Les cordons hauts en sinusoides « Duluc »

17 mai 2018

Les cordons hauts à port libre qui ont connu « leurs heures de gloire » dans les années soixante-dix et 80 ont progressivement régressé en surface dans la région de Cognac. Ils ont été supplantés par les arcures hautes semi-palissées qui ne font pas non plus totalement l’unanimité. Quel type de vigne faut-il implanter pour concilier les enjeux, qualitatifs, économiques et agronomiques du futur ? Cette question, Daniel, Pierre et Guillaume Duluc se la posent depuis le début des années soixante-dix. Ils ont fait le choix d’implanter un vignoble de cordons hauts à port libre dont ils ont fait évoluer le mode d’établissement. Le traditionnel bras de cordons unique fourchu portant des demi-lattes a été transformé en une bras en forme de sinusoïdes qu’ils ont appris à maîtriser. Testés depuis 40 ans sur plus de 40 ha dans leur exploitation à Touzac, les cordons hauts en sinusoïdes s’avèrent convaincants. Ils représentent peut-être le modèle de vigne adapté aux exigences du futur !

 

La conduite en cordon de Royat haut à port libre fait partie de l’ADN du vignoble Duluc de Touzac depuis le début des années soixante-dix. En effet, Daniel et Pierre  Duluc qui à l’époque, avaient agrandi leur vignoble, étaient déjà confrontés à des difficultés de recrutement de main-d’œuvre. 40 ans plus tard, Guillaume Duluc, qui gère la propriété, est aussi confronté au même problème de rareté de la main-d’œuvre. La conduite en cordon haut les a tout de suite intéressés en raison des moindres besoins de charge de travail par rapport à des vignes palissées larges et hautes. Ils l’ont adopté au départ avec prudence, puis généralisé à l’ensemble du vignoble et aussi fait évoluer pour répondre  aux exigences de pérennité et de qualité de la filière eaux-de-vie.

 

Les cordons en sinusoïdes «font partie de l’ADN» de   Guillaume Duluc

 

            Guillaume Duluc a hérité de cette culture des vignes en cordon haut qui représente aujourd’hui l’un des fondements principaux de son métier. Son père et son oncle lui ont transmis un savoir-faire qu’il continue de développer. La conduite est aujourd’hui bien maîtrisée grâce au principe d’établissement des bras en sinusoïde. Une organisation globale a été mise en place dans cette exploitation pour gérer avec le sens de la pérennité les travaux manuels et mécaniques et la conduite agronomique. Le jeune trentenaire considère que la conduite en cordons hauts avec des bras en sinusoïdes est parfaitement adaptée à ses objectifs de production. À l’inverse, il avoue, mal connaître les spécificités agronomiques des vignes palissées : « La reprise récente d’un vignoble entièrement palissé est pour moi enrichissante car je découvre un autre concept de conduite de vignes ».

 

La rareté de la main-d’œuvre à imposer les cordons hauts dans cette propriété

 

            L’histoire de l’implantation des cordons dans cette propriété est liée à l’augmentation des surfaces au début des années soixante-dix qui posait déjà la problématique des besoins en main-d’œuvre. Lors d’un voyage d’études à Rauzan dans l’Entre-Deux-Mers, Daniel et Pierre Duluc avaient découvert les cordons hauts. Ils ont décidé de tester cette conduite sur quelques hectares et ensuite, l’ont rapidement généralisé à l’ensemble de la propriété. L’intérêt principal de ce modèle de vigne résidait dans la forte diminution des besoins en main-d’œuvre, en hiver (plus de tirage de bois et d’attachage) et aussi en été avec l’absence de palissage. Au fil des années, les deux viticulteurs ont acquis un vécu de la conduite des cordons hauts qui les a amenés à faire évoluer l’établissement des bras. La généralisation de la mécanisation des vendanges au début des années quatre-vingt a été aussi une étape importante vis-à-vis des aspects de solidité du palissage et du respect des bois de taille. Ces viticulteurs ont très vite pris conscience que la pérennité des parcelles de cordons était directement à la qualité des opérations de taille.

