qui génèrent des gains de productivité. Les constructeurs essaient de répondre à ces
exigences en proposant une diversité de produits même si la conjoncture actuelle de
marché n’est pas porteuse au plan national. Les évolutions concernent de nombreux
secteurs d’activité : la traction, la taille, le prétaillage, l’épandage des engrais, la récolte,
le transport de la vendange et même la tonnellerie. Nous vous présentons une synthèse
d’innovations marquantes sur le plan technologique.
Malgré un marché français des tracteurs vignerons et vergers en net recul sur le premier semestre 2006, un certain nombre de constructeurs continue d’investir dans des nouveaux modèles. Dans les vignes dites larges (de 2 m d’écartement et plus), les viticulteurs sont à la recherche d’un tracteur principal permettant des combinaisons d’outils. La réalisation de plusieurs opérations en un seul passage s’inscrit dans un objectif de recherche de productivité et elle est aussi la conséquence sur de nombreuses propriétés de la raréfaction des chauffeurs qualifiés. Pour satisfaire à ces nouvelles exigences, les nouveaux tracteurs viticoles doivent faire preuve d’une certaine polyvalence technologique en matière de puissance et de distribution hydraulique et au niveau des systèmes d’attelage (arrière, avant ou entre-roues). La conduite d’un tracteur effectuant deux types de travaux bien différents nécessite une attention soutenue de la part des chauffeurs pour réaliser le travail dans les rangs mais aussi lors des manoeuvres au niveau des tournières. Les constructeurs ont essayé de répondre à toutes ces attentes en proposant des postes de conduites très confortables et de nouveaux moyens technologiques pour optimiser la constance des vitesses d’avancement et les fonctions d’arrêt et de mise en route des différents outils. New Holland a été le promoteur de cette évolution il y a quelques années avec sa nouvelle gamme TNF. Ces tracteurs présentent des évolutions importantes comme l’essieu avant Super-steer, un poste de conduite entièrement repensé, l’introduction de moyens nouveaux d’assistance de conduites et des performances hydrauliques élevées. L’avancée technologique des nouveaux tracteurs TNF est liée au fait que leur conception repose sur une prise en compte des attentes spécifiques de cultures comme la vigne et les vergers. Le succès commercial qui en a découlé a créé une émulation au niveau des autres constructeurs. Néanmoins, le marché viticole est une niche commerciale dont le volume de ventes est directement lié à une plus ou moins bonne santé de l’économie de cette filière. Jusqu’en 2003, les ventes connaissaient une progression intéressante en France mais depuis les immatriculations ont baissé régulièrement. Ce nouveau contexte guère porteur ne décourage pas certains constructeurs qui continuent de miser sur l’innovation pour stabiliser ou conquérir de nouvelles parts de marché.
LE SYSTÈME STOP & GO DES TRACTEURS AME ET LAMBORGHINI
Le groupe Same Deutz Fahr a toujours montré une forte implication dans les créneaux de marché des tracteurs vignes et vergers, et la part de marché des tracteurs Same et Lamborghini a enregistré une nette augmentation en 2005. Le constructeur, qui a présenté des nouvelles gammes il y a un an, continue de faire évoluer la technologie. Chez Same
toute la gamme Dorado est équipée du système Stop & Go qui améliore le confort de conduite et la maniabilité tout en limitant la consommation de gas-oil des moteurs. Contrairement à certaines idées reçues, le système Stop & Go n’est pas une évolution de l’inverseur de sens de marche Hydrive mais véritablement un nouvel outil améliorant la précision de la conduite des tracteurs. Ce nouveau dispositif breveté permet notamment d’arrêter ou de faire avancer le tracteur par une simple pression sur la pédale de frein. Le tracteur fonctionne momentanément avec une boîte à vitesse automatique tout en permettant ensuite au chauffeur de conserver la pleine maîtrise de l’utilisation de sa boîte à vitesse traditionnelle. Pour la réalisation de travaux combinés à l’avant et à l’arrière (pulvérisation et rognage ou l’entretien des sols et rognages), les chauffeurs peuvent instantanément arrêter le tracteur sans avoir besoin de débrayer. Le contrôle du déplacement du tracteur est simplifié, ce qui améliore la rapidité des mises en oeuvre, la précision des interventions et la sécurité. L’intérêt du système devient majeur pour des travaux qui nécessitent de nombreux arrêts dans les rangs comme l’enfonçage des piquets, l’arrachage des ceps isolés et l’utilisation d’outils techniques comme des effeuilleuses, des épampreuses et des palisseuses. Les manoeuvres ou l’attelage des outils sont aussi grandement facilités par rapport à l’utilisation habituelle de l’inverseur. L’enclenchement du système s’effectue manuellement en début de travail et le Stop & Go reste opérationnel jusqu’à une vitesse de 8 km/h. Les gammes de tracteurs Lamborghini vignes et vergers RS, RF et R2 bénéficient de la même évolution technologique.
