UCVA – Distillerie de Coutras : Autonome énergétique, maîtrise des filières de valorisation

14 avril 2017

Assemblée générale très R&D, Recherche & Développement que celle de l’UCVA cette année. La distillerie de Coutras fourbit ses armes avant de procéder à un nouveau « bond en avant » : la valorisation de son alcool industriel dans la bio-carburation, si possible en circuit court. De manière générale, des investissements importants attendent la filière « marcs et lies »  pour promouvoir son bioéthanol de génération avancée, issus des résidus de la vinification

 

Le calme avant la tempête ou plutôt le sprinter qui retient son souffle avant de lâcher les chevaux…C’est un peu l’impression qui prévalait lors de cette AG de l’UCVA, en février dernier. Assez peu d’investissements sur l’exercice 2015/2016 clos en août 2016 : amélioration et extension de l’atelier électrique / mécanique…peu de chose en somme pour une entreprise que les K € n’effraient pas quand il s’agit de faire progresser l’outil. Mais l’UCVA se projette dans l’avenir et l’avenir, selon elle, passe par les biocarburants. « C’est une opportunité pour nous » a fermement déclaré Hubert Burnereau, président de l’UCVA mais également de Raisinor France Alcool, la Sica qui fédère l’essentiel des distilleries vinicoles, privées comme coopératives, pour la valorisation de l’alcool industriel issu de la distillation des résidus de la vinification. Quelque part, c’est le directeur Raisinor France Alcool, Jérôme Budua, qui s’est retrouvé en première ligne lors de la réunion. En bon tennisman qu’il est, il a jonglé avec les E 85 et les ED 95, carburants « verts » tous les deux mais valorisés différemment. Définitions.

Le E 85 est un carburant contenant 85 % de bioéthanol et 15 % d’essence sans plomb. Pour fonctionner avec ce type de carburant, les voitures essence peuvent soient être équipés d’un moteur FlexFuel sortie usine ou, après coup, d’un kit FlexFuel. A ce jour, environ 60 000 voitures en France circuleraient à l’E 85. Un chiffre infinitésimal c’est vrai, pour au moins deux rasions : d’une part, parce que les marques automobiles françaises  proposent très peu de modèles (un par marque pas plus) ; d’autre part, l’expansion de l’E 85 bute sur un problème, celui du manque de disponibilité à la pompe, même si l’automobiliste ne risque pas de tomber en panne. A défaut d’Ethanol E 85, son réservoir accepte n’importe quelle essence sans plomb SP 95, 98, E10. Reste qu’à ce jour, seules quelques rares enseignes proposent de l’E 85 : Total Acess, Carrefour…Mais c’est un peu l’histoire de l’œuf et de la poule. Si le mouvement s’amorce, si la demande progresse les pétroliers n’auront d’autres choix « que d’y aller ». Et puis les  choses risquent de s’accélérer. Avec un prix à la pompe qui se rapproche de 50 cents le litre, l’E 85 se situe dès aujourd’hui comme le carburant le moins cher du marché. La raison ! Une fiscalité allégée, justifiée par l’objectif de « décarboner les transports ». Et ce différentiel de taxes ne pourra que se creuser au fil du temps.

Après l’E 85, l’ED 95. Carburant incorporant lui aussi un fort taux d’éthanol (plus de 90 %), il s’utilise non pas dans les moteurs essence mais dans les moteurs diesel. C’est le motoriste suédois Scania qui a la haute main sur le savoir-faire technologique. L’autre différence avec l’E 85, en France tout au moins, c’est que l’ED 95 n’est pas vendu dans les stations-service. Il est donc réservé aux flottes captives gros porteurs – bus, cars, camions de livraison – qui alimentent leurs véhicules via les cuves stockées sur leurs sites. Suite à une belle bataille de lobbying qui opposa les « sucriers – comprendre les betteraviers producteurs d’éthanol – à la filière vinicole du bioéthanol, Raisinor a obtenu le dégrèvement de la TGAP (taxe générale sur les activités polluantes) pour son biocarburant dit de  « génération avancée ». Un bioéthanol est dit de génération avancée ou encore « vertueux » quand il est produit à partir de résidus, tels les marcs de raisins. Autre bonne nouvelle : l’ED 95 vient enfin de décrocher son homologation technique en tant que bio-carburant.

