La société Gaïago fait partie de ces nouveaux acteurs du secteur des agro-fournitures qui abordent la protection des cultures et l’alimentation des plantes en développant des solutions fondées sur l’activation des mécanismes naturels. Elle a développé un produit de bio contrôle, le Stimulus-Bioprotec SPE efficace sur le mildiou et l’oïdium de la vigne qui a été testé en Charente depuis trois ans dans une propriété viticole. Après cette phase d’évaluation aux champs pilotée uniquement par l’entreprise, des travaux scientifiques plus larges seront conduits cette année pour d’une part aller plus loin dans l’évaluation des performances et d’autre part, pour engager la démarche d’homologation du produit en tant que produit de bio contrôle efficace sur le mildiou et l’oïdium de la vigne.
L’entreprise d’origine Bretonne a été créée en 2011 par quatre associés qui avaient comme projet commun de proposer aux agriculteurs des alternatives naturelles crédibles, totales ou partielles aux engrais ou à certains produits phytosanitaires. Francis Bucaille, un agriculteur devenu expert en agronomie depuis 30 ans, Yves Bigot technicien avisé et fils de maraîcher Breton, Gilles Lurette expert en marketing agricole et Samuel Marquet ingénieur de l’ESA d’Angers se sont investis dans la recherche de solutions novatrices prenant en compte les exigences de productivités et qualitatives des agriculteurs et les attentes sociétales de santé humaine et de respect de l’environnement.
Stimuler la vie du sol pour avoir des plantes plus saines
L’entreprise a développé des travaux de recherche en ayant un cap de travail permanent sur lequel S Marquet insiste beaucoup : « L’objectif prioritaire des équipes de Gaïago est de dynamiser la vie biologique et la fertilité des sols pour que les plantes se développent de manière plus saine. Nous considérons que le sol représente le cœur de notre métier. Une plante bien nourrie devient naturellement moins sensible aux contraintes du milieu (les excès climatiques et la pression des ravageurs et des parasites). La croissance des plantes n’est pas seulement dépendante des teneurs en éléments fertilisants mais d’une terre bien vivante qui soit en mesure de stimuler la fertilité. Nous pensons qu’il est très important de se donner les moyens d’avoir une terre pleinement nourricière ».
Stimuler l’écosystème du sol pour optimiser la conduite des cultures
L’activité de Gaïago a démarré avec une gamme de produits larges destinés à rétablir l’équilibre et la vie des sols afin d’optimiser la conduite de diverses cultures, des céréales, des prairies et des cultures maraîchères. Le concept de ces produits est de favoriser la présence et l’activité de divers micro-organismes du sol (des champignons décomposeurs, des mycorhizes, …) qui font partie de l’écosystème naturel. Leur rôle est de permettre de mieux valoriser les apports de compost, de fumiers, de lisiers, de résidus de couverts végétaux et de divers amendements. Les bienfaits d’un sol dont la vie biologique est intense et équilibrée sont perceptibles au niveau de la structure, du potentiel de résistance aux différents stress et de la disponibilité sous une forme assimilable des éléments fertilisants majeurs et secondaires. Des produits spécifiques à base d’autres familles de micro-organismes (principalement des bactéries spécifiques) ont été aussi développés pour tirer un meilleur profit des exsudats racinaires. Toutes ces spécialités commerciales ont fait l’objet d’homologation auprès de l’ANSES dans la catégorie des matières fertilisantes.
Une première génération de produits bio stimulants favorisant la photosynthèse
Un autre domaine d’activité concerne les produits biostimulants dont le développement à l’origine avait pour objectif de favoriser la photosynthèse. Diverses formulations de produits d’application foliaires composés d’oligo-éléments d’origine marine (à base de bore, manganèse, zinc, calcium, …) associés à des molécules organiques ont été homologuées dans les catégories des produits foliaires fertilisants. Les retours d’expériences aux champs d’agriculteurs dans le domaine du maraîchage (tomate, pomme de terre) ont fait état qu’en plus de leur « effet stimulateur » de la photosynthèse, ces produits semblaient engendrer une certaine résistance des plantes (souvent partielle mais significative) aux agressions des parasites majeurs. Les chercheurs de Gaïago ont mené des expérimentations plus approfondies pour comprendre l’origine de ces effets secondaires. Leurs travaux ont débouché sur la mise en évidence d’effets SDN vis-à-vis d’un spectre de maladies large (mildiou, oïdium et black-rot) et sur diverses cultures.
L’étude d’un produit efficace sur le mildiou et l’oïdium a commencé en 2014
À partir de 2014, une démarche de conception de produits biostimulants ayant une efficacité sur plusieurs maladies de la vigne a été engagée. Des essais internes effectués par la société Gaïago ont confirmé l’intérêt d’une formulation vis-à-vis du mildiou, de l’oïdium et du black-rot. Le produit serait exclusivement constitué à base de composés naturels sur lesquels l’entreprise se montre très discrète. Le seul élément communiqué sur la composition du produit, concerne la présence de fractions de divers tissus microbiens d’origine végétale qui auraient des efficacités sur un spectre large de champignons et de bactéries. L’entreprise a engagé une phase de développement réel de ce nouveau produit à partir de 2014 avec l’implantation de premiers essais de plein champs dans la région de Sancerre et en Charentes. Les protocoles de ces premières expérimentations ont été pilotés uniquement par la société Gaïago et n’ont pas été confiés à des organismes officiels référents comme l’INRA ou l’IFV. Les responsables de l’entreprise justifient ce choix par le fait qu’ils voulaient évaluer les potentialités du produit aux champs avant d’engager des travaux scientifiques plus lourds.