DE NOUVEAUX VIGNERONS CHEZ LANDINI ET MC CORMICK
Le groupe Argo, qui commercialise les deux marques de tracteurs Landini et McCormick, continue son développement sur les marchés européens en misant sur un fort renouvellement de leurs gammes. Le lancement des nouveaux produits s’effectue en ayant le souci de prendre en compte les attentes des agriculteurs et des viticulteurs. Depuis 3 à
4 ans, ces efforts ont permis de fidéliser un réseau de distributeurs et sur le marché viticole, les résultats en France sont encourageants. Fort du savoir-faire acquis par Landini depuis une vingtaine d’années dans les domaines des tracteurs spécialisés vignes et vergers, l’entreprise possède la capacité de développer des produits en phase avec les attentes actuelles des vignerons et le succès de la gamme Rex fruitiers atteste des compétences du constructeur dans ce domaine. A l’occasion de Vinitech, Argo France lance une nouvelle gamme de vignerons au niveau des deux marques. Landini présentera deux gammes de tracteurs, les Rex V et les Rex VS. Les modèles V en quatre roues motrices ont une largeur hors tout de 1,04 m (avec la cabine) et les VS roulent à une largeur minimum de 1,25 m. Chez McCormick, les gammes V et F-N présentent les mêmes caractéristiques. Tous les tracteurs sont équipés de moteur Perkins Tier II d’une puissance de 75, 80 et 85 CV dont les performances et la fiabilité ont déjà fait leurs preuves. Au niveau des transmissions, une gamme large de boîte à vitesses peut être proposée afin de s’adapter aux conditions d’utilisation les plus variées. Les nouveaux tracteurs quatre roues motrices ont la possibilité de rouler à une vitesse maximum de 40 km/h et le freinage intervient sur les quatre roues. Au niveau de la prise de force, l’ensemble des gammes est équipé des deux régimes 540 t/mn et 540 E t/mn et d’une PDF proportionnelle à l’avancement. Leur fonctionnement a été calé en tenant compte des performances des moteurs, ce qui permet de réduire les niveaux de consommation de gas-oil. Pour faire face aux demandes de puissance hydraulique variable et en constante augmentation, le constructeur propose des équipements évolutifs dont le débit de distribution varie de 83 à 100 l/mn (avec un nombre de distributeurs et de diviseurs de débit à définir selon les besoins). L’ergonomie du poste de conduite et la conception de la cabine ont aussi fait l’objet d’une forte mobilisation d’énergie de la part du bureau d’étude pour essayer de conserver l e maximum d ’espace disponible et d’offrir un champ de vision maximum. Les leviers de transmissions sont positionnés de chaque côté de la colonne de direction et une nouvelle console latérale intègre les commandes de relevage, les distributeurs hydrauliques, les différentiels, les commandes électriques d’engagement du pont. Les nouvelles cabines entièrement vitrées construites par Landini sont aussi équipées d’une ventilation, d’une climatisation et d’un filtre à particules (pour les produits phytosanitaires).