Par rapport à cet environnement, comment se positionne l’UCVA? En ce qui concerne l’E 85, le grand projet de la filière vinicole, porté par la Sica Raisinor Alcool, consiste à créer, en partenariat avec un pétrolier, une unité de déshydratation d’alcool. D’un point de vue technique, la déshydration de l’alcool consiste à porter l’alcool à plus de 99 %, un process sinon complexe du moins onéreux, qui requiert un passage sur résines échangeuses d’ions. Un gros investissement que les professionnels justifient de la manière suivante – « Nous sommes les seuls à proposer du bioéthanol de génération avancée sur le territoire français voire européen. Il faut en tirer profit !» Contact avait été pris avec Dyneff, un pétrolier indépendant, passé il ya quelque temps sous contrôle de capitaux chinois et Kazakh. Alors que la phase transitoire d’études s’achève en avril prochain, il n’est pas sûr que le deal se conclue avec Dyneff. « Cela ne remet pas en cause le projet» indique Jérôme Budua.

En ce qui concerne l’ED 95, l’UCVA est en train de réfléchir à des solutions techniques qui lui permettraient à terme « de fournir du carburant à la sortie de la distillerie ». Aujourd’hui, le bio éthanol d’origine vinique est distillé à Vauvert, près de Nîmes. L’idée ! Privilégier le circuit court, le « consommé local», bref, l’économie circulaire. Une idée bien dans l’air du temps, qui a le soutien des politiques et notamment de la Région Nouvelle Aquitaine. Le président de l’UCVA a confirmé que la distillerie de Coutras était dans les « starting-blocks pour procéder à quelques petits investissements derrière les colonnes afin d’être en capacité de produire du bioéthanol  E 95 ». Techniquement, c’est possible.  Si le bioéthanol destiné à la carburation est distillé à 95 %, les distilleries comme l’UCVA sortent déjà des alcools à 92 % vol.

En tout état de cause,  à partir de juin prochain, une ligne de bus Blaye-Bordeaux (la ligne 201) va rouler au ED 95, à partir du bioéthanol distillé à Vauvert. De même, deux entreprises du secteur vinicole vont tester l’Ed 95 en Gironde, la société H&A, spécialisée dans la location de barriques et la société Veynat, leader du transport liquide alimentaire. Sur le département de Gironde, s’organisent en ce moment des mini-stations pour approvisionner les deux sociétés. « Par rapport au gazole, le prix du biocarburant commence à devenir compétitif puisqu’il est vendu entre 80 cents et un euro le litre hors TVA» a indiqué Jérôme Budua. Une vérité « vraie », à relativiser cependant. Hubert Burnereau s’en est chargé. « Le moteur diesel adapté à l’ED 95 consomme entre 30 et 50 % de plus qu’un moteur diesel normal.» Pour le directeur de Raisinor Alcool le handicap  n’est pas rédhibitoire – « L’ED 95 est définitivement classé parmi les énergies propres. Bientôt, cela permettra à des véhicules fonctionnant avec ce type de carburant d’accéder aux centres des grandes villes. Nous nous situons sur une optique d’avenir. » D’ici à la fin d’année, le constructeur Scania va proposer une nouvelle motorisation diesel développant un peu plus de 400 CV (280 CV aujourd’hui), vraiment adaptée aux gros-porteurs. De même ses équipes travaillent sur un nouveau système d’injection à 2 000 bars qui peut laisser espérer une diminution de la consommation ainsi que des émissions de polluants.

