Un démarrage du cycle végétatif 2016 impacté par la « douceur »

26 mai 2016

Le cycle végétatif qui s’annonçait début mars comme très précoce a retrouvé une certainenormalité suite aux « fraîcheurs » du mois de mars et de début avril. Le débourrementse déroule avec seulement 2 à 3 jours d’avance par rapport à celui de 2015. L’annéequi s’annonce ni précoce, ni tardive est pourtant déjà impactée par la climatologieextrêmement douce et pluvieuse du premier trimestre.

Les premiers éléments concernant lecontexte de production du millésime2016 permettent d’observer le rôle cléde la climatologie vis-à-vis du débourrementde la vigne et de l’appréciation desrisques parasitaires. Les suivis des donnéesmétéorologiques à l’échelle de larégion, des micro-secteurs et au sein despropriétés viticoles sont désormais essentielspour mieux anticiper la gestion desitinéraires culturaux. Les conditions climatiquesextrêmement particulières del’hiver 2015-2016 ont déjà façonné le débutdu cycle végétatif.

Novembre et décembre très doux et secs

La phase de repos végétatif durant lapériode de novembre à mars a été marquéepar une absence de froid. L’hiver2015-2016 a été chaud avec des niveauxde températures moyens les plus hautsobservés depuis nombreuses décennies. Ilest indéniable que le réchauffement climatiquedevient de plus en plus perceptible.Dans notre région, où des périodes defroid pendant l’hiver étaient fréquentes,le nombre de jours de gel en 2015-2016s’est limité à seulement quelques joursavec des baisses de températures justeen dessous 0 °C. Les mois de novembreet décembre 2015 ont été secs et surtouttrès doux. Les vignes ont gardé leur feuillagetard en saison, et la sève a sembléavoir du mal à descendre.Les travaux de taille n’ont commencé qu’àpartir de la fin novembre, mais la clémencedu climat en décembre a facilitéleur avancement. Les précipitations ontété pendant cette période très inférieuresaux valeurs moyennes.

Janvier et février très pluvieux et doux avaient réveillé la végétation

Par la suite, la douceur du climat s’estpoursuivie durablement jusqu’aux premiersjours de mars. Le premier trimestrede l’année 2016 a été marqué par l’abon-dance des pluies, 202 mm en janvier,127 mm en février et 83 mm en mars. Aucours de ces trois premiers mois, le cumuldes pluies a été plus de 2 fois supérieuraux précipitations moyennes. Il est tombé412 mm de pluie répartis sur un nombrede jours très important.Cela correspond à peu près à la moitiéde la pluviométrie annuelle dans notrerégion. Durant cette période, le nombrede jours de gel a aussi été particulièrementfaible, et en janvier et février lesniveaux des températures moyennes ontété élevés et nettement supérieurs auxvaleurs de référence.Début mars, l’hiver semblait fini et lanature a commencé à se réveiller. Danscertaines parcelles de vignes bien exposéeset taillées tôt, les premiers pleurssont apparus. Le top départ du cycle végétatif2016 était enclenché avec une précocitéexceptionnelle qui inquiétait tous lesobservateurs.

Des pleurs et des bourgeons gonflésdès le début mars

Dans les régions viticoles du Sud de laFrance, les cépages précoces manifestaientaussi une avance spectaculaire.Début mars en Gironde, les bourgeons deSauvignon blanc les plus avancés situésdans les terres de graves légères étaientau stade gonflement, ce qui permettaitd’envisager un débourrement ultra-pré-coce. En Charentes, les parcelles decépages précoces de Chardonnay et dePinot noir avaient également bougé àcette période (stade gonflement de la plupartdes bourgeons). Par contre, les Ugniblanc restaient plus « calmes », mêmesi des pleurs se produisaient dans lesparcelles taillées tôt. Les effets date detaille et précocité naturelle des terroirssemblent avoir eu cette année une incidenceforte sur le réveil des bourgeons.Les parcelles taillées en décembre ontréagi à la douceur du climat de janvier etfévrier. À l’inverse, celles taillées en févriern’avaient pas bougé. Au 5 mars, le processusd’éclosion semblait lancé avec uneprécocité spectaculaire, et la perspectived’un débourrement ultra-précoce seprofilait. Les viticulteurs, qui étaient trèsinquiets du réveil précoce des bourgeons,ont dû accélérer le déroulement des dernierstravaux d’hiver.