 

Une grande maîtrise de la taille pour tenir les cordons dans le temps

 

            Guillaume Duluc considère toujours aujourd’hui que le principal atout des cordons haut réside toujours dans la faible demande de main-d’œuvre que cela exige. Dans cette propriété, la présence de parcelles de cordons hauts de 25 à 30 ans encore vigoureuses et productives démontre que ce type de vigne est adapté à l’environnement de production. Le jeune viticulteur explique que la bonne tenue dans le temps des souches avec ce type de conduite nécessite une grande maîtrise des opérations de taille en hiver : « La taille des cordons hauts repose sur un objectif permanent de recherche d’équilibre et de pérennité des bras de cordons. La préservation d’un nombre suffisant de postes de taille et leur bon positionnement sont des éléments fondamentaux. La priorité n’est pas de laisser une charge de bourgeons permettant d’assurer la récolte de l’année mais de construire la pérennité de la taille des 2, 3, 4 prochaines années. La taille nécessité un sens avisé du devenir de la souche pour éviter les phénomènes de dégarnissement prématurés du centre des bras de cordons. Il faut prendre le temps de regarder l’état de la végétation et chercher en permanence à équilibrer le pied ».

 

Une cellule d’expérimentations locale sur les cordons hauts dans plusieurs propriétés

 

            Les sols dans le secteur de Touzac, des terres de champagne très calcaire disposant de réserves hydriques suffisantes possèdent de bons potentiels agronomiques. Cela confère aux parcelles une vigueur en général bien équilibrée même lors d’étés secs. G Duluc ne cache pas que le vieillissement prématuré des bras de cordons est un problème majeur qui a mobilisé l’attention de son père, de son oncle et d’autres viticulteurs de cette zone. En effet, dans ce secteur de Grande Champagne, un certain nombre de propriétés ont depuis le début des années quatre-vingts implantées des vignes en cordons hauts par intérêt économique. Les viticulteurs qui les ont conservés, ont acquis des connaissances sur les moyens d’optimiser leur longévité et leur productivité. L’amélioration de la longévité des bras de cordons, le respect de la végétation au moment de la récolte et la qualité de la vendange se sont rapidement imposés comme des éléments clés de la maîtrise de la conduite en cordons hauts. Toutes ces expériences de terrain ont été partagées par un certain nombre de viticulteurs adeptes des cordons hauts, Michel Emerit à Touzac, Pascal Dupuy à Ambleville, …. . Ce vécu collectif a conforté un certain nombre de réflexions sur les avantages, les contraintes, les spécificités des cordons hauts. Les constats de terrain reposaient sur des observations et de petits essais menés au sein des propriétés. G Duluc estime d’ailleurs que le partage des expériences avec les autres viticulteurs a été très enrichissant et cela a stimulé l’évolution des pratiques de façon plus judicieuse.

 

Tailler en pensant à prévenir les phénomènes de dégarnissement des bras de cordon

 

            L’un des problèmes majeurs des cordons est la bonne répartition dans le temps des postes de taille sur toute la longueur des bras. Un cordon jeune est toujours facile à tailler mais au fil des années, la vigueur de la végétation a tendance à se concentrer aussitôt la pliure du tronc et à l’extrémité des bras. Il se produit un phénomène d’acrotonie qui concerne tous les modes de taille. Le centre des bras de cordons devient au bout de 15 à 20 ans naturellement plus sensibles à des phénomènes de dégarnissement qui nuisent à la productivité et la pérennité des souches. La taille d’un cordon haut nécessite une véritable technicité pour maintenir une bonne répartition des postes de taille sur toute la longueur des bras dans des parcelles de la tranche d’âge de 15 à 30 ans. Savoir équilibrer la longueur et le positionnement des demi-lattes et des coursons pour prévenir les phénomènes de dégarnissement est le principe prioritaire de la taille des cordons hauts. Certains travaux de mécanisation et tout particulièrement, la vendange mécanique doivent être effectués avec beaucoup de respect pour protéger la base de la végétation présente sur toute la longueur des bras.

