Publiés le jeudi 25 octobre, les résultats des trois premiers mois de l’exercice fiscal de Martell laissent bien augurer de la suite. Ils se sont soldés par une progression de 23 %, où l’effet volume a joué pour 10 % et l’effet valeur pour 13 %. A juste titre, Jean-Marc Morel a qualifié ces résultats de « très belle performance ». Dans la foulée, il a annoncé une hausse des prix des eaux-de-vie nouvelles (récolte 2012) de 9 %, uniforme sur l’ensemble des crus et pour tous les livreurs. « Dans notre périmètre, les prix s’entendent nets de frais de courtage et de transport » a-t-il précisé, évoquant « le souci de transparence et de lisibilité auquel aspirent les viticulteurs ».
En valeur absolue, cette augmentation de prix se traduit par un prix de 1 040 €… pour le cru Borderies et légèrement en dessous de 1 000 € pour les Fins Bois. « Nous sommes juste en dessous ou au-dessus de
1 000 € l’hl AP selon les crus. Ces prix s’entendent hors primes de qualité, qui jouent de façon récurrente au sein de notre coopérative UVPC. » Le directeur général adjoint de Martell a souligné que cette progression des prix succédait à une augmentation déjà significative opérée l’an dernier, de 5,2 % sur les eaux-de-vie 00 et de 6 % sur les vins.
Un phénomène de rattrapage
Pour lui, cette progression résulte d’un faisceau de facteurs. « Je pense que c’est un tout : la croissance de la catégorie Cognac, les résultats de la marque bien sûr mais aussi un phénomène de rattrapage. En 2008, 2009 et 2010, les hausses n’ont pas été très importantes. Un premier gros rattrapage fut effectué l’an dernier. Il semblait assez logique qu’un nouveau rattrapage s’exerce cette année. Maintenant, il est probable que toutes les années ne se ressembleront pas ! » (sourire).
Quoi qu’il en soit, Jean-Marc Morel considère que l’augmentation de prix de cette campagne constitue « un signe d’encouragement envoyé à la viticulture. » Les raisons en sont simples. « Nous avons besoin du travail de nos partenaires viticulteurs pour pouvoir réaliser les ventes d’aujourd’hui et préparer celles de demain. »
Si la maison de Cognac a investi plusieurs dizaines de millions d’€ dans son outil industriel (chaîne de mise en bouteilles, chais de vieillissement…), les dirigeants de la marque reconnaissent volontiers « qu’il est normal que la viticulture ait également les moyens d’investir dans son outil de travail. Nous l’avons toujours dit. Nous attendons notamment qu’elle investisse dans le renouvellement de son vignoble ainsi que dans la prise en main de certaines maladies comme la flavescence dorée ou les maladies du bois ». Le directeur général adjoint de Martell a par ailleurs évoqué le cas de jeunes viticulteurs intéressés par l’agrandissement de leurs surfaces. « Nous vivons une période de mutation du vignoble. Cette hausse de prix représente un gage de confiance dans l’avenir. Elle peut aider à mener à bien certains projets. »
Une logique de croissance durable
Jean-Marc Morel a signalé que la progression des prix s’inscrivait, chez Martell, « dans une logique de croissance durable, menée depuis de nombreuses années par notre maison et qui est en train de porter ses fruits. Notre vision est celle d’un développement long terme de notre marque, porté par une franchise de marque exceptionnelle. » Par « franchise de marque », il entend la valeur perçue par le consommateur. J.-M. Morel en est persuadé : « Pour qu’une franchise de marque se développe, il faut y consacrer des moyens publi-promotionnels importants. On ne bâtit pas une marque solide sans investissements publi-promotionnels assez lourds. » Il s’est dit très confiant sur la croissance des marchés émergents. « On ne peut pas nier que des différences économiques importantes existent entre la zone d’Europe de l’Ouest, les pays émergents (Europe de l’Est, Asie, Afrique) et la zone d’Amérique du Nord. »
Fin août/début septembre, les quatre premiers signataires du contrat « livre d’or » de la sica UVPC (durée de 5 ans au lieu de 3 ans, en fonction du caractère « remarquable » des exploitations viticoles) ont effectué un voyage de huit jours en Chine, en compagnie des dirigeants de la marque. Promesse leur en avait été faite lors de la dernière assemblée générale de la coopérative associée. Aux dires de Jean-Marc Morel, ils en sont revenus « très très optimistes ». Un « focus » sur cette expérience est prévu au cours de la prochaine AG. Fixée le 29 novembre à Galienne, la réunion se tiendra en présence de Philippe Guettat, le nouveau directeur général de Martell.
Repères
• Martell compte environ 1 200 livreurs.
• Un peu moins de 300 se retrouvent à l’UVPC.
• Les dirigeants indiquent un taux de contractualisation très élevé, qui les rend relativement sereins vis-à-vis de leur approvisionnement.
• La société emploie 420 équivalents temps plein.
• Les emplois en CDI s’élèvent au nombre de 375.
• Sur les cinq dernières années, Martell a recruté 135 personnes en CDI, avec une création nette de postes de 37 %.
• L’accent est mis sur l’apprentissage. Les contrats par alternance représentent 5 % des postes en CDI (19 personnes en plus des 375 CDI).