Vases Communicants

19 janvier 2009

La crise du Midi plombe les Charentes, non tellement par le phénomène des prix ou des volumes – les marchés des vins sont plus étanches qu’on veut bien le dire – mais par l’effet psychologique associé à toute situation de crise. Quand ça va mal dans sa propre maison, on n’a pas tellement envie que ça aille mieux chez le voisin. Le Midi voit d’un très mauvais œil que les Charentes parlent de rendements différenciés – et donc quelque part de hausse des rendements sur certains débouchés – alors que lui-même ne sait pas quoi faire de ses vins. Cette crise du Midi, de quelle ampleur peut-on la créditer ? Quelques témoins sérieux la dépeignent comme une crise sans précédent, qui n’aurait rien à voir avec les anciennes. « Dans les années 80, la crise touchait des volumes qui n’avaient pas de place sur le marché, par manque de qualité. Aujourd’hui, il n’est pas rare que les exploitations soient réencépagées à 70 % avec des cépages qualifiés même plus d’améliorateurs mais d’aromatiques. De cépages traditionnels, Carrignan, Cinsault, Grenache, il n’en reste plus que 30 %. Et malgré tout, ces marchandises ne trouvent pas preneur à 18 F. Certaines caves ont plus de 60 % d’invendus sur les bras. Que faire ? » C’est dire si la crise existentielle est profonde dans le Midi et les bâtons dans les roues importants pour les Charentes, quand on connaît le poids de la viticulture méridionale dans les décisions viticoles. Dans la grande bagarre engagée par les Charentes pour faire reconnaître un système de segmentation de marché qui, sous bénéfice de rendements différenciés, se substituerait à la double fin, l’issue est plus que jamais incertaine. « Nous jouons de malchance disent les professionnels charentais. Sans la crise dans le Midi, ce serait sans doute plus facile. » Oui, et pourtant il vaudrait mieux pouvoir compter sur quelques appuis car, à Bruxelles, on se satisferait sans doute d’un arrangement qui privilégierait une sortie unique, le Cognac. On avait pu comprendre, un temps, que le Midi se servirait du découpage charentais comme d’un exemple pour lui-même. Mais, à l’expérience, il s’avère que les propos tenus à l’intérieur sonnent d’un tout autre son de cloche de ceux tenus à l’intérieur et puis, objectivement, le système méridional semble bien trop fin, trop réduit, trop délicat, pour appliquer d’emblée le système des rendements différenciés. « Ils ne sont pas mûrs pour cela. Quand ils ont besoin de 200 000 hl de jus de raisins concentrés une année, ils n’en ont pas besoin l’année suivante. » Ainsi, l’affectation des surfaces avec rendements différenciés sera charento-charentaise ou ne sera pas.

Une délégation composée de viticulteurs et de négociants a rencontré le 9 juillet dernier les représentants du ministère de l’agriculture pour une réunion de « cadrage technique ». Pas d’indication et encore moins de décision sur la QNV ou le rendement agronomique mais des questions sur le niveau de récolte, le degré et les destinations à l’intérieur de la QNV car l’obligation d’écouler 6 millions d’hl vol. à l’intérieur de la QNV s’impose toujours aux Charentes. La délégation, unanime, a plaidé pour un maintien des 120, pour cause de qualité des moûts et de préservation de leur acidité, afin de ne pas amputer encore le revenu viticole et aussi pour ne pas tout changer, dans la perspective d’une remise à plat du système à l’horizon 2003. Car, dans l’hypothèse d’une application de l’affectation des surfaces et des rendements différenciés, la notion de rendement agronomique tomberait d’elle-même. Les fonctionnaires du ministère ont livré une date, celle du 15 septembre, comme celle de sortie de l’arrêté de campagne. L’an dernier, à pareille époque, on parlait de la mi-août. Alors, peut-être existe-t-il une plus grande probabilité de sortie « en temps et en heure » de l’arrêté de campagne.

Sur une base de 100 hl de pur initiaux, la maison avait déjà réduit son contrat à 53 hl. Sur ces 53 hl, elle n’en prend plus désormais que 26, moitié en achat et moitié en bonne fin, aux conditions bancaires habituelles. L’envoi, par Martell, d’un courrier à ses livreurs les informant des nouvelles conditions d’achat a jeté un voile noir sur un large pan de la viticulture. Et même si des propositions d’achat se manifestent par ailleurs, la région a subi un nouveau mini-traumatisme. Chez Martell, on explique que le niveau de stock par rapport aux ventes s’était considérablement dégradé et qu’il n’y avait pas d’autres alternatives, mais on dit « garder le contact » avec les livreurs en prévision de jours meilleurs. « Tous nos moyens financiers sont concentrés pour relancer les ventes, promouvoir le produit. Une telle relance entreprise par le groupe Pernod-Ricard ne devrait pas rester sans effet. »

Après sa constitution il y a deux mois, le Syndicat des producteurs de vins de pays charentais a tenu sa première assemblée générale le mercredi 17 juillet. Le président Henri Jamet a rappelé ce qui lui semblait essentiel dans la démarche : « Pour travailler ensemble et accepter des compromis, il faut se connaître. Le but du syndicat est d’abord de constituer une famille des vins de pays charentais, dotée d’une existence en tant que telle. Je militerais dans ce sens. »

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