Mars froid et pluvieux a considérablement retardé la précocité

À partir de début mars, le thermomètre alittéralement plongé et heureusement, carles sols très humides avaient commencé àse réchauffer. Le mois de mars a été particulièrementfrais avec des niveaux detempératures bien inférieurs aux valeursde saison. La vigne a réagi immédiatementà cette chute du thermomètre. Lesbourgeons légèrement gonflés ont donnél’impression de ralentir, voire de bloquerleur cycle de développement en attendantdes jours plus cléments. La fraîcheur s’estpoursuivie jusqu’au 10 avril et la précocitéconstatée début mars s’est progressivementérodée au fil des semaines. Au final,le débourrement 2016 se déroule à uneépoque pratiquement similaire à celle de2015 et à des dates tout à fait comparablesà la moyenne de la dernière décennie.

Une date de débourrement 2016 dans la moyenne de la décennie

Vincent Dumot, l’ingénieur de la Stationviticole du BNIC chargé du suivi du réseaumaturation, considère que le débourrement2016 n’est ni précoce ni tardif. Il réaliseun suivi du débourrement sur un petitréseau de parcelles de références qui a étéimplanté en 1979. La situation des différentsîlots de parcelles et le choix du typed’observations effectuées depuis l’origineconfèrent à cette information un état deslieux du débourrement en situation précoce.Le stade végétatif de référence pourquantifier le départ du débourrement estla présence de 50 % des bourgeons austade 03 (bourgeons dans le coton). Ladate moyenne de débourrement durantla période 1979 et 2016 est le 4 avril, etcelle de la décennie 2005-2015 se situeau 5 avril. L’année dernière, le débourrementétait intervenu le 8 avril. En 2016,V. Dumot le situe autour du 2-3 avril, soitavec seulement quelques jours d’avance.La précocité annoncée début mars s’estdonc presque totalement contractée.

L’hiver très doux a peut-être retardé la levée de dormance des bourgeons

Pourquoi l’Ugni blanc a-t-il réagi aussifortement à la séquence de fraîcheur du5 mars au 5 avril ? La vigne comme toutesles plantes a besoin d’une somme de températurespour accomplir son cycle végétatif.Plus un cycle végétatif démarre tôt,plus les chances de voir son déroulements’effectuer complètement sont importantes.Durant l’automne et l’hiver, les sarmentset les futurs bourgeons connaissentune évolution très importante, la phased’aoûtement qui a une incidence sur laqualité et l’époque du débourrement suivant.À partir du début de la véraison, laphase d’aoûtement des bois commence.Les souches « travaillent » pour constituerdes réserves (des sucres stockéssous formes d’amidon et de composéscomplexes) dans les bois et les troncs.Le capital de réserve sert à assurer ledébourrement et la croissance des jeunesrameaux au printemps suivant jusqu’aumoment où les feuilles deviennent productricesde nutriments.L’appréciation du potentiel de réservesaccumulées dans les souches et la mobilisationdes nutriments au printempspour stimuler le débourrement restentdes sujets complexes à appréhender. Unefois l’aoûtement terminé, les bourgeonsentrent en dormance pendant l’hiver.C’est en quelque sorte la phase de reposvégétatif. Durant cette étape, la souchedoit emmagasiner des besoins en froidssuffisants pour assurer la levée de la dormancedes bourgeons et assurer ensuiteleur bon démarrage au printemps suivant.Lors d’hivers très doux comme celuide 2015-2016, on peut se demander sile capital de froid emmagasiner par lessouches à la fin février a été suffisant ?La levée de dormance n’était peut-être pasencore intervenue début mars malgré ladouceur du climat. Le retard de débourrementobservé suite au mois de mars fraisest peut-être lié en partie à un phénomènede retard de levée de la dormance desbourgeons.