KUBOTA SE LANCE DANS LE MARCHÉ DES TRACTEURS VITICOLES DE FORTES PUISSANCES
Le constructeur japonais Kubota, très connu en Europe pour ses équipements de jardinage, d’espaces verts et de travaux publics, a pris la décision de commercialiser une gamme complète de tracteurs agricoles. Le contexte du marché agricole actuel peu porteur en France et en Europe ne semble pas constituer un obstacle pour ce groupe d’envergure mondiale. Le lancement commercial de la gamme de tracteurs agricoles en France a eu lieu il y a quelques semaines et plusieurs modèles fruitiers seront présentés lors du salon Vinitech. Les premiers pas de ce nouveau constructeur dans l’univers viticole reposent sur des modèles quatre roues motrices, le ME 5700 DTN, le ME 8200 DTN. Ces nouveaux tracteurs, qui roulent à une voie de 1,35 m, bénéficient de tous les équipements essentiels et d’un niveau de finition très complet. Afin de répondre aux exigences de maniabilité dans les vignes, Kubota équipe les ponts avant d’un système demi-tour rapide qui permet de réaliser les manoeuvres les plus délicates dans de meilleures conditions. Lorsque l’angle de braquage des roues avant dépasse 30°, la vitesse de rotation des roues avant devient deux fois plus rapide que celle de derrière et le tracteur tourne dans un rayon très court. Les moteurs Kubota ont une réserve de couple qui supporte facilement les changements de demande de puissance sans qu’il soit nécessaire d’intervenir systématiquement sur les vitesses d’avancement. Dans un certain nombre de pays de l’hémisphère sud, les moteurs Kubota des tracteurs agricoles (commercialisés depuis longtemps) ont démontré leur puissance, leur grande fiabilité et leur sagesse en matière de consommation. Les tracteurs sont équipés de circuits hydrauliques d’une capacité moyenne mais ces performances devraient évoluer dans un avenir proche. Le poste de conduite a été conçu d’une façon fonctionnelle sur le plan de l’accès comme du positionnement des différentes commandes.
LE PRÉTAILLAGE EST DE PLUS EN PLUS PRATIQUÉ
Dans le domaine du prétaillage, la phase de premier équipement est maintenant terminée dans la plupart des régions viticoles. A l’origine, le prétaillage des vignes palissées a été abordé avec du matériel assez simple mais l’arrivée dans le courant des années 80 de machines utilisant des systèmes de coupe différents a rendu cette intervention plus performante. Le prétaillage, qui était réservé dans les vignes palissées aux tailles courtes en cordons de Royat, s’est ensuite développé dans les parcelles taillées en Guyot pour libérer les sarments de la tête du palissage. Les prétailleuses qui sont susceptibles de tailler des bois sur des hauteurs très différentes nécessitent une technologie plus
complexe. Aussi, les prix d’achat relativement élevés des prétailleuses ont facilité leur acquisition sur des propriétés de surfaces importantes ou par des Cuma ou des entrepreneurs de travaux agricoles. Beaucoup de viticulteurs possédant des vignobles de petites et moyennes surfaces font prétailler leurs vignes en faisant appel à des prestataires de services, car cette opération peut être réalisée de début novembre jusqu’au printemps suivant. Cependant, depuis quelques années, certains constructeurs commercialisent des machines plus économiques dont le prix d’achat modéré rend ces matériels accessibles à des propriétés de petites et de moyennes surfaces (à partir de 20 ha). Les sociétés FIC, VBC, Ferrand, Danfer, Pernod, Danger et Grégoire proposent des modèles de prétailleuses « économiques » dont les performances en terme de vitesse d’avancement ne sont pas adaptées à des utilisations intensives.
