Un été viticole

28 juillet 2014

Environ six semaines se sont écoulées depuis l’épisode de grêle du mois de juin. Comment se portent les vignes touchées ? Un technicien de l’agro-fourniture (1), basé sur la zone d’impact, ne se montre pas des plus optimistes. « Le vignoble est très meurtri.
Alors que nous sommes en pleine période de végétation, le redémarrage s’avère difficile : quelques rares jeunes feuilles, assez désorganisées. Qui plus est, l’EPI (état potentiel infectieux) mildiou repart à la hausse, entretenu par quelques passages plu-
vieux. Les jeunes feuilles y seront très sensibles. » Manifestement, l’orage du 9 juin a été plus destructeur que celui du 19 mai, qui avait touché plusieurs communes de l’estuaire de la Gironde. A l’époque, les rameaux ne dépassaient pas 20 à 30 cm de long. Le 9 juin, ils mesuraient 1 m à 1,20 m, étaient déjà lignifiés et d’une assez forte section. D’où, derrière, un redémarrage limité, uniquement sur les entre-cœurs. Quelles perspectives pour l’an prochain ? Selon le technicien, les viticulteurs n’auront d’autre choix que d’adopter une taille courte, à courçons. D’où, sur Ugni blanc, un potentiel de récolte déjà passablement obérée. C’est le phénomène de la double peine. Dans le couloir de grêle, il n’est pas rare de rencontrer des taux de perte de 75 à 80 %, sur des exploitations partiellement ou pas du tout assurées. Le pourcentage de 8 à 10 % du vignoble largement impacté semble se confirmer.

En ce qui concerne les vignes non grêlées, la situa-tion est quand même plus favorable. « Voilà assez longtemps que nous n’avions pas vu ce type d’année » relève un opérateur. « Si ça veut rire, nous allons vers une belle récolte » constate un autre. Au 17 juillet, le vignoble en était au stade « fermeture de la grappe », soit en avance de trois ou quatre jours sur la moyenne trentenaire. Grâce aux averses épisodiques, l’alimentation hydrique était bonne, la vigne non stressée, les baies assez grosses, les grappes compactes et le feuillage verdoyant (merci aux apports azotés). Seul bémol, le mildiou, à surveiller de près pour aller au bout de la campagne.

Sur le mois de juin 2014, les ventes de Cognac ne sont pas mirobolantes. Elles affichent une assez profonde déprime en Asie. En année mobile arrêtée à fin juin, les expéditions totales de Cognac ressortent à 438 599 hl AP, en retrait de – 6,8 % par rapport à la même pé-
riode l’an dernier. Bonne nouvelle à la marge cependant : les ateliers de sous-traitance du Cognac ont
réembauché des intérimaires cet été, certes pas au niveau des années précédentes mais plus qu’en juin, où l’activité était au point mort.

Le dossier des plantations nouvelles reste malgré tout « le » dossier du moment. La profession a un peu avancé sur le thème de la « gestion et du partage du risque ». Sont abordées des notions comme les rendements lissés ou le contrat interprofessionnel, doté d’une valeur juridique plus forte que le contrat normal. En septembre ou octobre, la discussion sur les indicateurs de pilotage devrait être bien avancée. Aujourd’hui, elle n’en est encore qu’à ses prémices. Il faut dire que le sujet n’est pas simple : fixer des seuils, pour savoir à quel moment réagir. « D’un côté, disent les professionnels, il ne s’agit pas de substituer une vision annuelle à la vision long terme du Business plan. Mais de l’autre, il ne faut pas non plus déraper. » Eviter de sur-réagir mais ne pas sous-réagir non plus. La voie est étroite.

La supra région Centre-Poitou-Charentes-Limousin a vécu, au moins pour l’instant. Aujourd’hui, on parle d’une toute aussi grande région mais qui engloberait le Poitou-Charentes, le Limousin et l’Aquitaine. C’est ce qui a été voté mardi 15 juillet par les députés PS dans la perspective du débat sur la réforme territoriale qui débute à l’Assemblée nationale. Pour ne parler que des deux départements charentais, clairement cette évolution répond aux attentes des élus et de la population. Le samedi 28 juin, la Charente n’était-elle pas le premier département français à manifester son hostilité à ce redécoupage qui la « mariait » à l’Eure-et-Loir et à une ville comme Dreux. Si l’Aquitaine et surtout Bordeaux paraissent beaucoup plus recevables, est-ce la panacée ? La réforme cherche à renforcer l’attractivité et la compétitivité des régions. Que les grandes métropoles régionales deviennent des « hubs » qui attireront population et compétences professionnelles. Il s’agit que Lyon, Marseille, Toulouse, Bordeaux ou Lille fassent « la pige » à Barcelone, Turin, Munich, Londres ou Dublin. A charge pour les « hinterlands » – les régions – de préparer le terrain en termes de formation, qualité de vie, tissu productif… Dans ce grand remue-ménage, les départements céderaient de leurs compétences aux intercommunalités ou aux régions. Et certains de se demander : « Où va se situer l’échelon de proximité, le niveau intermédiaire générateur de lien social ? »

Renforcer la compétitivité c’est bien. Mais à quel prix ? Au prix de la démocratie et du sentiment d’identité ?

(1) Charentes-Alliance.

 

 

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