Une Turbipano de 1000 l utilisé pour traiter 55 HA de vigne

27 août 2014

Les performances des tunnels de pulvérisation confinée sont-elles adaptées à une utilisation dans des propriétés de surfaces importantes ? L’intérêt des viticulteurs pour la technologie de ces équipements est réel mais, jusqu’à présent, le manque de recul au niveau des performances a été un véritable handicap. Les témoignages des cinq viticulteurs de la Cuma Agricorcosse, qui utilisent depuis 3 ans un Turbipano Dagnaud de 1 000 l sur 55 ha de vignes, montrent qu’en faisant preuve de sens de l’organisation, l’équipement donne satisfaction.

 

 

Le choix d’un pulvérisateur est toujours l’aboutissement d’une réflexion complexe qui tient compte à la fois des spécificités de chaque vignoble et des attentes de chaque viticulteur. La notion de qualité de la pulvérisation est bien différente du niveau de performance d’un pulvérisateur. Le fait qu’un équipement soit en mesure de traiter 2, 4 ou 6 faces de rangs en un seul passage contribue à augmenter le débit de chantier horaire et quotidien, mais ce n’est pas une garantie de réussite de la qualité de l’application phytosanitaire. Les bons réglages d’un pulvérisateur sont les seuls éléments permettant d’obtenir une pulvérisation régulière et homogène au niveau de la végétation. De plus en plus de propriétés souhaitent couvrir leur vignoble dans la journée afin d’avoir une capacité d’intervention permettant d’optimiser les démarches de raisonnement de la protection du vignoble. La réduction d’utilisation des intrants phytosanitaires est devenue, depuis dix ans, une préoccupation de premier plan qui est actée dans le cadre du plan Ecophyto. Or, l’opération même de pulvérisation avec les appareils viticoles classiques engendre des pertes considérables liées principalement aux phénomènes de dérives dans l’atmosphère et au niveau du sol. Plus de la moitié des quantités de produits pulvérisés n’atteignent pas la végétation. L’utilisation des tunnels de pulvérisation confinée est le seul moyen de limiter fortement ces phénomènes de dérive des flux de pulvérisation. Les conclusions de divers essais de l’IFV et des chambres d’agriculture de Charente et de Charente-Maritime ont démontré que les taux de récupération permettent de recueillir des quantités importantes de bouillie. Ces équipements, bien que permettant de réaliser des économies de produits de 30 à 35 % au cours d’une campagne, ne font pas l’unanimité auprès des propriétés de surfaces importantes. Ils permettent de traiter que deux rangs par passage, ce qui limite le débit de chantier. Néanmoins, les retours d’expérience d’un certain nombre d’utilisateurs de tunnels de pulvérisation confinés tendent à montrer qu’en faisant de sens de l’organisation, les tunnels de pulvérisation confinée peuvent devenir des équipements compétitifs sur le plan économique et très performant vis-à-vis du respect de l’environnement.

p23.jpgLa Cuma Agricorcosse utilise depuis trois campagnes un pulvérisateur Turbipano Dagnaud pour traiter 55 ha de vignes situés sur les communes de Courcoury, de Saint-Sever-de-Saintonge, Montils et de Rouffiac. Les adhérents, Patrick Monneau (10 ha), Christian Lys (8 ha), Sébastien Lys (28 ha), Christian et Romuald Robert (9 ha), portent un regard objectif sur l’utilisation de cet appareil qui a déjà couvert plus de 1 500 ha de vignes. Les différences de densités et de structure de palissage des vignes rendent leurs témoignages intéressants au niveau de la qualité de la pulvérisation, de la conduite et de la fiabilité du matériel.

Limiter les phénomènes de dérive et mieux traiter la végétation

Les cinq viticulteurs ont l’habitude d’utiliser du matériel en commun depuis longtemps, la moissonneuse-batteuse, la machine à vendanger, les pressoirs, et le fait de partager l’utilisation d’un pulvérisateur viticole ne leur paraissait pas impossible. Les efforts de renouvellement du vignoble engagés depuis cinq ans engendraient des pertes par dérives importantes lors des traitements avec les appareils traditionnels. Sébastien Lys ne cache pas que de voir partir dans l’atmosphère une quantité de produits relativement importante lors des trois à quatre premiers traitements dans les vignes adultes et dans les jeunes plantations ne le satisfaisait pas : « Avec notre aéroconvection turbine basse, les pertes de produits par dérive étaient importantes jusqu’à la mi-juin dans les vignes adultes. Le phénomène était encore plus spectaculaire dans les plantations de première, deuxième et troisième feuilles. J’avais le sentiment d’une part de mal traiter cette végétation frêle et d’autre part cette non-maîtrise des pertes de produits dans l’atmosphère m’inquiétait. Cela posait des problèmes à nous qui travaillons dans les vignes et aussi pour le voisinage. Dans des communes comme les nôtres, où le développement de la population est constant depuis 10 ans, de nombreuses habitations se sont construites à proximité des parcelles de vignes. Lors des traitements, les nuisances sont inévitables avec les pulvérisateurs classiques, même en prenant de grandes précautions ».

