Salle nourrie ce mardi 23 septembre à la traditionnelle « réunion des vendanges » organisée chaque veille de récolte par le SGV Cognac. Surtout, il était loisible de noter pas mal de « têtes nouvelles », avec un perceptible rajeunissement d’ensemble. Dans les rangs viticoles, la pyramide des âges bouge, la sociologie professionnelle évolue. Qu’un syndicat de filière comme le SGV reflète ces changements est signe de vitalité. Après un rappel des arcanes de la récolte par la Station Viticole, une présentation rapide et synthétique de la nouvelle réglementation de campagne par la directrice du syndicat, Marlène Tisseire, et une intervention du délégué régional Viniflhor sur le marché des vins, l’intervention de J.-B. de Larquier a d’emblée résonné comme une sorte de discours bilan. D’entrée de jeu, le responsable professionnel a posé le décor : « C’est la 3e et dernière réunion de vendanges que j’anime en tant que président. » Message clair et sans appel. Jean-Bernard de Larquier passe la main. Contacté quelques jours plus tard, il expliquait : « Le mandat de président de syndicat est un mandat lourd, assez épuisant et exposé, totalement bénévole. Derrière, il y a la vie de famille, la vie de l’entreprise. Pour se préserver, il faut savoir passer le relais. Dans mes différents engagements, au Pineau ou ailleurs, j’ai toujours proposé une modification des statuts pour réduire le mandat de président à trois ans. Le fait de connaître la date de départ du président permet à la relève de se préparer. Dans le cas contraire, elle ne se prépare pas. Et puis aujourd’hui, tous les mandats régionaux s’étalonnent à trois ans, au Pineau, au BNIC, à la Fédération des interprofessions. Etre à l’unisson facilite le renouvellement des hommes. » Il ne faut pas être grand clerc pour penser que J.-B. de Larquier se prépare à de nouvelles responsabilités. Mais de cela, il ne souhaite rien dire. Parole aux urnes. C’est aussi un conseil électif, celui du SGV, qui désignera le prochain président du syndicat. Il est prévu au mois de novembre. L’élection des nouveaux administrateurs ayant eu lieu en mai dernier, c’est normalement à l’issue de ce renouvellement qu’aurait dû intervenir la nomination du nouveau président. Mais des rendez-vous importants attendaient alors la région – élections du collège viticole à l’ADG en juin, renouvellement du BNIC en juillet. En ces temps d’intenses négociations, le syndicat avait souhaité différer de quelques mois l’étape du changement de président. Aujourd’hui, même si tout n’est pas encore explicitement connu au sujet du renouvellement de l’interprofession, on peut penser que l’essentiel du chemin a été fait. D’où le passage de relais qui se profile. Quant au nom du futur président du SGV, libre à chacun de se tourner l’organigramme du syndicat en se livrant à ses propres pronostics.
