Didier et Frédéric Coulon exploitent à Saint-Gilles, sur l’île d’Oléron, un domaine de
À l’origine, le vignoble produisait exclusivement des eaux-de-vie de Cognac et les activités de distillation et de stockage étaient culturelles.
Les vins, les Pineaux et les eaux-de-vie se font à
La présence d’un caveau de vente bien structuré au niveau du siège de l’exploitation leur permet de prendre la juste mesure des attentes des consommateurs. Le potentiel touristique de l’île d’Oléron représente un débouché naturel qui connaît une profonde évolution depuis 10 ans. Leur propos sur ce sujet atteste de leur remise en cause permanente pour satisfaire les attentes des consommateurs : « Le label Vins d’Oléron reste porteur mais n’est plus suffisant pour vendre et fidéliser les consommateurs. Les gens goûtent une diversité de vins et sont devenus exigeants et plus connaisseurs. Il ne faut pas penser que les vins d’Oléron possèdent de part leur seule origine des spécificités qui en font un produit hors norme. Nos collègues du Bordelais, de la vallée de la Loire… font aussi de très beaux produits qui sont aussi commercialisés au sein de notre territoire. Les touristes ont toujours envie de découvrir des vins locaux mais seuls les produits de qualité permettent d’établir des liens durables avec les consommateurs. Nous devons répondre à cette attente. Pour nous, travailler en intégrant cette réalité est très stimulant. On essaie en permanence d’améliorer la qualité de toutes nos productions. C’est vraiment passionnant de réfléchir aux divers moyens de toujours mieux faire ».
Une sensibilité « du produire bon avec des méthodes douces »
L’engagement dans la production des Vins de pays a représenté un grand virage pour l’évolution des structures de
Des cépages et des vignes propices à de bonnes conditions de maturation
Les premiers Vins de pays ont été élaborés à partir de l’encépagement Pineau existant et avec les moyens du bord dans le chai. Les premiers petits volumes de vins produits leur ont fait prendre conscience des potentialités de leur terroir et du professionnalisme qu’exigeait cette activité. D. et F. Coulon ont vite compris qu’il fallait planter de nouvelles vignes établies pour faire de
À partir de 500 hl vinifiés, la construction d’un nouveau chai s’est imposée
L’engouement autour des Vins de pays à la fin des années quatre-vingt-dix a incité ces viticulteurs à envisager de se doter
d’infrastructures de chais beaucoup plus structurées. Avoir des vignes qualitatives devait s’accompagner de moyens de vinification performants pour être en mesure de sortir le meilleur des raisins. L’acquisition d’équipements spécifiques et le projet d’un nouveau chai dédié aux Vins de pays étaient devenus indispensables pour faire face au développement d’une production qui devenait importante pour l’équilibre économique de l’exploitation. Les murs du chai de vinification existant ont été « poussés » plusieurs fois. De la cuverie vin blanc et vin rouge avait été implantée à différents endroits, ce qui rendait les conditions de travail complexes à certaines périodes de l’année. Les volumes vinifiés en Vins de pays sont passés en 15 ans de 100 à 200 hl par an à 300 hl, puis à 500 hl au début des années 2000. La maîtrise qualitative de tels volumes nécessitait l’utilisation d’équipements performants et une organisation du travail plus structurée. Le stockage des palettes de vins et de Pineau embouteillés à partir du printemps occupait de plus en plus d’espace. La conception d’un bâtiment dédié spécifiquement à la production de Vins de pays s’est imposée. La construction du chai a eu lieu au début des années 2000. D. Coulon considère que cet investissement a permis d’aborder la conduite des vinifications et la préparation des différentes qualités de vins avec beaucoup plus d’efficacité.
