De 30 à 40 000 hl vol.

11 mars 2009

Pour son premier millésime, le vin de pays de grande zone réussit une percée plus qu’honorable. Plusieurs metteurs en marché régionaux jouent le jeu.

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Gilles Merlet.

A Bordeaux, Ginestet sort à partir d’avril un vin de pays de l’Atlantique sous la marque « Cap 270 » (en terme de marine, le « relèvement compas » 270 indique l’ouest eh oui !). Même chose pour Yvon Mau avec « Atlantide », Calvet ainsi que d’autres maisons bordelaises de moindre envergure (Châteaux en Bordeaux…). Cette adhésion des négociants dans le sillage du vin de pays de l’Atlantique n’est après tout qu’assez normale. N’est-ce pas le négoce bordelais qui réclamait depuis longtemps un vin de pays dans l’ère d’appellation Bordeaux, qui s’en était volontairement coupée. L’oukase levé, aux metteurs en marché de jouer. En Charentes, les Caves de Saintonge romane (distillerie Merlet) s’apprêtent à commercialiser un vin de pays de l’Atlantique sous la marque « La gabare bleue ». Encore en phase de lancement, le produit sera proposé sous les trois couleurs – blanc, rouge, rosé – et sous deux habillages différents en CHR et grande distribution. Prix de vente consommateur en linéaires : 2,49 € la bouteille. Filiale du groupe Synthéane, UniCognac a l’intention de mettre en marché un Thalassa vin de pays de l’Atlantique. Son objectif : élargir la zone de chalandise du vin de pays, en l’ouvrant à la zone atlantique, voire plus si affinités. « Le vin de pays charentais marche bien sur le marché local mais bute sur un problème de notoriété dès qu’on s’en éloigne », note Vincent Painturaud, responsable des activités viticoles à Synthéane. En tant que négociant-vinificateur, Hervé Pogliani (société Dichar) a élaboré durant cette récolte un petit lot de 1 000 hl vol. de vin de pays de l’Atlantique cépage Sauvignon, histoire « d’amorcer la pompe ». Il compte le proposer au négoce bordelais, un négoce qui, dit-il, « a eu tendance, la première année, à favoriser les caves bordelaises avec qui il travaille habituellement, ce qui est un peu logique. Nous n’en sommes qu’au début. » D’ores et déjà, H. Pogliani, qui préside l’interprofession charentaise des vins et moûts (CIMVC), détecte un manque de marchandise sur les rosés. Il a lui-même racheté quelques vins de pays charentais rosés pour les replier en vin de pays de l’Atlantique. A terme, la technique du repli lui semble d’ailleurs préférable à l’agrément direct en vin de pays de l’Atlantique. « Le cahier des charges des VPA prévoit de surseoir l’agrément à la preuve de la commercialisation mais mes acheteurs attendent de moi des produits agréés. C’est l’histoire de l’œuf et de la poule. »

Au plan des volumes, le Syndicat des producteurs de vin de pays de l’Atlantique, présidé par Stéphane Héraud (Cave des Hauts de Gironde), table sur 35-40 000 hl vol. Cette approximation des chiffres tient au mode opératoire des vins de pays de l’Atlantique. Selon les règles fixées par le syndicat, peuvent devenir vins de pays de l’Atlantique soit les vins revendiqués comme tels sur la déclaration de récolte (après passage réussi à l’agrément bien sûr) soit les vins de pays de département (vins de pays charentais par exemple). Une fois agréés, ces vins sont susceptibles de faire jouer sur simple demande la condition de repli en vin de pays de l’Atlantique. Sur la récolte 2006, 33 000 hl ont fait l’objet d’une revendication sur la déclaration de récolte. Sans surprise la Gironde arrive en tête des volumes (22 577 hl) puisque, en l’absence de vin de pays de département dans son périmètre, la procédure de repli ne la concerne pas. En Charente et Charente-Maritime, les revendications DR portèrent sur des chiffres minimes (5 000 hl) de même qu’en Lot-et-Garonne et Dordogne. Dans leur grande majorité, les vins de pays de l’Atlantique élaborés en Charentes cette campagne le seront sous le système du repli. D’où le chiffre indiqué en pointillés par Pierre Cambar, directeur du conseil régional des vins d’Aquitaine (Crva), organisme chargé du secrétariat du syndicat. A noter que les vins en position de repli ne peuvent pas profiter des conditions de production un peu plus larges accordées aux vins de pays de l’Atlantique, tant sur le plan des volumes que des degrés.

des cours un peu supérieurs

Les 33 000 hl vol. revendiqués à la récolte se répartissent en 66 % de vins rouges, 10 % de vins rosés et 24 % de vins blancs. A titre indicatif, les cours de vrac des vins de pays de l’Atlantique se situeraient entre 55 et 62 € l’hl vol., les meilleurs prix allant aux blancs, notamment aux cépages Chardonnay et Sauvignon. Ceci étant, en terme de prix, les vins de pays de l’Atlantique semblent se situer un peu au-dessus des cours moyens des autres vins de pays. L’explication tient peut-être à la disposition nouvelle adoptée par le syndicat. Elle consiste à ne délivrer physiquement le certificat d’agrément que si les opérateurs peuvent prouver la commercialisation potentielle du produit, soit par un bordereau de vrac, soit par un certificat de conditionnement.

Quel effet l’émergence du vin de pays des Vignobles de France peut-elle avoir sur le vin de pays de l’Atlantique ? Autrement dit, les jours de ce dernier sont-ils comptés ? Pierre Cambar ne le pense pas. « Le vin de pays des Vignobles de France n’est pas un vin de pays de producteurs mais de metteurs en marché. A meilleure preuve, on ne peut pas le produire directement. Le vin doit être déjà agréé, soit en vin de pays de département, soit en vin de pays de grande zone. Dans cette logique, le vin de pays de l’Atlantique peut servir de “marche pied” au vin de pays des Vignobles de France. Tout dépend aussi de la stratégie marketing des entreprises. Les marques à connotation marine laissent à penser que les sociétés qui s’investissent aujourd’hui sur le vin de pays de l’Atlantique poursuivront ce positionnement. La dénomination “Vin de pays des Vignobles de France” s’adresse davantage à de très grosses sociétés, telles les Jean-Jean, Castel, Grands Chais de France ou autres, qu’un assemblage de Chardonnay de plusieurs régions de France est par exemple susceptible d’intéresser. D’ailleurs le vin de pays de France a l’obligation d’être un vin de cépage. A contrario, le vin de pays de l’Atlantique a plutôt vocation à servir de complément de gamme chez les petits opérateurs ou d’outil de différenciation chez les metteurs en marché plus importants. »

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