De nombreux essais ont été réalisés par Entav-ITV France pour cerner les possibilités offertes par ces différents produits et cette présentation se veut d’une part une synthèse aussi simple que possible de nos résultats actuellement disponibles et d’autre part une présentation des pistes actuellement à l’étude.
Les résultats présentés concernent essentiellement le mildiou et dans une moindre mesure oïdium, pourriture grise et rougeot parasitaire.
Méthodes de travail
Si les produits sont utilisés seuls, ils sont comparés à un produit de référence (méthode CEB) utilisé à dose homologuée et à une cadence de traitement strictement identique.
S’il s’agit d’une formulation cuprique, elle est comparée, à apport égal de cuivre/ha avec la bouillie bordelaise RSR ou avec Héliocuivre (selon qu’il s’agit d’hydroxyde ou de sulfate de cuivre).
Si les produits sont utilisés en association avec un fongicide pour en diminuer la dose d’emploi, cette association est comparée à ce même fongicide utilisé seul à la dose présente dans l’association. Ce cas concerne notamment les préparations de type adjuvant.
Le dernier cas de figure concerne certains produits préconisés avant les périodes habituelles de traitement et qui précèdent généralement la période de grande sensibilité de la vigne, leur efficacité est alors jugée en comparant des programmes-type avec ou sans les applications « préparatoires », ce type de produit concerne, actuellement tout au moins, davantage l’oïdium que le mildiou.
Les modalités sont bien évidemment comparées à un témoin non traité et tous les essais sont conduits en station de brumisation afin de disposer d’une pression parasitaire significative et assurée.
Les protocoles utilisés sont tous de type CEB et les résultats bénéficient depuis 1998 de l’agrément BPE et donc du statut d’essais officiellement reconnus.
Méthodes de classement
Afin de simplifier la présentation des résultats, les résultats ont été regroupés en classes d’efficacité.
Les formulations utilisées seules et qui s’avèrent non différentes statistiquement du témoin non traité ont été regroupées sous la mention « efficacité nulle ». Pour fixer les idées, cette absence de différence statistique s’accompagne généralement d’un niveau de dégâts comparable à celui présent dans le témoin à plus ou moins 10 % près.
Celles présentant une efficacité de 20 à 30 % et inférieures à celle de la référence « chimique » sont présentes sous la rubrique « efficacité moyenne ». Ces produits sont susceptibles de procurer une protection satisfaisante dans un contexte de pression parasitaire faible à moyen (moins de 30 % d’intensité de dégâts sur grappes dans le témoin non traité), en gardant présent à l’esprit que l’efficacité de tout fongicide, quel qu’il soit, décroît lorsque la pression parasitaire augmente.
La mention « efficacité bonne » correspond à un comportement statistiquement comparable à celui de la référence.
Les produits utilisés en association ou avec un fongicide sous-dosé, ou renfermant un fongicide sous-dosé, qui se révèlent non différents (voire dans certains cas inférieurs du fait d’un phénomène d’antagonisme) de ce même fongicide sous-dosé utilisé seul sont classés en « sans intérêt ».
Dans le cas d’essai du type adjuvant + fongicide à dose homologuée, l’adjuvant est classé « sans intérêt » si l’efficacité n’est pas statistiquement améliorée.
La mention « antagonisme » signifie que le produit expérimenté diminue l’efficacité du fongicide associé.
La mention « nulle à moyenne » sous-entend des résultats variables et un besoin probable… d’essais complémentaires (!) sauf si les organes concernés, feuilles/*grappes sont précisés.
Les résultats
Présentés dans les tableaux I et II pages 28-29, ils regroupent l’ensemble des essais conduits par Entav-ITV France depuis 1984.
Le Micill M500 de Goëmar, malgré son apparent intérêt, n’a pas connu de développement commercial.
