Un millésime 2014 : généreux et de qualité

29 octobre 2014

Le millésime 2014 a été sauvé des « eaux » par un magnifique mois de septembre qui, au final, aura permis de concilier qualité et rendements très honorables. La perspective d’une fin de cycle végétatif délicate à la fin du mois d’août a été littéralement gommée par cinq semaines de beau temps consécutives en septembre. Le déroulement de la maturation de tous les cépages a été relancé et stimulé par l’été indien, et les vendanges 2014 sont belles..

Les viticulteurs ont rentré cette année dans leurs chais une vendange mûre, saine et aussi abondante. Les seules déceptions ont concerné les zones fortement grêlées où, malheureusement, les rendements sont très maigres. Les conditions climatiques ont été idéales pour mûrir les raisins régulièrement et avec progressivité. Les foyers de botrytis latents ont disparu, les baies se sont concentrées en composés qualitatifs, les équilibres de maturité ont été atteints sans brutalité et la récolte a été abordée sans urgence et avec sérénité. Même si les vendanges ne sont pas encore terminées, on peut déjà dire que 2014 s’annonce comme un millésime généreux en volume et intéressant sur le plan qualitatif.

Vins de pays : une année idéale pour les colombard et les merlot

La récolte des premières parcelles de vins de pays a commencé vers la mi-septembre par les chardonnay et sauvignon. La production de ces deux cépages précoces a été la plus impactée par les pluies abondantes du mois d’août qui avaient fragilisé l’état sanitaire. Le beau temps de début septembre a asséché les foyers de botrytis et, au final, la qualité de la vendange récoltée a été correcte. Les moûts de chardonnay et sauvignon avaient des acidités élevées (fortes teneurs en acide malique) dont l’impact se ressent au niveau de la qualité finale des vins. La structure aromatique des vins est agréable mais manque un peu de complexité. Les colombard, un peu plus tardifs, ont par contre pleinement bénéficié du beau mois de septembre. Leur maturation complète et leur très bon état sanitaire a permis d’élaborer des vins de grande qualité, riche sur le plan aromatique et bien équilibrés au niveau des teneurs en
alcool et en acidité. L’autre belle satisfaction de l’année concerne le merlot dont la phase de maturation au « finish » va permettre d’élaborer de beaux produits. Les raisins de merlot suffisamment mûrs mais pas surmûris présentaient un potentiel bien équilibré en matière de fruit et de tannins, ce qui confère aux premiers vins une structure très intéressante. Les cabernet sauvignon plus tardifs ont pleinement bénéficié du climat propice de septembre, ce qui a permis de retarder leur récolte. Leur maturation s’est déroulée de façon homogène jusqu’aux pluies du 6 au 9 octobre.

De beaux pineaux rosés et rouges et des blancs très intéressants

Le millésime 2014 sera aussi très intéressant au niveau des Pineaux blancs, rosés et rouges. Les qualités rosées et rouges généralement élaborées à partir de merlot ont été vinifiées dans de bonnes conditions. En effet, les raisins étaient sains et mûrs mais pas surmûris. Les grappes de merlot récoltées fin septembre présentaient des teneurs en polyphénols intéressantes qui ont permis de conduire les extractions de couleurs sans contraintes. Les premières dégustations des Pineaux rosés et rouges révèlent des couleurs franches, généreu-ses mais pas intenses, une présence de notes aromatique de fruits en bouche, de la fraîcheur et une richesse en sucre suffisante mais pas dominante. Les premières analyses révèlent des niveaux de pH un peu élevés (souvent supérieurs à 4), qu’il conviendra de surveiller durant les premiers mois d’élevage. La grosse satisfaction de l’année se situe au niveau des Pineaux blancs qui présentent un équilibre qualitatif idéal, conciliant de beaux arômes, des teneurs en sucres suffisantes mais pas excessives et des pH corrects. Les raisins de colombard et d’ugni blanc ont mûri en 2014 avec une progressivité qui est toujours bénéfique pour élaborer des Pineaux blancs de grande tenue.