 

L’incidence des effets du vent sur la densité des bois et la solidité des bras

 

            Au départ, les cordons haut ont été établis à une hauteur de 1,50 m avec un seul bras d’environ 1,20 à 1,40 m de longueur (correspondant à l’intervalle entre deux souches). Ce type d’établissement s’est avéré être assez sensible aux effets des vents dominants au printemps et à l’approche des vendanges. Le fort allongement des rameaux fin mai et début de juin les rends naturellement sensible à l’essolage en présence de vents d’intensités moyens à forts. Une casse trop importante de sarments peut ensuite s’avérait pénalisante pour maintenir une bonne répartition des postes de taille sur toute la longueur des bras. À l’approche de la récolte, le poids des raisins sous les bras crée un point de fragilité à la base dans la courbure des troncs. L’influence des coups de vent sur la charge de vendange était en mesure de provoquer la rotation des bras dans la pliure du tronc (juste en dessous le fil porteur) et bien sûr leur casse. Le phénomène peut se produire à la fois dans des plantations jeunes ou plus âgées. Il est toujours amplifié par l’orientation des rangs face aux vents dominants.

 

             Un enroulement mal implanté sur le fil porteur pénalise la circulation de la sève

 

            Dans les cordons à bras unique assez long, un autre problème apparaît quand les souches passent le cap de la dizaine d’années. Au moment de l’établissement des cordons (en troisième ou quatrième feuille), le sarment destiné à devenir le bras de 1,20 de longueur était enroulé autour du fil porteur. Son grossissement au fil des années provoque naturellement l’intégration du fil porteur dans le cœur du bois ce qui engendre des perturbations physiologiques. La présence de cet élément métallique dans le cœur du bois des bras de cordon crée un phénomène de garrot qui ralentit la circulation de la sève et arrive mêle à l’obstruer complètement. La mauvaise alimentation des bras de cordons gène considérablement leur développement végétatif et peut entraîner à terme leur mortalité. Les souches perdent alors toute leur productivité et l’ensemble du bras de cordon doit être reconstruit.

 

Le système à deux bras de cordons courts opposés mal adapté à la vendange mécanique

 

            Pour résoudre ces divers problèmes de vieillissement des bras de cordons, plusieurs modes d’établissements des souches ont été testés. Tout d’abord, des cordons ont été établis avec deux bras de cordons plus courts implantés de chaque côté du tronc. Ce système assurait une assez bonne répartition des postes de taille mais n’était pas adapté à la récolte mécanique. Le passage de la MAV entraînait une casse importante de bois sur tous les bras de cordons établis dans le sens opposés à l’avancement des machines. La végétation venait littéralement se brisait sur l’entrée du tunnel de récolte ce qui entraînait une casse de bois importante et problématique pour la taille hivernale. D et P Duluc en sont arrivés à la conclusion à la conclusion que l’implantation des parcelles avec un seul bras toujours orienté dans le même sens était la meilleure solution pour faciliter la récolte mécanique.

 

Un essai de bras enroulé  autour de deux fils décevant au fil des années

 

            Ce constat a été à l’origine de nouveaux essais d’établissement de bras de cordon autour de deux fils de tête distants de 10 à 15 cm. Au moment de l’établissement du bras de cordons, le sarment était enroulé autour des deux fils sous la forme d’un ressort. Au départ la végétation était mieux répartie sur toute la longueur des bras et surtout, les grappes étaient beaucoup plus aérées. La vendange murissait dans de meilleures conditions et était moins sensible au botrytis. Par contre, le grossissement des bras au bout d’une dizaine d’années a rapproché et resserré les deux fils. Cette situation  a entraîné les mêmes problèmes de casse des bras, de dégarnissent et d’effets de garrot des fils sur la circulation de la sève. Les phénomènes d’entassements de la végétation et des grappes se sont aussi progressivement accentués au fil des années.

