Claire Floch résume l’esprit des propositions de la mission interministérielle – « En jeu, dit-elle, la liberté, même encadrée, de pouvoir parler du vin et une vision hygiéniste voire moralisatrice des choses qui considèrent que le vin “tue dès le premier verre”. C’est faire fi de toute idée de consommation modérée et responsable prônée par Vin & Société qui a justement été créée pour établir les conditions d’un dialogue avec les pouvoirs publics. »
Frapper un grand coup
Voyant la tournure des événements, Vin & Société décide de frapper un grand coup. Le 26 septembre dernier, elle lance, sur les conseils de son agence de communication, une campagne au second degré – cequivavraimentsaoulerlesfrançais.fr. D’un même élan, V & S met dans son camp les esprits caustiques, adeptes du détournement ironique, et fait un pied de nez aux tentations prohibitionnistes. La campagne d’interpellation se poursuit par la parution de communiqués dans Le Journal du Dimanche du 29 septembre. En pleine page, on y voit le président de la République et le Premier ministre boire un verre de vin. Une phrase accompagne les visuels : « Merci, Monsieur le Président (Premier ministre) de soutenir la 2e activité exportatrice de notre pays. » Signé : Les 500 000 acteurs de la vigne et du vin.
Pschitt !
Est-ce l’effet du mouvement de protestation ? En tout cas, parmi les mesures préconisées par la mission interministérielle, certaines font rapidement « pschitt ». C’est le cas de la proposition d’interdire toute allusion au vin sur les sites internet, blogs, pages Facebook. D’ailleurs, comment aurait-ce pu être possible ! Pourtant, dans le même genre d’idées, une proposition demeure : celle d’interdire de parler positivement du vin dans les médias. Énôrme !
Déjà, des associations de lutte contre l’alcoolisme ont engagé des procédures judiciaires à l’encontre de journaux pour des articles informatifs qui n’étaient pas suivis du message sanitaire (cas du Parisien au sujet d’un article sur le Champagne). Manifestement la volonté existe de renforcer la loi Evin, dans un sens encore plus coercitif. Une taxe « comportementale » sur les boissons alcoolisées alimentait les bruits de couloir. Elle a été retoquée par le Gouvernement qui l’a peut-être jugée aventureuse si près d’échéances électorales. Par contre, une rubrique tient la corde : celle qui consisterait à renouveler le message sanitaire sur les étiquettes. On ne dirait plus « L’abus d’alcool est dangereux pour la santé » mais carrément « L’alcool est dangereux pour la santé ». Exit les notions de modération, de prévention, de lutte contre les excès. C’est exprimer l’idée que « le premier verre tue ». Il est également envisagé d’établir une correspondance ente degré d’alcool et teneur en alcool pur. Nabilla, au secours ! « Allô ! Non mais Allô ! »
Rejoindre le mouvement
Vin & Société invite tous ceux que ces propositions hérisseraient à rejoindre le mouvement. Comment ? Il suffit de se rendre sur le site internet cequivavraimentsaoulerlesfrançais.fr. Le site présente plusieurs fonctionnalités. La première est d’informer, faire œuvre pédagogique. La seconde vise à mobiliser, le plus massivement possible. En bas de page, se trouvent trois gros boutons : Soutenez les acteurs de la Vigne et du Vin ; Interpellez les élus de votre département ; Agissez, téléchargez, imprimez, partagez. Activer le premier bouton, c’est envoyer une pétition ; le deuxième onglet permet d’adresser un e.mail à l’élu de son département ; et le troisième onglet sert à récupérer tout le matériel nécessaire pour devenir soit même le défenseur d’une consommation modérée du vin.
Agé de 47 ans, Joël Forgeau exploite une propriété viticole de 21 ha à Mouzillon, dans le Muscadet. Investi de nombreuses responsabilités professionnelles dans sa région (Syndicat, des vins, Comité Val de Loire), il préside Vin & Société depuis novembre 2012. Il a remplacé à ce poste Marie-Christine Tarby-Maire.
Originaire de Niort, elle est diplômée de l’ESC La Rochelle. Son parcours dans le secteur du vin l’a conduit chez Baron Philippe de Rotschild, France Boisson, l’Union des Côtes de Bordeaux. Agée de 32 ans, elle exerce les fonctions de déléguée générale de Vin & Société depuis décembre 2012.