L’implantation d’une inter-culture annuelle d’herbes semées dans les vignes est une pratique culturale à la fois ancienne et très actuelle. En effet, elle se révèle être très intéressante sur les plans agronomiques et économiques. Le fait de couvrir le sol avec des herbes sélectionnées durant tout l’hiver et jusqu’au début du printemps suivant contribue à dynamiser la vie du sol et à stimuler la croissance de la vigne sans créer de phénomène de concurrence. Les couverts végétaux viennent en quelque sorte « booster » la fertilité des sols et sont en mesure d’assurer une meilleure alimentation de la vigne. L’équipe de la Chambre d’agriculture de Charente Maritime a réalisé depuis plus de 15 ans des expérimentations sur les couverts végétaux qui permettent de quantifier pleinement l’intérêt de cette pratique culturale dans le vignoble de Cognac.
Les premiers essais de couverts végétaux mis en place par la chambre d’agriculture de Charente Maritime, remontent à 1998. Ils ont été conduits durant trois années successives à Berneuil chez Régis Négrier. À l’époque l’initiative très novatrice avait permis de relancer l’intérêt d’une pratique historique qui avait été complètement oubliée en Charentes. Laetitia Caillaud, la conseillère en viticulture, s’est beaucoup investie dans l’étude des couverts végétaux qui connaît un fort développement au cours des dernières années. Elle a mis en place depuis cinq ans des essais en grandes parcelles dans différents types de sols, avec une variété de couverts et des itinéraires d’implantations diversifiés. L’objectif de ces études est d’aller le plus loin possible dans l’acquisition de connaissance et la valorisation de cette pratique agronomique.
Les couverts végétaux et l’enherbement permanent, deux pratiques très différentes
L’implantation des couverts végétaux est une pratique qui commence à s’implanter en viticulture alors qu’en grandes cultures, elle a prouvé son intérêt depuis de longues années. Ce sont d’ailleurs les résultats très convaincants en tant qu’inter-culture au niveau des céréales qui ont été à l’origine de son développement en vigne. Cultiver de l’herbe n’est pourtant pas une idée nouvelle dans la région de Cognac puisque la pratique de l’enherbement naturel (en plein ou 1 allée sur deux) des interlignes s’est fortement développée depuis le début des années 2000. Qu’est-ce qui différencie la couverture des sol avec des espèces d’herbes sélectionnées et semées pendant la phase hivernale à la pratique de l’enherbement permanent des interlignes avec une flore naturelle ? L’enherbement naturel des interlignes améliore la portance, protège et bonifie la structure, facilite les travaux mécaniques et permet de réguler la vigueur. Il a pour finalité d’établir une concurrence pérenne avec la vigne au niveau de l’alimentation en azote et en eau. Les semis de couverts végétaux annuels ont comme objectif d’entretenir la fertilité des sols et dynamiser leurs potentialités agronomiques sans créer de phénomènes de concurrence avec la vigne.
Une protection de la vie des sols et une source de fumure gratuite
Ils permettent de rendre disponible des éléments fertilisants présents dans les sols en stimulant la vie microbienne. Il se crée une activité biologique intense autour des racines d’herbes semées dont les bienfaits sont nombreux. En premier lieux, les couverts limitent l’érosion en hiver et permettent de contrôler les flores d’herbes naturelles indésirables (ray-grass, géranium, pissenlit, ….). Ils réduisent aussi les phénomènes de lessivage des éléments nutritifs lors d’hiver pluvieux. L’intensification de la vie microbienne transforme aussi des éléments fertilisants présents dans les sols sous forme stable et les rend assimilables. C’est une source d’apport de fumure gratuite et totalement écologique qu’il est aujourd’hui possible de quantifier précisément. Enfin, les couverts végétaux ont des effets bénéfiques sur la structure des sols qui devient plus grumeleuse, plus souple et filtre et retient plus d’eau. Un sol enherbé absorbe 10 fois plus d’eau qu’un sol nu..
Un volume de biomasse qui « booste » la fertilité des sols
L’implantation des couverts végétaux dans les parcelles de vignes doit être gérée comme une culture à part entière. La réussite des couverts végétaux doit déboucher sur une production de volumes de biomasse suffisants pour stimuler la fertilité des sols. Le semis intervient généralement entre le 25 août et le 15 octobre et la végétation sera incorporée dans les sols au printemps en avril mai. C’est en quelque sorte une forme « de boosteur » de la fertilité 100 % naturel dont la conduite culturale demande une certaine technicité. Il ne s’agit pas de laisser pousser de l’herbe mais de cultiver des espèces sélectionnées pendant toute la phase de repos végétatif. Il faut donc mettre en place un itinéraire cultural pour implanter, piloter le développement et ensuite détruire au bon moment la biomasse. Les premiers retours d’expérience des semis de couverts végétaux dans le vignoble de Cognac ont tous conforté l’intérêt agronomique et la simplicité de cette pratique.