 

            Des bras de cordon formé en utilisant le principe du pliage en arcure

 

            L’échec de ce mode d’établissement sur deux fils a été à l’origine de nouvelles réflexions qui ont débouché sur l’idée de créer des bras en sinusoïdes. G Duluc explique que l’établissement des cordons hauts doit permettre de concilier en permanence les enjeux de pérennité de la taille et d’une meilleure aération de la vendange : « Notre vécu de la conduite en cordons hauts a mis en évidence qu’il fallait améliorer la résistance aux phénomènes de dégarnissement du centre des bras et la qualité micro-climat autour des grappes. Or, l’établissement d’un seul bras sur un plan horizontal ne permet pas d’atteindre ces objectifs. Bien que l’initiative de l’enroulement des bras autour de deux fils de tête en forme de ressort se soit révélée décevante, elle nous a permis d’imaginer le système en sinusoïdes. On a pensé qu’en augmentant l’intervalle entre les deux fils, il serait peut-être possible d’arquer les sarments destinés à  être les futurs bras. Le principe de la taille en arcure qui favorise le débourrement des bourgeons à la base des courbures a été utilisé pour construire un bras de cordons de cordon avec  2 sinusoïdes alternées et successive. L’essai s’est révélé être à la hauteur de nos attentes et aujourd’hui tout le vignoble est établi de cette façon ».

 

Deux sinusoïdes régulières qui stimulent la sortie de bourgeons biens placés

 

            La phase d’établissement des bras de cordon en sinusoïdes nécessite beaucoup d’attention pour tirer le meilleur profit du phénomène d’arcure des sarments. L’obtention de courbures des sarments progressives et régulières est essentielle pour que la circulation de la sève ne soit pas pénalisée. L’intérêt de ce système réside dans le fait que le pliage en arcure favorise la sortie de beaucoup de bourgeons et tout particulièrement de ceux de la base des courbures. La formation des jeunes bras avec deux sinusoïdes successives contribue à l’obtention de postes de taille bien répartis. L’établissement des sinusoïdes en 3 eme ou en 4 eme feuille est une étape clé pour  sélectionner des postes de taille bien répartis durant  toute la vie de la vigne. G Duluc ne cherche pas à avoir des plantations trop vigoureuses pour que les entre-coeurs ne soient pas trop longs. Un sarment très vigoureux porte au final peu de bourgeons ce qui eut nuire à la répartition des postes de taille sur les deux sinusoïdes. Dans les jeunes plantations, ce viticulteur  apporte les fumures de fond en général après l’établissement des bras sinusoïdes pour ne pas trop stimuler la vigueur.

 

Prendre le temps d’établir les sinusoïdes et les postes de taille bien

 

            Dans l’intervalle de longueur de 1,20 m séparant deux souches, deux sinusoïdes avec des courbures douces constituent le bras de cordon. Si le sarment destiné à devenir le futur bras de cordon en troisième feuille est trop court ou présente une anomalie (cassé, mal positionné, entre-coeurs trop longs), l’établissement pourra être étalé sur deux années pour favoriser la bonne répartition des postes de taille. Au moment de la formation des bras, la conduite du sarment entre les deux fils est très importante. Le bois doit être passé entre les deux fils et non pas enroulé. Cela assure le maintien des deux sinusoïdes dans le temps et évite les phénomènes de resserrement entre les deux fils (d’effet ressort). La phase de formation des bras de cordon demande beaucoup d’attention et de temps durant l’hiver et aussi au printemps lors de l’épamprage. Les bourgeons du sarment établi en sinusoïde (et futur bras de cordon) vont en se développant devenir les postes de taille pour toute la durée de vie des souches. Les risques d’essolage pendant cette phase peuvent s’avérer pénalisants. L’implantation des rangs dans le sens des vents dominants est un moyen de protéger limiter les phénomènes de casse dans la période de croissance active de la mi-mai à la mi-juin. À la base de la première sinusoïde, un poste de taille situé au départ de la courbure fait office de recours pour reconstruire l’ensemble du bras en cas d’accident.