L’expérience déterminante de l’un des associés

p24.jpgL’un des adhérents de la Cuma, P. Monneau, a eu dès le début des années 2000 une réflexion pour réduire les phénomènes de dérive lors des traitements. Il a été l’un des premiers utilisateurs d’un pulvérisateur de type Pulpano durant toute la saison. Ce viticulteur a toujours été sensible aux déperditions de produits dans l’atmosphère, ce qui l’a amené à s’intéresser aux pulvérisateurs de la société Dagnaud : « Comme beaucoup de viticulteurs, j’ai utilisé des panneaux récupérateurs de bouillie pour réaliser les traitements d’hiver tant qu’ils ont été autorisés. Le matériel permettait aussi d’effectuer les premiers traitements de printemps. Quand la société Dagnaud a développé sur un pulvérisateur porté de 600 l une cellule de pulvérisation confinée traditionnelle pour traiter toute l’année, ce matériel m’a tout de suite plu. J’allais enfin pouvoir concentrer la pulvérisation sur la végétation. En 2002, j’ai acheté l’un des premiers Pulpano. Mon vignoble, plutôt vigoureux avec beaucoup de vignes palissées hautes à 2,50 m d’écartement, a été un banc d’essais pour évaluer la capacité de pénétration des buses de pulvérisation classiques (fonctionnant sans apport d’air). Même en pleine saison, le Pulpano me donnait satisfaction et les années à fortes pressions de mildiou comme 2007 et 2008, j’ai bien contrôlé la maladie en resserrant bien sûr les cadences de traitements. L’appareil s’est payé tout seul grâce aux économies de produits qui atteignaient en moyenne de 30 à 35 % par an. J’étais très satisfait de cet équipement et le développement par la société Dagnaud du Turbipano m’a tout de suite beaucoup intéressé. Les essais du prototype ont eu lieu courant 2010 et 2011 dans mes vignes, et j’avoue que la qualité de la pulvérisation m’a tout de suite paru bonne. »

Un appareil en phase avec les attentes des viticulteurs

À l’issue de la campagne 2011, le vieillissement des pulvérisateurs a amené les cinq adhérents de la Cuma à commencer à s’interroger sur la possibilité d’utiliser en commun un appareil plus performant. S. Lys explique que le choix du Turbipano Dagnaud a été motivé par la conjonction d’éléments : « Nous avions tous envie à la fois de mieux appliquer les produits sur la vigne et de limiter les phénomènes de dérive. Ensuite, l’expérience d’utilisateur d’un Pulpano de P. Monneau pendant 12 ans venait cautionner le principe du tunnel de pulvérisation confinée. Son appréciation objective du fonctionnement du Turbipano lors des essais chez lui nous a aussi aidés à mûrir notre réflexion. Les économies de produits phytosanitaires représentaient aussi pour nous une préoccupation importante (à la fois économique et environnementale). L’appareil, bien qu’étant récent et innovant, nous semblait adapté à nos attentes. Enfin, l’acquisition d’un tel matériel en Cuma donnait droit à des aides à l’investissement de 30 % dans le cadre d’un PVE. Après s’être concertés, nous avons acheté, au printemps 2012, l’un des premiers Turbipano et nous ne le regrettons pas aujourd’hui. »

