Travaux En Vert, Un Plus Qualitatif…

18 mars 2009

La maîtrise des rendements et la qualité sanitaire de la vendange sont des priorités pour obtenir des vins de qualité. Petit rappel des opérations afin d’optimiser les travaux.

l’effeuillage mécanique

travaux_vert_opt.jpegL’effeuillage de la vigne est une pratique connue pour influer sur la qualité sanitaire de la vendange. En effet, la meilleure aération des grappes limite le risque de maladies cryptogamiques et améliore la pénétration des produits.

Par contre, peu de gens savent que cette pratique a aussi un intérêt organoleptique d’autant plus fort que les vignes sont vigoureuses. En effet, la lumière et la chaleur favorisent la dégradation des IBMP (molécule responsable des arômes du poivron vert) et l’augmentation des teneurs en polyphénols.

La période

Par contre, il convient d’être prudent et d’opérer l’effeuillage dans de bonnes conditions pour limiter le risque de coupures de portions de grappes si l’effeuillage est pratiqué trop tôt (floraison) et les risques de blessures sur baies s’il est pratiqué trop tard (véraison).

La période optimale est située entre les stades « nouaison » (27) et « fermeture de la grappe » (33) pour les travaux mécaniques et jusqu’à véraison pour les travaux manuels. Toutefois, certaines effeuilleuses peuvent (ou doivent) être utilisées hors de ces phases.

Les effeuilleuses à soufflerie (pneumatiques) doivent être utilisées très tôt afin d’éviter au maximum les blessures. Elles peuvent aussi réaliser un léger échardage et favoriser la chute des capuchons floraux.

Les effeuilleuses à barre de coupe doivent être utilisées dès que les grappes sont « descendues » et avant fermeture pour limiter le risque de blessure.

Les effeuilleuses thermiques peuvent être utilisées après fermeture de la grappe à condition de ne pas « rentrer » trop dans la végétation, ce qui limite parfois leur efficacité. Le principe de fonctionnement de ces engins est le choc thermique. Pour rappel, cela ne signifie pas que les feuilles doivent être flétries ou brûlées juste après votre passage. Il est donc parfois difficile de bien ajuster l’approche de la végétation et la vitesse de passage.

Les effeuilleuses à rouleaux qui présentent de très bons résultats peuvent être utilisées jusqu’à véraison à condition d’être très vigilant. Les performances des machines utilisées dans le créneau d’intervention ne sont pas un gage de parfaite réalisation hors de ce créneau.

Comment effeuiller ?

L’effeuillage doit être réalisé sur un seul côté du rang, du côté ombragé (donc celui orienté Est ou Nord) et doit se limiter en hauteur à la zone fructifère, soit entre 30 et 50 cm maximum. Au-delà, on risque de diminuer gravement la surface de feuillage nécessaire à une bonne maturation du raisin.

Une fois l’effeuillage réalisé, il est plus facile, dans un premier temps, de compter les grappes (elles sont plus visibles) afin d’estimer le rendement potentiel, et, dans un deuxième temps, de décider de l’opportunité d’un éclaircissage.

l’estimation du rendement potentiel

La formule de base :

(RENDEMENT/ha)/(nombre de grappes x poids moyen des grappes x nombre de souches) =130 (blanc) ou 140 (rouge)

Nombre de grappes/souche : le sérieux du comptage sera gage de la précision de l’estimation. Faire 3 à 5 comptages précis de 5 souches successives réparties dans la parcelle à estimer en comptant bien toutes les grappes.

Estimation du poids moyen des grappes : on observe une très grande variabilité du poids moyen des grappes, notamment entre les références historiques et les références observées sur le terrain depuis une dizaine d’années. Ce paramètre peut être adapté selon les années (taille des inflorescences, coulures…), selon le type de taille (grappes plus grosses en Guyot qu’en cordon), l’historique de la parcelle… Retenir comme poids moyen des grappes par cépage :
estimation.jpg

 

 

 

 

 

Nombre de souches/ha : un hectare de vigne n’est jamais planté à 100 % de sa surface. On retirera 5 à 10 % de pieds pour compenser les tournières et, éventuellement, 5 à 10 % de plus si la parcelle compte beaucoup de manquants.

Exemple :
parcelle de 1 ha plantée à 2 m x 1,10 m = 4 545 pieds/ha. Si on compte 10 % de tournières et 5 % de manquants, on obtient 3 863 pieds « réellement » présents sur la parcelle.