 

La recherche d’un équilibre de coursons et de demi-lattes

 

            Les notions de nombre et de répartition des postes de taille sur les deux sinusoïdes sont deux éléments indissociables pour gérer la pérennité de la taille et de la productivité. En général, G Duluc laisse au moment de l’établissement 12 à 15 postes de taille sur toute la longueur des bras. Ils sont systématiquement constitués d’un courson (à 2 yeux) et d’une demi-latte de 3 à 5 bourgeons pour concilier les enjeux de production annuelle et la pérennité de la taille. Le courson est toujours positionné en dessous la demi-latte en respectant le principe des courants de sève. Si un poste de taille ne porte qu’un seul bois, il sera taillé en coursons à 2 yeux pour prévoir la taille des millésimes futurs. La longueur des demi-lattes varie en fonction de la situation des postes de tailles sur les sinusoïdes et de la vigueur des souches. Dans les parties montantes, elles porteront 5 à 6 bourgeons alors que dans les ponts inférieurs, elles seront raccourcies à 3 bourgeons.

 

Avoir le souci permanent de régénérer les bras

 

            Au fil des années, les cordons en sinusoïdes s’avèrent beaucoup moins sensibles aux phénomènes de dégarnissement que des systèmes à bras horizontal. Cette conduite à port libre reste sensible aux effets du vent et à divers accidents de développement végétatifs liés à la mécanisation et à des interventions manuelles inappropriées. G Duluc insiste sur le fait que cette conduite nécessite un suivi pointu en hiver et lors de la première phase du cycle végétatif : « Nous observons parfois dans des parcelles de 15, 20, 25 ans, des débuts de phénomène d’acrotonie dont l’origine est souvent liée à de l’essorage ou une mauvaise taille. Cela peut entraîner le vieillissement prématuré des postes de taille et parfois leur disparition. Nous essayons d’anticiper ces phénomènes en laissant sur les bras quelques bourgeons latents bien placés (dans l’axe du rang). Ils permettent de reconstruire des postes de taille et parfois de régénérer complètement une sinusoïde. La gestion de la taille est vraiment une intervention capitale. Il faut toujours penser en priorité à la taille des millésimes à venir et non pas à la production de l’année ».

 

Un besoin de seulement 40 heures/ha de main-d’œuvre en hiver

 

                        Les travaux d’hiver dans cette exploitation sont uniquement consacrés à la taille ce qui permet d’avoir le temps de « prendre soin » du devenir des souches. Les cordons sont prétaillés avec une machine Charrier qui « met au carré » la végétation autour des bras de cordon. Cette intervention est indispensable pour permettre au tailleur d’avoir une meilleure vision du développement végétatif des ceps. La taille manuelle intervient ensuite en prenant le temps de respecter l’architecture des souches. L’objectif n’est pas d’aller vite mais de construire la pérennité des ceps. Cette opération mobilise en moyenne 35 heures de main-d’œuvre par hectare. Elle est suivie au début de chaque printemps, d’un passage très rapide (de 2 à 4 heures/ha) dans les parcelles pour attacher les petits bras qui ont été régénérés. La charge de travail manuel pour l’ensemble des travaux dans les cordons en sinusoïdes ne dépasse pas 40 heures/ha ce qui est très compétitif par rapport aux conduites palissées classiques.

 

La recherche d’un port érigé tout au long de la saison

            Durant le cycle végétatif, G Ducluc conduit les parcelles en cherchant au maximum à favoriser un port érigé pour limiter les phénomènes d’entassement de végétation en dessous les bras de cordons. L’ugni blanc avec son port retombant est plus difficile à conduire ainsi alors que le colombard s’y prête facilement. Le jeune viticulteur réalise un premier rognage (seulement au-dessus des bras) avant la floraison pour donner de la rigidité aux jeunes rameaux et limiter leur sensibilité à l’essolage. Ensuite, 6 à 8 rognages par an sont effectués tout au long de la saison pour contrôler le tunnel de végétation et maintenir une bonne aération par le dessous des rangs. La dernière intervention se déroule en général juste avant la véraison pour conserver un maximum de feuilles fonctionnelles durant toute l’arrière-saison.

