificité. « Nos produits ont comme caractéristique de s’adapter en permanence au marché. L’évolution des conditions de production s’effectue beaucoup plus rapidement qu’à l’INAO. Il nous faudrait garder cette marge de manœuvre car la logique des VDP ne se situe pas sur le même plan que celle des AOC. »
Si la gestion par bassin représente le gros dossier du jour à la Confédération française des vins de pays, il inspire aussi pas mal d’interrogations. Créer un bassin de production c’est bien mais pour faire quoi ? Par définition, aucun bassin n’étant étanche, on considère « qu’il faudra une instance au niveau national chargée de mettre en cohérence les différentes politiques définies en région mais aussi de les valider, voire de les sanctionner ». « Que se passerait-il si une région se mettait à planter plusieurs milliers d’ha ? » Des questions se posent également sur la répartition des rôles entre syndicats, interprofessions. Compliqué, compliqué…
La crise traversée par les AOC touche-t-elle les vins de pays ? Réponse des intéressés : « D’une certaine façon oui et ce pour deux raisons : d’abord parce que de nombreuses exploitations sont mixtes et ensuite par l’effet de déstockages massifs de certaines appellations. Quand certaines grandes appellations toussent, nos vignerons s’enrhument. » Certes, admettent volontiers les représentants des vins de pays, « la crise de confiance qui touche les AOC nous épargne un peu, dans la mesure où nous sommes moins connus et aussi parce que nous sommes parfois plus rigoureux. Les consommateurs le ressentent. Mais il n’empêche ! Quand les cuves sont pleines et que les AOC se vendent peu chers, nous en subissons les conséquences. Tout est lié à l’intérieur d’un bassin. »
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