Un club d’amis qui mutualisent des frais. Les Vif charentais ne sont jamais à court d’idées quand il s’agit de repiquer de concert des étiquettes, louer en commun une avineuse, acheter en gros des Bib. Pour ces solistes à l’indépendance chevillée au corps, la solidarité n’est pas une cause veine. Par bien des aspects, leur mouvement fait penser à un GIE – groupement d’intérêt économique – mais où le E signifierait aussi entraide. Au fil des ans, la forte dimension relationnelle des VIF ne se dément pas. De même, depuis sa création il y a 31 ans, le mouvement s’attache à défendre des « valeurs », comme autant de sources d’enrichissement et de valorisation : affirmation du terroir et du territoire, respect de l’environnement, transmission des savoir-faire, « prise en main de son destin »… Quant à l’esprit syndical, il essaie de se frayer un chemin, vaille que vaille. On sent bien que certains y sont plus attachés que d’autres. Par le canal du SGV Cognac, Paul Giraud siège à l’ADG Cognac, où il représente les vignerons indépendants.
une nouvelle génération d’hommes du vin
Michel Issaly, le président national des Vignerons indépendants de France, était présent à l’assemblée générale des Vif charentais, le 22 janvier dernier à Pons. Ce vigneron du Tarn originaire de Gaillac incarne une nouvelle génération d’hommes du vin qui, dans leurs parcours professionnels, ne craignent pas d’aller à rebours de choix réputés acquis par leurs pairs (voir article ci-joint). Rugbyman passionné, dévoué à son sport, il s’est engagé assez tardivement dans le mouvement des Vif. Mais une fois le pas franchi, il n’a pas mégoté son engagement. Ainsi
a-t-il gravi rapidement les échelons dans la hiérarchie des Vif. Président du mouvement depuis trois ans, son équipe et lui-même ont dans leurs cartons de nombreux chantiers. Plusieurs axes forts les résument : le développement d’une plate-forme commerciale multiservice ; le renforcement des actions de formations ; la consolidation des salons, en leur donnant une nouvelle dimension à l’international ; le travail sur la notoriété du logo ; une « prise de parole » renforcée sur les grands sujets sociétaux comme l’environnement, l’ouverture à la société, la solidarité. Plus que jamais, les Vif se vivent comme « une force de proposition ».
le challenge de la formation
En ce qui concerne la plate-forme multiservice, un premier embryon avait vu le jour à Bercy mais s’était soldé par un échec. Simple lieu de stockage des vins, le projet pêchait peut-être par manque d’ambition. Cette fois, le mouvement veut en faire un vrai regroupement de l’offre des Vif, dans une visée principalement export. Le sujet mobilise aujourd’hui un groupe d’experts. La formation, un sujet auquel Michel Issaly s’avoue très sensible. Il en fait un véritable challenge et un pôle de développement. « Le but des prochaines années est d’accompagner et de former 600 entreprises par an. » Un numéro vert va être mis en place, pour répondre instantanément aux questions qui se posent, juridiques, techniques, réglementaires, sanitaires. Derrière, la formation pourra prendre le relais, si besoin est. Les Vif veulent en faire un outil accessible, le plus populaire possible. Les salons grand public ont toujours constitué la tête de pont des VIF. Jusqu’à peu, la dimension internationale manquait. Le salon de Londres fut une première tentative. D’autres devraient suivre. Le logo ! entre les VIF et leur logo, c’est une longue histoire identitaire. Il s’agit d’une publicité collective mais aussi une « icône », porteuse de « valeurs ». « Quelles valeurs met-on derrière notre logo ? » Depuis le début, le sujet hante le mouvement des caves particulières. « Ce n’est qu’en grandissant tous ensemble que notre logo prendra du poids. » Pour l’instant, Michel Issaly note que l’impact du logo reste encore modeste.
Tout en assumant son particularisme produit, la fédération charentaise des VIF épouse la démarche du mouvement national : même réflexion sur le logo, même approche « services ». Ses membres avouent un déficit en terme de communication et de relations publiques. « Nous devrions davantage travailler dans ce sens à l’avenir. » A titre personnel mais, manifestement, le sujet traverse les VIF, le président Christian Landreau a tenu à parler de l’agriculture bio. « C’est un thème qui me tient à cœur. Pendant ces trois années de présidence, j’ai été discret sur l’agriculture biologique pour ne pas influencer ou indisposer les sceptiques. Mais, pour moi, l’avenir de la viticulture, c’est le bio. Dans quelques décennies, le vin sera bio ou ne sera pas.
triumvirat
En l’absence de subventions, deux sources assurent les finances de la fédération charentaise des VIF : la vente de matières sèches et les cotisations syndicales. Sur proposition du bureau, l’assemblée générale a voté une augmentation des cotisations 2011 de 2,47 %. Cette progression s’appliquera sur les six tarifications en cours, fonction des surfaces. A titre d’exemple, la cotisation annuelle « moins de 15 ha » passera de 115 à 118 €, la « plus 15 ha » de 148 à 152 €. Le président Christian Landreau a assuré du soutien des VIF le Syndicat du Pineau dans son combat sur les taxes. « Nous ne pouvons pas envisager de répercuter cette hausse des taxes sur nos bouteilles sans prendre le risque de voir les consommateurs se détourner du produit. Les VIC (Vignerons indépendants des Charentes) sont solidaires de cette action. »
A l’issue de la dernière assemblée générale des VIC, Christian Landreau souhaitait abandonner son mandat de président. Faute de candidat, il a accepté de « repiquer » pour une année supplémentaire. En fait, Jean-Paul Giraud et Pierre Julliard le rejoignent « dans une sorte de petit triumvirat », pour le soulager et l’épauler. C’est la solution qui a été trouvée, le temps que se dévoilent de « jeunes pousses ». L’espoir des VIF ! Que la relève s’opère avec la nouvelle génération et, mieux encore, qu’elle se féminise. « Nous espérons que le mouvement s’enclenche en douceur, à la mode charentaise. »
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