Lundi 5 septembre a sonné le grand départ des vendanges en Charentes. Une récolte en avance de presque un mois par rapport à l’ordinaire. Cette précocité s’explique par le côté atypique de l’année : sécheresse sévère jusqu’en juillet (sauf pluies par ci par là), températures toujours au dessus des normales saisonnières, exceptées en fin de cycle. Conséquence : la maturité était au rendez-vous dés les premiers jours de septembre dans un vignoble de Cognac plus adepte de vendanges début octobre. La Station viticole du BNIC (Bureau national interprofessionnel du Cognac) estime le rendement moyen des Charentes à 120 hl vol ha, avec de fortes disparités par petites régions.
Sur les cépages vin blanc Cognac, le delta des rendements court de 70/80 hl vol ha à 150/160 hl vol ha. Plusieurs facteurs expliquent cette dispersion des volumes : des précipitations sporadiques en mai, des situations de stress hydrique inégalement réparties et bien sûr les épisodes de grêle, par salves successives : les 12 juillet, 2 août,1er septembre.
Comme d’habitude, la Station viticole du BNIC s’est refusée à préconiser une date de récolte, unique pour toute la région. Selon elle, trois critères conditionnent la date de vendange : l’état sanitaire des parcelles ; l’équilibre degré / acidité et la durée de la récolte sur l’exploitation.
Concernant l’état sanitaire de la vendange, des grappes très serrées ont favorisé l’apparition de botrytis, assez tôt dans la saison. Heureusement, il évolue assez peu…sauf à connaître des nuits chaudes et des conditions pluvieuses. Au 1er septembre on estimait à 10 % les parcelles manifestant des niveaux d’attaque de botrytis assez conséquents (5 % d’intensité), avec une grappe sur deux de touchée.
Sur le couple degré / acidité, les techniciens rappellent les seuils à risque pour les vins blancs Cognac : un degré trop fort, au dessus de 9,5 % vol et une acidité trop faible, inférieure à 7,5 g/l. A n’en pas douter, le critère acidité sera un critère important cette année – « Il va falloir conserver les vins plus longtemps que d’habitude et les températures de septembre ne sont pas celles d’octobre. »
Quant à la durée des vendanges, elle dépend étroitement de la surface de l’exploitation – « on ne raisonne pas de la même façon selon que l’exploitation compte 10 ha ou 80 ha. L’idée est que les derniers vins rentrés respectent les mêmes critères de qualité que les premiers. Pour cela, il faut anticiper. »
Les techniciens attirent l’attention sur l’azote assimilable des moûts – un critère auquel les viticulteurs s’intéressent de plus en plus – ainsi que sur les conditions de la fermentation alcoolique. « Nous sommes en septembre et non en octobre. Il peut faire 30 ° à la vigne. Cette année, la température va être critique dans les vignes comme dans les chais. Il faudra peut-être vendanger la nuit ou le matin très tôt. »
Attention aussi aux vignes grêlées : réglage de la machine, pressurage plus doux (limité au P2), décantation plus longue, élimination des surnageants, voire vinification en lots séparés.