LA PRÉTAILLEUSE TORDABLE DESCEND AUSSI LES FILS RELEVEURS
La société Tordable s’intéressait depuis quelques années au prétaillage et elle vient de développer une prétailleuse originale qui intègre une nouvelle fonction, la descente des fils releveurs. La nouvelle prétailleuse Trio testée depuis deux ans en France et en Espagne est commercialisée depuis quelques semaines. Olivier Tordable et son équipe ont abordé le prétaillage en ayant le souci d’utiliser la base technologique polyvalente (la centrale hydraulique et le mât d’installation des outils) existant déjà pour les autres matériels de la société. Les utilisateurs d’effeuilleuses, d’épampreuses ou de palisseuses pourront monter la tête de prétaillage sur le mât à inclinaison hydraulique Tordable. La tête de prétaillage a été conçue en développant des éléments de coupe associant une cage rotative et des lames de scie circulaire. Deux colonnes de cages étoilées rotatives en aluminium entraînent les sarments vers des lames de scie rotative tournant en sens inverse. Ce système présente l’intérêt de réaliser des coupes franches et nettes, et la vitesse de rotation des ensembles cages/scie circulaire est modulable selon la vitesse d’avancement et la quantité de bois à sectionner. L’empilage des cages permet de prétailler des hauteurs variant entre 0,40 m à 1,20 m. L’ensemble de prétaillage pendulaire s’adapte facilement sur tous les mâts hydrauliques Tordable utilisés pour les épampreuses et les palisseuses. L’escamotage des deux colonnes de prétaillage au niveau des piquets se fait automatiquement grâce à la pression exercée sur les cages de coupes (par un détecteur de pression situé sur le vérin commandant l’ouverture et la fermeture des cages) qui déclenche un cycle d’ouverture/fermeture. Un système d’amortisseur à ressorts permet le resserrement rapide des têtes de prétaillage aussitôt le passage des piquets. Les lames de scie circulaire en acier spécial ont fait leurs preuves dans d’autres domaines comme l’industrie du bois et dans les espaces verts. Le nettoyage des sarments en tête de palissage est complété par des brosses rotatives situées à l’arrière des deux colonnes de prétaillage. La descente des fils releveurs intervient après le prétaillage grâce à un module technologique différencié du reste de la machine. L’opération est assurée par un système de mâchoires hydrauliques qui en début de rang prend les fils automatiquement et ensuite guident leur descente vers le sol en les écartant. Le constructeur considère que le fait d’associer au prétaillage la descente des fils est un atout supplémentaire sur le plan de la compétitivité économique.
ELECTROCOUP ET FELCO APPORTENT DU CONFORT AUX TAILLEURS
Dans le domaine de la taille, les ventes de sécateurs électriques ont connu un développement constant depuis quelques années. Les principaux constructeurs, Electrocoup, Felco et Pellenc proposent maintenant des matériels très performants au niveau des puissances de coupe et de l’autonomie des batteries. La société INFACO, qui est à l’origine de cette technologie avec le premier sécateur Electrocoup , continue d’investir dans la recherche et le développement de nouveaux produits. Le sécateur F 3005 lancé il y a deux ans possède des caractéristiques qui sont très appréciées des utilisateurs. Le déclenchement de la coupe peut être réalisé selon deux modes différents, soit impulsionnel soit asservi. Lorsque cette dernière fonction est activée, la lame réagit progressivement à la pression exercée par le tailleur sur la gâchette. La large ouverture des lames (56 mm) permet de couper des bois de grosses sections et l’utilisation d’un nouveau matériau du Tin renforce la dureté et la longévité des lames. Dans les parcelles de moindre vigueur, les tailleurs ont aussi la possibilité de travailler en 1/2 ouverture (en activant un interrupteur), ce qui permet d’économiser de l’énergie. L’autonomie des batteries dépasse une grande journée et elles sont garanties 5 ans par le constructeur. L’année dernière, la société INFACO a sorti un nouveau sécateur électronique , le Maxicoup R 4005 destiné à faire du recépage. L’ouverture des lames de 100 mm et la puissance accrue des moteurs permettent de sectionner des troncs de ceps adultes sans qu’il soit nécessaire de s’y reprendre à plusieurs fois. L’utilisation du Maxicoup R 4005 facilite le travail de recépage en terme de pénibilité et de rapidité d’exécution. Le fonctionnement de ce recepeur nécessite de gros besoins de puissance et une batterie de F3005 assure son fonctionnement pendant une demi journée.
Pour les adeptes de la taille avec des moyens manuels, la société Felco lance une nouvelle gamme de sécateurs à deux mains, les modèles 200 et 210 modulaires, et très légers. Ces sécateurs sont équipés de deux têtes de coupe Felco garantissant une section nette et précise (diamètre maximal de coupe de 35 mm), d’embouts en aluminium matricé haute résistance (garantie à vie) sur lesquels se montent trois séries de tubes en fibre de carbone de longueurs différentes. Le tailleur peut ainsi interchanger, les tubes et les poignées du sécateur en fonction du type de chantier qu’il doit effectuer. Les poignées en fibre de carbone bénéficient d’un revêtement antidérapant qui apporte du confort dans la tenue de l’outil. Le poids de ces nouveaux modèles se situe entre 700 et 800 g, ce qui facilite leur maniabilité.
