Un monde de mouvements et de mutations

15 avril 2024

Dans un monde marqué par des transitions profondes et rapides, l’économie mondiale se trouve sur le seuil d’un nouveau cycle. Exporté à 98 %, le cognac et ses hommes se doivent ainsi de veiller sans relâche sur ce contexte, pour l’anticiper au mieux et s’adapter. En effet, des changements géopolitiques majeurs, des défis démographiques sans précédent et une reconfiguration du commerce international dessinent les contours d’un futur incertain nécessitant de veiller aux opportunités. Pour comprendre ce contexte et comme l’indiquait déjà notre confrère François Lenglet en 2022, à l’occasion de sa venue en terres charentaises, la première partie du XXIe siècle est le témoin d’une mutation profonde de la puissance économique mondiale, avec un glissement de l’Ouest vers l’Est. « Les secousses que nous vivons sont les symptômes d’une transition, comme il s’en produit une ou deux fois par siècle, cela dure environ 20 ans, et nous avons fait l’essentiel. »

Un déclin de la puissance américaine ?

Cette « hyper-puissance » unique montre des signes de fatigue depuis la chute du mur de Berlin, en 1989. Déconvenues militaires successives, communication interne et géopolitique malheureuse de ses dirigeants, mais aussi une place de leader que d’autres puissances veulent combattre, les symptômes sont nombreux. Autre signal : le déclin de l’espérance de vie américaine au sein de la population blanche, à l’inverse de la population noire-américaine toujours en croissance, qui est un signe de conditions de vie qui ne s’améliorent pas, mais se dégradent dans la société, notamment dans les Etats du centre du pays. Face à cela, « la montée du rival chinois », nourrissant le projet de dépasser la puissance américaine pour redevenir la première puissance économique du monde, comme elle l’était jusqu’en 1850, exacerbe le parallèle.

Une normalisation de la croissance chinoise ?

Si jusqu’en 1979 la Chine ne connaissait pas la croissance, installée dans une guerre larvée avec la Russie, cette même année marque néanmoins le début d’un développement sans précédent, impulsé par la réforme de l’économie chinoise. Si l’objectif de la Chine est ainsi de reconquérir sa place de première puissance pour 2049, date du 100e anniversaire de sa révolution communiste, elle nourrit cependant la double ambition de prendre sa revanche et retrouver son honneur « après un siècle d’humiliation ». Dans le même temps, la croissance du pays ralentit aujourd’hui et, après une phase de rattrapage terminée, son développement sera à l’avenir plus proche de celui des puissances occidentales. Un moment de transition « délicat », de « radicalisation sur le plan politique » aussi, auquel s’ajoute une problématique démographique importante, celle du déclin, à compter de l’année prochaine, et avec un enjeu bien connu sur le continent français : celui du financement des retraites. La Chine perd aujourd’hui 7 millions d’actifs par an et compte donc chaque année 7 millions de retraités supplémentaires. Alors que les femmes en âge de procréer sont, du fait de la politique de l’enfant unique, 8 % moins nombreuses que les hommes, le pays voit ses priorités changer pour les années à venir…

« L’action, ce sont les hommes au milieu des circonstances » : une marche supplémentaire vers un monde plus cloisonné ?

Si la situation d’interdépendance entre les Etats du globe était la norme que nous tous, vivants, avions connue jusqu’à ce jour, il faudra désormais compter sur un monde plus cloisonné, avec des zones d’influence différentes, où Américains et Chinois seront prophètes en leur pays, et auprès de leurs alliés. Le politique prend déjà le pas sur l’économie et s’impose. « La planète intégrée où les Etats-Unis faisaient la police et l’économie avec le dollar » est révolue. Si la chute du Mur avait ouvert des possibilités, avec l’idée que tous les pays pouvaient tendre vers un régime démocratique et un meilleur niveau de vie, la fin de ce cycle a été amorcée avec le début de la guerre en Ukraine, « réinstallant le risque ». Aujourd’hui, chaque entité « récuse son besoin de liberté au profit d’une demande d’ordre », considérée comme supérieure. Dans ce contexte, et alors que les économies traditionnellement dominantes font face à des défis internes de croissance et de cohésion sociale, des puissances émergentes commencent à revendiquer leur place sur l’échiquier mondial. Cette transition de puissance remet en question les anciens équilibres et exige une réévaluation des stratégies économiques et commerciales globales.

« Toutes les doctrines, toutes les écoles, toutes les révoltes, n’ont qu’un temps » : vers une fin annoncée de la mondialisation ?

L’époque de la globalisation sans entrave semble céder la place à une ère de fragmentation économique et politique. Les tensions commerciales, les rivalités géopolitiques et un recentrage sur les intérêts nationaux favorisent l’émergence de blocs économiques plus cloisonnés. Cette dynamique pose des questions importantes sur l’avenir du commerce international et la résilience des chaînes d’approvisionnement mondialisées, exigeant des entreprises et des pays une plus grande agilité et une réflexion stratégique renouvelée. Les transitions que nous observons aujourd’hui dans l’économie mondiale sont complexes et multidimensionnelles. Elles représentent des défis significatifs mais aussi des opportunités pour repenser et remodeler l’ordre économique mondial pour le siècle à venir. L’adaptabilité, la prévoyance et la coopération internationale seront cruciales pour naviguer dans ces eaux inexplorées et exploiter les opportunités émergentes d’un monde en mutation rapide…

« Face aux grands périls, le salut n’est que dans la grandeur » : quelle stratégie pour les vins et spiritueux français ?

Le secteur des vins et spiritueux français traverse une période de baisse significative, avec une réduction de 12 % de son chiffre d’affaires mondial pour les spiritueux, s’établissant à 4,8 milliards d’euros, et une diminution des volumes vendus de 13 % en 2023. De même, le secteur du vin affiche une baisse de 3 %, atteignant 11,3 milliards d’euros, avec une réduction des volumes de 9,4 %. Cette tendance est perçue comme un signal d’alerte pour les entreprises, rappelant la nécessité de s’adapter continuellement aux évolutions des demandes des consommateurs et des marchés. Ce contexte souligne également l’importance cruciale du soutien des pouvoirs publics pour renforcer et étendre la présence internationale de ces produits. La stratégie adoptée face à ces défis repose sur trois axes principaux : adapter l’offre, ouvrir de nouveaux marchés et conforter les marchés existants, tout en évitant les répercussions des mesures de rétorsion commerciale. Pas simple !

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