La mutualisation des achats de consommables et de certains équipements
Certains aspects de l’équipement ont été abordés avec un état d’esprit d’entraide propre à la viticulture de l’île d’Oléron. Le développement des productions de Pineau et de Vins de pays à partir du début des années quatre-vingt-dix a concerné un groupe de propriétés indépendantes sur l’île qui partageait les mêmes problématiques d’investissements. Leurs besoins en équipements étaient identiques et beaucoup de matériels n’allaient servir que quelques jours dans l’année dans chaque propriété. Un rapprochement informel initié par le sens des réalités économiques s’est effectué entre une petite dizaine de viticulteurs indépendants. Cela a permis de mutualiser des démarches d’achats de consommables (bouchons, bouteilles, capsules, cartons…) et l’acquisition de divers équipements viticoles et de chais en Cuma (effeuilleuse, épandeur à fumier, filtre-presse, filtre tangentiel, groupe de mise en bouteilles…).
Une typicité révélée par des pratiques agronomiques douces
Le développement de la production et des ventes de Vins de pays charentais a été dans cette propriété l’élément déclencheur de stratégies de conduite du vignoble et des vinifications valorisant l’extériorisation des potentialités du terroir. D. et F. Coulon ont mobilisé leur énergie pour valoriser à la fois les potentialités de leur environnement de production et développer des pratiques agronomiques maîtrisées et douces : « L’aventure Vins de pays a été pour nous l’opportunité de se réapproprier certains aspects fondamentaux de notre métier de vigneron. Le fait de rechercher toujours plus de qualité dans nos vins a changé notre façon d’aborder les aspects culturaux dans les vignes et le pilotage des vinifications. On s’est rendu compte que produire des raisins concentrés sur le plan qualitatif n’était pas aussi simple. Il ne suffisait pas de réduire les rendements pour y arriver. On a retravaillé l’agronomie pour essayer de produire plus naturel et cela nous passionne. Le fait de récolter des raisins sains, pleins de bonnes choses, permet d’aborder les vinifications avec d’autres perspectives. On cherche bien sûr à faire très bon mais pas seulement. Les vins de Sauvignon, de Colombard, de Merlot… doivent en plus exprimer la typicité de Saint-Gilles d’Oléron. »
Une démarche de valorisation des sols initiée avec Claude Bourguignon
F. Coulon a commencé à porter un regard différent sur la conduite du vignoble à partir du milieu des années quatre-vingt-dix. Une rencontre en 1995 avec Claude Bourguignon lors d’une réunion a été l’élément déclencheur d’une prise de conscience sur les aspects agronomiques. Le discours de cet expert sur la vie et le fonctionnement des sols viticoles a littéralement interpellé ce viticulteur qui a convaincu facilement son frère d’investir dans la valorisation du potentiel terroir : « Lors d’une réunion, le discours de Claude Bourguignon sur la valorisation des terroirs viticoles m’a littéralement ouvert les yeux. On s’était rendu compte que certains îlots de vignes, malgré nos efforts, produisaient des raisins de qualité hétérogène. Nous avons demandé à cet expert de venir faire une étude des sols de
Des fumures organiques associées à de l’enherbement ont fait revivre les sols
Le vignoble Coulon était conduit de façon traditionnelle jusqu’au milieu des années quatre-vingt-dix, avec des apports de fumure minérale annuels (N, P, K au sol), un désherbage systématique du dessous des rangs et un entretien mécanique de toutes les interlignes. Le raisonnement des fumures, qui avait comme seul objectif de compenser les exportations des composés principaux, a été complètement remis en cause. Désormais, les priorités ont été de stimuler la vie du sol et de renforcer la vitalité des souches. Les fumures minérales ont été remplacées par des apports de produits organiques de nature évoluée. Un compost de fumier de cheval complémenté en Patenkali est apporté chaque année à des doses suffisantes. La proximité d’un centre équestre permet de collecter le fumier de cheval qui est composté pendant un an avant d’être épandu. La vigueur de l’ensemble du vignoble a été maîtrisée avec l’introduction d’un enherbement d’une interligne sur deux. Le dessous des ceps a continué d’être entretenu avec un désherbage chimique. Dans les Ugnis blancs, un complément d’apport d’azote minéral d’environ 20 u/ha intervient au printemps. Les bienfaits de ces itinéraires culturaux se sont exprimés au bout de quelques années. Cela s’est matérialisé par un développement de la vie microbienne des sols marqué (quantifié par la présence de nombreux lombrics), une meilleure capacité des parcelles à supporter les aléas climatiques et une homogénéité du déroulement de la maturation des raisins. D. et F. Coulon considèrent que ce changement de la conduite agronomique du vignoble a joué un rôle majeur dans l’amélioration de la qualité de l’ensemble de leurs vins.
