Est-il possible de prolonger durablement la vie de souches qui extériorisent des symptômes d’esca et de BDA ? Cette question banale et fréquente revient souvent dans les discussions entre techniciens et viticulteurs. Les pronostics de durée de survie d’une souche atteinte d’esca sont aujourd’hui impossible à faire compte tenu du cycle de développement très long de ces maladies. Un viticulteur, Alain Lacroix a décidé de remettre au goût du jour la technique de fente des souches en faisant profondément évoluer sa mise en œuvre. La visite de son vignoble et son témoignage ne laissent pas indifférents, même si aucune expérimentation ne permet d’apprécier l’intérêt de cette pratique.
Alain Lacroix fait partie de ces viticulteurs qui sont de fins observateurs du comportement des vignes. Il exploite une vingtaine d’hectares à Mons en Charente-Maritime, en plein cœur du Pays bas. Depuis une quinzaine d’années, il s’est investi dans la lutte raisonnée, ce qui l’a amené à modifier les méthodes de conduite et l’itinéraire agronomique de son vignoble. L’adhésion au groupe de lutte raisonnée mis en place par Lionel Dumas Lattaque, le conseiller viticole de la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime, a été l’élément déclencheur de cette philosophie de travail en phase avec les attentes réelles de chaque parcelle. Comme beaucoup de ses collègues, il observe depuis le début des années 2000 une nette recrudescence des maladies du bois sur son exploitation.
L’arrêt de l’utilisation de l’arsénite de soude n’est sûrement pas étranger à cette situation et dans les vignes jeunes qui n’ont jamais été protégées, l’extériorisation de symptômes est encore plus préoccupante.
Remettre au goût du jour la technique de fente en utilisant une lame de tronçonneuse
Un tel constat est devenu fréquent et banal dans la région de Cognac car aucun moyen de lutte ne permet d’endiguer ce fléau. L’ugni blanc est un cépage très sensible à l’eutypiose, l’esca et le BDA, et dans l’état actuel des connaissances, les viticulteurs ne peuvent que constater l’évolution des dégâts. A. Lacroix s’est dit, en observant les dégâts d’esca chaque année, qu’il ne pouvait pas rester comme ça à regarder les souches dépérir : « A force de voir des souches atteintes d’apoplexie au mois de juillet et dépérir au bout de quelques années, je me suis dit qu’il fallait tenter quelque chose pour les prolonger. De toute façon à terme, elles étaient perdues. J’ai décidé de combattre le fatalisme ambiant en remettant au goût du jour la technique de fente des ceps. Cette pratique, que l’on peut qualifier de passéiste, de marginale, et de peu adaptée aux pratiques viticoles actuelles, j’ai essayé de la mettre en œuvre de façon rationnelle. » A. Lacroix a réfléchi très sérieusement aux moyens de rendre rationnel la technique de fente à l’échelle de son vignoble d’une vingtaine d’hectares. Son idée a été de remplacer l’outil de fente traditionnel (le burin) par une lame de tronçonneuse. L’utilisation d’une tronçonneuse légère (équipée d’une bonne chaîne) facilite considérablement l’organisation concrète de ce travail qui devient efficace et facile à mettre en œuvre. Après presque 10 ans de vécu de cette technique de fente par coupe des troncs à la tronçonneuse, l’état sanitaire visuel de son vignoble vis-à-vis des maladies du bois ne laisse pas indifférent.
