Sur le statut du vignoble, Jean-Marc Girardeau, président du directoire de H. Mounier, a accepté de s’exprimer, lui qui au BNIC, co-présida sous la précédente mandature, la commission « Développement de l’appellation » ex-commission juridique.
Que pensez-vous d’un statut d’appellation pour le vignoble ?
Si c’est pour résoudre le problème que nous rencontrons aujourd’hui – celui du transfert des droits de replantation d’un vignoble à l’autre – je pense que ce n’est pas le bon véhicule juridique. Le pas de temps risque de s’avérer bieaucoup trop long. Un statut d’appellation ne se cré pas en quelques semaines ni même en quelques mois. Par ailleurs et sans minimiser la menace que ces transferts font peser sur la valeur patrimoniale du vignoble, la réponse me semble inappropriée voire disproportionnée.
Qu’entendez-vous par là ?
Pour régler une difficulté qui, je l’espère, est momentanée, faut-il entrer dans un mécanisme qui nous engagerait, on ne va dire pour l’éternité mais pour très très longtemps ? Nous avons eu la chance à Cognac de pouvoir mettre en place une ODG à parité négoce / viticulture, avec une présidence viticole pour garantir l’intégrité juridique du système. On ne pouvait pas faire mieux. C’est unique en France mais le Cognac est également un produit unique. A mon avis, vouloir un statut d’appellation pour le vignoble me semblerait excessif. En mettant de côté le problème ponctuel des transferts, Je ne vois pas ce que cela nous apporterait de plus.
Alors, la région est-elle condamnée à observer les dérives, en toute impuissance ?
Au-delà des textes, il y a les principes. Il est possible de respecter la lettre des textes mais d’en bafouer l’esprit. En matière de protection des appellations, la France a transféré une partie de ses pouvoirs à la Communauté européenne. C’était d’ailleurs son droit le plus absolu. Et bien, au nom de ces principes, ne peut-on pas demander à Bruxelles de s’emparer du dossier ? « Votre système à montrer ses limites. Aider nous à restaurer la protection de l’appellation. » A force de trop horizontaliser, on oublie des textes très spécifiques. Bruxelles compte des juristes très compétents. Dans ce cas-là, les délais de réaction pourraient être très courts.
Existe-t-il des précédents ?
Pas à ma connaissance mais, ce que je sais, c’est que l’Union européenne fait de la protection des appellations un principe absolu, pour peu que l’on ai envie de l’actionner.
Qui pourrai s’en charger ?
L’interprofession, à condition bien sûr que se dégage à Paris une volonté de porter le dossier avec nous.