Un essai de plein champ implanté chez Christophe Brandy depuis 2015
Charles-Robert Beauge de la société Concept-Agro-Services qui distribue les spécialités commerciales de Gaïago dans la région a convaincu Christophe Brandy de tester ce nouveau produit. Le viticulteur de Saint Saturnin qui est un expérimentateur dans l’âme, a répondu positivement à cette démarche car il avait utilisé les activateurs de la vie biologique des sols de Gaïago. Les bons retours d’expériences qu’il avait perçus, l’ont incité à tester le nouveau concept de fongicide « vert ». Le produit a commencé à être travaillé en 2015 dans cette propriété à l’échelle d’une parcelle de 0,25 ha protégée avec le pulvérisateur de l’exploitation. Le produit a été employé en suivant le protocole proposé par la société qui consiste a engagé un cycle de lutte préventif avant que les maladies contaminent les parcelles. La couverture doit s’étaler sans interruption du démarrage du cycle au cœur de la saison en modulant les doses en fonction du volume de végétation et de la pression de parasitisme.
Une mode d’action fongistatique, multisites et uniquement préventif
S Marquet explique que l’utilisation du nouveau produit de biocontrôle, Stimulus Bioprotec SPE, doit être abordée avec des principes différents de ceux des fongicides conventionnels : « Les retours d’expériences des essais de terrain mis en place depuis trois ans nous permettent de mieux comprendre le mode d’action. Le produit renforce à la fois l’immunité des plantes et agit directement sur les maladies. Le mode d’action multisites de type fongistatique et bactérie statique bloquerait le développement des spores des champignons. L’action essentiellement préventive aurait une rémanence de 10 à 12 jours. Stimulus-Bioprotect SPE est constitué de plus de 25 composés différents qui sont tous d’origine naturelle. Nous allons engager en 2018, 2 019 et 2019, des programmes d’expérimentation beaucoup plus conséquents pour aller encore plus dans la connaissance de notre produit et la finalisation des conditions d’utilisation ».
Une bonne efficacité au cours de l’été 2017 chez Chr Brandy
Le premier essai Chez Chr Brandy en 2015 s’est révélé concluant vis-à-vis de la maîtrise du mildiou ce qui a conduit à poursuivre le test sur une surface d’ha hectare les années suivantes. En 2016, la pression de mildiou faible tout au long de la saison n’a pas été propice à l’obtention de résultats pertinents. En 2017, la deuxième partie du cycle végétatif a été un peu plus propice au mildiou surtout après les pluies abondantes de début juillet. Le viticulteur a observé parcelle protégée avec le Stimulus-Bioprotect SPE avait été bien protégé « Après les précipitations abondantes du début du mois de 2017, plus de 70 mm chez moi, le mildiou ne s’est pas développé même tard dans la saison dans le bloc traité alors que dans le témoin 0, il était présent. Le traitement qui était intervenu quelques jours avant les pluies s’est avéré efficace ».
Une insuffisance de résultats d’expérimentations
L’entreprise conseille d’utiliser le produit à une dose variant entre 1 et de 2,5 1/ha suivant le niveau de risque parasitaire et l’état de développement de la végétation. En pleine saison, le coût/ha à une dose de 2,5 1 s’élève à 60 €ha (25 €l) mais ce niveau de prix pourrait baisser avec l’augmentation des volumes. La FD CETA de Charente-Maritime a testé la première formulation du produit en 2014 et en 2015 dans le cadre de ses essais de stratégie de lutte contre le mildiou. Christophe Terrier, l’ingénieur pilotant ces essais considère que les résultats ont été assez aléatoires. Néanmoins, l’utilisation de la nouvelle formulation du produit à partir de 2015 n’a pas été testée. En revanche, un essai d’un autre produit foliaire qui aurait une efficacité sur les maladies du bois est testé depuis trois par la FD-CETA de Charente Maritime. On peut regretter que la société Gaïago n’ait jusqu’à présent pas mis en expérimentation le Stimulus-Bioprotect SPE dans des organismes comme l’INRA, l’IFV ou les chambres d’agriculture. Pour l’instant, il est donc difficile d’avoir une idée juste de l’efficacité réelle du produit à partir de données émanant seulement de quelques sites. La réalisation de nouveaux essais dans les années à venir sera déterminante pour l’avenir de produit «vert».
– Les points clés du fongicide Stimulus Bioprotec SPE :
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Un produit composé de 25 substances d’origine naturelle dont des fractions de tissus microbiens issu des végétaux
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Un produit biostimulant pas encore homologué qui a des effets SDN
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L’engagement dans une procédure d’homologation en tant que fongicide de biocontrôle en 2018
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Un mode d’action fongistatique, multisites et uniquement préventif
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Une rémanence de 10 à 12 jours
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Un spectre d’action en vigne sur le mildiou, l’oïdium et le black-rot
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Des essais de plein champs en Charente et à Sancerre pilotés par la Sct Gaïago depuis 2015
Des premiers résultats encourageants mais trop limités en nombre pour évaluer définitivement l’efficacité
Un essai sur 1 ha chez Christophe Brandy à Saint Saturnin en 2017 avec des résultats convaincants
Une dose d’utilisation variant de 1 l à 2,5 l en fonction de la saison et du niveau de risque parasitaire
Un coût/ ha de l’ordre de 60 € HT à pleine dose.