Pour la filière vinicole, tout n’est pas réglé, loin s’en faut. Il va falloir trouver sa place dans un univers, le biocarburant, dominé en France par les betteraviers. Quand une grande usine de déshydratation betteravière déshydrate 15 000 hl d’AP par jour, la filière vinicole envisage d’en déshydrater 40 000 hl AP…par an. « Forcément, le coût de revient ne sera pas le même. » Mais cela n’effraie pas les distilleries vinicoles. « Nous n’envisageons pas de devenir des pétroliers. Dans l’affaire nous sommes et resterons les petits Poucets . Entre nos 400 000 hl AP de biocarburant produit annuellement et les 12 millions d’hl AP de la filière betteravière, il n’y a pas photo. Malgré tout, avec le dispositif du double comptage qui nous assure un avantage fiscal, nous sommes un peu les éléments perturbateurs de ce marché. » Pour sa part, Frédéric Pellenc, le directeur de la FNDCV (Fédération nationale des distilleries coopérative) constate la ferme intention de l’Union européenne de favoriser les bioéthanols de génération avancée par rapport à ceux dit de première génération, issu de matières premières pouvant servir à l’alimentation humaine. «L’objectif est que les seconds surpassent à terme les premiers. A priori, les deux courbes devraient déjà se croiser en 2018 ». Quant au président Burnereau, il a délivré une conclusion en forme de pied de nez. « Le Cognac ne veut plus de nous pour fabriquer du Brandy avec ses excédents. Alors, nous nous tournons vers le biocarburant. Ce sera peut-être plus porteur».

 

 

Fédéric Pellenc, directeur de la FNDCV *

 Distillation des résidus de la vinification : bilan de la réforme

 

En 2014, un décret mettait fin au quasi monopole des distilleries vinicoles pour le traitement des résidus de la vinification (marcs et lies). Quel bilan, deux ans plus tard ?

 

Le 18 août 2014 (parution le 20) sortait un décret modifiant les règles du jeu. Désormais, pour éliminer leurs résidus de vinification (marcs et lies), les viticulteurs auraient le choix entre plusieurs solutions alternatives de dépollution (méthanisation, compostage…). Exit le principe de livraison obligatoire à une distillerie. Une réunion tenue le 14 décembre dernier à FranceAgriMer en présence de représentants du Ministère de l’agriculture a fait le point, deux ans plus tard, de l’impact de la réforme sur le traitement des marcs et  lies.

En moyenne, sur les campagnes 2012 à 2014, le tonnage des marcs avait représenté environ 790 000 tonnes pour la France entière. A l’époque, les distilleries en avaient traité 736 000 tonnes soit 93 % du total. Deux ans plus tard, ce pourcentage atteint 97 %. Paradoxalement, il aurait  augmenté ! Tendance légèrement inverse pour les lies. La part des distilleries passerait de 96 à 91 %.

Présent comme tous les ans à l’assemblée générale de l’UCVA, le directeur de la FNDC (Fédération nationale des distilleries coopératives vinicoles),  Frédéric Pellenc, a tenté une explication. « Pour les marcs, c’est peut-être à mettre sur le compte des nouvelles contraintes imposées par le texte – pesage des marcs, analyses – qui ont convaincu ceux qui ne livraient pas en distilleries – des viticulteurs bios notamment – à le faire. Et puis il y a l’arrivée de nouvelles distilleries.» Au sujet des lies, il y voit tout simplement l’effet de récoltes plus faibles et/ou moins chargées en lies. Bref, ce que révèle l’étude, c’est un statu quo, une quasi permanence des volumes. La réforme n’a, d’aucune façon, changé les pratiques.

Ce que redoute sans doute davantage le directeur de la Fédération des distilleries coopératives, c’est ce qu’il appelle « la concurrence d’usages ». « De plus en plus d’acteurs, de taille plus ou moins importante, s’intéressent à la question de la gestion des résidus de la biomasse. C’est dans l’air du temps. Il ne faudrait pas déshabiller Paul pour habiller Jacques. »

Le directeur de la FNDCV a ensuite abordé un sujet qui va s’inviter très vite au débat : la réforme de la PAC (Politique Agricole Commune). Le budget est assuré jusqu’en 2020 mais après ? Si les Etats membres et l’Union européenne ont admis, le 24 janvier dernier, via un règlement d’exécution, qu’il y aurait bien un nouveau programme national d’aides à la viticulture pour la période 2019 à 2023, des interrogations se posent dès aujourd’hui, y compris pour la distillation des sous-produits.

