Une éthique du produire « bon » avec des méthodes douces

12 février 2016

La Rédaction

Didier et Frédéric Coulon exploitent  à Saint-Gilles, sur l’île d’Oléron, un  domaine de 35 ha de vigne bien structuré,  qui commercialise la quasi-totalité de sa  production auprès de la clientèle touristique.  Cette exploitation familiale a connu  une profonde mutation de son activité au  cours des 40 dernières années. Les productions  de Vins de pays charentais et de  Pineau des Charentes sont devenues le  moteur économique de la propriété. La  réussite commerciale est indissociable  de l’investissement permanent de ces  viticulteurs dans la recherche de moyens  de production conciliant un engagement  qualitatif fort et la mise en oeuvre de pratiques  de production douces. 

p19.jpgÀ l’origine, le vignoble produisait exclusivement  des eaux-de-vie de Cognac et  les activités de distillation et de stockage  étaient culturelles. La famille Coulon s’est  lancée dans la production de Pineau dans  les années 1968-1969 à une période où la  filière Cognac était porteuse. La stratégie  de diversification de la production viticole  s’est ensuite développée progressivement  car la commercialisation s’effectuait facilement  auprès de la clientèle touristique  de l’île d’Oléron. La gamme de Pineau  s’est étoffée au cours de la décennie 70 et  la production de Vin de pays s’est développée  progressivement à partir du début des  années 80. Aujourd’hui, 90 % de la récolte  de la propriété est commercialisée en bouteilles.  Les Vins de pays charentais se sont  considérablement développés et représentent,  avec le Pineau, le poumon éco- nomique de l’exploitation. 15 ha de vignes  sont consacrés à la production de Vins de  pays charentais, 8 ha au Pineau et 12 ha à  la production d’eaux-de-vie. 

Les vins, les Pineaux  et les eaux-de-vie  se font à la vigne 

 

 L’organisation de l’exploitation concilie  deux objectifs majeurs : une recherche de  qualité permanente et la mise en oeuvre de  méthodes de production respectueuses de  l’environnement. La dynamique de commercialisation  n’a pas supplanté les fondements  du métier de ces vignerons qui sont très attachés  à leurs racines oléronaises. Didier et  Frédéric Coulon résument leur philosophie  de travail avec des mots simples et pleins de  sens : « Les vins, les Pineaux et les eauxde-  vie se font à la vigne et pas à la cave.  Réfléchir en permanence à de meilleures  conditions de production des raisins est  l’âme de notre métier ». Les deux hommes  travaillent depuis 25 ans en parfaite symbiose,  en ayant chacun la responsabilité d’un  domaine d’activité. Frédéric se consacre  prioritairement au suivi du vignoble, Didier a  en charge les vinifications, et tous les deux  sont très impliqués dans la vente.

 

Le label « Vins d’Oléron »  n’existe que par  la qualité des vins

  La présence d’un caveau de vente bien  structuré au niveau du siège de l’exploitation  leur permet de prendre la juste  mesure des attentes des consommateurs.  Le potentiel touristique de l’île d’Oléron  représente un débouché naturel qui connaît  une profonde évolution depuis 10 ans. Leur  propos sur ce sujet atteste de leur remise  en cause permanente pour satisfaire les  attentes des consommateurs : « Le label  Vins d’Oléron reste porteur mais n’est plus suffisant pour vendre et fidéliser  les consommateurs. Les gens goûtent  une diversité de vins et sont devenus exigeants  et plus connaisseurs. Il ne faut pas  penser que les vins d’Oléron possèdent de  part leur seule origine des spécificités qui  en font un produit hors norme. Nos collègues  du Bordelais, de la vallée de la Loire…  font aussi de très beaux produits qui sont  aussi commercialisés au sein de notre territoire.  Les touristes ont toujours envie  de découvrir des vins locaux mais seuls  les produits de qualité permettent d’établir  des liens durables avec les consommateurs.  Nous devons répondre à cette  attente. Pour nous, travailler en intégrant  cette réalité est très stimulant. On essaie  en permanence d’améliorer la qualité de  toutes nos productions. C’est vraiment  passionnant de réfléchir aux divers moyens  de toujours mieux faire ». 