Une plateforme d’essais de plein champs dans trois propriétés implantée depuis 2013
L Caillaud et toute l’équipe de conseillers de la Chambre d’agriculture de Charente Maritime ont souhaité conduire une réflexion technique élargie sur l’intérêt des couverts végétaux dans les conditions actuelles de production de la région de Cognac. Leur souhait a été d’étudier l’adaptation des diverses espèces de couverts à des natures de sols différentes, les moyens d’optimiser leur implantation, les contraintes pour les détruire,…. . Une action collective a été mise en place à partir de l’automne 2013 pour travailler les aspects agronomiques, quantifier plus précisément les apports d’éléments fertilisants et apprécier toutes les contingences pratiques liées à la culture des couverts végétaux. L Caillaud a implanté une nouvelle plateforme d’essais chez trois viticulteurs, Laurent Curaudeau à Cozes, Alain Lacroix à Mons et David Léonard à Mons. Les résultats de ce travail s’avèrent riches d’enseignements.
Une culture à part entière à bien maîtriser pour produire suffisamment de biomasse
L’une des priorités pour réussir des couverts végétaux est avant tout de considérer que ce sont des cultures à part entière. Ensuite, leur implantation ds répond à des objectifs qui sont modulés par le choix des espèces d’herbes et la mise en œuvre des itinéraires culturaux (surtout la date et la qualité de semis). Les divers retours d’expériences ont permis de se rendre compte que la préparation du sol, la maîtrise du semis et les conditions climatiques de post-semis sont essentielles pour réussir l’implantation des herbes et la production de biomasse au printemps suivant. Les bienfaits des couverts végétaux concernent une diversité d’aspects, l’amélioration de la structure des sols, le stockage de la matière organique, la dynamisation de la vie biologique, l’apport d’éléments fertilisants, le contrôle des
Les bienfaits des couverts végétaux :
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1 : Une amélioration de la structure des sols
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2 : Un stockage de matière organique
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3 : Une dynamisation de la vie biologique des sols
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4 : Un apport d’éléments fertilisants
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5 : Un contrôle des adventices indésirables
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6 : Un réservoir de biodiversité et de refuges pour le gibier
La préparation du sol doit tenir compte de la nature des espèces
La bonne maîtrise de la préparation des sols et de la profondeur de semis est indispensable pour obtenir des levées d’herbes régulières. Le choix d’outils adaptés à la nature des sols, des cultivateurs, des disques, des outils rotatifs,… doit permettre d’obtenir une couche de terre fine de profondeur variable. Les exigences de profondeur et de doses de semis entre les espèces sont différentes en fonction de la taille des graines avec des graminées (avoine, seigle, triticale,…) à positionner près de la surface et des crucifères (radis, …) et des légumineuses (féveroles, pois, vesces) plus profondément. L’intérêt des mélanges d’espèces est de permettre une exploration du sol sur des niveaux différents par les développements racinaires des herbes. Les racines des graminées sont localisées en surface (de 3 à 10 cm) et celle des crucifères et des légumineuses s’implante plus profondément. Les interventions de préparation du sol et de semis sont généralement effectuées en même temps sous la forme de semis directs. Les constructeurs proposent des gammes de matériels performants permettant le semis de graines de tailles différentes. Les viticulteurs utilisent aussi des équipements « fait maison » qui donne aussi satisfaction. Aussitôt le semis, il est important de tasser légèrement le sol avec un rouleau.
