Le syndicat comme structure fédératrice

11 mars 2009

Alors que le Comité de promotion des vins de pays charentais fut à la genèse des VPC, une réforme statutaire pourrait confier au syndicat le rôle de structure fédératrice. Une évolution rendue possible par un lent cheminement, où figure en bonne place la création du Comité interprofessionnel des moûts et vins du bassin viticole des Charentes (CIMVC).

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Philippe Guélin, Caroline Quéré-Jélineau et Jean-Claude Courpron.

Bougez les lignes, il en restera toujours quelque chose. C’est parce que l’interprofession des vins et moûts du bassin viticole des Charentes a introduit de la mixité professionnelle dans les rangs de la filière vin – en y associant viticulture et négoce – qu’il est envisageable aujourd’hui de confier les clés de la maison au syndicat. On appelle ça un « renversement dialectique ». Plus simplement, es structures de contrôle existent. Les professionnels ont donc raison quand ils disent qu’il ne s’agit pas d’un « retour en arrière » mais plutôt d’une sorte d’aboutissement, rendue possible par une série d’étapes successives autant que nécessaires. Reprenons-en la chronologie. Le 16 janvier 1980, Robert Hauselmann et quelques autres créent le Comité de promotion des vins de pays charentais. Sa vocation : mettre en orbite la diversification vin en Charentes. Un an plus tard, en mars 1981, sort le décret instituant les vins de pays charentais. Pendant une vingtaine d’années, le Comité de promotion fera office de structure orchestre, assurant un peu tous les rôles. Le 1er avril 2002, le Syndicat des producteurs de vins de pays charentais voit le jour, issu de la volonté de la viticulture. A l’époque, le premier président du syndicat, Henri Jamet, justifiait l’initiative de la façon suivante : « Nous voulons qu’une organisation de producteurs puisse faire valoir ses droits sur les quantités produites, la qualité produite ; qu’une organisation évite que tout se mélange à l’intérieur du Comité de promotion : négociant/producteurs, partie promotion/partie production. » Dans la même phrase, H. Jamet disait aussi que la suite logique de la création du syndicat « serait que le Comité de promotion se transformât en quelque chose qui ressemblerait à une organisation interprofessionnelle ». Avec l’émergence du CIMVC, la boucle est bouclée. En trouvant son contrepoids, le syndicat peut devenir un syndicat de plein exercice, avec des missions plus étendues. Ainsi a-t-il été proposé qu’à l’intérieur du syndicat une commission « promotion » reprenne toutes les actions du comité. Dans le même temps, il est prévu de modifier les statuts du syndicat pour intégrer en son sein les négociants-vinificateurs qui en sont exclus aujourd’hui. A travers le rapprochement des deux structures, les professionnels voient l’opportunité d’une économie de coûts, une plus grande visibilité accordée à un organisme unique ainsi que la possibilité d’éviter les doublons, les mêmes personnes siégeant bien souvent dans les deux conseils d’administration. A quand la finalisation de ce projet ? « L’idéal serait que ça se fasse avant 2008 » déclare Caroline Quéré-Jélineau, actuelle présidente du Comité de promotion des vins de pays charentais. Dans l’affaire, elle perdrait son poste. Elle n’y voit rien qui puisse interférer sur la décision.

cotisation en hausse

Réunis en assemblée générale le 14 février dernier à Chaniers, les producteurs de vins de pays charentais ont voté une augmentation de leur cotisation. Cette cotisation, inchangée depuis vingt ans, passe d’1,53 € l’hl vol. à 2 € l’hl vol., une augmentation importante de 33 % mais qu’il convient de répartir dans le temps. Assise sur les volumes agréés, elle sert à financer les volets agrément et promotion.

Président de l’Association de restructuration comme du Syndicat des producteurs, Philippe Guélin est revenu sur les chiffres de réencépagement. De 1998 à 2006, la région aura reconverti 1 700 ha en VPC avec un « gros boom » en 1999. « N’est-ce pas assez, est-ce suffisant ? s’est interrogé Ph. Guélin avant d’amorcer une réponse. « Cet an-ci, le marasme observé sur le marché du vin me fait presque dire il s’agit d’un juste milieu. » Sur la campagne 2006, les plantations avec primes de restructuration auront concerné 44 ha, sans aucun problème pour les paiements. Les enveloppes s’avèrent amplement suffisantes. Ainsi, peut-on considérer qu’avec une production d’un peu plus de 100 000 hl vol. les vins de pays charentais connaissent leur « régime de croisière », des vins de pays « voulus » et non « subis », selon la formule du président du syndicat. « Beaucoup de producteurs font des produits d’excellente qualité et je souhaite que ce nombre aille croissant. »

