Un groupe MIVigne sur le maintien de la productivité

11 juin 2018

La Rédaction

Les premiers groupes MIVignes se sont mis en place en Charentes en ce début d’année 2018. Cette initiative permet à des viticulteurs de partager leurs expériences de lutte contre les divers dépérissements du vignoble. L’implication directe des producteurs dans le plan National Dépérissement du Vignoble représente un maillon important de ce part d’une part pour comprendre les spécificités des nuisances dans les différentes régions viticoles et d’autre part pour tester une diversité de pratiques. Le groupe « maintien de la productivité » est rentré dans une phase opérationnelle avec la mise en place d’une parcelle d’essai de diverses pratiques de rénovation des souches.

Le plan National Dépérissement du vignoble est une initiative unique qui traduit la volonté de la filière viticole Française d’agir de manière concertée et pérenne pour développer un plan de bataille puissant pour lutter contre les dépérissements du vignoble. Les pertes de productivité significatives et la forte mortalité des ceps de vigne sont devenues des problèmes majeurs. D’ailleurs, c’est le constat général de l’érosion des rendements et des dégâts occasionnés par les maladies du bois dans toutes les régions viticoles Françaises qui a été l’élément déclencheur du PNDV.

 

Un projet National ambitieux connecté aux réalités du terrain   

           

 L’ambition du projet est de fédérer les compétences, les acquis nationaux et locaux afin de construire un plan d’action le plus efficace possible. Des moyens financiers et humains sont donc mobilisés depuis trois ans pour agir sur tous les leviers de manière simultanée, en investissant dans des travaux scientifiques, en travaillant sur le matériel végétal et en étant connecté au vécu des hommes de terrain, les techniciens et les viticulteurs. Les objectifs sont d’une part de résoudre les pathologies responsables des principales maladies et d’autre part d’apporter des solutions différenciées à la sensibilité de chaque région viticole. Une organisation structurée a été mise en place en impliquant les responsables professionnels de toutes les régions et en s’appuyant sur les acquis scientifiques existants pour définir des axes de développement prioritaires. La volonté est à la fois de travailler les problématiques de fond et de coller aux réalités du terrain. La dynamique initiée en 2015 est désormais rentrée dans une phase fonctionnelle.

 

S’appuyer et valoriser le vécu des viticulteurs grâce aux groupes Mivignes      

           

Un des volets du PNDV est de mettre les viticulteurs au cœur de la lutte contre les dépérissements en créant des réseaux d’observation et de diffusion des connaissances. L’idée est d’associer et de s’appuyer sur le vécu des vignerons pour progresser, innover, échanger et transférer les connaissances. Ces groupes appelés MIVigne sont en train d’être implantés dans tous les vignobles Français. Les objectifs sont de valoriser les savoirs faire déjà déployés dans les propriétés, de mettre en place des initiatives communes, de mutualiser les expériences et d’être des supports de diffusion pour les autres viticulteurs. Un technicien encadre le fonctionnement des groupes mais les viticulteurs sont les acteurs des initiatives mise en œuvre. Les groupes MIVigne sont en quelque sorte une interface pratique permettant à la fois de valoriser les avancées des connaissances et un observatoire d’émulation des savoirs auprès des techniciens et des scientifiques. Leur mise en place s’inscrit dans la pérennité (un délai de 3 ans minimum) pour être en mesure de recueillir les bienfaits des retours d’expériences.

 

4 groupes MIVignes en Charentes

 

            En Charentes 4 groupes MIVigne ont été mis en place pour travailler des axes de travail différents. L’objectif est de privilégier la vie de groupe pour que les viticulteurs échangent sur leurs expériences et soient les décideurs des pratiques qu’ils souhaitent travailler. Les techniciens des chambres d’agriculture de Charente et de Charente Maritime encadrent le fonctionnement de chaque groupe. Les thèmes de travail choisis concernent la conduite et la taille du vignoble, le maintien de la productivité et le changement climatique.

 

Une plateforme d’essais mise en place par le groupe maintien de la productivité

           

Les membres du groupe maintien de la productivité, Laurent Berthelot, Sophie Boutinet, Sylvain Denéchère, Bernard Duchamp, Alain Lacroix, Jean-Baptiste Mariau, et Régis Pautier se sont rencontrés au mois de février dernier pour définir leur démarche de travail. Ils ont décidé de s’intéresser aux diverses pratiques de rénovation des souches, le recépage, le regreffage, le marcotage, l’entreplantation et le curetage en vert des souches exprimant des symptômes. Jean-Christophe Gérardin de la Chambre d’agriculture de la Charente encadre ce groupe qui a mis en place le 13 avril dernier une plateforme d’essais de toutes les pratiques. Le choix du site s’est porté sur une parcelle fortement touchée par les maladies du bois, une vigne large d’ugni blanc plantée dans les années soixante-dix située à Bréville (dans des argiles caractéristiques du Pays Bas) et appartenant à Sophie Boutinet. Cinq viticulteurs et le technicien ont effectué les interventions de regreffage, de marcotage et de recépage au cours de la matinée.

 

Des observations régulières pendant au moins trois ans

           

Le groupe a prévu de se réunir plusieurs fois dans l’année pour réaliser des observations et de nouvelles interventions. Dans le courant du mois de juillet, une rencontre sur la plateforme de Bréville aura lieu pour réaliser les premières observations sur le comportement des marcottes, des entreplants et des souches recépées et regreffées. L’intervention de curetage des ceps ayant extériorisé des symptômes sera réalisée à cette période. Avant les vendanges, une nouvelle réunion permettra de quantifier la présence des symptômes et les taux de reprises des différentes pratiques. Une réunion de synthèse de la première année de travaux se déroulera au cours de l’hiver. Le suivi de la plateforme d’essais sur le maintien de la productivité sera poursuivi au moins pendant trois ans. L’objectif est de pérenniser ces démarches pour évaluer dans le temps l’intérêt et les limites de diverses pratiques.

                                                                                  

 

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