Des couverts végétaux semés structurant pour la vie des souches
Leur souhait était d’aller encore plus loin dans la mise en oeuvre de moyens pour révéler l’effet terroir. Ils ont mis en place un nouvel essai d’entretien des sols sur quelques hectares. Dans les allées cultivées auparavant mécaniquement, un semis d’un mélange d’avoine et de vesce est réalisé aussitôt les vendanges. Leur idée a été d’implanter un couvert végétal qui aurait l’objectif de fissurer et de décompacter le sol en profondeur en remplacement de l’entretien mécanique superficiel. Au printemps, les couverts végétaux se développent bien, et à partir de la fin mai, quand leur hauteur atteint 40 à
Un effet de mulching très bénéfique lors des sécheresses estivales
La présence d’un mulch à la surface du sol est propice à la conservation d’une ambiance humide qui joue un rôle protecteur dans les périodes de stress hydriques en été. Après les vendanges, la végétation est détruite par un passage d’outils rotatifs et un nouveau semis est effectué dans
Vinifier devient plus facile quand les raisins sont « riches »
La conduite des vinifications est abordée avec beaucoup de sérieux dans cette propriété. D. Coulon, qui à l’origine n’avait pas de formation en oenologie, s’est découvert une véritable passion pour ce travail. L’implantation du nouveau chai très bien isolé, spacieux et disposant d’un agencement rationnel et complet permet de vinifier actuellement plus de 1 000 hl de Vins de pays charentais. Le vinificateur travaille en étroite collaboration avec un oenologue depuis de nombreuses années. Les échanges presque hebdomadaires avec Julien Frumholtz reposent sur un climat de confiance respective et une volonté d’extraire toute la typicité présente dans les raisins. L’amélioration de la qualité des raisins depuis 10 ans permet à ce vinificateur expérimenté de travailler les vinifications avec plus de sérénité : « Je me suis formé sur le tas en m’entourant de compétences extérieures, et la découverte permanente de l’univers du vin m’intéresse toujours autant. Il me paraît très important de travailler avec un oenologue, car en restant seul sur son exploitation, on peut passer à côté de l’essentiel. et extérieur qui enrichit notre réflexion personnelle de producteur. C’est pour nous un partenaire avec lequel on se fixe des objectifs qualitatifs. Les efforts que nous avons faits à la vigne depuis dix ans permettent d’aller plus loin dans le pilotage des vinifications. Les raisins, qui sont récoltés à leur optimum de maturité, renferment des potentialités que nous essayons d’extraire le mieux possible. Je considère que mon rôle de vinificateur est de valoriser le contenu des raisins et non pas d’en corriger certaines insuffisances. Vinifier devient toujours plus facile et plus intéressant quand les raisins sont riches. »
Une cohérence globale dans l’élaboration des vins
Les vinifications sont conduites dans l’optique d’élaborer des vins ayant une structure qualitative affirmée et authentique. Les moyens technologiques mis en oeuvre pour atteindre cet objectif reposent avant tout sur une succession d’interventions cohérentes de la récolte des raisins à la mise en bouteilles. D. Coulon explique qu’il se donne les moyens de faire tout ce qu’il peut pour sortir le meilleur des raisins sans pour autant réaliser des interventions exceptionnelles : « Nous vinifions nos vins de manière simple en cherchant à nous donner tous les moyens de faire bon. Nous essayons de raisonner l’élaboration des vins en ayant une cohérence globale. J’ai le sentiment que l’on travaille sérieusement en utilisant au mieux les infrastructures de notre chai. Aujourd’hui, les moyens dont nous disposons me semblent performants et aussi encore perfectibles. L’utilisation du pressurage pneumatique, les moyens de maîtrise thermique, les disponibilités en cuverie inox, la très bonne isolation du chai contribuent à gérer la conduite des vinifications en blanc, en rosé et en rouge avec réactivité. Du mois d’août à la fin décembre, la visite hebdomadaire de notre oenologue nous aide beaucoup. On suit de près la qualité de nos vins et chaque année, il faut se remettre en cause. »