Hubert Burnereau, président de l’UCVA mais aussi de Raisinor France, de l’UFAB, a rendu hommage à Frédéric Pellec en fin de réunion. « M. Pellenc est en alerte constante tous les jours, sur tous les sujets intéressants la filière, au national comme au plan communautaire. Il faut être au courant pour, dans un temps record, éteindre l’incendie. Une simple étincelle peut devenir catastrophique. » Il a pris l’exemple récent du taux de méthanol (dit encore alcool méthylique) contenu dans l’alcool industriel. « Certains de nos amis polonais se sont mis à boire du liquide lave-glace et en sont morts. Aujourd’hui, le gouvernement polonais demande à l’Europe de rabaisser à 0,60 % le taux de méthanol présent dans l’alcool industriel alors que certaines eaux-de-vie, de fruits notamment, en contiennent 1 % et plus. C’est un dossier complètement ubuesque mais qui peut faire très mal si l’on n’y prend garde. Aujourd’hui, à Bruxelles, le dossier n’est pas clôturé, le décret est en cours de rédaction. Tout cela pour dire que la vigilance se doit d’être permanente. »

 

 

 

 Les investissements dans l’environnement  

Depuis 30 ans, la distillerie UCVA a conduit une vigoureuse politique d’économies d’énergie et environnementale. Rappel par Jean-Michel Letourneau.

 

 

 

1985 – Mise en place d’un méthaniseur de 3 700 m3 pour traiter les effluents et valoriser le biogaz en chaudière – « Nous fûmes les premiers avec nos amis de Revico à Cognac ».

1999 – Installation d’un second méthaniseur d’une capacité de 6 700 m3.

2004 – Système (d’origine italienne) pour traiter les rejets gazeux de combustion de la pulpe de raisin sortie du séchoir ainsi que les fumées de la chaudière biomasse. Montant de l’investissement : 1 million d’€. « Pour nous, une révolution. C’en était fini du panache de fumée qui traînait sur des kms. »

2006 – Installation d’un concentrateur des vinasses méthanisées. L’évaporateur permet d’atteindre un taux de dépollution de 99,8 %.  « Un grand pas dans la dépollution des rejets liquides. » Coût : 2,5 millions d’€.

2011 – Mise en service d’une chaudière biomasse destinée à se substituer à la chaudière gaz pour la production de vapeur. Investissement : 3,7 millions d’€. La chaleur de la biomasse est recyclée sur le séchoir et finie par le traitement de la fumée.

2012 – Construction d’un parc de cuverie d’une capacité de 50 000 hl vol pour le stockage des jus de silos récupérés par drainage des silos à marcs. En moyenne, 120 000 hl vol. sont récupérés ainsi par campagne soir 8 500 hl AP. Montant : 1,4 million d’€.

2014 – Construction d’un bâtiment de 170 m de long, 60 m de large pour abriter les composts. Investissement : 3,3 millions d’€

« Le site dépollue l’équivalent d’une ville de 250 000 habitants » a indiqué le directeur de l’UCVA.

 

  UCVA :  Un exercice satisfaisant

 

 

 

Bon exercice 2015/2016 pour l’UCVA. Le résultat courant avant impôt s’est élevé à 2,9 millions d’€ contre 1,9 million d’€ l’exercice précédent.

