Même si l’image est loin d’être un détail, en arriver à ce stade signifie que les problématiques plus lourdes ont été abordées en amont. Avec un message plus riche et qualitatif, les Vignerons d’Oléron franchissent une étape. D’autant que la rémunération des adhérents, en progression régulière, apparaît en ligne avec la démarche.
Vignerons d’Oléron, une Perle de terroir. C’est le nouveau nom et la nouvelle identité visuelle de la cave des Vignerons réunis. En septembre 2008, la coopérative engageait une démarche marketing avec une agence spécialisée – l’agence ID VIN (la même qui œuvre pour Uniré). En est sortie toute une palette d’outils – segmentation de gamme, packaging… – ainsi qu’une réflexion sur l’identité visuelle et le positionnement de la cave. Avec Vignerons d’Oléron, une Perle de terroir, Louis Auvray, le président de la cave, est convaincu que la coopérative passe, en terme d’image, « à une gamme supérieure ». « Nous voulions nous extraire du phare de Chassiron et de fort Boyard, symboles éculés récupérés par tous. Il fallait nous démarquer et, si possible, de manière qualitative. Maintenant à nous de nous approprier notre nouveau logo et de vendre notre marque, car une coopérative est aussi une marque. » Cette recherche de différenciation n’est pas une première pour la coopérative viticole. A partir des années 2000, l’investissement de la structure dans Agri Confiance, la norme de travail et de management, relevait peu ou prou de la même démarche. Certes, il s’agissait de répondre aux exigences de cahier des charges de la grande distribution mais aussi de jouer, quelque part, l’image des produits sains, dans le droit fil du Grenelle de l’environnement. D’ailleurs les adhérents de la coopérative ne s’y sont pas trompés, comme en a témoigné la réflexion de l’un d’entre eux, Jean-Pierre Denieau : « Même si tous nos collègues de l’île s’y mettent, la cave est en avance d’un cran. Cet avantage concurrentiel, nous devons le conserver. » Est-ce pour cette raison ! Le thème choisi par la coopérative lors de son AG du 12 mars 2009 a concerné les conséquences de ce fameux Grenelle de l’environnement. Est intervenue sur le sujet Florence Aimon-Marié, agronome chargée de ces questions à la Chambre d’agriculture 17 (voir prochain journal).
Rassemblés au port du Douhet, commune de Saint-Georges-d’Oléron, les adhérents de la cave ont examiné les comptes de l’exercice 2007-2008, clos le 30 septembre 2008. L’exercice se solde par un résultat positif de 203 222 €. Après des années de galère, la coopérative a l’impression d’être sortie du tunnel. « Hier la coopérative était en grande difficulté. Aujourd’hui elle sort des résultats. Demain, elle sera ce que vous en ferez. » L. Auvray a rapidement brossé la situation. « A partir de 2005, le cours des eaux-de-vie a progressé. Nous avons pu accélérer le remboursement de nos dettes et recommencer à investir. Après avoir diversifié dans des productions adaptées à la demande locale, notre coopérative est mieux armée qu’en 1992 pour aborder la nouvelle période difficile, même s’il nous faut encore rénover nos vignobles. » Louis Auvray a redit sa confiance dans le modèle coopératif. « La coopérative est un lieu privilégié au sein duquel les hommes peuvent évoluer honnêtement. Le dialogue et la réflexion restent une bonne méthode pour avancer. »
Ces dernières années, la rémunération des adhérents de la cave a évolué de façon régulière. En cinq ans, elle a progressé de près de 25 %. Il s’agit de prix « net net », rémunérant les raisins livrés à la cave, sans frais de vinification ni de distillation. La coopérative n’espère qu’une chose, que la conjoncture permette le maintien d’une rémunération correcte, afin notamment de pouvoir rénover le vignoble Ugni blanc, qui a beaucoup souffert des faibles rémunérations servies à une certaine époque. Les pieds manquants expliquent d’ailleurs en grande partie les faibles volumes enregistrés sur les cépages Cognac. Lors de la récolte 2007, la cave a rentré à peu près 20 000 hl vol. (même quantité en 2008). En vin blanc cépage double fin, le rendement moyen s’élève à 68 hl vol./ha contre 95 hl en 2006, en rouge à 43 hl vol./ha (45 hl en 2006) et en Sauvignon à 53,5 hl/ha. En équivalent-bouteille (bouteilles et BIB), la cave aura vendu en 2007-2008, 533 617 équivalents cols, dont 64 % sous forme embouteillée et 36 % en BIB. Les ventes de Pineau embouteillé représentent 37 % du volume total, les ventes de Cognac 2 %, le reste allant aux vins de pays, un peu au vin de table et un « chouïa » (11 000 cols) aux « fines bulles », autrement dit aux effervescents. Les ventes au magasin du chai Bonnemie, à Saint-Pierre-d’Oléron, ont progressé de près de 2 %.
Sur le dernier exercice, la réalisation de stocks de Cognac a occasionné 36 % du chiffre d’affaires tandis que la part du Pineau vrac atteignait 7 % du chiffre d’affaires. Au sujet du Pineau, le président de la coopérative a indiqué que tous les apporteurs de la cave adhéraient au Syndicat des producteurs de Pineau. Comme à l’AG d’Uniré, Jean-Marie Baillif, président de ce même syndicat, est venu présenter les dernières nouvelles de l’ODG, en apportant un éclairage sur la mise en place du plan de contrôle.
Pineau îLS… c’est ainsi que va se nommer le nouveau Pineau des îles élaboré et commercialisé conjointement par Ré et Oléron. Pour ce faire, les deux structures ont créé une SARL, îLS. Alors que l’étiquette existe déjà (voir ci contre), les partenaires recherchent encore la bouteille dédiée qui « va bien ». C’est un peu compliqué car ils veulent rester sur des fabrications de petites séries, n’ayant pas encore décroché les marchés. D’où un léger retard à l’allumage. S’adressant aux centrales d’achat de la grande distribution, le Pineau îLS devrait trouver son véritable référencement en 2010 ou, en tout cas, pour les opérations de fin d’année 2009. J.-M. Baillif a salué l’initiative des insulaires. « Je suis très heureux que vous développiez un Pineau des îles. Il s’agit d’une particularité que nul ne peut vous contester. » Toujours en terme de projets commerciaux, les Vignerons d’Oléron vont construire un nouveau magasin sur le site de Bonnemie. Début des travaux en septembre ou octobre 2009. Seul regret de Louis Auvray : qu’un retard dans le permis de construire n’ait pas permis de faire coïncider l’inauguration du nouveau local avec la sortie de la nouvelle identité : « Vigneron d’Oléron, Perle de terroir ».
La surface collectée par la coopérative porte sur environ 320 ha, dont 75 % des surfaces en cépages vin blanc Cognac (232 ha d’UB, 9 ha de Colombard) et le reste en Sauvignon (environ 15 ha), Chardonnay (2,5 ha), Merlot (environ 40 ha) et Cabernet (environ 20 ha). Depuis la création de Viti-Oléron en 1992, fruit de la fusion finale des coopératives oléronnaises, la cave s’est équipée d’un conquet de réception et d’une salle de pressurage. Elle a fait construire une distillerie puis dans la décennie 2000, elle a investi dans un chai doté de cuves inox thermo-régulées pour la vinification des blancs et rosés. A partir de 2005, fut installée une nouvelle tranche de cuverie, pour la vinification des vins rouges cette fois. En même temps était réglé le problème des effluents.
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