 

Des grappes bien aérées nettement moins sensibles au botrytis

 

             L’objectif est de ne pas avoir de sarments qui retombent au niveau du sol pour faciliter l’entretien du sol (mécanique ou chimique) et améliorer le microclimat autour des grappes durant la phase de maturation. En effet, l’un des avantages majeurs des cordons en sinusoïdes par rapport aux cordons à plat est justement de permettre une bonne répartition des raisins sur une hauteur de plus d’un mètre. Les grappes ne sont pas entassées mais bien aérées dans la mesure où le tunnel de végétation au niveau du sol reste ouvert tout au long de la saison. La sensibilité de la récolte au botrytis s’avère moindre et le déroulement de la maturation est toujours assez régulier.

 

L’étalement des grappes facilite la récolte mécanique

 

            Le port de végétation semi-érigé facilite aussi la récolte mécanique dans la mesure où les réglages de la MAV sont adaptés aux spécificités de cette conduite. D, P et G Duluc ont acquis une expérience de l’utilisation des MAV dans cette conduite « Au fil des années, nous avons appris à utiliser avec souplesse notre machine. Le fait que les grappes soient réparties sur plus d’un mètre de hauteur facilite l’utilisation des MAV. Actuellement, nous utilisons un modèle New-Holland 9 060 qui donne pleine satisfaction en raison principalement de son système de récolte pendulaire. Le bon positionnement des secoueurs permet de déplacer la végétation libre dans le tunnel de récolte sans la casser. La vitesse d’avancement doit rester modérée pour s’adapter au volume de feuillage généralement important et permettre l’obtention d’une vendange la plus propre possible. La présence de débris végétaux est bien maîtrisée grâce aux performances des extracteurs.

 

Un palissage très solide pour supporter les efforts du port libre

 

            La solidité du palissage est un élément très important pour ce type de conduite du fait du principe de port libre haut. En effet, les rangs de vignes établis à une hauteur de 1,50 m doivent supporter des efforts importants. L’investissement dans des matériaux de palissage sérieux est indispensable que les rangs conservent une structure plane et solide dans le temps. Au départ, l’ensemble des vignes ont été établies avec des piquets en acacia de 2,30 m tous les deux ceps enfoncés de 0,70 m (soit 1 200 piquets/ha), un fils porteur supérieur inox de 3, un fil inférieur de maintien des sinusoïdes de 2,5 en Crapal, des amarres en fer à T plantées entre 0,80 à 1,20 m de profondeur. La tension des deux fils porteurs (tendeurs de type Faget) doit être constante pendant toute la durée de la vie de la vigne pour assurer le maintien et la stabilité des bras de cordons.. Depuis quelques années, des piquets métalliques sur mesure de 2,30 m de la Société Wieland remplacent le bois. G Duluc souhaite faire évoluer le palissage en implantant un troisième juste au-dessus le fil porteur dont la fonction serait de diviser la végétation. Les jeunes plants sont montés au fil en utilisant des ficelles.

           

Des résultats convaincants depuis 40 ans qui valorisent les cordons hauts

 

            Après presque quatre décennies d’implantation de cette conduite, les résultats de la famille Duluc sont convaincants. Les premières parcelles ont passé le cap de la quarantaine, en conservant une bonne productivité. Les niveaux de production de l’ensemble du vignoble dépassent régulièrement 12 hl d’AP/ha en dehors des situations d’aléas climatiques. Le principe d’établissement des bras en sinusoïdes a permis sur cette exploitation de valoriser pleinement l’intérêt de la conduite en cordons hauts. Elle s’avère performante sur les plans économiques, en termes de productivité et au niveau de la qualité de la vendange.  La conduite de ce type de vigne nécessite une véritable technicité pour maitriser la taille avec le sens de la pérennité et le port érigé semi-court de la végétation durant tout le cycle végétatif. Les exigences moindres en main d’œuvre s’accompagnent par contre de compétences accrues pour la taille et l’implantation des jeunes parcelles. On peut également penser que la conduite de ce type de vigne  sera plus facile dans des sols ayant de bonnes potentialités agronomiques. Les cordons  hauts en sinusoïdes sont peut-être un moyen intelligent pour relancer le développement des conduites à port libre dans le vignoble de Cognac.

