Un Millésime 2007 Pénalisé Par De Nombreux Excès

17 mai 2009

Le millésime 2007 a été délicat et plein d’imprévus de bout en bout, et le très beau potentiel de début mai et la précocité du cycle végétatif ont été sérieusement écornés par une nature « rebelle ». Une climatologie particulièrement humide et fraîche pendant quatre mois consécutifs a mis les nerfs à vif des viticulteurs de mai à septembre. La préservation des feuilles et surtout des grappes a nécessité une mobilisation d’énergie importante et un niveau d’investissement maximum dans la protection du vignoble. Pourtant, les choses avaient fort bien commencé après un mois d’avril chaud, sec et propice à une pousse rapide. L’éclosion rapide des bourgeons laissait entrevoir des inflorescences nombreuses et bien charpentées. Quelques mois plus tard, beaucoup de belles grappes ont disparu dans les parcelles et la maturité des raisins ne se présente pas sous les meilleurs auspices.

Une succession d’événements climatiques excessifs et défavorables, des vents destructeurs les 27 et 28 mai, des pluies abondantes et incessantes du 10 mai au 25 août, des niveaux de températures froids entre la floraison et la fin de la véraison et un ensoleillement particulièrement déficitaire en août ont rendu le déroulement du cycle végétatif très préoccupant. Toutes ces circonstances ont pénalisé l’ensemble des cépages de la région, avec de fortes casses de rameaux par essolage (estimées à 15-20 %) à la fin mai, des phénomènes de coulure et de millerandage importants, l’apparition de symptômes de chloroses marqués et persistants, une pression de mildiou maximale jusqu’à la fin août, une forte hétérogénéité du développement des grappes en début de véraison et un début de maturation perturbé par le mauvais temps.

En résumé, les feuilles et surtout les grappes ont beaucoup souffert au point que les perspectives et la qualité des récoltes sont devenues incertaines. Les estimations de récolte de la Station Viticole du BNIC confirment des rendements sur les Ugni blancs autour de 90 à 100 hl/ha et une époque de vendange jugée comme la plus tardive des 5 ou 6 dernières années. La nette précocité de ce millésime au moment de la floraison s’est en quelque sorte « volatilisée » au cours de l’été et les raisins de Chardonnay, de Sauvignon, de Colombard, de Merlot, d’Ugni blanc et de Cabernet mûrissent doucement et de façon très hétérogène. Cette situation est liée à la fois à la charge de grappes très variable sur les souches et aussi au déficit d’ensoleillement au cours de l’été. Aux mois de juillet et d’août, l’ensoleillement dans la région de Cognac a été déficitaire de 20 % par rapport aux valeurs moyennes (sur 30 ans) et les niveaux de pluviométries ont battu tous les records.

Les contrôles de maturité de début septembre sur l’ensemble des cépages précoces ou tardifs attestent du net retard de la maturation avec des niveaux d’acidités élevés et des TAV potentiels encore modestes. Au 10 septembre, pratiquement aucune parcelle de Chardonnay n’a été encore récoltée en Charentes et les Sauvignon et les Merlot poursuivent leur maturation avec un certain décalage. La forte humidité ambiante au cours de l’été a été favorable au développement du botrytis et quelques petits foyers se sont développés dans les parcelles sensibles. Néanmoins, l’état sanitaire reste pour l’instant plutôt bon car la quinzaine de beau temps (avec beaucoup de vent du Nord) depuis le 27 août a retardé ce botrytis « émergent ».

Le retour du beau temps depuis deux semaines a d’ailleurs fait renaître l’espoir de voir le millésime 2007 se bonifier « au finish ». L’ensoleillement de ce début de mois de septembre sera-t-il en mesure de relancer le processus de maturation des raisins ? Notre région est souvent coutumière des très belles arrière-saisons qui facilitent les fins de maturation. Déjà, les excès de pluviométrie de la fin août ont été en quelque sorte « évaporés ». Ensuite, si les prévisions météo plutôt clémentes entre le 10 et le 17 septembre se confirment, l’été de septembre pourrait encore rendre possible une meilleure maturation des parcelles dotées d’un feuillage opérationnel. Souhaitons que les fréquents vents du Nord n’intensifient pas trop les phénomènes d’évapo-transpiration, car cela pourrait occasionner une contraction des rendements qui en 2007 ne s’annoncent pas pléthoriques. Des phénomènes de flétrissement des baies en extrémité de grappe sont déjà visibles. Dans les pages 6 à 9, nous publions un résumé de l’évolution régionale de la maturité des Ugni blancs et des cépages destinés à la production de vin de pays.

La conduite des vinifications 2007 s’annonce technique car tous les volumes récoltés seront destinés aux productions majeures. La cuve de trop et les excédents ne permettront pas de jouer le rôle « de réservoir de qualité ». Le principal problème des viticulteurs sera sûrement de suivre l’évolution de la maturité des parcelles et de les récolter au meilleur moment pour essayer de « gommer » l’hétérogénéité des raisins. Plus que jamais, les vinificateurs vont devoir faire preuve de patience pour « rentrer » des raisins les plus mûrs possible et de réactivité pour traiter une vendange délicate. La surveillance de l’état sanitaire sera aussi un élément capital pour choisir la date de vendange optimale de chaque parcelle. L’équipe du Paysan Vigneron espère que l’édition du « Guide de la vinification 2007 » vous aidera à réussir vos vinifications. Bonnes vendanges.

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