Une sensibilité  « du produire bon avec  des méthodes douces » 

 L’engagement dans la production des  Vins de pays a représenté un grand virage  pour l’évolution des structures de la propriété.  Les parents de D. et F. Coulon  avaient développé le Pineau, et eux ont eu  la possibilité de « créer » une gamme de  nouveaux produits. Ils se sont complètement  investis dans cette nouvelle activité,  à la fois avec envie et sans aucun a priori.  Produire du vin engendrait une adaptation  profonde d’une partie du vignoble et  la création d’un outil de vinification performant.  Il fallait donc apprendre un nouveau  métier et transformer les moyens  de production. Le vignoble d’origine avait  été établi pour répondre aux attentes du  Cognac avec un encépagement dominant  à base d’Ugni blanc et des vignes larges  à faibles densités. Une petite partie des  surfaces était plantée avec du Colombard et du Merlot dont la production était destinée  au Pineau. Les sols de cette propriété  présentent de bonnes potentialités  viticoles en raison de la présence d’un  sous-sol très calcaire et d’une couche de  terre arable généreuse. La vigne se développe  bien dans ces sols doux qui possèdent  de bonnes réserves hydriques et de  la porosité. La nature de ce terroir s’avère  propice à une bonne maturation des raisins  quand le potentiel agronomique est  régulé par des interventions culturales  adaptées. Cet aspect des choses représente  un centre d’intérêt majeur pour  D. et F. Coulon qui possèdent une sensibilité  véritable du « produire bon avec des  méthodes douces ». 

Des cépages et des vignes  propices à de bonnes  conditions de maturation 

Les premiers Vins de pays ont été élaborés  à partir de l’encépagement Pineau existant  et avec les moyens du bord dans le  chai. Les premiers petits volumes de vins  produits leur ont fait prendre conscience  des potentialités de leur terroir et du professionnalisme  qu’exigeait cette activité.  D. et F. Coulon ont vite compris qu’il fallait  planter de nouvelles vignes établies  pour faire de la qualité. Une partie des  surfaces d’Ugni blanc ont cédé la place à  du Sauvignon, du Colombard, du Merlot  et du Cabernet. Les nouvelles vignes ont  été implantées à de plus fortes densités  (4 000 à 4 500 ceps/ha, 2,50 x 1 m et 2,50 x  0,80 m) et avec un palissage haut. L’objectif  n’était plus de rechercher le rendement  maximal, mais l’obtention de raisins mûrs  à des niveaux de productivité corrects.  Lorsque les premières vignes « à vins »  sont arrivées en production, le contenu  des « verres » s’est enrichi et les clients  ont apprécié. Les bons vins se vendent  mieux et permettent surtout de fidéliser  une clientèle réceptive aux bonnes choses. 

À partir de 500 hl vinifiés,  la construction d’un  nouveau chai s’est imposée 

p21.jpgL’engouement autour des Vins de pays à  la fin des années quatre-vingt-dix a incité  ces viticulteurs à envisager de se doter 

d’infrastructures de chais beaucoup plus  structurées. Avoir des vignes qualitatives  devait s’accompagner de moyens de vinification  performants pour être en mesure  de sortir le meilleur des raisins. L’acquisition  d’équipements spécifiques et le projet  d’un nouveau chai dédié aux Vins de pays  étaient devenus indispensables pour faire  face au développement d’une production  qui devenait importante pour l’équilibre  économique de l’exploitation. Les murs  du chai de vinification existant ont été  « poussés » plusieurs fois. De la cuverie  vin blanc et vin rouge avait été implantée à différents endroits, ce qui rendait les  conditions de travail complexes à certaines  périodes de l’année. Les volumes vinifiés  en Vins de pays sont passés en 15 ans de  100 à 200 hl par an à 300 hl, puis à 500 hl  au début des années 2000. La maîtrise  qualitative de tels volumes nécessitait  l’utilisation d’équipements performants  et une organisation du travail plus structurée.  Le stockage des palettes de vins et  de Pineau embouteillés à partir du printemps  occupait de plus en plus d’espace.  La conception d’un bâtiment dédié spécifiquement  à la production de Vins de pays  s’est imposée. La construction du chai a eu  lieu au début des années 2000. D. Coulon  considère que cet investissement a permis  d’aborder la conduite des vinifications et  la préparation des différentes qualités de  vins avec beaucoup plus d’efficacité. 

