UGVC – Pesticides : le syndicat viticole réagit à la charge médiatique

4 novembre 2016

Stéphane Roy, le président de l’UGVC, le dit et ce n’est pas faux. Ces derniers mois, les vignobles de Bordeaux et de Cognac ont été régulièrement pris pour cible par les médias pour dénoncer les dangers des pesticides sur l’environnement et la santé. Pour la première fois, le syndicat viticole s’exprime sur le sujet.

C’est arrivé en fin de réunion des vendanges (le 21/09), de manière un peu inattendue. Le président de l’UGVC s’est fendu d’une longue déclaration aux accents un peu programmatiques. A quel sujet ? Au sujet des différents reportages qui, ces derniers mois, ont pris pour cible le vignoble bordelais et/ou le vignoble charentais. Au cœur du débat, le recours aux pesticides et les effets sur la santé. Dans une intervention assez balancée, Stéphane Roy a à la fois défendu la profession et pratiqué la politique de la main tendue. Sera-t-il entendu ? Retour sur son intervention, reprise in extenso.

 

 

« Faire évoluer nos pratiques»

 

« A chaque fois qu’il a été présenté, le référentiel Viticulture durable a remporté un vif succès. C’est à nous, viticulteurs, de nous emparer de cet outil pour continuer à faire évoluer nos pratiques et les installations de nos exploitations. Il s’agit donc d’intensifier une démarche vertueuse qui permettra de projeter la filière dans l’avenir, de la faire évoluer dans un monde où l’écologie prendra une place dominante. »

 

Le faire savoir 

 

« Consciente de l’enjeu, la viticulture cognaçaise a fondamentalement changé ses pratiques depuis quinze ans. Mais encore faut-il parvenir à le faire savoir. Il me semble que les efforts effectués ne sont pas perçus à leur juste valeur. Pour illustrer mon propos, je constate que les régions de Cognac et Bordeaux sont très régulièrement visées par les campagnes de communication alertant sur le danger des produits phytosanitaires et pourtant ce sont les régions viticoles où il se vend le plus de pulvérisateurs confinés qui limitent la dérive de ces produits. Nous essayons d’être des bons élèves et pourtant nous sommes la cible des critiques les plus virulentes et souvent les moins étayées. Le débat n’est pas rationnel. »

 

« Ces enfants, ce sont les nôtres » 

 

« Notre filière est essentielle pour la bonne santé économique des deux Charentes. Nous sommes d’ailleurs très fiers de contribuer à la vie de notre territoire. Mais attention, cela ne nous donne pas tous les droits et nous devons prendre en compte l’impact environnemental de notre filière, afin de vivre en harmonie avec les riverains. Et c’est ce que nous faisons concrètement sur le terrain. Comment pouvons-nous imaginer le contraire ? On présente souvent les viticulteurs comme insensibles aux alertes des associations environnementales, conditionnés par le lobbying des firmes phytosanitaires. C’est idiot. Car ces riverains qui vivent auprès de nos parcelles, ce sont bien souvent nos amis, nos familles. Ces enfants qui étudient dans ces petites écoles entourées de vignes, la plupart du temps, ce sont les nôtres. Serions-nous cyniques à ce point ? »

 

Transparence

 

« Si des études épidémiologiques doivent être menées, qu’elles le soient. Et quand elles ont été faites, nous ne nous y sommes jamais opposés, bien au contraire. La viticulture est favorable à la transparence sur le sujet. Mais je souhaite que cette transparence existe des deux côtés, pour que le débat puisse avancer sereinement et de façon scientifique. »

 

« Lobby contre lobby »

 

« Les reportages  télévisuels alertent sur un sujet qui nous interpelle tous mais colportent aussi beaucoup de désinformation. Quand on lit les études citées en référence, on s’aperçoit parfois que les résultats sont détournés pour servir une lutte médiatique contre les grandes firmes phytosanitaires. Quand on entend que les viticulteurs traitent leurs vignes pour s’agrandir et être plus rentables, on se dit que les auteurs font preuve d’une méconnaissance la plus totale de notre métier.  La réalité, c’est que ces reportages ne cherchent pas à établir des faits, ils défendent une cause. Ces reportages s’inscrivent dans le cadre d’un lobbying contre les laboratoires phytosanitaires, ils ne cherchent pas à informer les gens mais à aiguiller l’opinion. »

 

« Empoignade médiatique »

 

« La viticulture et les riverains assistent dubitatifs à l’empoignade médiatique opposant les lobbys environnementaux aux lobbys des labos phytosanitaires. Dans cette lutte où le raisonnement scientifique n’existe plus, où la mesure et la transparence n’ont plus droit de citer, chacun cherche à susciter l’adhésion de l’opinion et tant pis s’il faut s’arranger avec la vérité. Mais tout ce cirque médiatique n’est pas sans conséquence sur la vie quotidienne des gens. Il faut que ça s’arrête ! Le climat anxiogène qui en découle monte les gens les uns contre les autres dans nos campagnes. D’un côté, nous avons des personnes malades qui se posent légitimement des questions sur l’origine de leurs maux, sans obtenir de réponse valable. De l’autre côté, notre profession est prise en étau entre le feu médiatique des associations environnementales et la pression des laboratoires phytosanitaires. Ces laboratoires cherchent à se dédouaner de leur responsabilité via des contraintes d’utilisations de plus en plus draconiennes, voire inapplicables. »

 

«Faire porter la responsabilité aux viticulteurs»

 

« Pour votre information, à l’heure où je vous parle, les services du ministère travaillent à la réécriture du décret régissant l’épandage des pesticides à proximité des zones sensibles. On nous propose par exemple d’étendre pour la viticulture les zones sensibles aux habitations et d’obliger les travailleurs viticoles à porter des EPI au-delà du délai de réentrée dans les parcelles. Ne nous leurrons pas, on cherche à faire porter la responsabilité sur les viticulteurs si un scandale sanitaire éclatait. C’est inacceptable. Je rappelle un point primordial : les viticulteurs épandent des produits homologués par l’Etat. Si ces produits, qui ont reçu une autorisation de mise en marché, sont dangereux, tirons-en les conséquences. Grâce à l’innovation scientifique, que les laboratoires les fassent évoluer, afin de les rendre moins nocifs. »

 

Démarche constructive –  

 

« Pour éviter l’impasse dans notre région, la viticulture souhaite avancer en toute transparence. Je dis aux Présidents locaux d’associations environnementales que nous souhaitons travailler avec eux sur le sujet de façon constructive dans l’intérêt collectif, en sortant de la logique de lobby. »

 

Diagnostic

 

« Si nous voulons avancer ensemble, il y a cependant un élément que nous devons tous partager car nous le constatons quotidiennement année après année : tous les viticulteurs ont besoin de traiter leurs vignes, qu’ils soient certifiés bio ou non, qu’ils soient gros ou petits. Nous avons à ce titre besoin de techniques efficaces, réalistes économiquement et respectueuses de l’environnement, de la santé des riverains et du personnel agricole. La première étape de ce travail doit porter sur le diagnostic. Si l’on veut avancer, celui-ci doit être partagé par tous, il faut donc que nous définissions ensemble le cadre des enquêtes à réaliser. Messieurs les Présidents, j’espère que vous comprendrez notre démarche et que nous arriverons ensemble à avancer en bonne intelligence dans l’intérêt de tous. »

 

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