Presque 10 ans de pratique
La reprise en 2000 d’une grande parcelle de vignes d’une dizaine d’années a été pour A. Lacroix à la fois une satisfaction et une source d’inquiétude majeure. En effet, dès la première année, la fréquence et l’intensité des symptômes d’esca et de BDA l’ont surpris. Devant l’ampleur du problème, il s’est beaucoup informé sur ces maladies et le constat d’impuissance au niveau de la lutte ne l’a pas découragé. A. Lacroix s’est dit qu’il devait quand même tenter quelque chose pour sauver toutes ces jeunes souches sinon, dans 5 ans, il faudrait arracher la vigne. Cela a été l’élément déclencheur de la mise en œuvre de cette technique de fente à la tronçonneuse qui est pratiquée à grande échelle depuis 10 ans sur cette propriété. Cette initiative a retenu notre attention par hasard en parcourant une des parcelles d’A. Lacroix au début du mois de septembre (pour un tout autre sujet). Nous avons constaté un taux de ceps manquants et un nombre de pieds entreplantés extrêmement faibles dans des vignes de 10 à 25 ans. D’où une interrogation spontanée sur les raisons de cette faible présence de symptômes d’esca et de BDA. La réponse d’A. Lacroix a été dans un premier temps discrète et frileuse : « Je pratique une intervention marginale et peu conventionnelle qui, effectivement, chez moi prolonge un peu la vie des souches. Je fends les souches dès que les premiers symptômes apparaissent courant juillet. » Nouvelle interrogation : « Les têtes de souches ne paraissent pas fendues ? » Réponse : « C’est normal, car je pratique seulement une aération du centre des troncs en utilisant une lame de tronçonneuse. »
L’échec de la technique de perçage
La technique de la fente des souches est une pratique très ancienne dont l’intérêt vis-à-vis de l’esca est mentionné dans la bibliographie. Autrefois, certains viticulteurs fendaient les têtes de souches atteintes par l’esca avec un burin et laissaient ouvert les troncs en y glissant un caillou ou un morceau de bois. En général, les ceps survivaient mais les troncs avaient un aspect bizarre, peu compatible avec les travaux mécaniques. Par ailleurs, cette pratique avait comme inconvénient majeur d’être pénible et contraignante à mettre en œuvre. En Charente, un groupe de viticulteurs bio, qui n’utilisait pas d’arsénite de soude, a essayé au début des années 90 de remettre au goût du jour cette pratique historique de fente des pieds. Leur idée était de percer les têtes de souche avec une visseuse portative. L’utilisation de ce petit outil permettait de réaliser sans peine et rapidement plusieurs trous dans les têtes de souches. Les viticulteurs semblaient observer une efficacité et cette initiative pleine de bon sens a été testée à grande échelle sur deux ou trois propriétés. Un essai de perçage avait même été mis en place par la Chambre d’agriculture de la Charente et le SRPV de Cognac sur une parcelle près de Chalais. Malheureusement, au bout de 5-6 ans, la fréquence des symptômes d’esca était aussi importante sur les souches non percées et percées. L’aération créée par le perçage avec des forets de 13 mm avait tendance à se reboucher au bout de 2-3 ans, ce qui devait aussi limiter la perénnité de l’effet de cette pratique dans le temps. Repasser régulièrement pour maintenir une aération engendrait des coûts importants et en plus cela ne garantissait pas une meilleure efficacité. L’initiative de fente par perçage a donc été abandonnée.