L’ÉPANDEUR D’ENGRAIS ORGANIQUES ET MINÉRAUX INNOVANT DE LA SOCIÉTÉ DAGNAUD
L’épandage des engrais dans les vignobles pose à priori peu de problème pour les engrais minéraux classiques et en général les viticulteurs utilisent des épandeurs grande culture pour réaliser ces apports de fumure. Par contre, les apports de fumure organique nécessitent souvent des matériels spécifiques en raison de la densité et de la granulométrie de ces produits. La société Dagnaud à Montils a conçu un épandeur d’engrais polyvalent tracté dont la particularité principale réside dans son fonctionnement autonome par rapport au tracteur. Ce matériel est constitué d’une caisse inox de 28 hl dont le fond est équipé d’un convoyeur à barrettes. A l’arrière, une trappe à ouverture réglable (en hauteur) assure le déversement des engrais sur deux disques rotatifs dont la vitesse de rotation permet de moduler la largeur d’épandage et le débit. L’épandeur dispose d’une centrale hydraulique indépendante qui alimente deux circuits différents, l’un destiné à l’avancement du convoyeur à barrettes et l’autre assurant la rotation des disques d’épandage. Les utilisateurs ont la possibilité de régler de manière différenciée la largeur d’épandage, la vitesse d’avancement du convoyeur à barrettes dans la caisse, l’ouverture de la trappe et le débit d’amendement apporté dans les parcelles. L’ensemble des commandes électriques sont regroupées sur une petite console fonctionnelle qui s’installe dans la cabine du tracteur. La grande capacité de la caisse permet de charger plus de 2 tonnes d’amendements, ce qui correspond aux besoins en fumure pour environ 3 ha de vignes. Le choix d’une caisse en inox est un gage de longévité pour le matériel. Le gabarit compact de cet épandeur a été étudié pour pouvoir être utilisé dans des vignes d’un écartement de 2 m et plus. Les manoeuvres en bout de rang sont facilitées par un timon articulé en attelage 3 points qui permet à l’épandeur de suivre parfaitement l’empattement des roues du tracteur. Un prototype a fonctionné depuis deux ans et actuellement la société Dagnaud commercialise maintenant un matériel parfaitement au point.
LE MARCHÉ DE LA MACHINE À VENDANGER À LA RECHERCHE D’UN SECOND « SOUFFLE »
La mécanisation des vendanges a mobilisé beaucoup d’énergie chez les constructeurs depuis une dizaine d’années en raison d’un marché assez porteur en France comme à l’étranger, mais depuis deux ans la tendance commerciale s’est nettement inversée. La chute des ventes significative en France en 2005 se confirme en 2006 et le marché national
devrait se situer autour de 400 machines. La crise économique dans la plupart des vignobles français et le niveau d’équipements important entre 1998 et 2002 expliquent la chute brutale et importante des ventes. Le potentiel de marché a été pratiquement divisé par deux en moins de 5 ans. A l’exportation, les quatre marchés majeurs que sont l’Italie,
l’Espagne, les Etats-Unis et l’hémisphère sud ne sont pas non plus très porteurs et tous les constructeurs enregistrent une baisse d’activité. Un tel contexte n’incite pas les entreprises à développer de nouveaux produits d’autant que le contexte économique des deux ou trois prochaines années en Europe paraît incertain. New Holland et Pellenc
n’ont pas présenté au cours des dernières vendanges d’innovations sur leurs gammes. Chez Grégoire, la gamme actuelle sera équipée de nouvelles cabines beaucoup plus confortables, mieux insonorisées et très fonctionnelles sur le plan de l’accès aux diverses commandes. L’utilisation des MAV en polyvalence, qui avait aussi dans certaines régions « dopé » les ventes d’automotrices, semble aujourd’hui un peu moins attractive. La société Pellenc a beaucoup investi dans le domaine de l’utilisation en polyvalence des MAV avec son concept de multifonctions et le développement d’outils spécifiques à sa gamme de vendangeuses. Les autres constructeurs n’ont pas déployé les mêmes efforts vis-à-vis de la polyvalence, ce qui explique peut-être aussi la stagnation de ce marché. Par ailleurs, les coûts d’entretien plus importants des kits de matériels embarqués sur les MAV et la décote des automoteurs polyvalents effectuant 500, 700… heures supplémentaires par an amènent aussi certains responsables de propriétés viticoles à opter pour des solutions moins lourdes sur le plan financier. La machine à vendanger est un outil de récolte très différent des moissonneusesbatteuses car sa vocation est de cueillir un fruit pulpeux et fragile. L’âme de ce matériel réside dans sa capacité à amener dans les chais une récolte la plus entière possible et propre. La notion de propreté est aujourd’hui prise en compte car tous les constructeurs proposent des trieurs embarqués qui éliminent les corps étrangers (principalement les débris végétaux). Seules des améliorations de la technique fondamentale du principe de cueillette des raisins seraient en mesure redynamiser durablement le marché. La société Alma, qui joue un rôle majeur sur le créneau des machines tractées, n’avait jusqu’à présent jamais manifesté la volonté de développer une gamme d’automotrices. Le lancement de plusieurs modèles d’automotrices n’avait pas réellement répondu aux attentes de performances des utilisateurs. Alma n’avait pas jusqu’à présent la volonté de construire une gamme large mais plutôt de satisfaire des besoins plus particuliers. Eh bien, il semble que le plus petit des constructeurs ait changé d’avis puisqu’il vient de présenter, au cours des dernières vendanges, une gamme d’automotrices construite autour d’un module de récolte entièrement nouveau.