Une accélération du débourrement entre le 10 et le 15 avril

Le débourrement a commencé sur lescépages précoces à partir du 20 mars pourles Chardonnay, et les bourgeons de Merlotavaient atteint le stade pointe verte dans lesderniers jours de ce mois. Les Ugni blancplus tardifs sont arrivés au stade gonflementdes bourgeons entre le 5 et le 10 avrilselon l’état de précocité des parcelles.Cette année, la précocité semble fortementliée à l’incidence des effets liés à la proxi-mité du littoral, à la situationgéographique, à la nature dessols et à la date de taille quisont assez marquées. Les îlotstaillés en décembre présententune réelle avance de 5 à 7 jours.Le débourrement n’a pas réellementlangui, même si lesconditions du mois de mars ontsemblé le bloquer. L’éclosiondes bourgeons a connu uneaccélération assez perceptibleà partir du 10 avril.Les premières observationsdans de nombreux secteurs duvignoble laissent penser que,pour l’instant, les stades desbourgeons au sein des îlotssont assez homogènes.Les écarts de pousse au niveau des Ugniblanc étaient très perceptibles au 20 avril.Pour l’instant, le taux de débourrementsemble bon. Dans des parcelles tailléestôt et bien exposées, 30 % des bourgeonsavaient atteint le stade 2 feuilles étalées.Dans les secteurs tardifs, la végétationà cette même date était au stade pointeverte. Les conditions climatiques des 2 ou3 semaines à venir entre le 25 avril et le15 mai sont généralement déterminantespour stimuler le développement végétatif.C’est réellement à partir du stade 3 feuillesétalées que les techniciens commencerontà avoir une idée plus juste de la qualité dudébourrement.

Deux petites gelées sans réelles conséquences mais rien n’est encore « gagné »

L’état d’avancement du cycle végétatifdepuis le 10 avril rend maintenantles vignes beaucoup plus sensibles auxgelées matinales. Une premièrepetite gelée intervenuele 4 avril avait un peu frisé lesfeuilles des cépages précocesdans les situations basses dela région.Une nouvelle alerte de gel le18 avril au matin a beaucoupsurpris car les prévisionsmétéo n’avaient pas annoncéde chute aussi forte du thermomètre.Des températures inférieures à– 1 °C ont été constatées dansdivers secteurs du Pays Bas,de Charente et du Sud de laCharente-Maritime. Quelquesdégâts ont été observés sur lescépages précoces et dans les zones réputéestrès gélives.Heureusement, les Ugni blanc plus tardifsdans le secteur du Pays Bas n’étaientpas encore à un stade de sensibilité maximale.Le stade moyen pointe verte est atteintdepuis le 20 avril et la poursuite de niveauxde températures plus élevés semble maintenantaccélérer l’éclosion des bourgeons.Souhaitons que les matinées des deux outrois semaines à venir ne soient pas trop« fraîches » !

L’excoriose présente doit être surveillée de près

Les conditions climatiques depuis le début de l’année extrêmementpluvieux et doux constituent un sujet de préoccupation visà-vis des risques de développement de certains parasites. L’excorioseest en nette progression dans le vignoble depuis trois ans.Cette maladie a comme conséquence de fragiliser la structuredes bois et de nuire à la qualité du débourrement. Des comptageseffectués par les techniciens des chambres d’agriculturede Charente et de de Charente-Maritime au sein d’un réseau deparcelles confirment l’implantation de cette maladie.Des symptômes sur les bois ont été identifiés sur 37 % des boisde taille au cours de l’hiver 2015-2016, alors qu’en 2014-2015seulement 25 % des bois en étaient porteurs. Ces résultats nesont peut-être pas le reflet de la situation régionale mais ilsattestent de l’expansion de l’excoriose. D’autres observationsde techniciens de la distribution font état d’une absence desymptômes sur les bois dans les parcelles qui, au printempsdernier, avaient été protégées avant le 1er mai.Dans les secteurs non protégés précocement en 2015, l’inoculumest par contre bien présent. Les conditions des deux premièresdécades d’avril 2016 avec de fréquentes pluies ont été propicesà des contaminations potentielles dont les conséquencesne deviennent réelles qu’à partir du moment où les bourgeonsatteignent le stade pointe verte.