Des Sauvignons et des Colombards aromatisés par la terre « d’Oléron »
La gamme de Vins de pays charentais élaborée par le vignoble Coulon représente maintenant chaque année des volumes importants. Les vins blancs de Sauvignon et de Colombard sont vinifiés en recherchant des expressions aromatiques riches, typées et de belles structures en bouche. Les raisins de Sauvignon et de Colombard sont récoltés à pleine maturité, ce qui favorise la révélation d’arômes issus « de la terre ». D. Coulon travaille beaucoup la qualité des vins blancs : « Les raisins et les moûts de Sauvignon et de Colombard sont vinifiés en privilégiant la recherche d’arômes spécifiques à notre environnement de production. Faire des vins seulement technologiques n’est pas notre créneau. On met tout en oeuvre pour proposer aux consommateurs des vins blancs vraiment Oléronais. Nous sommes très attentifs à une somme d’interventions bonificatrices pour les arômes, la réussite des macérations pelliculaires, le choix des souches de levures, des fermentations à basses températures, des élevages sur lies maîtrisées… Le millésime 2015 commence d’ailleurs à nous révéler toutes ses potentialités. Les Sauvignons sont parfumés avec des saveurs bien fruitées en bouche. Les notes florales de type agrume sont bien présentes. Les Colombards dégagent déjà de beaux arômes et une longueur en bouche très plaisante. Ce cépage méconnu des consommateurs et spécifique de notre région présente un beau potentiel car il incarne notre typicité. »
Des vins rosés pales et très flatteurs
Le même professionnalisme est investi dans la production des vins rosés et des vins rouges. La demande de vin rosé s’est développée régulièrement, et ces viticulteurs y répondent en proposant un vin moderne clair et gouleyant. Il est élaboré à partir de 90 % de Cabernet franc qui est un cépage présentant un potentiel aromatique intéressant. Les raisins récoltés sains et mûrs font l’objet d’un pressurage direct qui limite les extractions de couleur. L’objectif est d’obtenir une teinte rose pale éclatante, et ensuite la vinification est conduite avec des méthodes assez proches de celles des vins blancs. Les vins présentent une structure phénolique discrète qui met en valeur les arômes et le fruité en bouche. La bonne maturation des Cabernets lors de l’automne
Le fruit et les tannins soyeux des vins rouges
Les vins rouges représentent aussi des volumes de vente et de production en constante progression depuis 10 ans. Leur structure qualitative a évolué et D. Coulon s’est beaucoup investi dans leur élaboration : « Nous élaborons deux qualités de vin rouge à base de Merlot. Le gain de maturité des raisins lié aux efforts agronomiques dans les vignes contribuent à renforcer l’identité qualitative maison de nos vins rouges. La matière phénolique des Merlots se libère plus facilement lors des vinifications. La première qualité est un vin rouge généreux en arômes et très fruité en bouche. Les cuvaisons de durées moyennes sont pilotées en cherchant en permanence à concilier l’extraction de fruité et de tannins doux et fondus. La deuxième qualité est un vin rouge plus structuré qui est destiné à un élevage en barrique. Les raisins sont travaillés en amont à la vigne (effeuillage et vendange verte) et ensuite, les cuvaisons sont poussées pour extraire un potentiel tannique généreux mais qui doit rester soyeux. La qualité des raisins de Merlot du millésime
Une propriété qui ne vend que ce qu’elle produit
La philosophie de D. et F. Coulon est de commercialiser uniquement les Vins de pays, les Pineaux et les Cognacs produits au sein de
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