Rendement en jus ; raisin/vin : il est souhaitable de distinguer un rendement en jus différent selon une vinification en rouge et une vinification en blanc. Retenir un coefficient de :

130 ➩ pour une vinification en blanc

140 ➩ pour une vinification en rouge

Exemple : parcelle de 1 ha de Merlot, plantée à 4 500 p./ha, présentant 10 % de manquants et taillée en Guyot double et ayant 14 petites grappes (0,200 kg) par pied :

Nombre de pieds réellement présents :

4 500 – 10 % (tournière) – 10 % (manquants) = 3 600
3 600 x 14 x 0,200 = 10 080 kg de raisin/ha
(10 080)/(140) = 72 hl/ha soit 30 % de plus que le rendement (base à 55 hl/ha)

Autre approche :

(Rendement théorique souhaité x 130 (blanc) ou 140 (rouge))/(Nombre de souches x Poids des grappes)= Nombre de grappes à laisser

l’éclaircissage

Attention, même si elles sont souvent systématisées, les vendanges en vert ne devraient être qu’un palliatif à la maîtrise de la taille et de la vigueur. On peut même lire dans certains manuels que le but principal de la taille est d’éviter de pratiquer un éclaircissage.

L’intérêt de l’éclaircissage est de mieux maîtriser le rendement et la qualité sanitaire ainsi que d’optimiser la maturation des baies. En effet, les grappes coupées seront plutôt celles entassées, celles malades (botrytis…), celles qui présentent un sérieux retard de maturité et celles qui sont situées en 3e position sur les rameaux. De plus, il est aisé de comprendre que la maturité sera plus favorisée sur un pied qui porte 10 grappes que sur un pied qui en porte 20.

Trouver la période idéale

Plus le travail est réalisé tôt, plus les phénomènes de compensation sont élevés, par augmentation du poids moyen des grappes.

L’augmentation du poids moyen des grappes peut s’élever jusqu’à
+ 50 % pour un éclaircissage effectué à la nouaison et + 15 % pour un éclaircissage effectué fin véraison. En fonction de la période où vous interviendrez, il faudra donc tenir compte d’un coefficient correcteur dans la définition du nombre de grappes à supprimer.

De même, plus l’éclaircissage est réalisé tard (fin véraison), moins l’intérêt de l’opération sera grand (faible augmentation du degré alcoolique, moindre concentration).

Les meilleurs résultats sont obtenus par un éclaircissage au stade : DEBUT VERAISON.

Une fois déterminé le nombre de grappes à supprimer, il faut tenir compte d’un coefficient de compensation (autour de 20 % à début véraison). Donc, par exemple, si d’après calcul, on doit faire tomber 5 grappes par pied en moyenne, il faudra réellement en faire tomber 5 + 20 % = 6.

Les grappes à faire tomber doivent être réparties sur la souche (3 par latte par exemple) en choisissant en priorité les grappes malades ou blessées, les grappes en 3e position sur les rameaux et les grappes entassées (rouges à l’extérieur mais vertes à roses à l’intérieur, croisements de lattes…).

Les limites

Une des premières limites de l’éclaircissage est bien entendu l’aspect économique. Le temps à passer sur les parcelles est considérable et il sera d’autant plus important si le levage (et relevage) et l’effeuillage ont été mal réalisés.

Une autre limite technique voit le jour depuis quelques années. Si le nombre de grappes à faire tomber est peu conséquent, le phénomène de compensation peut être plus préjudiciable que la non-réalisation de l’éclaircissage. En effet, la compensation provoque une augmentation du volume des baies et une diminution du rapport peau/pulpe.

Le travail d’éclaircissage est, nous l’avons vu, une technique pointue et coûteuse en temps et en main-d’œuvre. Ce travail doit donc être réservé aux parcelles qui devront faire les vins les plus concentrés et aux parcelles les plus chargées.

Il convient donc, pour bien faire, de passer après l’effeuillage sur ses parcelles afin de déterminer les rendements théoriques et le nombre de grappes moyen. Une fois ces éléments connus, on pourra affiner sa stratégie et définir les parcelles qui auront le plus besoin de cette opération.

Si cette opération est récurrente sur certaines parcelles, cela traduit certainement un excès, qu’il soit de boutons laissés à la taille et/ou de vigueur. Il faudra alors prendre les mesures adéquates de correction.

A lire aussi

Collectif 30 000 Martell – Objectif 0 herbi

Collectif 30 000 Martell – Objectif 0 herbi

Le projet du groupe est le maintien de la réduction significative des intrants phytosanitaires, fongicides et insecticides, d’au moins 50% par rapport à la référence et l’arrêt total du désherbage chimique, tout en maintenant la productivité. Cette viticulture...

Optimiser la qualité de pulvérisation de son appareil

Optimiser la qualité de pulvérisation de son appareil

Guillaume Chaubenit adhére au Collectif 30 000 Martell. Il a choisi de tester le programme LUMA, un programme phytosanitaire sans DSR, avec des produits 5m pour les ZNT. Changement de pratiques, année à pression forte pour le mildiou, ce jeune viticulteur, confiant...

error: Ce contenu est protégé