Cognac – Assemblée Plénière du BNIC

7 juillet 2009

bernardphilippe.pngRéuni le 27 mai dernier, l’assemblée plénière du BNIC – le Parlement de l’interprofession – s’est mis d’accord sur une proposition de rendement Cognac de 8,12 hl AP/ha pour la campagne 2009-2010. Qualifié de « provisoire », ce rendement se veut évolutif, en fonction de l’importance des surfaces affectées aux autres débouchés. Autre sujet à l’ordre du jour mais beaucoup moins consensuel celui-ci, le bouclage de budget du BNIC. En l’absence d’accord, négoce et viticulture doivent se revoir.

« Un bon compromis ». C’est le commentaire qui revient de façon récurrente côté viticulture et côté négoce au sujet du négoce. Serait-ce parce que ce rendement Cognac, « issu de la méthode de calcul du BNIC », est paré du caractère incontestable dû à la rigueur mathématique. Oui et non ! De plus en plus nombreux sont ceux qui admettent, mezzo voce : « Les chiffres, on leur fait dire ce que l’on veut. Tout dépend des prévisions de marchés introduites dans la bécane ainsi que de la surface estimée pour les autres débouchés. » Elémentaire mon cher Watson ! Ceci dit, au-delà du « Discours de la méthode », le chiffre de 8,12 paraît plus consensuel et proche du ressenti de terrain que les 10,85 de l’an dernier. Un rendement que « Dame nature », selon la formule consacrée, s’était chargée de doser.

En 2009, comment est-on arrivé à ce niveau de rendement ? Il résulte de l’addition de plusieurs paramètres : la projection des sorties transmise par les négociants durant le printemps, le « manque à gagner » de la dernière campagne (distillation prévue : 796 000 hl AP – réalisée : 611 000 hl AP, ce qui vaut à cette campagne un rattrapage de 2 hl AP/ha !), l’intégration du dernier quart de l’avance XO (passage de l’XO en compte 10)… Mixés, ces différents chiffres aboutissent à un besoin Cognac de 567 000 hl AP. Restait à trouver le bon diviseur, le nombre d’ha potentiellement affectés au Cognac parmi les quelque 75 000 ha de cépages Double Fin. Bon an mal an, le Pineau absorbe 500 ha de cépages Vins blancs Cognac. Le CIMVC (l’interprofession des vins et autres débouchés industriels de la région des Charentes), quant à lui, postulait pour 8 000 ha, afin de satisfaire un marché qu’il évaluait à 2 millions d’hl vol. Finalement, l’interprofession du Cognac ne lui a concéedé que 4 000 ha (voir page 7). D’où, au final, les 8,12 hl AP/ha. Commentaire de Jean-Marc Olivier, président du Syndicat des maisons de commerce (SMC) qui regroupe aujourd’hui à peu près tous les négociants de la place de Cognac : « Ce rendement semble acceptable à tout le monde. Nous, négociants, ne souhaitions pas de rendement plus bas mais pas non plus de rendement plus élevé, pour tenir compte de la baisse des ventes. Cela dit, la viticulture a besoin de refaire des stocks pour préserver les équilibres économiques. Et puis, avec le système de calcul du BNIC, nous n’empilons pas les erreurs. Une erreur constatée une année est rapidement corrigée. »

Acté au comité permanent du BNIC du 12 mai, ce niveau de rendement a été validé par l’assemblée plénière du 27 mai. A la nuance près qu’il ne s’agit pas du chiffre définitif mais d’un chiffre « provisoire ». Car les membres de l’interprofession ont admis que ce chiffre puisse varier en fonction de l’affectation réellement constatée. Au-dessus du seuil des 4 000 ha, chaque tranche de 1 000 ha gratifierait le rendement Cognac d’un bonus de 0,11 hl AP/ha (4 000 ha d’affectation : 8,12 hl AP/ha – 5 000 ha : 8,23 – 6 000 ha : 8,34…). Faut-il le préciser ! Le malus n’a pas été prévu en cas d’affectation inférieure à 4 000 ha.