Le spectre de pulvérisation doit être adapté au volume de végétation

p25.jpgLe fonctionnement de la cellule de pulvérisation confinée fait aujourd’hui l’unanimité au sein de ce groupe d’utilisateurs et les craintes qu’avaient certains au niveau de la maniabilité de l’appareil en bout de parcelle ont été vite dissipées. S. Lys considère que la qualité de pulvérisation est l’un des atouts majeurs de cet équipement : « La conception de la cellule, avec la forme des panneaux très enveloppante à la base et au sommet de la végétation, amplifie le confinement et l’effet de turbulence du flux de pulvérisation. Lors des trois ou quatre premiers traitements, l’effet de turbulence est tel qu’il n’est pas nécessaire d’utiliser les turbines. Le spectre de pulvérisation doit être adapté au volume de végétation et à l’allongement des rameaux. Au départ, une buse par face de rang est suffisante, puis nous passons à deux, à trois… Dès le traitement précédant la floraison, l’utilisation des deux turbines pousse les produits au cœur des rangs et le flux de pulvérisation remonte dans toute la hauteur du palissage. La crainte au niveau de la maniabilité que j’avais
ainsi que certains de mes collègues a été vite dissipée. Le fait d’avoir positionné les deux cellules de pulvérisation à l’avant de l’appareil facilite considérablement la conduite. Quand l’appareil est engagé dans les interlignes des rangs, l’appareil suit automatiquement la même trajectoire. Les risques d’accrochages au niveau du palissage sont minimes. La circulation au niveau des tournières nécessite une approche de conduite un peu différente de celle d’un pulvérisateur traditionnel, mais le timon articulé facilite bien les choses. Le fait d’avoir un essieu à boggies apporte beaucoup de stabilité lors des manœuvres en bout de rang et quand les conditions de portance des sols sont mauvaises. »

Un raisonnement des doses de produits piloté en fonction du volume de surface foliaire

Depuis trois campagnes, le pulvériseur Turbipano de la Cuma Agricorcosse donne pleine satisfaction. Une organisation a été mise en place pour assurer la couverture des 55 ha en deux journées et demie. Les pertes de temps en déplacements entre chaque propriété sont assez limitées du fait de la proximité des îlots de vignes. Un décalage de démarrage des calendriers de protection facilite l’utilisation de l’appareil par les quatre adhérents. Au cours de l’année à forte pression de mildiou 2013, l’appareil a démontré sa parfaite efficacité puisque la maladie a été bien contrôlée en faisant des économies de produits significatives. La gestion de la dose de produit appliquée sur la vigne est abordée de façon rationnelle. L’expérience d’utilisateur de P. Monneau a facilité la réflexion sur ce sujet important. S. Lys explique que la dose de produit mise en œuvre dans le pulvérisateur est raisonnée en faisant abstraction de la récupération de bouillie : « On s’est dit qu’il fallait travailler en raisonnant la dose par rapport au volume foliaire des vignes. L’avantage des cellules de pulvérisation confinée réside justement dans leur fonction de régulation automatisée de la récupération de bouillie selon le volume de végétation. Moins la végétation est importante, plus la récupération s’accroît et inversement. Pour raisonner les doses de produit à mettre en œuvre, on est parti à l’envers en prenant comme référence le volume de végétation maximum d’une vigne à 2 m haute en pleine saison. Dans ce type de vigne, on applique la dose/ha pleine des différentes spécialités commerciales avec un volume théorique de bouillie appliquée de 150 l/ha (avec 8 buses ouvertes) sans tenir compte de la récupération. Comme la cuve du pulvérisateur a une contenance de 1 000 l, nous la chargeons pour couvrir une surface proche de 7 ha à pleine dose. Si nous fonctionnons avec 4 buses au lieu de 8 lors d’un premier traitement, la capacité théorique de l’appareil est plus que doublée car le niveau de récupération de plus de 50 % génère à cette époque de l’année des économies importantes. Quand on passe dans une parcelle à 3 m, l’adaptation de dose par rapport à la surface foliaire s’effectue automatiquement car, dans ce type de vignes, il y a moins de rangs de vigne à traiter. Les traitements sont raisonnés en concentration tout au long de la saison et c’est le volume de surface foliaire/ha qui pilote les quantités de produits réellement appliquées. En plein été, la récupération se limite au trou de végétation (moindre vigueur et manquants). Seuls les ceps de vignes présents dans les parcelles sont traités. Dans les plantations de première, de deuxième et même de troisième feuilles, les niveaux de récupération restent importants même en fin de saison. »

Un débit de chantier de 20 à 25 ha/jour

Les cinq viticulteurs utilisent l’appareil avec les mêmes paramètres de réglages, une vitesse d’avancement de 8 km/h et une pression de 2 bars. Les débits de chantier sont directement proportionnels à la structure du parcellaire. P. Monneau couvre en pleine saison son vignoble de 10 ha (80 % de vigne à 2,50 m d’écartement et 20 % à 2,10 m) bien regroupé au sein d’un même îlot en quatre heures de travail. À cela, il convient d’ajouter les temps de déplacement routier et de chargement du pulvérisateur, soit 1 h 30 de plus. S. Lys traite les 28 ha de vignes en 15 heures, soit l’équivalent d’une journée et demie. L’effet structure des parcelles a bien sûr une influence forte sur le débit de chantier. La protection en pleine saison d’une grande parcelle de 4 ha (avec des rangs d’une largeur de 2,80 m sur 300 m de long) s’effectue en une heure. Les viticulteurs estiment que les performances de cet appareil sont adaptées aux traitements de 20 à 25 ha de vignes par jour selon l’écartement des rangs et la dispersion du parcellaire.

