Syntéane : un premier exercice de « construction d’entreprise »

26 décembre 2008

La coopérative Syntéane a tenu sa première assemblée générale à la fin du mois de décembre et la démarche de construction d’entreprise décidée l’année dernière est entrée dans une phase concrète. L’activité de la coopérative a été perturbée par la climatologie particulièrement atypique au cours de l’année 2000-2001, surtout au niveau des conditions de récolte et des mises en terre des cultures. Par ailleurs, le président et les membres du conseil d’administration ont clairement affiché la volonté de la coopérative de s’investir dans la filière de production viticole. Les deux entités viticoles que sont VCS (la coopérative des Vignerons des Côtes de Saintonge) et la Sica Thalassa ont fusionné avec Syntéane, et un groupement de producteurs de vins de qualité est en cours de constitution.
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L’assemblée générale de Syntéane s’est déroulée dans une ambiance sereine et empreinte de réalisme, et cette jeune coopérative est encore dans une phase de construction. M. Michel Grenot, le président, a clairement exprimé que la fusion de deux coopératives s’apparente à une véritable démarche de construction d’entreprise qui demande beaucoup d’efforts et mobilise toutes les énergies. Le premier exercice a été marqué par quelques dysfonctionnements d’ordre administratif qui sont en cours de résolution. Il a aussi clairement affirmé la volonté du conseil d’administration de faire de Syntéane une entreprise aux structures solides ayant une dimension économique suffisante au plan régional pour porter de nouveaux projets de valorisation des productions. La présentation du bilan des activités de la coopérative et de ses filiales a permis de prendre toute la mesure des efforts qui ont été engagés pour assurer la mise en œuvre d’une démarche d’entreprise réaliste et en phase avec les attentes des sociétaires.

Un premier exercice avec des résultats contrastés mais la situation financière est saine

Sur le plan financier, les résultats de ce premier exercice de Syntéane sont assez contrastés et difficiles à comparer à ceux de 1999-2000 qui regroupaient les activités de l’Océane, de Syntéane et de l’Ucaso. Le chiffre d’affaires est en recul de 9 % (814 MF au lieu de 895 MF) et le résultat net s’élève à 8,1 MF alors qu’il était de 21 MF lors du précédent exercice. L’activité globale de la coopérative qui reste satisfaisante a été perturbée par les conditions climatiques de la collecte d’automne. Les créances auprès des adhérents constituent tout de même un sujet de préoccupation et cela traduit les difficultés de trésorerie auxquelles sont confrontés les éleveurs et les viticulteurs. L’excédent brut d’exploitation (après dotation aux provisions sur actif circulant) représente 4,2 % du chiffre d’affaires au lieu de 5,2 % l’année dernière. Lors de leurs interventions, les commissaires aux comptes ont qualifié la situation financière de saine, comme en témoignent les niveaux d’indépendance financière de 75 % et un fonds de roulement comparé au chiffre d’affaires voisin de 20 %. La collecte céréalière enregistre un recul en tonnage de 4 %, suite aux conditions déplorables de récolte des maïs. En effet, les collectes de blé, d’orge et de tournesol sont restées à peu près stables et d’une qualité assez moyenne. Le maïs, avec 26 000 ha de production, est la principale culture et sa récolte, qui avait commencé à une époque normale, s’est étalée pendant plus de trois mois pour se terminer dans le courant du mois de janvier. Les potentiels de rendements qui s’annonçaient élevés au départ ont malheureusement décliné au fur et à mesure que la moisson s’étalait. Dans certaines zones, les inondations ont même rendu impossible l’accès aux parcelles et les agriculteurs ont perdu leur récolte.

