Sophie Clavaud, feutrière : Magique osmose

7 janvier 2015

Sophie Clavaud est une grande alchimiste : il lui suffit d’un peu d’eau et de savon pour transmuter la matière…

p35.jpg…Mais une matièrede qualité, car seule la laine mérinos extra fine, 18 microns (un micron c’est 0,001 mm !) trouve grâce à ses yeux. « Si on utilise de la laine plus épaisse, explique-t-elle, le produit fini pique la peau ! ». Cette fibre superbe, aux couleurs éclatantes et au toucher très doux, Sophie va la travailler avec de l’eau et du savon pour la transformer, par la magie de ses mains, en bijoux, étoles, sacs ou mitaines… de feutre.

« La laine a des écailles, explique-t-elle, comme les cheveux. En la massant avec de l’eau et du savon, les mains apportent la chaleur nécessaire pour “emmêler” les fibres. » L’émulsion savonneuse va servir de lien pour faire prendre les matières entre elles. Les pièces seront ensuite rincées à l’eau tiède pour ôter le savon puis à l’eau froide pour que les fibres se rétractent, avant d’être mises à sécher.

Dans les créations de Sophie Clavaud, la laine se marie à bien d’autres matières. Elle utilise parfois de la soie en mèches (plus longues que celles de la laine) « la soie ne feutre, mais elle donne du relief et de la brillance au travail ». Sophie ajoute aussi à ses ouvrages des inclusions de tissus, voilage, soierie, dentelle… qu’elle prend au piège des fibres de laine. « Quand je veux faire des inclusions, précise-t-elle, je travaille de la laine cardée, plutôt que de la laine en mèches. » Ces morceaux de tissus, elle les trouve chez des commerçants bien sûr, mais elle utilise aussi beaucoup les chutes que lui donnent ses collègues artisans : peintre sur soie, fabricant de marionnettes… elle a même utilisé un jour du poil de bobtail offert par une amie éleveuse « …brut, sans le teindre ; ça donne un résultat extrêmement doux. »

Son métier, feutrière, est encore peu connu mais il progresse. « Lorsque j’ai commencé il y a neuf ans, c’était vraiment confidentiel. Aujourd’hui nous sommes environ 300 feutriers en France. C’est beaucoup plus répandu en Allemagne ou en Autriche, des pays dans lesquels on enseigne la technique à l’école. »

Au début de sa vie professionnelle, Sophie Clavaud était étalagiste, « mais j’avais en moi la volonté de créer ». Elle a commencé par le modelage, avant de rencontrer une feutrière, sur une exposition à laquelle elle participait, et d’avoir un gros coup de cœur pour la matière et pour ce geste ancestral de la main qui foulonne la laine, et s’approprie la fibre.

Son activité de feutrière est aujourd’hui sa seule source de revenus, et elle ne regrette pas son changement d’orientation, même si la vie n’est pas simple tous les jours. Son activité ne lui demande pas beaucoup de place et elle peut l’exercer chez elle. Mais créer ne suffit pas, il faut aussi faire connaître son travail… et le vendre. Elle a donc recours à des boutiques de métiers d’art, comme Babel’art à Brouage, mais surtout à des expositions éphémères, ou alors elle partage pour un temps avec d’autres créatrices le loyer d’une boutique, comme elle l’a fait à Limoges en décembre. Créatrice, fabricante, vendeuse… Sophie porte toutes les casquettes en même temps et ses semaines sont bien souvent plus proches de 61 heures que de 35…

 

A lire aussi

Collectif 30 000 Martell – Objectif 0 herbi

Collectif 30 000 Martell – Objectif 0 herbi

Le projet du groupe est le maintien de la réduction significative des intrants phytosanitaires, fongicides et insecticides, d’au moins 50% par rapport à la référence et l’arrêt total du désherbage chimique, tout en maintenant la productivité. Cette viticulture...

Optimiser la qualité de pulvérisation de son appareil

Optimiser la qualité de pulvérisation de son appareil

Guillaume Chaubenit adhére au Collectif 30 000 Martell. Il a choisi de tester le programme LUMA, un programme phytosanitaire sans DSR, avec des produits 5m pour les ZNT. Changement de pratiques, année à pression forte pour le mildiou, ce jeune viticulteur, confiant...

error: Ce contenu est protégé