 

 

 

Toutes activités confondues, le chiffre d’affaires 2015/2016 de la coopérative UCVA (sans les aides) a atteint 7,45 millions d’euros, en augmentation d’un peu plus de 600 000 €. En grandes masses, la vente d’alcool issu de la distillation des marcs et lies – l’activité primaire de la distillerie – a représenté 4,17 millions d’€ (56 %  du total) contre 3,17 millions d’€ l’exercice précédent. Sur ce chiffre, l’alcool industriel destiné à la carburation a pesé pour 2,77 millions d’€ (2,4 M € en 2014/2015) et les alcools dits « à d’autres destinations » – alcools de bouche de la filière brandy vendus à l’UFAB – 1,4 million d’€ (un tiers). L’autre principale source de rentrées est venue des coproduits – tartrate de chaux, huile de pépin de raisin…- pour 44 % du total (3,2 millions d’€ contre 3,5 M € l’exercice précédent). En 2014/2015, la proportion était inversée  entre co-produits et vente d’alcools.

 

A ce chiffre de 7,45 millions d’€, il convient de rajouter les aides FranceAgriMer à la collecte et la transformation : 4,4 M€ contre 4,1 M€ l’exercice précédent. D’où un chiffre d’affaires, aides comprises, de 12 millions d’€. Les charges d’exploitation se sont révélées, elles, relativement stables d’un exercice à l’autre.

 

Commentaire de Christian Nebout, responsable du service comptabilité gestion de l’UCVA – « Une partie importante du résultat est venue de la vente des alcools et des pépins secs. » Ch. Nebout s’est livré à une analyse assez courante à l’UCVA – « Et si les aides n’existaient pas ? » « En l’occurrence, sur cet exercice, nous aurions été tout juste à l’équilibre. Certaines années, nous nous retrouvons en léger déficit» « Il y a deux façons de voir les choses, a-t-il poursuivi. Soit considérer que c’est plutôt pas mal de pouvoir apporter ce service aux adhérents  sans rien leur demander ; soit se dire, effectivement, qu’après tout, les aides ne sont pas indispensables. Mais outre que, sans les aides, nous ne pourrions verser aucune indemnité aux livreurs, les aides sont précieuses car elles nous aident à conforter notre capacité d’investissement. »

 

Les vins destinés à la production d’alcools industriels ont été rémunérés aux adhérents 40 € l’hl AP, 98 € l’hl AP pour les dépassements de vins AOP.  Pour les marcs – 97 663 tonnes sur la récolte 2015 – le conseil d’administration a décidé  de verser aux adhérents une indemnité de 25 € l’hl AP, en contrepartie de leur participation à la collecte. « Ainsi, a indiqué Christian Nebout, 2,6 millions d’€ sont retournés à la viticulture, entre les 490 000 € liés aux apports de vins et le 1,4 million d’€ affecté aux apports de marcs et lies ».

 

Au 31 août 2016, le fonds de roulement de l’UCVA atteignait 24 millions d’€, en augmentation de 2,8 millions d’€, un montant qui s’explique davantage par un recul des investissements que par une envolée des produits. Expert-comptable et commissaires aux comptes ont évoqué une « gestion prudente, un bilan très sain, une cagnotte qui ne s’est pas faite en un jour. »

 

Les perspectives d’avenir sont du ressort de Jean-Michel Letourneau, le directeur de la structure. Il a débuté son intervention par les chiffres issus de la récolte 2016. En tonnage, il les a donnés comme à peu près similaires à ceux de 2015, avec de beaux volumes dans le Bordelais, des quantités plus erratiques en Charentes, touchées par le gel, la grêle. Fait inhabituel ! Dans son rapport, J.M Letourneau est revenu sur le passé, sur ces trente dernières années marquées par des investissements significatifs en matière environnementale. Le signe, sans doute, de la place prise par « l’économie verte» dans des entreprises comme l’UCVA (voir encadré). « On ne s’endort pas, on réfléchit, on se tourne vers l’avenir ».

 

Il a parlé d’autonomie énergétique, d’économie circulaire. Il a évoqué le « French Brandy » dont la réglementation devrait sortir cette année. «Aujourd’hui même, une réunion se tient sur le sujet. »

 

En avant-première, il a signalé que l’UCVA allait lancer, sur son site, la construction d’un chai de stockage d’alcool de bouche d’une capacité de 20 à 25 000 hl AP. » Un dossier auquel Jean-Michel Letourneau est particulièrement attaché.