Des vendanges étalées et très petites dans les zones grêlées

La récolte des ugni blancs destinée à l’élaboration des vins de distillation a pu être conduite avec une certaine sagesse cette année car l’état sanitaire des raisins était particulièrement bon. Le beau mois de septembre a stimulé la maturation sans pour autant niveler les différences de maturité entre parcelles liées au terroir, au potentiel de rendement et à l’état de fonctionnalité du feuillage. Les vendanges se sont étalées sur une période de plus de trois semaines et, globalement, les rendements sont nettement supérieurs à ceux des deux dernières récoltes. Les parcelles grêlées qui ont été récoltées fin septembre ont dans l’ensemble réservé de mauvaises surprises. Dans les situations touchées entre 50 et 70 %, les rendements se si-
tuent entre 40 et 60 hl/ha avec des teneurs en alcool dépassant souvent 11 % vol. Les parcelles touchées à plus de 80 % ont en général produit de tous petits volumes, 5, 10, 15, 20 hl/ha maximum. Il est même arrivé que certaines parcelles ne soient pas vendangées tellement la présence des grappes était rare. La qualité des bois reste une préoccupation importante pour la prochaine récolte car l’aoûtement intervient tardivement. Cela suscite de véritables craintes au niveau des mises en réserve.

Des niveaux de rendements plutôt élevés mais hétérogènes

D’une manière générale, l’hétérogénéité de production dans l’ensemble du vignoble charentais a été encore très forte cette année, même si les niveaux de rendements et les TAV potentiels sont généreux. L’état agronomique des parcelles a eu une incidence majeure sur le niveau de productivité final des parcelles. Dès la fin de la floraison, les comptages de grappes révélaient des charges de grappes très variables. Le niveau de fonctionnalité du feuillage et du système racinaire a aussi fait la différence à la fin du mois de septembre. Après 5 semaines de beau temps, des parcelles extériorisaient des phénomènes de flétrissement des grappes alors que d’autres souffraient très peu. Les réserves hydriques de certains sols semblaient épuisées ou inaccessibles, ce qui est tout de même très surprenant après les mois de juillet et d’août extrêmement pluvieux. Certaines vignes avaient encore du « punch » au moment de la récolte et d’autres semblaient au bout de leur cycle végétatif. Les parcelles situées sur des terroirs précoces et maigres ont porté de 80 à 100 hl/ha avec des teneurs en alcool potentiel se situant entre 10 et 10,5 % vol. Dans les parcelles à plus fort potentiel, des rendements très généreux de l’ordre de 150 hl/ha avec des TAV potentiels autour de 9,5 à 10 % vol. ont été atteints. Des vignes à très fort potentiel agronomique ont même dépassé la barre des 180 à 200 hl/ha par endroits. Le niveau de la production régionale risque donc de se situer dans la fourchette haute des prévisions annoncées par la Station viticole du BNIC avant les vendanges.

Une belle qualité de raisins et des vins concentrés en arômes

L’autre élément positif de cette récolte réside dans la belle qualité de la vendange. Les raisins sont à la fois sains et mûrs et le climat durant les vendanges a permis de conduire les vinifications sans trop de contraintes thermiques. Les acidités correctes des moûts sont tout de même fortement impactées par des teneurs en acide malique élevées. Les titres alcoométriques des premiers vins analysés se situent entre 9,5 et 10,5 % vol. Les démarrages des fermentations alcooliques se sont effectués de manière rapide, sauf durant les matinées fraîches des 6 et 7 octobre. Les cinétiques fermentaires se sont déroulées dans de bonnes conditions et le suivi plus rigoureux des densités a permis de bien identifier les cuves à risques.

Avant les fermentations malolactiques, les niveaux de pH des vins juste terminés semblent un peu élevés, mais il convient d’attendre quelques semaines avant d’avoir une idée plus précise de l’aptitude des vins à se conserver. Les premières microdistillations et chromatographies indiquent que les concentrations en alcools supérieurs et en marqueurs de trituration sont cette année tout à fait raisonnables. Des teneurs en acétate d’isoamyle intéressantes sont également observées, ce qui est de bon augure vis-à-vis du potentiel aromatique des futures eaux-de-vie.

 

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