Une adhésion empreinte d’humilité « charentaise »

26 mars 2019

Alors que la campagne de distillation se termine avec une perspective de production d’eaux-de-vie qui frôlera la filière le million d’hl d’alcool pur, la région délimitée est investie dans une phase de développement que l’on peut qualifier historique. Toutes les générations de viticulteurs vivent cette période avec une certaine satisfaction après une décennie porteuse et des perspectives alléchantes. La filière affiche des ambitions  qui suscitent une adhésion globale empreinte d’humilité toute Charentaise. La peur de manquer d’eaux-de-vie et la peur de surproduire doivent être conjuguées avec sérieux pour assurer le bien-être des 4 200 exploitations viticoles et de 60 000 emplois dans le bassin de production.

 

            Notre belle région et son produit exceptionnel issu d’un minuscule terroir sont portés par des acteurs commerciaux puissants, ambitieux qui génèrent un cycle de croissance réel et prometteur pour l’avenir. Les grandes Maisons toutes intégrées dans des groupes de distribution des spiritueux portent le dynamisme de la catégorie Cognac avec des stratégies différentes et en misant sur des politiques de marques fortes. Le baromètre est au beau fixe pour les expéditions du nectar Charentais qui surfe sur une demande soutenue des alcools bruns de type premium dans le monde entier. Les expéditions totales de Cognac ont progressé de 3,6 % et celles des sorties de 4,6 % en raison du fort développement des produits innovants dont les volumes sont intégrés dans les autres utilisations (une hausse de + 18,8 % soit un volume total 43 703 hl d’AP). La croissance volumique des qualités VS a été de 3,3 % et représente 49,4 % des volumes expédiés à l’exportation (283 944 hl d’AP). Celles des VSOP atteint 4,2 %, soit l’équivalent de 39,4 % des quantités exportées (223 487 hl d’AP). Les qualités supérieures progressent à un rythme de 3,2 % mais ne représentent que 64 610 hl d’AP. Leur importance pèse néanmoins très lourd dans la valeur totale des expéditions de Cognac dont le chiffre d’affaires s’est établi en 2018 à 3 123 092 milliards d’euros. Les 76 000 ha de vignes de la région délimitée dégagent une activité bien supérieure à celle du Champagne (2 888 360 m €) et des vins de Bordeaux (2 087 970 m €).

 

            Dans une telle conjoncture l’outil de production Cognac tourne à plein régime. La forte demande d’eaux-de-vie du qui n’avait pu être satisfaite au cours des précédents millésimes, vient d’être confortée par une récolte 2 018 supérieure aux prévisions. Les vignes malgré les aléas climatiques ont produit plus que l’on ne l’imaginait. Cette situation est à mettre en relation avec les efforts conséquents de renouvellement depuis 10 ans. Ce cycle de reconquête de productivité va se poursuivre. L’extension des surfaces ; le sujet sensible compte tenu des aléas du passé semble aujourd’hui être accepté par la plupart des viticulteurs. Les jeunes générations y semblent globalement plus favorables que « les Têtes Grises ». Les responsables de l’UGVC assurent avoir calibré l’extension des surfaces actuelles et futures pour répondre aux besoins de développement de la catégorie Cognac. Néanmoins, une frange significative de la majorité silencieuse des viticulteurs s’interroge ! Les efforts d’investissements pour faire face aux diverses exigences, de productivité accrue, des plantations nouvelles, des mises aux normes environnementales, de vinification, de distillation, aux transmissions de patrimoine, …. font grimper  les charges, les coûts de productions et l’endettement à long terme des propriétés. Or, la demande actuelle d’eaux-de-vie repose principalement sur des approvisionnements en comptes très jeunes. Les rendements Cognac élevés contribuent aussi à «doper» les niveaux de revenus. Au cours de ces dernières années, la succession d’aléas climatiques dans des propriétés bien gérées a révélé la fragilité du modèle économique actuel. Les marges de manœuvre ne sont peut-être pas aussi opulentes que cela ! Vouloir  gérer l’extension du vignoble en n’ayant qu’une logique quantitative constitue-il un véritable gage de pérennité pour tous les acteurs du Cognac ?

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