Une démarche de soins palliatifs pour prolonger la vie des souches
A. Lacroix s’est intéressé à la technique de la fente des souches en faisant preuve de rationalité. Il n’a jamais considéré cette intervention comme un moyen de lutte réel mais plutôt comme une démarche de soins palliatifs pour prolonger la vie des souches dans de bonnes conditions. L’état des lieux de plusieurs de ces parcelles était tellement préoccupant qu’il s’est dit : « Dans certaines parcelles courant juillet, la maladie était présente pratiquement à chaque longueur de piquet. Le nombre de souches touchées augmentait fortement d’année en année et cela m’inquiétait beaucoup. J’avoue que j’étais un peu désespéré. Je me suis dit que certaines vignes encore jeunes allaient vieillir prématurément. D’ici quelques années, le taux de manquants serait tellement important qu’il faudrait arracher la parcelle. Alors, je me suis dit que perdu pour perdu, il fallait tenter quelque chose. Comme aucun moyen de lutte ne permet d’endiguer le développement de ces maladies, l’idée de fendre les ceps atteints d’esca m’a paru être la tentative de la dernière chance pour prolonger la vie des ceps. Cependant, il fallait rendre l’opération de fente plus facile à réaliser. Je ne me voyais pas fendre les têtes de ceps avec un burin ! C’est là que j’ai pensé à utiliser une petite élagueuse pour faire une ou plusieurs fentes dans l’axe vertical des troncs. Ce petit outil léger permet de traverser sans peine et rapidement les troncs dès que les premiers symptômes apparaissent en juillet. Une coupe de 8 à 10 cm de haut et de 1 cm de large est effectuée. »
Deux coupes sur toute la hauteur du tronc
A. Lacroix pratique la fente des souches à la tronçonneuse de manière systématique sur son exploitation depuis les années 2001-2002. Au départ, seule la tête des troncs était fendue par un coup de lame de tronçonneuse d’une dizaine de centimètres, ce qui fragilisait les souches. Il arrivait que parfois un côté du cep dépérissait totalement et se cassait (au moment du passage de la MAV). Par ailleurs, au bout de 2-3 ans, les symptômes réapparaissaient sur certains pieds. Le viticulteur a décidé de faire évoluer la technique de fente pour à la fois ne pas altérer la solidité des troncs et essayer d’endiguer la réapparition des symptômes. Il pratique désormais une double fente sur les ceps, l’une en dessous la tête du tronc et une deuxième juste au-dessus le bourrelet de greffage. La pratique qui a été systématisée à l’échelle de tout vignoble lui donne pleine satisfaction. Les souches fendues retrouvent « une seconde vie », produisent des raisins et la longévité des parcelles a été allongée. Cette initiative n’est bien sûr pas validée sur le plan scientifique par des essais mais elle semble donner des résultats sur cette propriété.
La fente nécessite une charge de travail bien inférieure à l’entreplantation
Ce viticulteur estime aujourd’hui que le temps investi dans le travail de fente est bien valorisé par un net allongement de la durée de vie des souches : « Je n’ai pas la prétention de dire que la méthode de fente est une solution vis-à-vis de l’esca et du BDA. Ma démarche tend seulement à prolonger la durée de vie des souches. En observant les réactions des ceps, la technique a été adaptée au fil des années. Au départ, je tronçonnais la tête des troncs dans l’objectif de reproduire une intervention comparable au geste historique de fente. La solidité des souches en était affectée et parfois, des symptômes réapparaissaient au bout de 2-3 ans. Je me suis dit que cette méthode de travail ne donnait pas pleinement satisfaction. Alors, j’ai pratiqué deux fentes sur chaque pied et en intervenant dès l’apparition des premiers symptômes foliaires fin juin et courant juillet. La première fente est effectuée juste en dessous de la tête du tronc (pour ne pas la casser), au cœur des zones de bois malades. La seconde intervient au-dessus du bourrelet de greffage dans du bois généralement encore sain. J’ai pensé que cette deuxième coupe était importante car les champignons n’étaient peut-être pas encore descendus dans cette zone. Je passe faire ce travail avec mon ouvrier fin juin ou début juillet et cela va assez vite. Lors de la réalisation