Dans le nouveau système en vigueur, ce n’est plus l’interprofession qui propose le niveau de rendement aux ministères de tutelle mais l’ADG qui le transmet au Comité national de l’INAO via le comité régional. Le Comité national de l’INAO se prononcera sur tous les rendements de France et de Navarre les 10-12 septembre. Entre-temps, l’homologation des cahiers des charges des vins et eaux-de-vie aura sans doute eu lieu, pour permettre à l’affectation de « passer » (voir page 8). D’ailleurs, pourquoi ne pas l’avouer. Une affectation proche de la récolte ne plongerait pas la région dans un abîme de désespoir, compte tenu du peu de visibilité des marchés. Quant à la valse-hésitation sur la date d’affectation elle-même, elle ne contribue pas à la « réassurance » générale.

un budget du bnic présenté en déficit

L’approbation du budget 2009-2010 du Bureau national du Cognac constituait le second point à l’ordre du jour de l’assemblée plénière. C’est sur ce chapitre qu’ont achoppé les discussions entre les partenaires viticulture et négoce, 17 de chaque côté. La direction du BNIC a présenté un budget prévisionnel en déficit d’environ 1 million d’e. Explication d’Alain Philippe, directeur du Bureau : « Nous nous trouvons confrontés à une diminution des entrées de cotisations, tant sur la ligne des sorties du négoce que sur la ligne des ventes de vin et d’eaux-de-vie de la viticulture au commerce. Le simple jeu de cette baisse d’assiette, estimée à 13,2 %, sur un budget global d’environ 10,5 millions d’e, génère un manque à gagner de plus d’un million d’€. »

Invitée à explorer les pistes de bouclage du budget, l’assemblée plénière s’est retrouvée divisée sur l’attitude à tenir. Lors de la conférence de presse qui s’est tenue à l’issue de l’assemblée plénière, Bernard Guionnet a exposé les positions en présence : « La viticulture était plus ou moins d’accord à plaider pour un triple effort : augmenter ses taux de cotisation, à condition que les salariés fassent aussi un effort, de même que les négociants sur leurs propres taux de cotisations. » « Cette vision de la viticulture, c’est un euphémisme de dire que le négoce ne l’a pas partagée. Hors de question pour lui d’augmenter ses CVO (cotisations volontaires obligatoires). Certains de ses membres l’expriment sans ambages : « Avec les ressources actuelles, il est parfaitement possible de faire fonctionner l’interprofession. L’heure est aux économies, dans tous les domaines. Toutes les entreprises, nous y compris, réduisent la voilure, quitte à convenir d’un retour à meilleure fortune. » Ainsi le négoce a demandé que les grands postes budgétaires du BNIC soient regardés à la loupe, afin de voir quelles économies pouvaient être dégagées. Par ailleurs, plutôt que de « taper dans les réserves » – sur un total de réserves de 6-7 millions d’e, environ 3 millions seraient mobilisables – le négoce serait davantage enclin à diminuer le budget promotionnel, ou du moins d’en geler une certaine somme, réinjectée à la unique condition d’avoir les ressources en face. Montée au créneau des représentants viticoles qui ne l’entendent pas de cette oreille. Pour eux, le budget des actions de promotion collective – 1,7 million d’e hors salaires – « ne constitue pas une variable d’ajustement. » C’est notamment la défense de ce budget qui justifiait à leurs yeux une augmentation des CVO. Mais les négociants sont restés fermes sur leurs positions : « Examinons d’abord les économies possibles avant d’envisager quoi que ce soit d’autre. » « Nous nous sommes quittés sur un constat d’échec » a résumé le président de l’interprofession. Rendez-vous est pris courant juin pour une nouvelle approche du budget de l’interprofession.

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