l’écoute
Le 23 septembre dernier, devant ses collèges vignerons, Jean-Bernard de Larquier a axé son discours sur « l’écoute », écoute entre les familles de la viticulture et du négoce, écoute à l’intérieur de la famille viticole. « En cultivant l’écoute, on peut faire évoluer beaucoup de choses. » Pour autant, le président du SGV réfute la « langue de bois ». « Il faut que les choses soient dites. Nous devons avoir le courage de nos idées. C’est la seule manière de faire bouger les lignes. » C’est peut-être pour cela qu’il adhère à l’idée d’une fédération de syndicats entre SGV et SVBC plutôt qu’à un seul syndicat même si, dit-il, « j’ai toujours souhaité l’unité viticole ». Vis-à-vis du négoce, il reprend la vieille idée, défendue avant lui par Philippe Boujut, « de pourvoir de manière raisonnable aux besoins du marché ». « Si l’approvisionnement est au rendez-vous, le négoce peut investir en toute sécurité sur le développement des marchés, en sachant que ses investissements ne serviront pas à d’autres. » Cependant J.-B. de Larquier y met un bémol ou plutôt une condition : « que la région sache où elle veut aller ». Sa remarque renvoie à la connaissance des marchés, à la visibilité dont peuvent jouir les opérateurs sur le court et moyen terme. Dans ces domaines, la viticulture se sent un peu à la traîne, elle qui est quasi absente des marchés. De la meilleure perception de la « geste commerciale », J.-B. de Larquier ne serait pas loin d’en faire son cheval de bataille. « Le partage des données de marchés doit mieux s’opérer pour que nous, viticulteurs, nous puissions nous y adapter. » Le responsable viticole considère qu’il s’agit d’un rouage indispensable pour savoir « raison garder », se prémunir des grandes peurs comme des euphories intempestives. Sans pratiquer d’amalgame sauvage, la crise financière actuelle ne dit pas autre chose – la planète financière va mal quand les acteurs ne savent plus qui possèdent quoi et où résident les risques. « Si le négoce veut un “service production” réactif et efficace, il doit lui en donner les moyens. » Classiquement, J.-B. de larquier en a appelé à une « juste revalorisation des produits ». Il a défendu, à côté du débouché Cognac, la préservation d’une filière Vins et moûts. « A rendements élevés, cette filière est capable faire jeu égal avec le Cognac. »
Alors que le renouvellement des membres du BNIC devait être bouclé en juillet, il piétinait encore à la mi-septembre, SGV et SVBC n’ayant pas réussi à accorder précisément leurs violons. Pour présenter le dossier, le président du SGV s’est lancé dans un décompte très technique des voix et des postes, qui a dû laisser plus d’un auditeur sur la touche. L’idée qui surnage est cependant la suivante : « Un grand pas a été fait dans le sens de l’écoute. » Pour le SGV, cette politique de la « main tendue » se traduit par une proposition que le syndicat présente comme son « maximum ». « C’est la dernière en tout cas que je ferais en tant que président du SGV » a précisé J.-B. de Larquier. La répartition des postes entre les deux syndicats s’établirait de la manière suivante : à l’assemblée plénière du BNIC, sur les 17 membres de la famille viticole, 10 postes iraient au SGV et 7 postes au SVBC (comme à l’ADG) et au comité permanent, 4 postes au SGV et 3 postes au SVBC. Sans vouloir présumer de l’issue finale du dossier, les propos tenus par Christophe Véral au cours des derniers jours allaient dans le sens de l’apaisement et de l’accord. « Jean-Bernard et moi sommes des personnes de consensus. Notre seul souhait, que la viticulture sorte gagnante. Aujourd’hui, le Cognac ne se porte pas mal. Si la situation se dégradait, il ne faudrait pas que la viticulture apparaisse divisée devant ses partenaires. » A la toute fin de son intervention, le président du SGV a lancé une ultime recommandation : « Evitons de nous éparpiller en futilités. Allons à l’essentiel, c’est vital. A ce titre, la protection de notre appellation fait sans doute partie des priorités. La préservation des trois filières régionales – Cognac, Pineau et vins – représente une autre priorité. Enfin, l’approvisionnement raisonnable du marché nous permettra d’échapper aux excès, dans un sens comme dans un autre. »
Le SGV Cognac en quelques dates
23 juin 2000 – Naissance du Syndicat général des vignerons pour la défense de l’AOC Cognac après deux ans de gestation. Philippe Boujut est élu à la tête du syndicat. Il en sera son premier président. Le conseil d’administration provisoire se compose des quatre syndicats siégeant au BNIC : Confédération paysanne, Coordination rurale, FSVC, FVC. Objectif affiché : créer l’unité viticole.
Hiver 2001 – Les premières élections des délégués syndicaux sont organisées autour d’une représentation par crus. Des commisions se créent.
Septembre 2002 – Scission syndicale – Naissance du SVBC.
15 juin 2005 – Jean-Bernard de Larquier devient président du SGV. Il succède à Philippe Boujut qui, après cinq ans, souhaitait mettre un terme à son mandat.
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