UNE NOUVELLE GAMME D’AUTOMOTRICES CHEZ ALMA
Dans le courant des années 80, la société Alma a littéralement dynamisé le marché des vendangeuses tractées en proposant une gamme performante adaptée aux propriétés de petites et moyennes surfaces. Le succès de la gamme TX avait à l’époque surpris les autres constructeurs qui pensaient que l’avenir de ce marché reposait presque
essentiellement sur les automoteurs. Fort de ce succès, Alma a essayé à plusieurs reprises de développer une gamme d’automotrices mais sans réellement réussir à s’imposer. Les matériels présentés étaient plus souvent une évolution des tractées que des automotrices à part entière. Depuis le milieu des années 90, M. Didier Arnaud, le directeur de la société Alma, a réalisé de gros investissements dans la recherche et le développement technologique, et le fruit de ces efforts se sont concrétisés par le lancement de la tractée Sélecta, il y a trois ans. Cette nouvelle tractée dotée d’une tête de récolte souple, d’une très bonne motricité, d’un convoyage performant et respectueux de la vendange a trouvé son public et les « machines rouges » ont retrouvé des couleurs. Depuis plusieurs années, trois ingénieurs travaillent au sein de l’entreprise pour développer une gamme d’automotrices beaucoup plus ambitieuses, conçues autour d’un ensemble de récolte totalement différent de celui des tractées. M. D. Arnaud nous expliquait que la conception d’un module de récolte destiné à une automotrice fait appel à des principes technologiques différents du fait de la recherche
d’un niveau de performances élevé en terme de vitesse d’avancement et de qualité de travail (au niveau de la vigne et de la vendange) : « Pour les viticulteurs, l’utilisation d’une vendangeuse automotrice doit satisfaire des attentes d’un tout autre niveau que celles d’une tractée. Elle doit être en mesure de travailler vite et bien tout en faisant preuve d’une grande fiabilité pour être en mesure, d’une part, de récolter des surfaces importantes et, d’autre part, de respecter la qualité des raisins. La prise en compte des aspects oenologiques comme le respect de l’intégrité des baies et de la propreté de la vendange sont devenus des éléments prioritaires sur lesquels notre entreprise a beaucoup travaillé. Toute la conception de nos automotrices a été repensée en essayant de concilier débit et respect du raisin et de la vigne. » Le premier prototype testé au cours des vendanges 2005 dans plusieurs types de vignobles a permis de valider les choix technologiques en matière de secouage, de convoyage et de motricité. La nouvelle gamme est sortie des ateliers de Saint-Paul-Trois-Châteaux au début de l’été et ses premiers pas dans les vignes du Midi de la France ont été encourageants.