La mutualisation des  achats de consommables  et de certains équipements 

 Certains aspects de l’équipement ont été  abordés avec un état d’esprit d’entraide  propre à la viticulture de l’île d’Oléron. Le  développement des productions de Pineau  et de Vins de pays à partir du début des  années quatre-vingt-dix a concerné un  groupe de propriétés indépendantes sur  l’île qui partageait les mêmes problématiques  d’investissements. Leurs besoins  en équipements étaient identiques et  beaucoup de matériels n’allaient servir  que quelques jours dans l’année dans  chaque propriété. Un rapprochement  informel initié par le sens des réalités  économiques s’est effectué entre une  petite dizaine de viticulteurs indépendants.  Cela a permis de mutualiser des  démarches d’achats de consommables  (bouchons, bouteilles, capsules, cartons…)  et l’acquisition de divers équipements viticoles  et de chais en Cuma (effeuilleuse,  épandeur à fumier, filtre-presse, filtre tangentiel,  groupe de mise en bouteilles…). 

Une typicité révélée  par des pratiques  agronomiques douces 

Le développement de la production  et des ventes de Vins de pays charentais  a été dans cette propriété l’élément  déclencheur de stratégies de conduite du  vignoble et des vinifications valorisant l’extériorisation  des potentialités du terroir.  D. et F. Coulon ont mobilisé leur énergie  pour valoriser à la fois les potentialités  de leur environnement de production et  développer des pratiques agronomiques  maîtrisées et douces : « L’aventure Vins de pays a été pour nous l’opportunité de se  réapproprier certains aspects fondamentaux  de notre métier de vigneron. Le fait de  rechercher toujours plus de qualité dans  nos vins a changé notre façon d’aborder  les aspects culturaux dans les vignes et le  pilotage des vinifications. On s’est rendu  compte que produire des raisins concentrés  sur le plan qualitatif n’était pas aussi  simple. Il ne suffisait pas de réduire les  rendements pour y arriver. On a retravaillé  l’agronomie pour essayer de produire  plus naturel et cela nous passionne.  Le fait de récolter des raisins sains, pleins  de bonnes choses, permet d’aborder les  vinifications avec d’autres perspectives.  On cherche bien sûr à faire très bon mais  pas seulement. Les vins de Sauvignon,  de Colombard, de Merlot… doivent en  plus exprimer la typicité de Saint-Gilles  d’Oléron. »

Une démarche de  valorisation des sols  initiée avec  Claude Bourguignon

  F. Coulon a commencé à porter un regard  différent sur la conduite du vignoble à partir  du milieu des années quatre-vingt-dix.  Une rencontre en 1995 avec Claude Bourguignon  lors d’une réunion a été l’élément  déclencheur d’une prise de conscience sur  les aspects agronomiques. Le discours de  cet expert sur la vie et le fonctionnement  des sols viticoles a littéralement interpellé  ce viticulteur qui a convaincu facilement  son frère d’investir dans la valorisation  du potentiel terroir : « Lors d’une réunion,  le discours de Claude Bourguignon  sur la valorisation des terroirs viticoles  m’a littéralement ouvert les yeux. On  s’était rendu compte que certains îlots de  vignes, malgré nos efforts, produisaient  des raisins de qualité hétérogène. Nous  avons demandé à cet expert de venir  faire une étude des sols de la propriété.  C’était une opportunité de s’entourer de  compétences pour valoriser notre capital  sol. Le fruit de ce travail a révélé que la  vie microbienne dans la plupart des sols  des parcelles était pauvre, ce qui engendrait  des difficultés d’alimentation en eau  et en éléments fertilisants. Nous avons  modifié de façon fondamentale le pilotage  des fumures et les pratiques culturales  pour que nos sols redémarrent.  Il a fallu attendre 5 à 6 ans avant de voir  nos terroirs se transformer. Nous n’avons  pas souhaité passer en culture biologique  car d’autres aspects de cette approche ne  nous conviennent pas. » 