d’autres travaux (des rognages, les traitements…), on repère les parcelles où les symptômes apparaissent et aussitôt on intervient. Les deux premières années, on y a passé du temps mais maintenant c’est beaucoup plus facile. C’est aussi un travail que l’on peut aussi faire en passant dans les rangs en tracteur ou en quad. Pour l’instant, j’ai le sentiment que visuellement, la présence des maladies du bois est beaucoup moins forte depuis quelques années. Après la fente, les souches me paraissent avoir une capacité de récupération surprenante. Elles retrouvent une meilleure vitalité depuis 5-6 ans et peu de symptômes réapparaissent jusqu’à présent. Le taux de mortalité des souches sur la propriété est très faible et je ne pratique pas d’entreplantation. La charge de travail nécessaire pour réaliser la double fente me paraît être nettement moins importante que celle nécessaire à l’entreplantation de 30 à 50 greffés-soudés/ha. J’ai le sentiment que, grâce à cette pratique, la vie et la productivité de nombreux ceps ont été prolongées. L’utilisation de l’élagueuse nécessite quelques précautions, notamment dans l’attaque de la coupe. »
Faute de résultat d’expérimentation,les techniciens ne se prononcent pas
Le témoignage de ce viticulteur ne laisse pas indifférent surtout quand vous parcourez son vignoble pendant quelques heures. Les techniciens se sont intéressés que très récemment à cette technique de fente à la tronçonneuse. Faute de résultat d’expérimentation, leur attentisme sur l’intérêt et les limites de cette pratique est fondé. Pour avoir des conclusions, il va falloir au moins 5-6 ans d’étude. Patrice Rétaud, l’ingénieur chargé des aspects viticoles de la Chambre régionale d’agriculture Poitou-Charentes qui, de par de précédentes fonctions au SPV de Cognac, a une bonne connaissance du dossier maladies du bois, suit un essai de fente à la tronçonneuse depuis quatre ans. L’expérimentation a été mise en place chez M. Pierre Baussay, à Mons, mais les observations sont trop récentes pour en tirer des conclusions. P. Rétaud estime que le fait de fendre les têtes de ceps ou de tronçonner le cœur des troncs occasionnent une mutilation importante. Cela pourrait favoriser des réactions de cicatrisation et de production de bois qui contournent les zones blessées ou malades. D’autre part, la fente de souche augmente la sortie de gourmands à différents niveaux sur le cep. Ce phénomène est favorisé par une bonne alimentation en eau certaines années et pénalisée par des étés secs et caniculaires. P. Rétaud est réceptif à ces pratiques issues d’observations de terrain puisqu’il avait suivi une initiative de fente de souche avec un hachereau d’un autre viticulteur à Lussac, en Charente-Maritime. D’autres techniciens se demandent si l’aération du bois dans les zones malades n’a pas une incidence sur la dynamique d’évolution des champignons parasites, mais ces phénomènes sont méconnus.
L’avis de L. Dumas Lattaque
Lionel Dumas Lattaque, le technicien viticole de la Chambre d’agriculture de Charente-Maritime, suit le vignoble d’Alain Lacroix depuis une vingtaine d’années dans le cadre d’un groupe de lutte raisonnée. Il s’est donc intéressé à la démarche de fente à la tronçonneuse de ce viticulteur. Le technicien porte un regard objectif sur cette méthode de travail : « Actuellement, je peux simplement dire que chez A. Lacroix, ça marche. Le phénomène de survie des pieds est réel, notamment dans une de ses parcelles très touchées par l’esca qui, entre 2000 et 2010, a retrouvé une véritable vitalité et une bonne productivité. Vu l’antériorité du suivi du vignoble, je ne peux que constater le maintien de la productivité mais je reste circonspect en l’absence d’explications rationelles. Mon regret, aujourd’hui, est de n’avoir pas mis en place en 2000 un essai pour véritablement être en mesure de cautionner techniquement cette initiative. D’autres viticulteurs de cette zone ont aussi essayé de pratiquer la fente et ont abandonné cette intervention, mais leur démarche n’a peut-être pas été conduite de façon aussi rationnelle. Le travail de fente mis en œuvre par A. Lacroix est abordé avec beaucoup de rigueur. En observant la réaction des souches, il a fait évoluer la méthode. Le fait