Mildou : être très attentif à la climatologie entre le 20 avril et le 10 mai

L’autre sujet d’inquiétude est bien sûr le mildiou, car cette maladieprospère avec une certaine constance dans divers secteursdu vignoble Charentais depuis plusieurs années. Les conditionshivernales douces et très pluvieuses vont-elles stimuler le développementde la maladie en début de saison ? Les techniciensayant en charge les suivis de la protection du vignoble considèrentque l’état de la situation au 20 avril ne permet pas de porter unjugement fondé pour apprécier de manière objective le niveau derisque. Un certain nombre d’éléments techniques issus des suivisde terrain et de la modélisation contribuent à nourrir le débat surle risque mildiou. La réalisation de suivis biologiques de la germinationdes oeufs d’hiver effectués au cours de ce printempspar la FREDON de Cognac confirme que les organes de conservationde la maladie sont mûrs depuis les 8-10 avril. Les donnéesissues de la modélisation confirment aussi la maturité desoeufs d’hiver et indiquent que des contaminations élites sansconséquences pour le vignoble étaient en mesure de se produireà partir du 19 avril, si bien sûr les conditions sont favorables.Cela signifie qu’à partir de cette date des contaminationsprimaires pourront se produire dès que la végétation seraréceptive (à partir du stade 2 feuilles étalées). Les parcelles decépages précoces ont généralement atteint ce stade à la mi-avril,et certaines parcelles d’Ugni blanc très précoces les suivent deprès. Au niveau régional, le stade moyen 2 feuilles étalées seraatteint dans le courant de la dernière semaine d’avril. La périodeclé pour apprécier la puissance potentielle de l’épidémie de mildiouva se situer entre le 20 avril et le 10 mai, d’où l’importanced’être très attentif à la météorologie et à l’état de développementdes parcelles durant cette période.

Un automoteur Turbipano 4 rangs

La société Dagnaud, à Montils, a beaucoupinvesti depuis 10 ans dans le développementd’une gamme de pulvérisateursconfinés. L’entreprise vient deprésenter un nouveau modèle de pulvérisateurTurbipano 4 rangs destiné à travaillerdes vignes étroites. L’équipement,qui utilise les technologies de confinementet de pulvérisation développéessur la gamme 2 rangs, présente de nombreusesinnovations.

Le challenge technologique était ambitieuxcar il fallait concevoir une unitéde traitement confiné performante etfonctionnelle sans que la maniabilité del’automoteur soit pénalisée. FrédéricDuguet, Anthony Duguet et Patrick Guilloryont relevé ce défi technologique enfaisant preuve de sens de l’innovation. Lademande de cet équipement a été formuléepar le château Larose-Trintaudondans le Médoc. Les responsables de cedomaine souhaitaient réaliser des traitementsconfinés avec un équipement performantpour être en mesure de protéger dessurfaces importantes dans la journée.Une rampe de pulvérisation légèreet peu encombrante une fois repliéeLa société Dagnaud a conçu une cellule depulvérisation autonome qui s’adapte sur unediversité de tracteurs enjambeurs et de porteursde récolte. Les deux contraintes principalesd’un tel matériel résidaient dans lepoids de l’utilisation de 4 modules Turbipanoet leur repliage en bout de rang et lors desdéplacements routiers. Une rampe innovantea été conçue (et brevetée) en utilisantun matériau léger, l’aluminium. La rampes’ouvre et se ferme grâce à deux éléments,un support central supportant deux cellulesde traitements et un autre supportant lesdeux cellules extérieures. Chaque moduleTurbipano pour des vignes de type médocainene pèse pas plus de 55 kg. Le modulecentral s’escamote verticalement au-dessusde la cuve et les deux modules latérauxse replient dans le gabarit du porteur. Uneseule commande permet de déclencherl’ouverture et la fermeture de la rampe etla mise en route de la pulvérisation s’effectueautomatiquement. La conception de larampe pour le château Larose-Trintaudonpermet de s’adapter à des largeurs de vignesqui vont de 1 m à 1,50 m. Plusieurs autresmodèles de rampes sont en cours de développementpour s’adapter à des vignesallant de 1,50 m à 2,50 m d’écartement.Chaque module Turbipano est suspendu àla rampe par un mécanisme spécifique àla fois souple et rigide. L’appareil peut êtreéquipé de différentes cuves d’une capacitéde 800, 1 000, 1 500 ou 2 000 l selonla structure du porteur. Un incorporateurde bouillie a été intégré au matériel. Lacellule de pulvérisation complète (avecsa rampe) peut être attelée ou dételée enmoins de 30 minutes.

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