vin de pays des vignobles de france

Abordant l’actualité viticole nationale, Philippe Guélin s’est félicité que le projet de décret « Vin de Pays des Vignobles de France » ait enfin vu le jour, avec le cahier des charges qui l’accompagne. Seul petit problème, l’articulation de cette nouvelle dénomination avec celle de « Vin de Pays de l’Atlantique ». Les deux dénominations n’ont-elles pas vocation à occuper le même créneau de marché ? La faute en reviendrait « au manque de clairvoyance de certaines régions opposées aux Vins de Pays des Vignobles de France, ce qui obligea à trouver des solutions palliatives ». Au sujet de la proposition d’étendre aux vins de table la possibilité de mentionner le nom de cépage – option aujourd’hui réservée aux seuls vins de pays – Ph. Guélin souhaite fermement que cette proposition n’aboutisse pas. « Ce serait la mort des vins de pays. » Concernant le projet de nouvelle segmentation des vins basés sur trois niveaux qualitatifs – les vins d’exception, dits encore « AOC de rêve », les IOC (indications d’origine contrôlée) qui regrouperaient certaines AOC et les vins de pays et enfin les vins de table – le professionnel charentais trouve l’idée intéressante « à condition que la demande de repli des AOC ne puisse se faire que sur les vins de table ». Maintenant reste à savoir si ce projet de segmentation a des chances de voir le jour ou s’il tient plus du rideau de fumée ? Apparemment la question mérite d’être posée.

représentation à viniflhor

Un autre sujet interpelle le représentant des vins de pays charentais, celui de la représentation du bassin de production au conseil de direction de Viniflhor. « Aujourd’hui, dit-il, la région met en œuvre trois familles de produits, le Cognac, le Pineau et les vins et moûts. En tant que produits d’appellation, les deux premiers trouvent leur sphère d’expression naturelle à l’INAO, au CRINAO, à la CNAOC. Viniflhor s’occupe pour sa part de la filière vins. A ce titre, il me semblerait normal que le délégué du vignoble des Charentes au conseil de direction de Viniflhor émane du collège des producteurs du CIMVC. Or ce n’est pas le cas. » (Siège au conseil de direction de Viniflhor François Méry – NDLR). Philippe Guélin s’est ouvert de ce point au président du SGV, J.-B. de Larquier. Plus généralement, le président du Syndicat des producteurs de vins de pays charentais s’avoue déçu du tour des événements. Pour lui, un dossier n’avance pas assez vite, celui de la reconnaissance du CIMVC comme interprofession de plein droit. « Quand il a fallu créer les comités de bassin, le ministère de l’Agriculture nous a dit d’innover, d’inventer ; que, s’il le fallait, il procéderait à une modification législative pour fonder notre troisième interprofession. Pourtant depuis six mois, rien ne bouge. Nous nous heurtons à l’intransigeance de l’ANIVIT (pour plus d’explications voir Paysan d’octobre 2006 – NDLR). Du ministère nous recevons comme consigne de nous débrouiller, de négocier. Personnellement, je ne sais pas gérer l’ingérable ! Après un an et demi de travail dans l’urgence, je me sens trahi par des promesses non tenues. J’avoue être assez découragé. » Président du CIMVC, Hervé Pogliani partage en partie cette impression. « C’est vrai que depuis six mois nous n’avons pas évolué d’un iota. Et quand nous sommes remontés au ministère, il a fallu tout expliquer à nouveau car, entre-temps, les gens avaient changé. » Lui aussi sait que le temps est compté. « Nous devons être prêts pour 2008 et le passage à l’affectation, pour montrer aux viticulteurs qu’il existe des solutions de rechange, qu’ils ne sont pas obligés de tout affecter au Cognac. » Ceci dit, il se montre moins pessimiste que Philippe Guélin. Selon lui, des solutions existent, même si elles ne sont pas nombreuses. « A ce jour, dit-il, notre interpro. n’est qu’une association loi 1901. Pour qu’elle acquière le statut de véritable interprofession, il n’y a que deux voies possibles : soit une modification législative qui permettrait de créer à côté de l’ANIVIT, qui est l’Interprofession nationale des vins de table, une interprofession régionale intégrant des vins de table ; soit sortir nos produits traditionnels du champ d’application de l’ANIVIT. En effet, la très grande majorité des vins de table utilisés ici sont destinés à être transformés, en vins vinés, en vins de base mousseux, en vermouth. Or ces produits ne paient pas de cotisation à l’ANIVIT, qui n’en prélève que sur les purs vins de table. Je vais émettre cette proposition au prochain conseil d’administration de l’ANIVIT. » Resterait bien sûr une troisième option, consistant à limiter l’interprofession régionale aux seuls jus de raisin, moûts, vins de pays, sans les vins de table. « Mais à quoi cela servirait-il ? s’interroge H. Pogliani.Nos produits traditionnels doivent être présents sur les marchés. » Pour l’ANIVIT, il faut comprendre que l’enjeu n’est pas mince. Si, demain, des vins de table pouvaient être gérés au niveau régional, il n’est pas sûr que la structure y résisterait. Pourtant l’échelon politique n’a-t-il pas fait de la gestion des productions par bassins un dogme ? Vous avez dit approximation !

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