Dans le portefeuille de marques de Distell, la liqueur Amarula (prononcez Amaroula) occupe une place à part. Elaborée à partir d’un fruit sauvage – le marula – ramassé dans le bush et que les éléphants apprécient, la liqueur est aussi, à l’international, une source de profitabilité. Quand la fierté nationale rencontre le succès commercial.
On dit qu’elle « chatouille » Baileys. Si l’Amarula est loin d’égaler les volumes de la liqueur à base de whiskey irlan-dais, elle se classe quand même dans le top 100 des marques internationales de spiritueux. Avec son 1,2 million de caisses vendues annuellement, elle occupe le 62e rang. C’est la seule marque de Distell à figurer dans ce classement. Comme chez Baileys, de la crème de lait entre dans sa composition. Mais la comparaison s’arrête là. Aux goûts de chocolat, de café ou de « peppermint » de Baileys, l’Amarula développe des arômes de fruits exotiques. Les Charentais(ses) en savent quelque chose, qui ont beaucoup testé et apprécié le produit. L’Amarula est vendu dans 106 pays. Au Brésil, la liqueur fait un tabac (elle y occupe 90 % du segment des crèmes contre 10 % aux Etats-Unis). C’est aussi le cas en Afrique (avec l’Angola comme principal marché), en Allemagne… En France, la liqueur est à peine distribuée. Une lacune à combler. On peut cependant la dénicher sur internet, sur les rayons du e.commerce, où elle s’affiche au prix d’environ 12 €.
Une grosse prune ovale
Une logistique de transport
Distell a mis en place toute une logistique pour rapatrier cette récolte, qui se déroule de février à la mi-mars. Des camions frigo parcourent en 5 heures les 1 000 km qui séparent les installations de Distell à Stellenboch de la zone de cueillette. L’aller-retour est bouclé en deux jours. N’est rapportée que la pulpe du fruit, sous température contrôlée à 10°. Après passage dans un égrappoir spécifique pour conserver les arômes, le jus est aussitôt mis en fermentation avec des levures spécifiques. Après 7 ou 8 jours de fermentation, on obtient une sorte de vin titrant 8 à 10 % d’alcool. La première distillation, à la colonne, s’effectue le plus vite possible. La seconde distillation, au pot still (chaudière traditionnelle), s’effectue deux mois plus tard. Au nez, l’alcool obtenu (70 % vol.) dégage des arômes de banane, de noix de coco. Très agréable. Le vieillissement en fûts dure environ deux ans, jamais en bois neuf, pour conserver les parfums du fruit. Aucune réduction n’est exercée sur le produit alcool. Par contre, liqueur oblige, on y ajoute du sucre. La crème de lait est incorporée au dernier moment, juste avant la mise en bouteille. Au final la liqueur titre 17 % d’alcool. Depuis 1989, date de son lancement, l’Amarula a connu une belle trajectoire. Dans les zones de collecte, le groupe Distell finance puits, forages, panneaux solaires. Les ventes d’Amarula servent aussi à protéger les espèces animales en voie de disparition (le parc Kruger, parc animalier de réputation mondiale, n’est pas très loin de la zone de collecte). En Afrique du Sud, le tourisme est la première source de devises étrangères. « Le jour où il n’y aura plus d’animaux sauvages, il n’y aura plus de touristes ». A sa manière, la liqueur Amarula renvoie la balle aux éléphants.
Green park, plaque tournante de Distell
Si Green park n’est pas le seul site d’embouteillage de Distell en Afrique du Sud, c’est le plus important. En lisière de Cape town, il déploie une dimension impressionnante. Une noria de camions alimente tous les jours ce « cœur du réacteur » qui charge pas moins de 20 containers, par mois, de 900 camions. Vins, brandies, spiritueux, cidres, « ready to dring »… tout y passe. Le site procède à 75 000 analyses par an, multiplie les certifications (Iso 9001, 14 000, BRC, Gost, IPW…). Outre sa taille un peu « hors normes », le lieu présente une autre particularité, le recyclage des bouteilles en verre. Dans une atmosphère d’étuve, environ 50 millions de bouteilles sont lavées sur place tous les ans. Un geste environnemental qui a séduit les visiteurs charentais.