 Des fumures organiques  associées à de  l’enherbement ont fait  revivre les sols 

 Le vignoble Coulon était conduit de façon  traditionnelle jusqu’au milieu des années  quatre-vingt-dix, avec des apports de  fumure minérale annuels (N, P, K au sol), un désherbage systématique du dessous  des rangs et un entretien mécanique  de toutes les interlignes. Le raisonnement  des fumures, qui avait comme seul  objectif de compenser les exportations  des composés principaux, a été complètement  remis en cause. Désormais, les  priorités ont été de stimuler la vie du sol  et de renforcer la vitalité des souches.  Les fumures minérales ont été remplacées  par des apports de produits organiques  de nature évoluée. Un compost de  fumier de cheval complémenté en Patenkali  est apporté chaque année à des doses  suffisantes. La proximité d’un centre  équestre permet de collecter le fumier  de cheval qui est composté pendant un  an avant d’être épandu. La vigueur de  l’ensemble du vignoble a été maîtrisée  avec l’introduction d’un enherbement  d’une interligne sur deux. Le dessous  des ceps a continué d’être entretenu avec  un désherbage chimique. Dans les Ugnis  blancs, un complément d’apport d’azote  minéral d’environ 20 u/ha intervient au  printemps. Les bienfaits de ces itinéraires  culturaux se sont exprimés au bout de  quelques années. Cela s’est matérialisé  par un développement de la vie microbienne  des sols marqué (quantifié par  la présence de nombreux lombrics), une  meilleure capacité des parcelles à supporter  les aléas climatiques et une homogénéité  du déroulement de la maturation des  raisins. D. et F. Coulon considèrent que ce  changement de la conduite agronomique  du vignoble a joué un rôle majeur dans  l’amélioration de la qualité de l’ensemble  de leurs vins. 

Des couverts végétaux  semés structurant pour  la vie des souches 

 Leur souhait était d’aller encore plus loin  dans la mise en oeuvre de moyens pour  révéler l’effet terroir. Ils ont mis en place  un nouvel essai d’entretien des sols sur  quelques hectares. Dans les allées cultivées  auparavant mécaniquement, un  semis d’un mélange d’avoine et de vesce  est réalisé aussitôt les vendanges. Leur  idée a été d’implanter un couvert végétal  qui aurait l’objectif de fissurer et de  décompacter le sol en profondeur en  remplacement de l’entretien mécanique  superficiel. Au printemps, les couverts  végétaux se développent bien, et à partir  de la fin mai, quand leur hauteur atteint  40 à 50 cm, ils sont « rabattus » au sol  avec un passage de rouleau Faca. Cet  outil casse les tiges des plantes sans les  broyer et les couchent à la surface du sol.  Cela crée un effet de mulching qui limite  la repousse des herbes et joue un rôle de  protecteur thermique à la surface du sol.  La présence de ce type de couvert stimule  la biodiversité, favorise l’apport de composés  azotés issus des légumineuses et  améliore la structure de la terre. Durant  tout l’été, 3 à 4 passages de rouleau Faca  permettent de contrôler la végétation  et limitent les effets de concurrence au  niveau de l’alimentation en eau.  

Un effet de mulching  très bénéfique lors des  sécheresses estivales 

 La présence d’un mulch à la surface du  sol est propice à la conservation d’une  ambiance humide qui joue un rôle protecteur  dans les périodes de stress  hydriques en été. Après les vendanges,  la végétation est détruite par un passage  d’outils rotatifs et un nouveau semis est  effectué dans la foulée. Les deux viticulteurs  ont pu mesurer l’intérêt de cette pratique  au niveau de l’expression végétative  des parcelles qui s’avère plus régulière et  moins sensible aux excès climatiques en  été. Le moindre niveau de compactage des  sols et la présence accrue de vers de terre  attestent aussi de la dynamique de la vie du  sol. Les lombrics nombreux en toutes saisons  remplacent les outils de travail du sol  et « labourent et ameublissent » la couche  de terre arable. La pratique du semis de  couvert végétal et du mulching a été généralisée  à l’ensemble du vignoble depuis  deux ans. Les temps de travaux pour réaliser  les roulages s’effectuent rapidement  et leur mise en oeuvre demande peu de  puissance (travail en combiné).

Vinifier devient plus facile  quand les raisins  sont « riches » 