Parmi toutes les autres formulations expérimentées sans complémentation de fongicide, seules celles à base d’acide phosphoreux (IN 94/41 ou Trafos Mg B Mn Fe) semblent pouvoir constituer une alternative envisageable aux fongicides classiques, il faut cependant noter que dans le cas du IN 94/41, la dose d’acide phosphoreux est sensiblement supérieure à celle apportée par la référence Mikal.
Toutes les formulations cupriques proposées à l’essai sont d’une efficacité comparable (ou parfois inférieures…), à grammage identique de cuivre, à celle procurée par une Bouillie Bordelaise RSR ou un Héliocuivre. Elles ne présentent donc aucun intérêt pour la réduction des apports de cuivre, souci essentiel en agrobiologie.
Le Stifénia, homologué sur oïdium, se révèle pourtant totalement inefficace dans trois essais réalisés sur oïdium de type drapeaux (conservation hivernale par mycélium) tout comme vis-à-vis du mildiou (à dose triple de celle préconisée contre oïdium).
Parmi les produits proposés en association avec des fongicides « classiques », l’acide phosphoreux confirme logiquement son intérêt (produits LBG et Trafos), mais l’alternative en tant que telle est sujette à débat pour certains, puisque l’acide phosphoreux est un des métabolites du fosétyl-Al…
Les purins de prêle ou d’ortie associés à la bouillie bordelaise sous-dosée (2 kg/ha) ont montré des efficacités d’un niveau non négligeable, pouvant atteindre 30 %, ce qui en restreint toutefois l’usage à des situations exclusivement à faible pression parasitaire. A cette condition ils peuvent donc constituer une solution intéressante en agrobiologie dans le cadre de la réduction des apports de cuivre.
La principale et importante réserve concerne évidemment la composition des purins utilisés, qui sera normalement très dépendante et de la matière première utilisée et de la recette de préparation (les préparations utilisées par les membres du groupe de travail ITAB provenaient toutes du même fournisseur).
Enfin en matière de lutte biologique, des résultats prometteurs ont été enregistrés avec T. atroviride vis-à-vis de Aspergillus carbonarius, champignon responsable de la production d’ochratoxine dans les vignobles du pourtour méditerranéen. Ces résultats sont en cours de confirmation.
Les pistes de travail
Quelques « molécules » sont potentiellement candidates, mais l’efficacité de bon nombre d’entre elles n’a été pour le moment observée qu‘en laboratoire et la confirmation au champ reste bien évidemment aléatoire. Certaines d’entre elles ont fait preuve d’une efficacité intéressante sur des cultures autres que la vigne et la transposition au mildiou, ou à un autre parasite viticole, est tout aussi aléatoire et demande là encore confirmation.
Dans le cas du mildiou les pistes les plus prometteuses, à court terme et à notre connaissance, semblent être actuellement les oligosaccharides, l’acide 3 aminobutyrique (« baba ») ainsi que certaines huiles extraites de plantes.
Dans le cas de l’oïdium, parasite externe et donc plus exposé à une action directe, plusieurs types de molécules sont a priori intéressants : huiles minérales, lactoferrine.
Conclusions
Parmi la liste, certes non exhaustive, des produits alternatifs expérimentés par Entav-ITV France, seules quelques préparations à base d’acide phosphoreux ou phosphonates se révèlent, vis-à-vis du mildiou, d’une efficacité d’un niveau proche ou identique à celle d’un fongicide classique, systémique dans ce cas précis.
Les purins d’ortie ou de prêle, associés à une Bouillie Bordelaise nettement sous-dosée, présentent une efficacité inférieure à celle d’une protection cuprique classique, mais peuvent donner satisfaction face à un mildiou peu virulent, charge à l’utilisateur de changer rapidement de stratégie si la pression parasitaire augmente et d’accepter de probables variations d’efficacité du fait de la fabrication artisanale de cette préparation.
Le produit Stifénia, bien qu’homologué, se révèle totalement inefficace dans un contexte d’oïdium en provenance de drapeaux.