En matière de V & S, les locomotives s’appellent plus que jamais Bordeaux, Cognac et Champagne. Benoît Stenne, de la FEVS (Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France), indique que dans le top 20 des marchés, plus de 70 % des exportations, en valeur, émanent de Cognac et de Bordeaux (35 % chacun). Si la contribution de Cognac à la balance commerciale n’est pas nouvelle, celle de Bordeaux a connu des hauts et des bas. La crise des vins n’a pas épargné la grande région d’appellation. Aujourd’hui, en terme de valeur ajoutée, Bordeaux a regagné du chemin. La région profite pleinement de la « super-opportunité » des marchés asiatiques, Chine et Hong-Kong en tête mais aussi Singapour, Japon et Taïwan. Ces cinq pays se classent dorénavant parmi les principaux importateurs de vins français. Cependant les Bordelais restent prudents. « Les Asiatiques sont très demandeurs de vins de marques, de grands crus. Pour les autres catégories, c’est plus difficile. » L’anecdote voudrait que ce soit un château en particulier qui ait fait décoller les vins de Bordeaux en Chine. Le logo de la marque – une couronne surmontée d’étoiles – signifierait « bonheur » en mandarin. Vrai ou faux ? En tout cas, cela prouve que le vin, pas plus que les spiritueux, n’échappe à une consommation « statutaire ». Les statistiques douanières nationales confirment cette prééminence des qualités premium dans la balance commerciale. Elles révèlent qu’à l’exportation, 10 % des volumes de vins réalisent, à eux seul, 60 % de la valeur. On comprendra, dans ces conditions, que les vins d’entrée de gamme – les 80 % restants – ne soient pas encore sortis d’affaire.
Pour la première fois, la planète V & S française va dépasser les 10 milliards d’€ (statistiques arrêtés à fin décembre 2011). Mais la situation peut aussi se retourner très vite, pour des raisons conjoncturelles ou structurelles. Remarque d’un opérateur : « Le jour où les Chinois boiront du vin, ce sera du vin chinois. »