Une lutte efficace pour contrôler la Nécrose Bactérienne

12 mars 2009

photo_464.jpgLa nécrose bactérienne est actuellement la maladie du bois la plus facile à combattre car il existe une stratégie de lutte chimique qui permet de faire baisser l’expression des symptômes, d’assurer le rétablissement des parcelles mais sans pour autant être en mesure de faire disparaître l’agent responsable, la bactérie « Xylophyllus ampelinus ». Les conclusions de recherches récentes permettent de mieux connaître le comportement de la bactérie dans les ceps et cela renforce l’intérêt autour de la protection cuprique de printemps.

La maladie, qui est installée dans le vignoble de Cognac depuis plus de 20 ans, a fait l’objet d’une forte mobilisation technique au début des années 80. Cela avait débouché à l’époque sur la mise au point d’une stratégie de contrôles des foyers de nécrose bactérienne dont l’efficacité a fait ses preuves. Par contre, suite au départ en retraite du professeur Ridet à l’INRA d’Angers dans le milieu des années 80, les travaux de recherche fondamentale sur tous les aspects biologiques avaient été mis en veille.

Ces dernières années, un pôle de recherche sur la nécrose bactérienne a été reconstitué à l’INRA d’Angers sous la tutelle de M. Charles Manceau. Une étude sur le comportement de la bactérie dans les ceps de vignes a été réalisée par Mme Sophie Grall, une étudiante en biologie, et ce travail a été conduit en partenariat avec l’équipe de la Station viticole du BNIC. Le premier volet de ces recherches a été de mettre au point un test de détection fiable par le biais de test PCR et d’immunologie.

Le comportement de la bactérie dans les ceps influence la lutte

La prise en compte d’éléments concernant le cycle épidémique et le comportement de la bactérie Xylophillus ampelinus interfère directement sur la mise en œuvre des stratégies de lutte préventives et des interventions de prophylaxie. Les bactéries se conservent dans les ceps et leur localisation au cœur du bois et des troncs les rend impossible à déloger. Certains éléments laissent à penser que c’est peut-être au niveau des troncs que les bactéries se multiplient le plus. Les bactéries, de par leur structure en bâtonnets, s’agglomèrent dans les vaisseaux de Xylène (assurant l’alimentation en sève ascendante) et les obstruent progressivement. Heureusement, tous les vaisseaux ne sont pas colonisés et les ceps peuvent continuer à survivre. Le seul point faible des bactéries est lié au fait qu’à certaines périodes de l’année, elles sont véhiculées par la sève et apparaissent sur les parties externes des souches principalement au niveau des bourgeons et plus particulièrement au niveau des pleurs. Les fins d’hiver et début de printemps pluvieux et les parcelles naturellement humides représentent des éléments propices à la conservation et à la dissémination de la maladie. D’ailleurs, ce n’est pas un hasard si les foyers les plus virulents apparaissent généralement dans les zones les plus humides (comme les mouillères) des parcelles. Les bactéries n’ont pas la capacité de se conserver dans le sol d’une année à l’autre mais elles auraient la capacité de survivre quelques semaines dans les eaux stagnantes du sol et de provoquer des contaminations par simple contact avec des racines blessées. Les populations de bactéries ne sont vulnérables qu’à certaines périodes de l’année, quand elles manifestent une capacité « à sortir » des ceps. La réalisation de traitements cupriques (à l’effet antibactéricide bien connu) pendant ces phases de présence externe crée en quelque sorte une barrière préventive et superficielle qui, d’une part, empêche de nouvelles contaminations et, d’autre part, fait baisser à moyen terme « le réservoir » de bactéries dans les parcelles. D’après les données historiques, les risques de contaminations externes des bactéries s’étalaient sur deux périodes distinctes dans l’année, l’une en début de cycle du stade gonflement des bourgeons à la floraison et l’autre en fin de saison, de la mi-août à la fin octobre. Les résultats des recherches récentes mettent en avant l’importance des risques de contamination pendant les phases hivernale et printanière.

