13 mars 2009

Le modèle bordelais : pas plus en panne que les autres

Accordant semble-t-il beaucoup d’importance à l’information, le président de l’interprofession a promis que les viticulteurs, coopérateurs et négociants seraient régulièrement tenus au courant sur « les actions menées, leur évaluation et les dossiers en cours ». Prenant la défense de sa région, il a voulu réfuter l’idée selon laquelle « le modèle bordelais était en panne ». « Je m’aperçois, a-t-il dit, que toutes les régions sortent des plans stratégiques. Le modèle bordelais est certainement perfectible et je ne me prive pas de le dire mais c’est l’ensemble de la filière viticole mondiale qui est en difficulté. Il faut être conscient que la notoriété de Bordeaux est encore exceptionnelle mais les médias et les professionnels du monde entier ont les yeux braqués sur Bordeaux. Sachons ne pas les décevoir en adoptant les mesures nécessaires à une nouvelle dynamique de notre grande région. » Sur le sujet de la promotion, Christian Delpeuch estime le dossier suffisamment important pour que la réflexion se poursuive. « Nos concurrents, eux, ne désarment pas. » La loi Evin lui semble, comme à beaucoup d’autres, un handicap. « Notre produit est en réel danger. La loi Evin nous prive réellement de la possibilité de communiquer sur nos spécificités. Dès lors, le choix du consommateur s’oriente vers des boissons dont les budgets de publicité sont énormes. Je souhaite donc que les demandes d’aménagement technique soient enfin votées pour que le vin puisse utiliser pleinement les registres d’une communication qualitative sur une ressource à protéger, un aliment à consommer, une civilisation à défendre. » En conclusion, le président du CIVB a souhaité qu’un nouvel état d’esprit se mette en œuvre.

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Surproduction et baisse des prix : le cycle infernal

A la crise de consommation largement décrite s’ajoute une crise de surproduction au niveau mondial. Depuis 2002, on produit trop de vins de qualité à l’échelle de la planète. Par la voix du nouveau président de l’interprofession Christian Delpeuch, Bordeaux avoue un déséquilibre de plus de deux millions d’hl. « Notre potentiel global de production est de l’ordre de 5,5 millions d’hl alors que notre capacité de production est plus près des 7 millions d’hl, avec, paraît-il, sur les vignes, l’équivalent de près de 8,5 millions d’hl. Les cours actuels sont le résultat de cette situation. » Le vignoble girondin n’est pas le seul à s’être laisser- aller. Depuis deux ans, la Californie et l’Australie connaissent une crise de surproduction. Les surstocks s’expliquent par l’arrivée en production de jeunes vignes. Conséquence : en Australie, sur les Syrah, les prix ont chuté de 40 % et ils ont baissé de 11 % sur le marché des raisins en Californie. Commentaires des observateurs : « Les grands groupes de ces pays vont redoubler d’agressivité commerciale du fait de cette surproduction des trois dernières récoltes, offrant une matière première à bas prix. » Extraits d’un reportage du journal les Echos sur les vignobles australiens et californiens. « L’Australie rurale connaît une ruée vers l’or rouge. Les vignes se multiplient au bord des routes tracées au cordeau. L’engouement pour le vin date des années 80, avec des cépages phares comme le Sémillon ou la Syrah et aussi le Chardonnay. Des marques réputées appartiennent à des multinationales comme Pernod-Ricard. Dans une nation dévouée à la bière, ce sont les Australiennes qui ont imposé le vin – de préférence blanc et de cépage Chardonnay – comme un symbole de raffinement. » Même son de cloche du côté des Etats-Unis, où les producteurs américains jouent de la « francomania », quitte à détourner le modèle français à leur profit. Le report des Echos relate ainsi son passage dans Sonoma et Napa Valleys. « Passé le Golden Gate Bridge, la 101 se dissout progressivement dans l’Amérique rurale. Dans les vallées de Napa et de Sonoma, on n’imagine pas qu’il est bien vu de s’avouer Français. Pourtant les Californiens du nord ont adopté le steak-frites. Ils ont la tête dans le Luberon et cèdent au french paradox. Depuis 20 ans, les Américains se familiarisent avec le Pinot noir et le Merlot. Ils plébiscitent le Chardonnay et le Cabernet-Sauvignon… La nationale 12 conduit au cœur de la bucolique Sonoma pimentée de routes sinueuses. Les plants de vignes côtoient des oliviers et des champs de lavande. Un air de rusticité savamment entretenu règne sur la Sonoma. Si les viticulteurs de la voisine Napa roulent en jeep Cherokee, vêtus de Ralph Lauren, les vignerons de la Sonoma, griffés en Calvin Klein, optent pour un pick-up plutôt ancien mais parfaitement entretenu. On ne s’apprécie guère d’une vallée à l’autre. Contraste entre l’Amérique rurale de la Sonoma et le petit air hollywoodien de la Napa. Gina Gallo nous reçoit à Healdsburg, dans la première salle de dégustation ouverte par Ernest & Julio Gallo. L’héritière de la plus grande exploitation viticole (75 millions de caisses par an dans quatre-vingt-dix pays) ressemble à une américaine moyenne ou à une bobo. Au détour d’une conversation, elle évoque le lancement ce printemps de Red bicycle, un vin du Languedoc, vendu 9,9 dollars. L’étiquette représente un français sur un vélo rouge avec une baguette dans un cabas, un chien à ses côtés. Très french rustic. »

Extraits du supplément des Echos n° 19241- Articles viticoles sous la signature de Jonathan Faren.

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