Un Millésime 2004 En Attente De Soleil En Septembre

22 avril 2009

La climatologie de l’année 2004 a été encore assez surprenante, avec un hiver nettement déficitaire en pluviométrie, un coup de froid durant les mois de mars-avril, un bel ensoleillement et un net déficit de précipitations en mai-juin, un état de sécheresse et des niveaux de températures bas en juillet et enfin un mois d’août exceptionnellement pluvieux et frais. La vigne a plutôt bien réagi à cette succession de séquences climatiques et la canicule du millésime 2003 n’a eu aucune conséquence sur le déroulement du cycle végétatif 2004. Les vendanges très précoces en 2003 ont ensuite permis à la surface foliaire de se consacrer à l’accumulation de réserves dans les ceps jusqu’à la chute des feuilles. Le bon niveau de stock de réserves et des conditions climatiques propices ont permis un débourrement exceptionnel mais un peu tardif. Cela a été une très bonne surprise pour de nombreux viticulteurs qui craignaient une mauvaise sortie à la suite de la sécheresse 2003. Or, le taux de débourrement en 2004 a atteint des niveaux sans équivalent quels que soient les cépages et fin mai la charge d’inflorescences était vraiment importante. La floraison s’est déroulée dans d’excellentes conditions compte tenu du climat très chaud et ensoleillé de juin, et le retard de précocité semblait pratiquement rattrapé à la fin de ce mois. Le seul élément d’inquiétude concernait le niveau des pluviométries qui était nettement déficitaire par rapport à la moyenne. Le mois de juillet assez frais mais globalement sec a provoqué un arrêt de la croissance végétative précoce dans de nombreuses parcelles, et la charge de récolte s’est révélée importante et bien supérieure au potentiel des trois dernières années. Le mois d’août très pluvieux et frais a considérablement gêné le déroulement de la véraison qui s’est enclenchée de manière hétérogène et lente. L’abondance des précipitations a aussi provoqué une augmentation forte et rapide du poids des grappes qui sont devenues compactes. Cette situation a été propice au développement de foyers de botrytis dont la gravité a été amplifiée ou réduite par les conditions agronomiques et d’entretien de chaque parcelle. Les œnologues s’inquiètent déjà du développement précoce et continu du botrytis dans les parcelles de Chardonnay, de Merlot, de Sauvignon, de Colombard non maîtrisées en rendement et qui n’ont pas fait l’objet d’effeuillage, de traitements anti-pourritures spécifiques et de vendanges en vert. Il semble que cette année, la qualité de l’évolution des grappes au cours de la maturation soit fortement liée aux efforts déployés par les viticulteurs pour contenir les rendements et aérer les raisins. C’est sans aucun doute l’évolution des foyers de botrytis qui sera en 2004 le critère déterminant pour décider de la date de récolte optimum. Sur le plan aromatique, les dégustations de baies de Chardonnay, de Sauvignon et de Colombard témoignent actuellement d’un niveau de concentration bien supérieur à celui de l’année dernière au même stade de maturation. Au niveau des cépages rouges, il est encore trop tôt pour ce faire une idée juste du potentiel phénolique. Les conditions climatiques des trois premières semaines de septembre vont être déterminantes vis-à-vis de l’évolution du potentiel de qualité, ce est qui assez classique dans nos vignobles de la façade atlantique.

Pour les Ugni blanc, la véraison a été aussi très hétérogène, lente et légèrement plus tardive qu’une année moyenne. L’abondance des précipitations (100 à 150 mm selon les zones) a fait grossir rapidement les grappes, et les baies sont dans l’ensemble déjà serrées. Les résultats des quatre premiers contrôles de maturation de la Station Viticole du BNIC permettent de penser que le millésime 2004 se présente sous le signe de l’abondance et l’objectif des 120 hl/ha de la QNV sera atteint sans aucune difficulté. La véraison s’est terminée à la fin août mais déjà des foyers de botrytis étaient présents dans de nombreuses parcelles et il est probable que l’évolution de l’état sanitaire sera directement liée à la climatologie des quatre prochaines semaines. La compacité de beaucoup de grappes représente un sujet d’inquiétude vis-à-vis de l’évolution du botrytis qui ne demande qu’à prospérer à la faveur de l’arrivée de nouvelles pluies. Les contrôles de maturité mettent aussi en évidence des niveaux d’acidités normaux et par contre des teneurs en azote assimilable plutôt basses. Les techniciens expliquent ce phénomène par l’état de déficit hydrique des sols jusqu’à la fin juillet qui a semble-t-il gêné le processus de minéralisation de l’azote dans les sols. Si le climat chaud et ensoleillé des premiers jours de septembre vient à se poursuivre jusqu’à la fin du mois, le millésime peut s’avérer très intéressant alors que si un contexte humide s’installe, l’état sanitaire risque de se dégrader assez rapidement.

L’équipe de la « Revue Le Paysan Vigneron » édite un nouveau Guide de la Vinification dont la finalité est d’aider les viticulteurs à anticiper le suivi de la maturation de leurs parcelles et la conduite de leurs vinifications. Nous avons essayé de réunir des informations pratiques et essentielles pour nourrir des réflexions œnologiques à caractère préventif. En effet, la meilleure connaissance du potentiel de qualité des raisins avant de les récolter représente sans aucun doute le premier acte majeur de vinification. Dans ce numéro spécial, des fiches d’enregistrement sont encartées pour faciliter la conduite des vinifications des différentes productions, les vins blancs secs, les vins rouges, les vins de distillation et l’élaboration de Pineau des Charentes. Nous espérons que l’ensemble de ces documents faciliteront le travail des vinificateurs qui sont encore confrontés à un millésime difficile à apprécier à une vingtaine de jours de la récolte. Bonnes vendanges 2004.

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