Un millésime intéressant

29 octobre 2014

Les avis sont unanimes. Potentiellement, cette récolte 2014 a tout pour devenir un millésime intéressant. La vendange était saine, la teneur en azote dans les moûts a souvent atteint des niveaux records ; malgré des titres alcoométriques assez élevés, l’acidité est restée correcte ; les fermentations se sont bien passées, sans problème notable et, de surcroît, elles furent « parfumées » (ça sentait bon dans les chais)… Sans vendre la peau de l’ours, les eaux-de-vie de cette campagne 2014-2015 pourraient donc se révéler assez aromatiques. Impression confirmée par un œnologue : « Les premières chromatographies en phase gazeuse réalisées début octobre indiquaient une teneur plutôt élevée en acétate d’isoamyle, un composé considéré comme un marqueur aromatique, indicateur d’un potentiel d’esters dans les eaux-de-vie. » « Après, ce sont les bilans analytiques qui vont trancher, indique un de ses collègues mais, quelque part, on peut être confiant sur la qualité du millésime 2014. »

Côté rendements, il faut bien sûr distinguer entre les vignes grêlées et les autres. Sur les vignes épargnées par la grêle, la satisfaction est assez générale, même si une certaine hétérogénéité
existe. Globalement, sur la région délimitée Cognac, le rendement en alcool pur pourrait se situer entre 10 et 11 hl AP/ha, « peut-être plus près de 11 que de 10 » renseigne un technicien viticole. Un niveau de rendement conforme aux prévisions de la Station viticole du BNIC, telles qu’annoncées avant vendanges : 110 hl vol./ha à 9,5-10 % vol.

Disparités

Bien sûr cette moyenne régionale recouvre pas mal de disparités. Selon les remontées de terrain, la fourchette de rendement irait de 80-90 hl vol./ha à des niveaux pouvant être qualifiés d’exceptionnels, autour de 160-180 hl vol./ha. Pour expliquer les quantités les plus faibles, plusieurs raisons sont avancées : déficit d’arrosage les trois semaines précédant les vendanges ou encore le vent d’est, début septembre. On lui imputerait volontiers des baies un peu « confites ». Mais de manière générale, la tendance à un certain flétrissement du bas des grappes a marqué l’année. Les techniciens y voient moins la conséquence d’un déficit d’eau (les sols étaient plutôt bien pourvus) que l’expression d’un problème phy-siologique de la plante, suite à des épisodes chauds et secs. Un phénomène assez fréquemment observé sur Ugni blanc.

Le mildiou a-t-il eu une incidence sur la qualité du feuillage ? Pas vraiment aux dires des experts. Par contre, à cause de lui, 2014 s’est encore révélée une année compliquée, avec une pression maladie forte et surtout très tardive. « Jusqu’à fin août, il a fallu être vigilant, note un technicien, alors que d’habitude, nous pouvons relever la garde fin juillet-début août. » Grâce à un fort engagement des vignerons et de leurs conseils, les volumes ont pu être préservés. Quant aux degrés, ils démontrent une grande homogénéité. Hormis les cas de très gros rendements (autour de 180-200 hl vol./ha), il est rare que les TAV descendent en dessous de 9 % vol.

Couloir de grêle

Sur les vignes grêlées, le paysage s’avère nettement moins réjouissant. Certes, dans certaines zones, le déficit de rendement va jouer à la marge, les viticul-teurs ayant récolté davantage qu’espéré au départ. Malheureusement, ce dénouement favorable ne se vérifie pas partout. Pour les exploitations les plus durement frappées par le couloir de grêle partit des bords de Gironde pour finir à Ruffec, la moyenne de rendement ne dépassera pas les 15 hl vol./ha, avec des parcelles à 25 hl et d’autres à 5. Des structures d’une vingtaine d’ha ne rentreront pas plus de 300 hl vol. dans leurs chais, en tout cas de leurs propres vignes. Assurance « perte de récolte » ou pas, les viticulteurs concernés ont le moral en berne. Pire ! Ils s’attendent à une demi-récolte l’an prochain. « Les bois ne sont toujours pas aoûtés (durcis). Il manque deux mois au cycle végétatif de la vigne, qui a beaucoup puisé dans ses réserves pour refaire des sarments. »

Du chaud, du froid, du débourbage… Parce qu’elle en avait les moyens, la viticulture charentaise a misé sur la technique ces dernières années. Une dynamique s’est installée, visible à l’œil nu. Une œnologue
témoigne : « Les gens ne cherchent plus le zéro
défaut. Ils essaient d’extraire le meilleur de leurs vins, en termes d’arômes, d’esters. » Le bel équilibre observé cette année sur les moûts et les vins, fait du millésime 2014 un terrain de jeu stimulant. De quoi faire ses gammes lors de la distillation.

 

 

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