Une lutte hivernale importante dans le cœur des foyers

La première période de réceptivité de la vigne commence à partir du stade gonflement des bourgeons par les ceps contaminés les années précédentes par la libération dans leurs pleurs des bactéries qui contaminent et assurent la diffusion de la maladie. Les risques de contamination se prolongent jusqu’à la floraison de la vigne. C’est un phénomène de contamination externe qui se fait dans un périmètre d’action limité et lié à l’intensité des pluies, du vent ou aux interventions tardives de taille (courant mars ou début avril). L’apport des connaissances récentes a permis de mettre en évidence que, dès le début janvier, les bactéries remontent dans les bois de l’année et y restent présentes jusqu’au début du mois de juin. Par contre, à partir du débourrement la présence de bactéries dans les jeunes pousses n’a jamais été validée, ce qui tend à prouver que les contaminations n’ont pas lieu de façon interne. La détection de bactéries dans la végétation de l’année est liée à des contaminations externes. Dans les zones où la nécrose bactérienne est présente, la réalisation de prétaille mécanique ou de la taille à partir de début janvier sont fortement déconseillée compte tenu de la présence des bactéries dans les bois de l’année. Le contact avec les lames de sécateurs provoque une contamination mécanique de proximité qui est malheureusement d’une très grande efficacité. L’idéal est de réaliser la taille en période de plein repos végétatif (en décembre) et en absence de circulation de sève, mais la climatologie douce de certains hivers (comme 1998- 1999 ou 1999-2000) rend difficile le choix des bonnes périodes d’intervention. Dans les parcelles très fortement infestées, la désinfection des lames des sécateurs à chaque bout de rang (et voire en milieu de rang) et des plateaux de prétailleuses est une sage précaution pour limiter la diffusion de la maladie. Les contraintes liées à ces travaux concernent uniquement le cœur des foyers où il est aussi conseillé de réaliser des traitements cupriques avec des panneaux récupérateurs (avec 5 % de bouillie bordelaise à 20 % de cuivre métal, soit un apport de 1 000 g de cuivre/hl) dans un délai de quatre heures après la taille ou le prétaillage. Toujours dans le souci de faire baisser la pression d’innoculum des zones les plus infestées, la sortie des bois de taille et leur brûlage sont aussi une sage précaution.

Une couverture cuprique printanière pour contrôler les « populations » de bactéries

L’application d’une couverture fongicide cuprique est à envisager dés le début avril (à partir du moment où les premiers signes du démarrage du cycle végétatif s’extériorisent nettement) jusqu’à la floraison. Elles concernent les parcelles où la maladie a été effectivement repérée mais aussi tout l’environnement proche qui naturellement est exposé au risque de contamination. Les résultats des recherches récentes mettent aussi en évidence le poids des contaminations externes dans la diffusion de la maladie et aussi l’efficacité des traitements cupriques pour les maîtriser. L’enjeu est de créer une barrière fongicide pour empêcher la maladie de contaminer de nouveaux ceps. Les traitements sont donc réalisés dans une approche préventive et leur renouvellement est conditionné par le niveau des pluviométries et l’évolution végétative. Les doses de cuivre nécessaires à une bonne protection sont de 2 % de bouillie bordelaise à 20 %, soit un apport de cuivre de 400 g/hl. A l’approche de la floraison, la concentration en cuivre peut être réduite à 1 %. Ces dernières années, des expérimentations ont démontré l’efficacité d’un certain nombre de spécialités commerciales associant des matières actives de la famille des dithiocarbamates (manèbe et mancozèbe) et deux produits sont homologués et autorisés à la vente (le Mancocuivre ou Belgrappes et le Cuprofix M). L’effet de synergie entre les deux matières actives permet de diminuer les apports de cuivre métal sans que cela nuise à la qualité de la protection.

Trois ans de lutte sérieuse permettent de récupérer les parcelles

Les connaissances historiques au niveau de la nécrose bactérienne indiquaient qu’à partir de la fin de l’été et à l’automne, la réceptivité des vignes à la maladie augmentait de nouveau et cela avait conduit les techniciens à prendre certaines précautions pour éviter les phénomènes de dissémination à partir des foyers existants. Les conclusions des recherches plus récentes permettent de préciser que la présence de bactéries et de symptômes dans les parcelles à cette époque de l’année est à relier à des contaminations externes de l’année. Cependant, les bons vieux conseils indiquant que les opérations mécaniques comme les rognages contribuent à assurer la dispersion des bactéries restent de pleine actualité. La désinfection des lames après la réalisation des travaux sont une sage précaution en présence de symptômes. Au moment des vendanges, l’utilisation de la MAV dans les parcelles infestées nécessite un nettoyage du matériel aussitôt la récolte, avec l’utilisation de désinfectants œnologiques et la mise en œuvre dans un délai de quelques heures d’un traitement cuprique pour cicatriser les blessures au niveau de la végétation (une application à 2 % de bouillie bordelaise à 20 %). L’expérience et le recul depuis 20 ans plaident en faveur de ces traitements de post-vendanges et l’équipe du SRPV de Cognac considère qu’ils sont incontournables dans les zones infestées par la maladie. La stratégie de lutte globale (organisation des travaux en hiver, prophylaxie, traitements cupriques préventifs, et protection estivale) peut paraître complexe et lourde à mettre en œuvre mais pourtant elle donne des résultats assez spectaculaires. En effet, de nombreux viticulteurs peuvent témoigner de son efficacité au bout de 2 à 3 ans. Des parcelles dont la productivité était tombée à moins de 30 hl/ha se sont complètement refaites après deux à trois campagnes successives de lutte sérieuse. Les symptômes disparaissent mais les ceps sont porteurs de la maladie et le maintien d’une protection cuprique permanente de début de saison est indispensable.