Deux satisfactions principales : 30 % d’économie de produit et le respect de l’environnement

Les économies de produits réalisées depuis trois ans sont proches de 30 %. En début de campagne, le niveau de récupération se situe entre 75 et 50 %, et ensuite il diminue au cours de la saison. L’influence du vent sur le niveau de récupération est importante lors des trois premiers traitements. S. Lys ne cache pas que les plus fortes économies de produits sont réalisées entre la mi-avril et la fin mai : « En début de cycle végétatif, la cellule de traitement confinée donne sa pleine efficacité. L’incidence du vent, parfois assez fort en avril-mai, augmente les pertes par dérive mais dans des proportions qui n’ont rien à voir aux phénomènes de dispersion abondants d’un appareil traditionnel. L’avantage du Turbipano est aussi de pouvoir effectuer un traitement même en présence d’un peu de vent sans que cela génère de nuisance par rapport au voisinage. Les économies de produits réalisées au bout de trois campagnes représentent, à peu de choses près, l’équivalent de la valeur d’achat du pulvérisateur. C’est un outil qui donne envie de bien travailler. Les produits sont plus localisés sur la vigne et surtout les pertes dans l’atmosphère sont limitées. C’est le premier pulvérisateur vigne qui nous donne la capacité de montrer que l’on travaille en respectant l’environnement. »

Une faible demande de puissance et des consommations  de carburant plus faibles

L’utilisation du pulvérisateur présente aussi l’avantage de demander peu de puissance. Les turbines et toutes les fonctions d’élargissement des deux cellules de pulvérisation fonctionnement grâce à une centrale hydraulique implantée sur le pulvérisateur. La production d’air des turbines est totalement indépendante de la vitesse d’avancement et du régime de la prise de force, ce qui confère au flux d’air une grande stabilité quelle que soit la topographie des parcelles. S. Lys estime qu’un tracteur de 50 à 60 CV serait amplement suffisant pour tracter le pulvérisateur de 1 000 l : « Quand j’utilisais l’aéroconvection turbine basse de 1 000 l avec le tracteur actuel, un Kubota de 70 CV, la consommation de gas-oil dépassait 12 l/h. Avec le Pulpano, elle n’est que de 8 l/h, ce qui engendre une économie de plus de 60 l de carburant par traitement. » P. Monneau fait le même constat avec son tracteur de 80 CV, un Fendt 280 P : « Lors des traitements, le tracteur n’est jamais à plein régime. La puissance idéale de fonctionnement de la centrale hydraulique du pulvérisateur est atteinte avec un régime moteur du tracteur de 1 600 à 1 700 t/mn, ce qui fait tourner la prise de force à 400 t/mn. Il me faut 30 l de carburant pour traiter les 10 ha de vigne, ce qui correspond à une consommation de 7,5 l/h de gas-oil. »

Les points clés du Turbipano utilisé par la Cuma Agricorcosse

l 55 ha de vigne à protéger répartis dans cinq propriétés.
l Vignoble de 2 à 3 m d’écartement avec un palissage haut.
l 3e campagne d’utilisation du pulvérisateur Turbipano 1 000 l traîné.
l Les réglages du pulvérisateur :
− Vitesse d’avancement de 8 km/h.
− Pression d’utilisation de 2 bars.
− 150 l/ha appliqués en pleine saison avec 8 buses par rang (sans la récupération).
l Des performances liées à la structure du parcellaire :
− 2,5 ha/h dans des vignes de 2,50 à 3 m d’écartement.
− 25 ha de vignes traités par jour.
− Une bonne pénétration du flux de pulvérisation dans la structure du palissage.
− Les turbines à la base des panneaux poussent l’air dans le cœur de la végétation.
l Un taux de récupération supérieur à 50 % jusqu’au 3e traitement.
l Des économies de produit de 30 à 35 % tous les ans.
l Une demande de puissance de traction faible engendrant une diminution des consommations de carburant de 30 %.
l Aucun problème de fiabilité après 3 années d’utilisation.
l Un investissement autofinancé par les économies de produits au bout de 3 campagnes.

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