Les Brandies à l’Epreuve De l’Approvisionnement

17 mars 2009

Issue de la coopération viticole, l’UFAB (Union française des alcools et brandies) fait partie des quatre principaux élaborateurs de Brandies européens (deux en France, un en Italie, un en Espagne). Elle réalise environ 30 % des exportations françaises de Brandies. Après avoir connu des difficultés financières, à cause des problèmes politiques entre la Moldavie, la Géorgie et la Russie, elle a opéré un redressement spectaculaire.

 

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Maurice Crouzet, président de la Fédération française des Brandies.

Jean-Marc Crouzet a repris la direction générale de l’UFAB à la suite de son père, Maurice Crouzet. Une complicité évidente lie les deux hommes, gage d’un bon passage de relais. C’est préférable dans ces métiers à forte dimension humaine et relationnelle. C’est en tandem qu’ils sont intervenus à l’assemblée générale de l’UCVA. Président de la Fédération française des Brandies, Maurice Crouzet a brossé un tableau panoramique des Brandies, rappelant au passage que le Brandy constituait la forme la plus généralisée de consommation d’eaux-de-vie de vin et que le Brandy était au Cognac ce que les vins de table étaient aux AOC. L’Europe produit plus de 3 millions d’hl AP de Brandies, élaborés principalement par quatre opérateurs importants, deux en France, l’UFAB à Vauvert et la société Bernard à Ambès, un en Espagne, un autre en Italie. Assurant le vieillissement et la préparation des eaux-de-vie, les élaborateurs de Brandies constituent le maillon intermédiaire entre les distilleries et les metteurs en marché. La Fédération française des Brandies, qui compte environ 25 membres, a vocation à regrouper ces metteurs en marché, situés pour les deux tiers dans la région de Cognac. Le Brandy élaboré en France n’est pas consommé sur place. La totalité de la production française, soit 330 000 hl AP, est exportée, en vrac pour 200 000 hl AP et en bouteille pour 130 000 hl AP. Bien que recherchée par les clients, l’origine française du Brandy n’est pas toujours mise en avant. Une des actions de la FFB a consisté à faire reconnaître l’indication géographique de provenance « French brandy » ainsi qu’à réclamer sa protection. « Avec le Brandy français, nous allons passer du vin de table au vin de pays » explique M. Crouzet. Pour être français, le Brandy doit être distillé en France avec des vins français, ce qui n’est pas toujours le cas. Par ailleurs, l’Union européenne va protéger le nom de « Brandy français », dans la mesure où il figurera à l’annexe 3 du Règlement européen 1576/89 sur les boissons spiritueuses, un document listant tous les spiritueux européens, en cours de révision.

Maurice Crouzet a évoqué un autre problème, encore plus déterminant pour la filière : « l’approvisionnement fiable et compétitif de nos produits ». Face à la disparition de la distillation « alcool de bouche » article 29, la profession dispose-t-elle de solutions de remplacement ? Bien sûr, comme source d’approvisionnement, elle peut compter sur les DPLC (distillations du plafond limite de classement) des régions d’AOC. Mais cela ne représente, bon an mal an, que 60 000 hl AP « alors qu’il en faudrait le double ». La filière considère « qu’il n’est pas impossible non plus que certaines régions soient intéressées par la création d’un vignoble spécifique, avec signature de contrats pluriannuels d’approvisionnement du marché du brandy ». Mais elle sait bien que la viticulture française ne s’engagera pas massivement dans cette voie, contrairement à l’Espagne, beaucoup plus concernée. Côté français, d’autres pistes sont à l’étude avec, toujours, le double critère de pérennité et de compétitivité.

redressement spectaculaire

Après avoir enregistré un « trou financier » de 6 millions d’euros consécutif aux problèmes politiques de la Géorgie et de la Moldavie avec la Russie, l’UFAB a opéré un redressement spectaculaire. Ses dettes ont été ramenées à 200-300 000 €, entièrement couvertes. L’exercice 2006-2007, consigné dans les comptes consolidés de l’UCVA, s’est conclu sur un résultat positif. Jean-Claude Raynaud, ancien président de l’UFAB – Hubert Brunereau l’a remplacé – a parlé du climat de confiance qui avait présidé à la prise de position majoritaire de l’UCVA dans le capital de l’UFAB. « Nous avons tous mis sur la table et ce qui a été dit a été fait. » Il a rappelé que la première incursion de l’UCVA à Vauvert datait de 1997. A l’époque, il s’agissait de racheter le stock d’alcool de la SAV (Société des alcools vinicoles). En quelques propos imagés, l’ancien président de l’UFAB a tenté de faire comprendre à ses collègues viticulteurs du Sud-Ouest que le commerce du Brandy n‘était pas le marché dérégulé que d’aucuns pouvaient imaginer. « En dix ans, nous avons connu qu’un seul problème de paiement, avec une coopérative portugaise et encore ce problème est-il en passe d’être résolu. En Moldavie, notre acheteur a vendu des actifs pour pouvoir nous régler. » De même, « l’exotisme » n’est pas forcément au rendez-vous. Le travail exige rigueur et implication sur le long terme. « Entre le départ des marchandises et la mise à la consommation, il peut s’écouler un an ou un an et demi. Pour une livraison à Moscou par exemple, la cargaison transite par Fosse, Anvers puis rejoint le port de Tallinn en Estonie avant d’être embarquée par rail jusqu’à Moscou où elle est dédouanée. Plusieurs mois d’attente seront encore nécessaires pour que le produit se stabilise, en sachant que les délais de paiement pourront atteindre jusqu’à un an. » Le commerce du Brandy, pas plus que celui du Cognac, n’est affaire d’amateurs.

 

Distillation de crise

Système d’entonnoir

Souvent qualifiée de « filet de sécurité », la distillation de crise est maintenue dans la nouvelle OCM mais à des conditions de financements qui iront s’amenuisant.

La nouvelle OCM n’erradique pas le principe de la distillation de crise. Par contre, un système dégressif guide son financement. Durant les quatre prochaines campagnes, les Etats membres viticoles pourront demander et obtenir le maintien de la distillation de crise. Mieux, cette distillation pourra être abondée sur l’enveloppe européenne attribuée aux Etats membres mais à des conditions strictement contingentées : ne pas dépasser 20 % de l’enveloppe la première campagne, 15 % la deuxième, 10 % la troisième et 5 % la quatrième. Au-delà, la distillation de crise pourra toujours s’appliquer mais uniquement sur budget d’Etat.

 

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