Recéper quand les souches ont pleinement récupéré

La rénovation des souches les plus touchées par la nécrose bactérienne par un recépage ne doit pas être envisagée dans l’urgence mais au contraire une fois que les ceps auront récupéré. Il ne faut pas penser que la réalisation d’un recépage l’année même de l’apparition des symptômes sur une souche va permettre de prendre de vitesse la maladie. Les bactéries sont malheureusement bien installées dans les troncs et il convient au contraire d’être patient et d’attendre que la protection cuprique ait fait pleinement son effet pour reconstruire les ceps les plus abîmés à partir de gourmands indemnes de symptômes. Une autre difficulté est aussi la présence simultanée dans les parcelles de la nécrose bactérienne et d’esca, d’eutypiose ou de BDA. Sur le plan technique, la réponse repose sur l’enjeu prioritaire d’assainir la situation vis-à-vis de la nécrose bactérienne et de mettre en stand by les approches de rénovation pour les autres maladies pendant toute la durée de rétablissement des vignes (durant 2 à 3 ans). Les principes mêmes de la lutte active contre des foyers de NB ne sont en quelque sorte pas réellement « compatibles » avec les autres actions de rénovation.

Le dernier élément d’interrogation autour de la nécrose bactérienne concerne les risques de conservation des bactéries dans les bois destinés à la production de plants de vignes. Les études de l’équipe du professeur Charles Manceau ont aussi confirmé l’efficacité du traitement à l’eau chaude mis en œuvre pour la flavescence dorée pour assurer la destruction de la bactérie Xylophilus ampelinus. La mise en œuvre de cette pratique avec les moyens technologiques actuels, bien qu’elle apporte une sécurité supplémentaire en matière de transmission de plusieurs maladies de quarantaine, entraîne une irrégularité au niveau de la reprise des plants et cela limite son développement.

Bibliographie – M. Patrice, responsable de l’antenne SRPV de Cognac. Mme Claudie Roulland, de la Station viticole du BNIC. Equipe du professeur Charles Manceau, à l’INRA d’Angers. Mme Sophie Grall, étudiante en biologie, ayant réalisé une thèse sur la nécrose bactérienne à l’INra d’Angers.

nouvelle matière active chez basf

Le F500, nouvelle matière active fongicide, vient de recevoir son autorisation de vente en vigne.

Le F500 associé au folpel à raison respectivement de 40 g et 400 g par litre a reçu sous les noms de marque Cabrio Star / Cabrio Ultra, les autorisations pour les usages suivants : mildiou à la dose de 2,5 l/ha soit 100 g de F500 + 1 000 g de folpel ; oïdium à la dose de 1,25 l/ha ; black-rot et rougeot parasitaire (brenner) à la dose de 1,87 l/ha ; excoriose à la dose de 0,2 kg/hl.

Une polyvalence de très haut niveau sur les 5 principales maladies de la vigne alliée à une persistance d’action de 14 jours sur l’ensemble de ces maladies caractérise l’innovation apportée par Cabrio.

L’intérêt de cette innovation se manifestera par l’emploi de Cabrio aux stades de plus grande sensibilité de la vigne à l’ensemble du complexe parasitaire, soit pendant l’encadrement de floraison.

BASF recommande l’emploi de 3 applications de Cabrio par saison avec 2 traitements consécutifs au maximum, la séquence devant être interrompue par un fongicide à mode d’action différent tel le diméthomorphe (spécialités Pantheos, Fastime).

Le Cabrio est sans incidence sur la faune auxiliaire (insectes utiles et populations de typhlodromes).

Cabrio est sans incidence sur les processus de fermentation des vins et sur les qualités organoleptiques des vins et alcool. Il bénéficie déjà d’import tolérances pour les USA et le Canada.

Cabrio Star et Ultra sont conditionnés en bidon de 5l, soir 1 bidon pour 2 ha.

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