La conduite des vinifications est abordée  avec beaucoup de sérieux dans cette propriété.  D. Coulon, qui à l’origine n’avait pas  de formation en oenologie, s’est découvert  une véritable passion pour ce travail.  L’implantation du nouveau chai très bien  isolé, spacieux et disposant d’un agencement  rationnel et complet permet de vinifier  actuellement plus de 1 000 hl de Vins  de pays charentais. Le vinificateur travaille  en étroite collaboration avec un oenologue  depuis de nombreuses années. Les  échanges presque hebdomadaires avec  Julien Frumholtz reposent sur un climat  de confiance respective et une volonté  d’extraire toute la typicité présente dans  les raisins. L’amélioration de la qualité  des raisins depuis 10 ans permet à ce  vinificateur expérimenté de travailler  les vinifications avec plus de sérénité :  « Je me suis formé sur le tas en m’entourant  de compétences extérieures, et la  découverte permanente de l’univers du vin  m’intéresse toujours autant. Il me paraît  très important de travailler avec un oenologue,  car en restant seul sur son exploitation,  on peut passer à côté de l’essentiel. et extérieur qui enrichit notre réflexion  personnelle de producteur. C’est pour  nous un partenaire avec lequel on se  fixe des objectifs qualitatifs. Les efforts  que nous avons faits à la vigne depuis dix  ans permettent d’aller plus loin dans le  pilotage des vinifications. Les raisins, qui  sont récoltés à leur optimum de maturité,  renferment des potentialités que nous  essayons d’extraire le mieux possible. Je  considère que mon rôle de vinificateur est  de valoriser le contenu des raisins et non  pas d’en corriger certaines insuffisances.  Vinifier devient toujours plus facile et  plus intéressant quand les raisins sont  riches. » 

Une cohérence globale  dans l’élaboration des vins 

p23.jpgLes vinifications sont conduites dans  l’optique d’élaborer des vins ayant une  structure qualitative affirmée et authentique.  Les moyens technologiques mis en  oeuvre pour atteindre cet objectif reposent  avant tout sur une succession d’interventions  cohérentes de la récolte des raisins  à la mise en bouteilles. D. Coulon explique  qu’il se donne les moyens de faire tout ce  qu’il peut pour sortir le meilleur des raisins  sans pour autant réaliser des interventions  exceptionnelles : « Nous vinifions  nos vins de manière simple en cherchant à  nous donner tous les moyens de faire bon.  Nous essayons de raisonner l’élaboration  des vins en ayant une cohérence globale.  J’ai le sentiment que l’on travaille sérieusement  en utilisant au mieux les infrastructures  de notre chai. Aujourd’hui, les  moyens dont nous disposons me semblent  performants et aussi encore perfectibles.  L’utilisation du pressurage pneumatique,  les moyens de maîtrise thermique, les disponibilités  en cuverie inox, la très bonne  isolation du chai contribuent à gérer la  conduite des vinifications en blanc, en  rosé et en rouge avec réactivité. Du mois  d’août à la fin décembre, la visite hebdomadaire  de notre oenologue nous aide  beaucoup. On suit de près la qualité de nos  vins et chaque année, il faut se remettre en  cause. » 

Des Sauvignons et des  Colombards aromatisés  par la terre « d’Oléron » 

 La gamme de Vins de pays charentais élaborée  par le vignoble Coulon représente  maintenant chaque année des volumes  importants. Les vins blancs de Sauvignon  et de Colombard sont vinifiés en recherchant  des expressions aromatiques riches,  typées et de belles structures en bouche.  Les raisins de Sauvignon et de Colombard  sont récoltés à pleine maturité, ce  qui favorise la révélation d’arômes issus  « de la terre ». D. Coulon travaille beaucoup  la qualité des vins blancs : « Les  raisins et les moûts de Sauvignon et de  Colombard sont vinifiés en privilégiant la  recherche d’arômes spécifiques à notre  environnement de production. Faire des  vins seulement technologiques n’est pas  notre créneau. On met tout en oeuvre pour  proposer aux consommateurs des vins  blancs vraiment Oléronais. Nous sommes  très attentifs à une somme d’interventions  bonificatrices pour les arômes, la  réussite des macérations pelliculaires,  le choix des souches de levures, des fermentations  à basses températures, des  élevages sur lies maîtrisées… Le millésime  2015 commence d’ailleurs à nous  révéler toutes ses potentialités. Les Sauvignons  sont parfumés avec des saveurs  bien fruitées en bouche. Les notes florales  de type agrume sont bien présentes.  Les Colombards dégagent déjà de  beaux arômes et une longueur en bouche  très plaisante. Ce cépage méconnu des consommateurs et spécifique de notre  région présente un beau potentiel car il  incarne notre typicité. » 

