« Ce n’est pas un agrément bis »

18 mars 2009

1027_34.jpegObligation légale, le suivi aval de la qualité relève des interprofessions. Si l’agrément, du ressort des syndicats d’appellation veille à la typicité du produit dans sa phase d’élaboration, le suivi aval qualité (ou SAQ) s’occupe de ce qui se passe « après ». Il vérifie, de manière aléatoire, que les produits mis sur le marché sont de bonne qualité. L’idée : que les metteurs en marché fassent le ménage chez eux.

Dans une région comme Bordeaux, le suivi aval qualité fonctionne à plein régime depuis trois ans. Même chose dans d’autres grands vignobles comme le Beaujolais, les Côtes-du-Rhône… Issu d’une réglementation communautaire des années 1991-1992 qui faisait obligation aux Etats membres de vérifier la qualité des produits mis sur le marché, le SAQ a été long à se mettre en place. Ce n’est jamais chose aisée de définir des procédures d’auto-contrôles. En d’autres termes, d’accepter « de se mettre des gifles ». En fait, au départ, le choix existait : soit s’en remettre aux services de la DGCCRF pour effectuer les contrôles, soit confier ce soin aux interprofessions qui en assumeraient la charge. C’est la seconde option qui a prévalu. Sur le Pineau, le SAQ est opérationnel depuis un an et demi. La filière en est à sa cinquième vague de dégustations. A chaque fois, 80 échantillons ont été prélevés – et achetés – par le Comité interprofessionnel. Grande distribution, réseau des cavistes, ventes à la propriété… tous les créneaux de distribution sont visés, sans exclusive. Et naturellement, la filière est loin, très loin d’avoir fait le tour de toutes les formes et de toutes les zones de commercialisation. D’ailleurs, à la grande différence de l’agrément, le SAQ n’a aucun caractère d’exhaustivité. Le contrôle est totalement aléatoire alors que l’agrément, lui, est systématique. Pas un Pineau ne peut être mis sur le marché sans être agréé. Le suivi aval qualité, au contraire fait la part belle au hasard du prélèvement. Le but ne sera jamais de contrôler tous les Pineaux mis en circulation. Ce qui fait dire à Claire Floc, directrice du Comité national du Pineau des Charentes, « que le suivi aval de la qualité n’est pas un agrément bis ». A fortiori, le SAQ s’intéresse à ce qui se passe « après », une fois le produit dans les rayons.

En matière de prélèvement, le scénario est à chaque fois le même : un acheteur anonyme – une société spécialisée au national, un salarié extérieur au Comité en région – prélève deux échantillons, un pour la dégustation, un autre pour l’analyse, au cas où la révélation d’un défaut demanderait une confirmation analytique. Une commission, spécifique au suivi aval qualité, déguste les échantillons. Ce jury est aujourd’hui présidé par Marcel Simon, de la société Marnier-Lapostolle. On ne lui demande pas la même chose qu’à la commission dégustation réunie en vue de l’agrément. Si cette dernière doit disséquer le produit pour vérifier s’il correspond bien à la typicité de l’appellation, sa consœur du suivi aval qualité doit juste dire si le produit dégusté présente toujours les qualités d’un Pineau des Charentes. La dégustation n’est pas conduite dans le même esprit.

Les metteurs en marché plutôt d’accord

Les metteurs en marché – ceux dont les noms figurent sur les étiquettes – voient plutôt d’un bon œil le suivi aval qualité. Ils se sentent informés et souvent rassurés sur les conditions de commercialisation de leurs produits. A chaque commission de dégustation, les metteurs en marché concernés reçoivent un courrier leur annonçant le résultat du test. Dans l’immense majorité des cas, il s’agit d’un satisfecit. Pour un faible pourcentage pourtant – 5 % dans le cas du Pineau, statistiques portant sur les premières vagues de dégustation – la commission dégustation diagnostique la qualité insuffisante d’un échantillon. En premier lieu, le jury demande au metteur en marché de vérifier la réalité des faits, puis d’apporter une explication écrite et enfin de « rectifier le tir ». Le choix des moyens appartient au metteur en marché, en fonction des circonstances. Si le lot défectueux est en « bout de course », il se contentera de débarrasser son revendeur des quelques bouteilles restantes, mais il pourra aussi être amené à retirer des quantités beaucoup plus importantes. Le metteur en marché est averti d’un second prélèvement, qui ne peut intervenir qu’au moins deux mois après le premier passage. Bien sûr, il ne sait ni où ni quand. Si, au bout du 3e passage, la qualité s’avère toujours notoirement insuffisante, une commission réunie au sein du Comité interprofessionnel, peut décider de confier le dossier à la Répression des fraudes. « Ce serait une grave décision et quelque part un aveu d’échec » note C. Floc. Malgré la menace de sanctions toujours possibles, les opérateurs ne rejettent pas le système. « Le suivi aval qualité, disent-ils, est riche d’enseignement. Nous avons souvent une vision assez lointaine du marché. Ce contrôle sur les lieux de vente ménage parfois de grosses surprises, qui nous étonnent nous-mêmes. » Les metteurs en marché touchent notamment du doigt le problème de conservation des bouteilles chez leurs distributeurs, tant au niveau des conditions de stockage qu’au niveau de la rotation de leur marchandise dans le rayon. Certaines appellations commencent à envisager de corréler le suivi aval de la qualité avec la procédure d’agrément, en soumettant les « recalés » du SAQ à des critères d’agrément plus contraignants. Le Pineau n’en est pas là. Pour l’heure, il défend plutôt une vision « séparatiste » des choses, entre agrément d’un côté et suivi aval de l’autre.

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