La climatologie a entraÎné une modification des assolements

Le secteur de l’agrofourniture enregistre un recul d’activité de 5 % du chiffre d’affaires qui est essentiellement lié à une régression des mises en terre de céréales d’automne. Les pluviométries exceptionnelles du mois d’octobre au début avril ont littéralement bousculé la gestion des assolements. Les mises en terre de blé ont régressé de 40 % avec seulement 15 000 ha, compte tenu de l’impossibilité de pouvoir préparer les sols dans de bonnes conditions. Par contre, cela a entraîné une augmentation des surfaces d’orge de brasserie de 50 % (21 800 ha) et une progression de la jachère nue. De nombreuses palettes de semences de blé sont restées dans les dépôts à l’automne et la gestion des approvisionnements s’en est trouvée fortement perturbée. Par ailleurs, le très mauvais état agronomique des sols au moment des semis à l’automne et au printemps a eu une incidence significative sur les niveaux de productivité des récoltes de céréales 2001. Les ventes d’approvisionnement sur le secteur vigne sont restées stables en chiffre d’affaires et la coopérative couvre un potentiel de 22 000 ha. Les forts besoins de couverture mildiou au cours de la saison 2000 avaient engendré des besoins de complément de programmes et aussi fait baisser le niveau des stocks en culture. Les ventes de morte-saison de l’hiver 2000-2001 se sont déroulées dans un contexte de demande tout à fait normal. Le segment vigne représente 46 % des ventes totales de produits phytosanitaires.

Une collecte en net recul sur l’exercice 2001-2002

M. Joël Murat, le directeur en charge de la coopérative, a donné quelques informations sur l’exercice 2001-2002 qui sera aussi fortement perturbé par la climatologie. Les conditions désastreuses de préparation des sols à l’automne et au printemps ont considérablement gêné les semis de blé et de maïs au printemps. La collecte de blé en juillet 2001 a été divisée par deux en raison de l’effet cumulé de la réduction des surfaces emblavées et des rendements assez moyens. Le niveau de qualité très hétérogène des blés constitue aussi un sujet de préoccupation supplémentaire pour leur commercialisation. La collecte d’orge de brasserie a par contre fortement progressé et globalement la qualité des récoltes était correcte. La période de sécheresse à l’automne 2001 a eu une incidence négative sur les rendements de tournesol qui ont diminué au fur et à mesure de l’étalement de la collecte. Enfin, la récolte de maïs s’est effectuée dans de bien meilleures conditions que l’année dernière, mais la collecte enregistre un recul significatif surtout dans les parcelles irriguées (de parfois plus de 20 % sur certaines zones). La très mauvaise structure des sols au moment des semis a entraîné une mauvaise levée et il manquait des pieds dans les parcelles. Paradoxalement, les maïs en culture sèche se sont beaucoup mieux comportés. Globalement, la collecte de Syntéane au cours de l’exercice 2001-2002 sera en recul de 18 %.

Présentation des activités des différentes filiales

syntane_public_opt.jpgLa situation financière du groupe est assez comparable à celle de la coopérative et M. Alain Cardinaux, le directeur des filiales Meuneries et de distributions viticoles (SDD et Unicognac), a présenté les résultats des différentes entreprises. Les libres-services agricoles à l’enseigne Gamm Vert de la filiale Syntonie Distribution ont vu leur activité progresser de 20 % en chiffre d’affaires, suite à l’intégration du magasin de Saintes. La politique de rénovation des magasins en vue de les rendre de plus en plus attractifs stimule le développement de ce pôle d’activité auprès d’une clientèle qui devient de plus en plus exigeante. Le magasin de Saintes sera donc déplacé au cours du prochain exercice. L’activité d’Unicognac a été contrastée et la baisse des ventes en France a été compensée par une progression des exportations aux Etats-Unis et en Asie. Les indicateurs économiques de cette filiale sont bons puisque l’excédent brut d’exploitation a doublé et des provisions ont été constituées en vue de la réorganisation des activités d’embouteillage avec VCS. Le niveau des stocks de cognac en propriété de Syntéane et d’Unicognac reste stable avec 4,1 années et les stocks de Pineau sont en diminution. L’activité de la filiale maïs pop-corn Sphère Production après un démarrage difficile devrait atteindre son rythme de croisière au cours de l’exercice 2001-2002. Suite à la phase de conquête de marché auprès de la grande distribution, les efforts de l’entreprise se portent maintenant vers la qualité et l’assurance qualité (traçabilité, démarche HACCP). La minoterie Gautier David a eu un niveau d’activité stable tant au niveau des tonnages de céréales écrasées que sur le plan commercial. 70 % du chiffre d’affaires sont réalisés auprès du marché de la boulangerie artisanale avec l’enseigne Banette en exclusivité locale. Cette filiale doit faire face actuellement à des difficultés de recouvrement de créances sur une partie de sa clientèle. Les mesures prises pour rétablir la rentabilité de cette entreprise ne commenceront à porter leurs fruits qu’à partir de 2002. Enfin, la filiale de machinisme agricole Guillot est en voie de stabilisation comme en témoignent les résultats équilibrés depuis deux ans.