Des vins rosés pales  et très flatteurs

  Le même professionnalisme est investi  dans la production des vins rosés et des  vins rouges. La demande de vin rosé s’est  développée régulièrement, et ces viticulteurs  y répondent en proposant un vin  moderne clair et gouleyant. Il est élaboré  à partir de 90 % de Cabernet franc qui est  un cépage présentant un potentiel aromatique  intéressant. Les raisins récoltés  sains et mûrs font l’objet d’un pressurage  direct qui limite les extractions de  couleur. L’objectif est d’obtenir une teinte  rose pale éclatante, et ensuite la vinification  est conduite avec des méthodes assez  proches de celles des vins blancs. Les vins  présentent une structure phénolique discrète  qui met en valeur les arômes et le  fruité en bouche. La bonne maturation des  Cabernets lors de l’automne 2015 a permis  d’élaborer des vins où les arômes et le  fruit sont très flatteurs. 

 Le fruit et les tannins  soyeux des vins rouges 

Les vins rouges représentent aussi des  volumes de vente et de production en  constante progression depuis 10 ans. Leur  structure qualitative a évolué et D. Coulon  s’est beaucoup investi dans leur élaboration  : « Nous élaborons deux qualités  de vin rouge à base de Merlot. Le gain de  maturité des raisins lié aux efforts agronomiques  dans les vignes contribuent à  renforcer l’identité qualitative maison de  nos vins rouges. La matière phénolique  des Merlots se libère plus facilement lors  des vinifications. La première qualité est  un vin rouge généreux en arômes et très  fruité en bouche. Les cuvaisons de durées moyennes sont pilotées en cherchant en  permanence à concilier l’extraction de  fruité et de tannins doux et fondus. La  deuxième qualité est un vin rouge plus  structuré qui est destiné à un élevage en  barrique. Les raisins sont travaillés en  amont à la vigne (effeuillage et vendange  verte) et ensuite, les cuvaisons sont poussées  pour extraire un potentiel tannique  généreux mais qui doit rester soyeux. La  qualité des raisins de Merlot du millésime  2015 a permis d’élaborer des vins qui  semblent déjà très intéressants. » 

 Une propriété qui ne vend  que ce qu’elle produit 

La philosophie de D. et F. Coulon est de  commercialiser uniquement les Vins de  pays, les Pineaux et les Cognacs produits  au sein de la propriété. La gamme de Vins  de pays charentais connaît un certain succès  commercial puisque plusieurs qualités  commerciales sont régulièrement en  rupture de stock. C’est le cas notamment  du vin de Sauvignon blanc qui est devenu  le produit phare de cette propriété. Le  travail d’implication dans la recherche  de qualité concerne aussi la production  de Pineau des Charentes. Chaque année,  300 à 400 hl de Pineaux blanc et rosé sont  élaborés ; les qualités jeunes sont commercialisées  au bout de 3 à 4 années de  vieillissement. Une qualité de Pineaux  vieux de 10 ans est venue étoffer la gamme  et D. Coulon réfléchit à de nouvelles cuvées  spéciales. Une microcuvée de 20 ans d’âge  est en train de finir sa maturation. La production  d’eaux-de-vie fait aussi l’objet de  réflexions qualitatives qui va se concrétiser  dans l’avenir. La gamme actuelle constituée  de deux qualités, un VS de 5 ans d’âge  et un VSOP de 15 ans d’âge, va s’étoffer.    Une démarche  agronomique de  valorisation du terroir  • Des sols viticoles ayant un bon potentiel  viticole, un sous-sol calcaire et une  couche de terre arable douce.  • Un historique de production fondé sur  la recherche de forte productivité.  • Une prise de conscience qualité initiée  par la production de Vins de pays.  • À partir de 1995, un changement de  cap radical au niveau de l’approche  agronomique.  • Une étude des potentialités des sols  réalisée par Claude Bourguignon.  • Des moyens nouveaux pour dynamiser  la vie microbienne des sols et stimuler  la production de raisins de terroir.  • Une remise en cause des fumures,  de l’entretien des sols qui a enrichi  la qualité des raisins au bout de 5 à  6 ans.  • Une initiative de couverts végétaux  semés et roulés toute l’année (avec un  rouleau Faca) pour remplacer le travail  du sol.  • Un constat simple : le bon vin se fait  à la vigne et pas seulement à la cave.  • Des raisins bien mûrs et riches sont  beaucoup plus faciles à vinifier.  • La mise en place d’un itinéraire agronomique  raisonné n’est pas plus coûteuse  que des méthodes traditionnelles 

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