Semis précoces et plus tardifs des couverts végétaux : Des objectifs différents
– Les semis précoces :
– Implantation avant les vendanges entre le 15 août et le 15 septembre
– La levée précoce engendre un développement abondant des espèces avant le refroidissement des températures
– Les sols sont mieux protégés des phénomènes de lessivage lors des hivers pluvieux
– Les productions de biomasse seront plus importantes avant l’hiver et ensuite au printemps
– La période de floraison des couverts au printemps intervient plus tôt
– La destruction des couverts peut être envisagée plus précocement dans les zones sensibles au gel
– L’objectif prioritaire des semis précoces de couverts végétaux est la production de biomasse importante
– Les semis tardifs :
– Implantation après les vendanges entre la fin septembre et la mi-octobre
– La levée plus tardive engendre une production de végétation moins abondante avant le refroidissement des températures
– Les sols sont moins bien protégés des phénomènes de lessivage lors d’hivers pluvieux
– Les productions de biomasse seront moins importantes avant l’hiver et au début du printemps
– Le cycle de développement des herbes sera plus décalé dans le temps et les espèces atteindront le stade floraison plus tardivement
– La destruction des couverts tardifs peut intervenir bien avant leur développement maximum dans les zones gélives
– L’objectif prioritaire des semis tardifs de couverts végétaux est la dynamisation de la vie biologique et la restitution d’éléments fertilisants
Des semis précoces propices au développement de la biomasse
Deux stratégies de périodes de semis sont conseillées en fonction des objectifs recherchés. Si la priorité est de produire un volume de biomasse important, il convient d’implanter les couverts tôt en saison entre le 15 août et le 15 septembre bien avant les vendanges. Les sols encore chauds permettent de bonnes levées si des pluies suffisantes (de 10 à 20 mm) se produisent. L’objectif est d’atteindre un développement de l’herbe généreux avant que les températures se refroidissent en octobre. Si la phase de maturation est ponctuée de pluies assez fréquentes, la croissance de l’herbe rapide améliorera la portance des sols au moment du passage des MAV. À l’inverse si l’arrière-saison est sèche, le semis peu développé pourra être fragilisé par les passages de roues des vendangeuses. Les semis de couverts précoces sont propices à un redémarrage du développement des herbes plus rapide des herbes en fin d’hiver ce qui permet de détruire la biomasse avant les risques de gel de printemps.
Des semis tardifs en général plus adaptés à l’apport d’éléments nutritifs
Les semis de post-vendange durant la première quinzaine d’octobre sont adaptés à des situations de millésimes précoces comme 2 011 ou 2 015. En effet, si les vendanges sont terminées fin septembre ou tout début octobre, cela laisse encore d’implanter les couverts avant que les sols ne se soient trop refroidis. L’objectif prioritaire des semis tardifs est de privilégier la dynamisation de la vie biologique des sols et les apports d’éléments fertilisants. Des couverts à base de légumineuse semblent les mieux adaptés pour des semis tardifs. Plus le semis intervient tard en saison, moins les levées d’herbes auront atteint un volume de biomasse important en début d’hiver. Ce décalage de développement des herbes au moment de l’arrivée des premiers froids persistera au printemps. Les couverts devront être laissés en place plus longtemps parfois jusqu’au début du mois de mai pour atteindre un bon niveau de développement. La présence d’herbes en abondance crée un microclimat humide propice à la baisse des températures qui est toujours plus risquée dans les zones gélives.
Un effet taille des graines pour réussir les semis
La réussite de la levée des couverts végétaux est étroitement liée à la bonne maîtrise de la profondeur de semis surtout quand la climatologie est sèche. La taille des graines varie beaucoup en fonction des espèces. Des grosses graines comme celles de des féveroles doivent être semées entre 4 à 6 cm de profondeur alors que des petites graines (de trèfle, de moutards, de radis, …) seront positionnées dans les deux premiers centimètres. Des graines de taille intermédiaires (de la vesce, de l’avoine, ….) germeront mieux quand elles sont semées entre 2 à 4 cm de profondeur. Dans beaucoup de situations, les couverts sont constitués de mélanges de diverses espèces dont les tailles des graines sont variées. Il convient de les semer à une profondeur moyenne 2 t 4 cm de profondeur en sur-dosant un peu pour obtenir des levées homogènes. Aussitôt le semis, le tassement de la terre est indispensable pour assurer le contact taille sol-graine. Cette intervention s’avère essentielle quand un climat sec persiste après le semis.
Savoir tirer profit des potentialités agronomiques des différentes espèces d’herbes
Les potentialités agronomique des systèmes racines et des fractions aériennes des herbes qui se développent s’avèrent à la fois différentes et complémentaires . L’implantation de graminées, du seigle, de l’avoine ou du triticale favorise un effet structurant du sol dans les 10 à 15 premiers centimètres grâce à leur système racinaire fasciculé. Ces plantes ont aussi l’avantage de produire beaucoup de biomasse et de limiter le lessivage de l’azote. Les crucifères, les radis, les moutardes provoquent une effet de structuration en profondeur grâce à leur système racinaire pivotant. Ces espèces ont aussi la capacité à mobiliser des éléments fertilisants présents en profondeur ( du phosphore, du potassium, du soufre, à les transformer sous des formes plus assimilables et à les faire remonter en surface. Les légumineuses , les féveroles, les pois, les vesces, les trèfles ont des capacités d’exploration du sol assez bonne. Ces espèces présentent aussi l’intérêt de fixer l’azote atmosphérique et de la redistribuer au niveau du sol à proximité des racines des souches.