 

                                                                                             

           

            Les points clés des cordons Hauts développés par              la famille Duluc :

 

  • 40 ha de vignes conduits en Cordons hauts à port libre depuis le milieu des années soixante-dix

  • Des sols de Champagne de Touzac ayant un bon potentiel agronomique

  • Daniel, Pierre et Guillaume Duluc ont acquis une grande expérience de la conduite en cordons hauts

  • Une forte implication dans la gestion de la taille pour essayer de pérenniser les souches

  • Un souhait permanent de faire évoluer la conduite classique à un bras

  • La conduite d’essais et le partage des expériences avec d’autres viticulteurs de ce secteur

  • Une volonté d’obtenir une vendange de qualité pour satisfaire les attentes des acheteurs d’eaux-de-vie de la propriété.

  • Une réflexion globale de conduite du vignoble et de gestion des travaux manuels et mécaniques

  • L’implantation des premières parcelles de cordon haut en sinusoïde remonte à la fin des années soixante-dix

  • Une maîtrise des cordons hauts en sinusoïdes validées par une bonne productivité, une pérennité des vignes accrues, une bonne qualité de la vendange et des exigences en main-d’œuvre limitées

  • Des rendements moyens dépassant de 12 hl d’AP/ha en dehors des situations d’aléas climatiques

  • Des parcelles de cordons hauts en sinusoïdes de 30 à 40 ans ont conservé une bonne productivité

     

                 Les constats sur les avantages et les inconvénients des cordons de Royat classiques

     

     Les avantages des cordons hauts à port libre :

    – 1 : Une très forte diminution des besoins en main-d’œuvre en hiver et pendant le             cycle végétatif

    – 2 : un système de conduite permettant d’optimiser les travaux de mécanisation

    – 3 : Un modèle de vigne permettant d’avoir des coûts de production bas

     

    Les problèmes observés sur les cordons de Royat à un seul bras :

     – 1 : les phénomènes d’acrotonie au centre des bras au bout de 10 ans amplifiant les risques de perte de productivité et de moindre pérennité

                 – 2 : la sensibilité à l’essolage dans la période de croissance active en mai juin

                – 3 : les risques de casse des bras de cordon à l’approche des vendanges en raison de l’impact des vents sur la forte charge de végétation

    – 4 : Les risques d’obstruction de la circulation de la sève liée à présence du fil métallique dans le bois

    – 5 : Une vendange pas assez aérée sous le tunnel de végétation et sensible au botrytis

     

     Les principes essentiels des cordons hauts en sinusoïdes

     

  • Des bras ayant la forme de deux sinusoïdes établie entre deux fils de tête distants de 40 cm.

  • L’effet d’arcure facilite la circulation de la sève et la sortie des bourgeons sur toute la longueur des bras.

  • L’apparition de phénomènes d’acrotonie beaucoup plus limitée que dans des cordons de Royat à plat.

  • Une meilleure répartition des postes de taille

  • Un développement plus équilibré de la végétation qui facilite la taille

  • La phase d’établissement des sinusoïdes nécessite beaucoup d’attention pour bien maîtriser le La courbure des sarments et la répartition des postes de taille.

  • L’opération de taille manuelle doit être abordée en privilégiant les aspects de pérennité à la productivité

  • Des possibilités de régénérer plus facilement les bras de cordons.

  • Le maintien d’un port de végétation érigé durant tout le cycle végétatif en réalisant 6 à 8 rognages par an

  • Un premier rognage précoce juste avant la floraison pour rigidifier la tenue des rameaux

  • L’élimination de la végétation retombante pour améliorer le microclimat autour des grappes.

  • Un étalement de la charge des grappes sur environ d’un mètre de hauteur propice à de bonnes conditions maturation.

  • Une moindre sensibilité au botrytis du fait de l’aération des grappes.

  • L’exigence d’un palissage très solide pour maintenir des plans de palissage bien horizontaux.

  • 1 200 piquets/ha et deux fils porteurs de gros diamètre.

  • Le palissage est implanté dès la fin de la première année pour faciliter l’établissement des jeunes ceps

     

     

     

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