Les trois modèles, A90, A110 et A150 sont construits autour d’un ensemble de récolte entièrement nouveau chez Alma. Le tunnel de récolte allongé et large supporte une tête de récolte avec des secoueurs ZRP plus longs qui décrochent la vendange avec souplesse. Sa conception permet de s’adapter à des systèmes de conduites différents (palissés ou libres de type gobelets ou cordons) en réalisant un minimum de réglages. L’étanchéité au sol est assurée par un train d’écailles très souples spécifiques à Alma qui laissent glisser la récolte vers des tapis à tasseaux de 320 mm de largeur. Le convoyage qui s’effectue sans aucune reprise, déverse la vendange par gravité dans les bacs. Le nettoyage est assuré par deux aspirateurs bas situés juste au-dessus des tapis à tasseaux et une finition avec deux aspirateurs
supplémentaires intervient au moment de la chute de la vendange dans les bacs.
Le déversement de la vendange s’effectue par l’arrière grâce à deux bacs inox d’une capacité minimum de 1 250 l chacun. Un système de rampe de lavage à grande eau (à gros débit) pour le nettoyage des tapis et du tunnel de récolte sera proposé en option afin d’améliorer les conditions d’hygiène dans le tunnel de récolte. Le châssis de la MAV est conçu autour d’un module arrière articulé par rapport à l’avant qui permet à l’ensemble de récolte d’avoir un débattement latéral de 400 mm. Un guidage automatique assure en permanence l’alignement de l’ensemble de récolte sur le rang, ce qui rend le secouage performant et souple. Le décrochage des raisins intervient à des niveaux de fréquence beaucoup plus bas qu’avec des ensembles de récolte fixes ou bénéficiant de débattements plus limités. Le système offre aussi
l’avantage de limiter le gabarit de l’automoteur, ce qui constitue un avantage sur le plan du poids et des besoins en capacités de motricité. Les trois nouveaux modèles ont un centre de gravité bas qui rend les machines performantes dans les situations de coteaux, d’autant que la motricité s’appuie sur la technologie Twin lock développée par la société
Poclain. Une cabine spacieuse, grand confort (bien insonorisée), dotée de commandes fonctionnelles et entièrement vitrée assure au chauffeur une excellente vision de son travail sur le rang. La puissance des moteurs thermiques va de 90 à 140 CV selon les modèles, et les démonstrations réalisées pendant plus de deux mois dans le Midi de la France et en Charentes avec une A110 ont été convaincantes.
STHIK FAIT ÉVOLUER LES PRINCIPES DE DÉCHARGEMENT DE LA VENDANGE
Dans le domaine du transport et du transfert de la vendange, la tendance reste toujours la recherche de procédés à la fois les plus simples et les plus respectueux de la vendange. Pour les productions de vins rouges, le tri de la vendange est devenu une intervention qualitative que les oenologues préconisent afin de ne mettre en cuve que le meilleur. Les conditions de maturation du millésime 2006 plus délicates ont pleinement justifié l’intérêt des tris à l’entrée des chais. Les constructeurs ont beaucoup travaillé le sujet et une gamme large d’équipements est commercialisée. Les tables de tri les plus simples permettant d’éliminer prioritairement les débris végétaux restent très utilisées même si leur fonctionnement nécessite la présence d’un personnel très qualifié. Parallèlement à ces matériels très simples, on a vu aussi se développer des matériels très sophistiqués permettant à la fois d’éliminer les débris végétaux et de réaliser une sélection qualitative des baies. Le Tribaie commercialisé par la société Amos est aujourd’hui un matériel de référence dont le fonctionnement satisfait tous les utilisateurs. Le coût élevé de cet équipement ne rend pas accessible cette technique de tri haut de gamme de la vendange à toutes les propriétés. Le nettoyage de la vendange directement sur les MAV a connu une forte extension et tous les constructeurs proposent aujourd’hui des trieurs dont le fonctionnement a été validé par les instituts techniques. Le déchargement de la vendange connaît une évolution avec l’utilisation des systèmes vibrants en remplacement des vis d’Archimède et des pompes. La société Sthik propose un matériel innovant car le système de vibrant assurant le déchargement n’est pas solidaire de l’ensemble de la coque des bennes ou des conquets. Le module de vibration est installé sur le bec de déversement arrière des bennes dont la caisse s’incline progressivement (de façon hydraulique). L’intensité des vibrations est constante et la régulation du débit de déchargement de la vendange s’obtient par le niveau d’inclinaison du reste des caisses. Ce système très simple concilie l’efficacité et la fiabilité car sa mise en oeuvre ne nécessite aucun moyen de régulation sophistiqué. C’est l’opérateur qui visuellement gère la rapidité du déchargement en faisant varier l’inclinaison de la caisse (un débit variant de 0 à 40 t/h). A l’origine, la société Sthik a conçu ce système de bec vibrant uniquement pour proposer une alternative au vis sur les bennes monocoques ou élévatrices qui alimentent des égrappoirs, des tables de tri ou directement des pressoirs. Une gamme de remorques inox à bec vibrant de différentes capacités est commercialisée. A la demande de plusieurs domaines, le système a été monté sur des conquets dans les chais dont la capacité peut aller jusqu’à 120 hl et il donne entière satisfaction.