 

 

 

Pépins de raisins : Une mer d’huile

 

 

 

Le tartrate de chaux extrait de la distillation des marcs et lies a connu des cours erratiques depuis l’arrivée sur le marché de la molécule de synthèse chinoise. Mais il n’est pas le seul. Les pépins de raisins pour la fabrication de l’huile sont également soumis au phénomène de yo-yo.

 

 

 

Sur l’exercice 2014/2015, les coproduits (tartrate, pépins, pulpes…) avaient représenté, avant les aides, 56 % du chiffre d’affaires de la coopérative, avant les aides. En 2015/2016, la proportion s’est inversée : 43 % pour les coproduits contre 56 % pour la vente d’alcools. Le tartrate de chaux (précurseur de l’acide tartrique naturel) ne se relève toujours pas de l’irruption, au début des années 2000, de la molécule de synthèse chinoise (voir article page…). En 2014, un volume correct, malgré des cours bas, avait réussi à restaurer la rentabilité du produit. Rien de tel en 2015 : si les tonnages n’ont pas été ridicules (1 164 T), les cours sont plus faibles que jamais.

 

En ce qui concerne les pépins de raisins pour l’huilerie,  les volumes ont certes progressé (plus de 12 000 T) – tonnage de pépins étroitement lié à celui des marcs – mais les prix ont dévissé. Après avoir grimpé jusqu’à 200 € la tonne en 2013, les deux dernières campagnes furent marquées par une baisse des cours. En clair, les volumes ont progressé mais le chiffre d’affaires a diminué de presque 20 %.

 

C’est la Sica Raisnor France qui, pour le compte de l’ensemble de ses adhérents (distilleries vinicoles françaises, coopératives et privées), s’occupe de la commercialisation des pépins de raisins. « Quand je suis arrivé à Raisinor France, se souvient Jérôme Budua, son directeur, nous collections 40 000 tonnes par an et les cours se situaient en dessous de 100 € la tonne. Puis ils ont monté à plus de 200 € pour baisser à nouveau. Les quantités, elles, ont décollé. Aujourd’hui, la collecte dépasse les 70 000 tonnes. Si bien que le transformateur, les Grandes Huileries Médiaco, à Béziers, est saturé. » Evidemment, cela n’aide pas à défendre les prix. Explication de J. Budua – « La collecte s’effectue dans un laps de temps très court. D’une année sur l’autre, nous avons du mal à anticiper les volumes. » Conséquence : les reliquats de stock s’accumulent, pesant sur les cours et la fabrication. Pour faire face à l’afflux de tonnage, GHM – dont Raisinor est  actionnaire minoritaire – met en place un outil logistique pour mieux gérer les apports, tant du point de vue quantitatif que qualitatif. Demain, un label Pro-France va sans doute émerger, pour mieux « tracer » l’huile française, bataillée par des concurrents espagols ou italiens, pas toujours regardants sur le pourcentage d’huile de pépin de raisin dans la bouteille. C’est principalement sous la marque Cauvin que l’huile de pépin de raisin issue des distilleries françaises se commercialise. Une huile de pépin de raisin qui ne représente que quelques % dans le marché global de l’huile. Mais les choses  ne sont pas figées. Chez GHM (Grandes Huileries Mediaco), l’actionnaire majoritaire français vient d’être remplacé par un actionnaire majoritaire japonais, bien connu de Raisinor puisque l’un de ses principaux clients. Numéro 3 de la distribution de l’huile de pépin de raisin au Japon, l’homme d’affaires nippon est en train de négocier de nouveaux contrats en Corée du sud. A  terme, ils pourraient avoir pour effet de doubler les volumes de vente dans ce pays. En Asie, l’huile de pépin de raisin a très bonne presse (sans jeu  de mots), non seulement pour son côté « vert » mais aussi parce qu’elle supporte des températures de cuisson très élevées.

 

 

 

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