Une expansion souhaitée : l’interview de Christophe Véral, président de l’UGVC

5 mars 2019

Les chiffres de la récolte ne sont pas encore officiels, on sait néanmoins que les volumes sont conséquents, les premières estimations se situant autour de 13 HL AP en moyenne. C’est une surprise de l’avis de tous. Dans ce contexte, Christophe Véral a souhaité rappeler que la profession ne s’est pas trompée et que le modèle de calcul prévisionnel basé sur le Business Plan Cognac constitue un outil multicanal complexe à affiner constamment. Ce à quoi s’emploient les représentants de la filière. Le Président a par ailleurs ouvert le débat sur des sujets d’actualité traités par le syndicat tels que le foncier, l’irrigation, la fiscalité ou encore la formation. Témoignage.

Le Paysan : « La récolte va être particulièrement abondante cette année, c’est une surprise ? »

Christophe Véral : « on attend entre 970 000 HL AP et 980 000 HL AP soit 70 000 HL AP de plus que prévu. C’est important certes, mais on ne s’est pas beaucoup trompé. Et puis il faut considérer le contexte : nous connaissons d’une part une période de forte croissance et d’autre part, il faut prendre en compte la récurrence des aléas climatiques. Ces 8% supplémentaires ne sont pas inquiétants compte tenu des tensions sur les achats problématiques pour les petites et moyennes maisons de négoce. J’ajouterais par ailleurs que la viticulture a besoin de reconstituer ses stocks sous bois et sous inox afin de gérer ses exploitations en bon père de famille. Enfin pour le négoce d’une manière générale, ces quantité s supplémentaires permettent d’éviter l’effet « yoyo », la chaine de production étant en constante activité. »

Le Paysan : « Néanmoins ne faut-il pas améliorer l’outil de calcul afin d’évaluer au mieux les volumes des récoltes ? »

Christophe Véral : « Nous avons la tête dans les étoiles et les pieds sur terre. Je veux dire par là que l’embellie sur les marchés fonctionne très bien sur le Cognac avec des signaux forts envoyés par les acteurs du négoce en termes d’investissements. Mais on sait ce que l’on fait : le business pan est suivi et nous avons par ailleurs engagé des études pour en affiner certains points.

S’agissant du phénomène de dispersion par exemple, nous allons collecter des données afin d’être en mesure de l’estimer au mieux. Les résultats de cette étude de productivité seront exploitables avant le 31 décembre ce qui nous permettra de les intégrer dans le business plan qui je le rappelle est réactualisé tous les trois ans. C’est un outil multicanal, il peut être tout à fait pertinent de l’enrichir avec de la DATA sur l’environnement ou l’âge moyen des exploitants également. Mais je le répète, on a fait le travail et nous ne nous sommes pas beaucoup trompés. Gérer la croissance n’est pas chose aisée et anticiper l’impact des aléas climatiques non plus. Il faut agir collectivement, tout le monde est dans le même bateau. Si la viticulture est organisée aujourd’hui, c’est aussi sous l’impulsion du négoce je le rappelle.

Un autre point constitue une donnée importante : la date des vendanges. Nous devrions peut-être retravailler là-dessus. On peut comprendre la course aux volumes mais attention à la qualité des vins. La typicité de nos vins, c’est entre autres l’acidité. La course à l’hectolitre d’alcool pur me parait dommageable pour la qualité. Donc produire oui mais pas à n’importe quelle condition. Et pour conclure sur la question de l’outil, nous travaillons à son amélioration. »

Le Paysan : Quels sont les sujets d’actualité de l’UGVC ?

Christophe Véral : « L’UGVC est un syndicat de défense qui s’inscrit dans un bassin et dans un territoire. A ce titre, nous avons rencontré l’agglomération de Cognac afin travailler de concert sur des sujets variés tels que l’œnotourisme ou l’environnement.

Le contingent des plantations nouvelles Cognac (3474 ha pour rappel) est également un dossier qui constitue notre actualité. C’est une demande importante à l’échelle nationale et nous sommes regardés de près par les autres régions.  Nous avons fait le nécessaire pour appuyer cette demande auprès de Bruxelles et Paris et en avons démontré le bienfondé : une visibilité à long terme appuyée sur des outils solides, des perspectives de croissance, des investissements importants. Enfin, depuis 2009, des barrières de sécurité ont été mises en place, de quoi rassurer les autres régions à priori. Nous attendons la décision en janvier.

Sur le foncier, nous réfléchissons avec la SAFER à la meilleure organisation à mettre en place. En effet, la pression foncière pose problème pour l’installation des jeunes et des transmissions. Que faire ? Avec quels outils ? Sachant que nous ne pouvons pas interférer dans les affaires privées. Le sujet est compliqué car nous disposons de peu de moyens.

Nous nous intéressons également à l’irrigation et la fertirrigation. Sachant que l’idée n’est pas de produire plus mais mieux. Il faut que nous rencontrions la DDT et les irrigants. Pas question que la viticulture s’engage dans cette voie sans avoir bien réfléchi au préalable aux bénéfices et inconvénients. Affaire à suivre.

Je voulais également parler de la fiscalité. Un partenariat va être mis en place avec le CER. Quand un viticulteur se pose une question sur l’IS, la transmission, le social etc, on doit lui répondre. Nous allons donc nous organiser dans ce sens.

Enfin je voulais terminer sur la formation. Nous manquons de professionnels et fabriquons de la précarité. Il faut donner envie ! Se déplacer dans les écoles pour présenter le large spectre des métiers possibles en viticulture. Créer des formations qui soient plus larges que la viticulture ; taille des arbres, peinture, maçonnerie … afin de garantir aux salariés du travail à l’année. On a les moyens de le faire ! La viticulture va mieux : on reçoit, il faut aussi savoir donner. Ce sera ma conclusion.

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