TARANSAUD INVESTIT DANS DES TECHNOLOGIES DE POINTE POUR TRIER ET PALETTISER LES MERRAINS
La tonnellerie traverse une période moins faste qu’au début des années 90 compte tenu des difficultés économiques de la filière viticole. La demande de fûts dans la plupart des régions viticoles françaises est en nette baisse depuis plusieurs années, sauf dans le vignoble de Cognac. Les ventes de fûts en Charentes sont en nette augmentation et cette tendance devrait encore s’accentuer dans les prochaines années. La fabrication des fûts à eaux-de-vie obéit désormais à des règles très précises car les grandes maisons de Cognac mettent en oeuvre des approches de vieillissement différentes. Les tonneliers doivent donc tenir compte de ces éléments pour proposer aux viticulteurs les fûts correspondant aux attentes des acheteurs. La tonnellerie Taransaud développe une stratégie de recherche de qualité maximale au niveau de ses fabrications de fûts qui se matérialise par des spécificités comme par exemple la validation de la durée de séchage à l’air libre des merrains de 30 à 36 mois par un cabinet d’audit extérieur : le bureau Véritas. Les achats de bois, la gestion des différentes provenances, l’intégration de l’activité de fente pour une partie majeure des besoins, le souci de réaliser des chauffes dans le respect des principes traditionnels…représentent des objectifs permanents qui sont abordés avec un souci de recherche de productivité. Tout récemment, la société Taransaud a mis en place une nouvelle approche de mise en palette et de tri des merrains qui est l’aboutissement d’une réflexion à la fois économique et qualitative. En effet, au moment où les palettes de merrains bruts sont réceptionnées, un tri des futures douelles est effectué au moment où le bois est remis en palettes selon un agencement particulier (pour
favoriser l’aération des bois pendant les trois années de séchage sur parc). Cette opération, qui jusqu’à présent était effectuée de façon manuelle, nécessitait des compétences pour identifier les défauts et aussi beaucoup d’énergie pour reconstruire les palettes. Huit personnes étaient affectées à ce travail à la fois important et pénible. Au sein des équipes assurant le tri des merrains est née progressivement l’idée d’apporter plus de confort de travail du personnel travaillant à ces postes. Une réflexion industrielle a été conduite pour essayer à la fois de conserver un tri manuel et d’automatiser la palettisation des merrains. Un nouvel atelier de réception des merrains a été construit dans lequel un robot et quatre personnes assurent le tri et la palettisation des merrains sans manutention. Les palettes brutes sont amenées sur poste de travail où un robot décharge les douelles couche par couche sur une table de tri. L’avancement progressif des douelles sur un tapis est surveillé par deux personnes chargées d’effectuer une sélection visuelle. Les douelles présentant un défaut sont automatiquement extraites de la chaîne alors que celles qui sont de bonne qualité sont dirigées vers le robot qui les remet en palettes en respectant un agencement spécifique. A chaque longueur de douelle correspond un mode de palettisation qui est programmé dans le robot. Les palettes pleines qui sont évacuées automatiquement, sont identifiées par un code à barre qui recense toutes les informations concernant le lot de merrains, le type de grain, la provenance, la merranderie d’origine, la date de palettisation… Le robot utilisé pour cette opération de construction des palettes provient de l’industrie automobile et sa mise au point a nécessité une association de compétences issues du génie industriel et des valeurs fondamentales de la connaissance du bois de tonnellerie. Le nouvel atelier de tri des merrains fonctionne depuis quelques mois avec une productivité bien supérieure et les quatre personnes précédemment occupées à ces postes ont été réaffectées à d’autres tâches dans l’entreprise.
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