Le développement d’un pôle de production viticole au sein de Syntéane

L’événement le plus important lors de cette assemblée générale a été la formalisation du développement d’une démarche de production viticole structurée au sein de Syntéane. En effet, lors de l’assemblée générale extraordinaire, les deux entités viticoles, la coopérative VCS (les Vignerons des Côtes de Saintonge) à Saint-Sulpice-de-Royan et la Sica Thalassa ont fusionné avec Syntéane pour créer une unité de production unique. M. François Bob, le président adjoint de Syntéane, a présenté les réflexions qui ont conduit les responsables de la coopérative à prendre la décision d’investir dans un secteur d’activité qualifié de stratégique comme en témoignent ses propos : « Syntéane avait-elle le droit de se désintéresser de la filière viticole ? Cette question a fait l’objet de débats très sérieux au sein du conseil d’administration car c’est un sujet difficile. Finalement, la décision a été prise de créer une entité économique ayant une taille suffisante pour entreprendre et construire un projet sérieux dans le domaine des vins de qualité. L’objectif est de valoriser les ha des viticulteurs en montant un outil qui soit en mesure d’affronter les marchés hors de notre région. Le fait de regrouper VCS et la Sica Thalassa permet de disposer immédiatement d’un vignoble déjà en place qu’il conviendra de savoir développer. » M. Roger Girard, le président de VCS (les Vignerons des Côtes de Saintonge) qui collecte la production de 120 adhérents (soit 700 ha de vignes) répartis sur une aire géographique où la diversification est engagée depuis longtemps. La coopérative produit des volumes significatifs de Pineaux des Charentes, des vins de distillation (principalement pour le Pineau), des vins de table et aussi des vins de pays. Il estime que les fusions au sein de Syntéane vont réellement permettre de développer une démarche de production qualitative sur plus de 400 ha. D’ailleurs, ce potentiel représente déjà pratiquement un quart de la production régionale de vins de pays. Les adhérents de VCS ont adopté le principe de la fusion sans aucune réticence compte tenu que les discussions avaient été engagées dans le courant de l’année 2000 au moment de la constitution de la coopérative Syntéane. Enfin, M. Jean-Pierre Mariau, le président de la Sica Thalassa, s’est exprimé avec une certaine émotion car il a été l’un des neufs viticulteurs fondateurs de cette entreprise en 1986 : « Les entreprises naissent souvent dans les situations de crise et la Sica Thalassa en est la parfaite illustration. Créé en 1986, le « Petit Poucet » de cette fusion regroupe la production de 140 ha de vignes et commercialise 400 000 bouteilles de vins de pays dont la majorité des volumes sont des Sauvignon blancs. L’intérêt de cette fusion est justement de faire progresser ce petit club de viticulteurs pour aller plus loin sur le plan humain et économique. Une fusion ne se fait pas contre la volonté des hommes et les adhérents de la Sica l’ont cautionnée par 96 % de vote favorable. Nous apporterons notre expérience et notre motivation dans la construction du projet de groupement de producteurs de vins de qualité. »

La création d’un groupement de producteurs spécifique à la filière Vins de qualité

Le nouveau pôle de production viticole au sein de Syntéane sera structuré de manière sectorielle avec une démarche spécifique pour la production de vins de distillation et de Pineau des Charentes, et un nouveau pôle concernant uniquement les vins de qualité. La ferme volonté de construire un projet global concernant la production de vins de qualité a été clairement exprimée et les administrateurs de la coopérative ont pris la décision de construire un groupement de producteurs spécifique à cette filière. Leur souci est d’intégrer le projet vins de qualité dans un cadre réglementaire qui s’inscrive dans la pérennité afin d’assurer dans le long terme la mise en œuvre de raisonnements qualitatifs et une bonne valorisation pour les sociétaires. Sur le plan technique, les démarches entamées par les responsables de VCS, de la Sica Thalassa et de Syntéane constituent un acquis qu’il va falloir valoriser et harmoniser par rapport aux futurs objectifs de production. Les démarches administratives pour la constitution du groupement de producteurs vins de qualité de Syntéane sont déjà engagées avec la volonté de finaliser la mise en place de cette structure dans les meilleurs délais. Le conseil d’administration du futur groupement de producteurs serait constitué de 12 administrateurs répartis par moitié à des membres de la coopérative VCS et de la Sica Thalassa.

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