d’intervenir dès l’apparition des premiers symptômes, de continuer à la pratiquer tous les ans dans les parcelles et de ne pas hésiter à faire deux ou trois fentes sur les troncs engendre un phénomène de survie qui est réel. C’est un travail qui demande de la réactivité car parfois, en juillet, il faut passer plusieurs fois dans la même parcelle. L’observation de l’extériorisation des premiers symptômes est l’élément déclencheur de l’intervention En effet, quand la fente est pratiquée plus tard en saison sur des souches atteintes de symptômes évolués, les résultats sont moins bons. Par contre, le fait de pratiquer la fente avec la tronçonneuse n’altère pas la solidité des souches. Les têtes de ceps ne sont jamais fendues. L’autre interrogation vis-à-vis de cette pratique concerne son coût. Le temps passé chaque année à fendre les tronc des ceps n’a pas été précisément évalué. Faute de résultats d’essais (très lourds à mettre en œuvre sur le plan du suivi des observations), il y a autour de cette pratique une série d’interrogations auxquelles je ne suis pas en mesure de répondre. »
Un essai de fente des têtes de tronc à la hachette décevant
Un essai de fente de souche avec une hachette a été mis en place au début des années 2000 chez un viticulteur de Lussac, en Charente-Maritime, qui vivait lui aussi mal cette situation de fatalisme vis-à-vis des maladies du bois. Pascal Chaignier avait eu l’idée d’essayer de fendre des têtes de souches touchées par l’esca en utilisant une petite hachette. Il a mis en place cette pratique sur une petite surface et la démarche est toujours suivie par les techniciens. Ses propos attestent de son intérêt pour toutes les pratiques qui peuvent contribuer à augmenter la durée de vie des souches : « A force de voir des symptômes d’apoplexie au mois d’août, j’ai eu envie d’essayer de fendre quelques souches. En fait, mon père me disait qu’avant que les traitements d’hiver apparaissent, la lutte contre l’esca était mise en place en fendant les ceps atteints ayant des symptômes chaque été. Au début des années 2000, on a fait un petit essai sur 1 000 pieds de vignes. 4 rangs ont été fendus et on a gardé un témoin sans aucune intervention de 4 rangs. L’essai a été mis en place et est encore suivi par le SRPV de Cognac qui vient chaque année faire des notations. Les têtes de souches des ceps ayant des symptômes étaient fendues début août avec un hachoir et un marteau. Un caillou était glissé dans la fente pour que le tronc reste bien ouvert. A l’œil, des différences étaient perceptibles une année mais pas la suivante. J’ai été assez déçu par les résultats visuels. Les notations au bout de 8 années n’ont pas permis de dégager une efficacité nette de notre système de fente. L’intervention provoquait souvent le dépérissement total d’un côté des ceps et aussi la repousse de gourmands permettant de pratiquer un recépage. Sur le plan pratique, l’opération de fente est toujours délicate à pratiquer car le tronc s’ouvre souvent assez profondément et pas toujours comme on le souhaiterait. La structure des souches est fragilisée par le principe de fente à la hachette, ce qui engendre des problèmes de productivité et des contraintes pour certaines interventions mécaniques (travail du sol et récolte mécanique). »
Les résultats au bout de 6 années d’essai ne permettent pas de dégager une tendance nettement positive en faveur de la fente de souche. La proportion de ceps extériorisant des symptômes dans les modalités fendues et non fendues est identique. La proportion de souches n’extériorisant pas de symptômes et improductives est à l’avantage de souches fendues. Par contre, parmi les ceps fendus considérés comme sains, une part non négligeable de souches est peu productive en raison de l’importance des mutilations inhérentes au principe de fente avec la hachette. Enfin, la productivité globale de la parcelle fendue n’est pas meilleure que celle du témoin.
L’approche de fente développée par A. Lacroix est très différente car elle n’occasionne pas de mutilation majeure et l’opération de perçage des symptômes intervient dès l’apparition des symptômes. Cela justifie pleinement la mise en œuvre d’une expérimentation de longue durée incluant des mesures de productivité.