La complémentarité des graminées et des crucifères dans les doucins
Dans la plupart des situations, l’implantation d’un mélange de plusieurs espèces est toujours souhaitable pour tirer profit des bienfaits agronomiques des différentes herbes. Le choix des espèces d’herbes en fonction de la nature des sols est tout de même essentiel. Les retours des essais conduits par L Caillaud lui ont permis d’observer des capacités d’adaptation très différentes de mélanges d’herbes entre les quatre principaux types de sol en Charentes. Dans les sols battants peu calcaires, les doucins, l’amélioration de la structure du sol en surface et en profondeur semble-être une priorité. Des mélanges à base de base de 60 % de graminées qui structure la surface sol et de 30 % de crucifères ayant un rôle fissurant en profondeur sont bien adaptés. Ce type de mélange permet aussi une production de biomasse importante dans la mesure ou leur semis intervient tôt en saison.
Des légumineuses en priorité dans les terres de champagne et les groies
Les terres de Champagne calcaires possèdent naturellement une assez bonne structure du fait de leurs teneurs équilibrées en argile et en matière organique. L’enherbement naturel permanent d’une allée sur deux est une pratique fréquente et bien adaptée à leurs réserves hydriques élevées. L’implantation des couverts végétaux aura comme objectif prioritaires de favoriser la dynamisation de la vie microbienne et les apports d’éléments fertilisants. Un mélange d’espèces à base de 60 % de légumineuses (du trèfle, des féveroles ) associé à 20 % de crucifères ( apport de soufre) et de 20 % de graminées semble bien adapté. Les terres de groies calcaires ont aussi en général une bonne structure mais possèdent des réserves hydriques moindres. La majorité des parcelles sont laissées enherbées au printemps et ensuite cultivées mécaniquement tout l’été. L‘implantation de mélanges d’espèces également à base de 60 % de légumineuses, de 20 % de crucifères et de 20 % semblent les mieux adaptés pour favoriser les apports d’éléments fertilisants.
Les graminées et les crucifères améliorent la structure des terres de pays bas
Les sols de pays bas qui ont leurs teneurs en argile élevées, sont durs à cultiver. L’introduction de l’enherbe ment naturel permanent (au moins une allée sur deux) est presque devenue systématique pour améliorer la portance des sols et réguler la vigueur des vignes. L’un des problèmes majeurs des terres de pays bas est leur mauvaise structure en hiver et au printemps et leur capacité à se fissurer lors des étés secs. L’intérêt majeur de l’implantation des couverts végétaux est justement d’améliorer la structure de sols en surface et profondeur en utilisant les capacités de fragmentation des systèmes racinaires de surface des graminées et plus profond des crucifères. Des mélanges à 50 % de graminées associés à 30 à 40 % de crucifères et à 10 à 20 % de légumineuses se sont révélés intéressants surtout quand ils sont semés tôt. La production de biomasse généralement importante doit être détruite avant la période de sensibilité au gel de printemps.
Les graminées
L’avoine, le seigle, le triticale sont les espèces les plus cultivées
Un système racinaire fasciculé implanté dans les 5 cm premiers en dessous de la surface du sol
Une production de biomasse importante.
Un effet structurant du sol dans la fraction de terre proche de la surface
Des espèces à semer de préférence tôt pour obtenir des volumes de biomasse importants
Les Crucifères :
Les radis et les moutardes sont les espèces les plus cultivées
Un système racinaire pivotant se développant en profondeur
Un effet structurant dans les zones profondes de sol
Une production de biomasse assez importante
Un cycle de développement souvent assez précoce
Une capacité à mobiliser les éléments fertilisants (soufre, phosphore, potasse) présents en en profondeur
Les légumineuses :
Les trèfles, la vesce, les pois et les féveroles sont les espèces les plus cultivées
Un système racinaire bien réparti dans la couche de terre arable (10 à 15 cm de profondeur)
Une production de biomasse pouvant être importante
Une capacité à capter l’azote atmosphérique et à la redistribuer au niveau du sol
Des espèces qui s’adaptent à la fois à des dates de semis précoces ou plus tardives.
Savoir piloter le développement et la destruction des couverts
Le développement des couverts végétaux est identique à celui d’une culture annuelle implantée en fin d’été. Ils jouent un rôle « nourricier» pour le sol et la vigne. Les mélanges d’herbes restituent leur maximum à partir du moment où ils ont atteint le stade de la floraison. Ce constat technique représente un objectif cultural qu’il est plus moins facile d’atteindre selon les années. La notion de cycle de développement complet des couverts est importante pour pouvoir en tirer le meilleur profit. Les dates de semis jouent un rôle déterminant sur la croissance et «l’époque de maturité» des couverts végétaux au printemps suivant. Les conditions climatiques de l’hiver et du début du printemps influencent la vitesse de développement des plantes et le volume de biomasse produit. Des périodes très froides peuvent gêner le développement de certaines plantes et retarder l’effet de colonisation du sol. La destruction des couverts doit en théorie intervenir après que les plantes aient atteint ce stade végétatif. Cet objectif doit être adapté à la situation topographique des parcelles. En effet, dans les zones gélives, la présence d’une biomasse de végétation importante dans les interlignes des rangs accentue la sensibilité au gel. Dans ces situations, la destruction des couverts avant le débourrement est toujours souhaitable et justifiée surtout après des semis précoces l’été précédent.
Des restitutions d’éléments fertilisantes importantes et quantifiées par la méthode MERCI
L’argument majeur en faveur des couverts végétaux est l’apport d’éléments fertilisants. Cette pratique culturale permet de restituer au sol des teneurs en éléments fertilisants généreuses si l’interculture est bien conduite. La présence de biomasse importante et à maturité (bien fleurie) au printemps représente toujours un gage de restitution intéressant qu’il est désormais possible d’évaluer avec justesse. Les céréaliers qui ont travaillé depuis longtemps les bienfaits des couverts végétaux, ont cherché à quantifier précisément les restitutions d’éléments fertilisants. Un travail de recherche a conduit sur ce sujet a débouché sur le développement d’une méthode de calcul fiable pour évaluer les restitutions des couverts végétaux. Après plusieurs années d’expérimentation à grande échelle auprès de la filière céréalière du Poitou-Charentes, un outil de calcul simple et fonctionnel la méthode MERCI (méthode d’estimation des éléments restitués par les cultures intermédiaires) qui est désormais utilisé en vignes. Cet outil de calcul est accessible en ligne sur le site internet de la Chambre d’agriculture de Charente Maritime. Les conseillers viticoles sont en mesure de réaliser les calculs de niveaux de restitution en utilisant cet OAD.
Des restitutions moyennes de 20 à 50 unités d’azote et de potasse
L Caillaud a utilisé la méthode MERCI pour quantifier précisément les restitutions d’éléments fertilisants dans les essais conduits depuis 2013 dans plusieurs propriétés . Les résultats ne peuvent pas laisser indifférents : « Quand les couverts végétaux atteignent un stade de développement avancé, les restitutions d’azote et de potasse sont parfois surprenantes. La culture d’herbes sélectionnées permet de capter plusieurs dizaines d’unités fertilisantes présentes dans l’environnement et que la vigne n’était pas en mesure d’extraire. La production par cette culture intermédiaire de 20 à 40 unités d’azote et de potasse ne peut pas laisser indifférent sur le plan économique. Certes, l’implantation et la destruction des couverts engendrent quelques coûts supplémentaires mais ceux-ci ne dépassent pas en moyenne 50 €ha. La marge brute reste donc très attractive ! ».
Broyage et roulage deux méthodes de destructions intéressantes et différentes
La phase de destruction des couverts végétaux doit être abordée en tenant compte de leur état de développement et des conséquences de la climatologie hivernale sur le stade des plantes. Les périodes de gel à l’automne et en début d’hiver peuvent détruire les herbes au stade plantules. Plus tard en saison, en février, mars, des situations de gel à – 4,- 5 °C affectent fortement les plantes au stade de la floraison. Cette année, les coups de froid tardifs de fin février ont « grillé » les couverts de féveroles dèjà très développés mais par la suite, ils se sont bien rétablis. Le moyen le plus fréquent pour détruire efficacement la biomasse est bien sûr un broyage fin. Cela permet de libérer rapidement les éléments fertilisants. L’incorporation superficielle (dans les 3 à 5 cm de profondeur) des résidus végétaux permet d’accélérer les restitutions mais cette intervention doit intervenir au moins 15 jours après le broyage. En effet, un enfouissement de matière organique trop fraîche peut provoquer un phénomène de fermentation anaérobie dans le sol qui perturbe la vie biologique. Le roulage de la biomasse est un autre moyen de destruction des couverts. Il donne de bons résultats en présence de volumes de biomasse importants et lorsque l’intervention se déroule en conditions sèches. Cela permet de créer à la surface du sol, une mulch qui provoque une libération plus progressive des éléments fertilisante et stimule activement la vie microbienne du sol. La présence du mulch maintient aussi le niveau humidité de la terre.
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