
Pourquoi briguer une certification quand on applique déjà les règles en vigueur ? Jean Pineau a évoqué le rôle de dynamisation d’une telle démarche, qui incite « à aller toujours plus loin ». Qui plus est, elle s’accompagne d’un devoir de « reporting », « d’une obligation de résultat consolidé par la preuve », façon HACCP. Démarré fin 2004, le projet a porté sur de nombreux points, résumés en dix engagements : veille réglementaire, veille technologique, analyse des investissements en terme de sécurité alimentaire, définition d’un plan d’audit interne, exigences en matière de métrologie… Centrale dans la démarche, la formation a représenté, durant les deux années, environ 6 000 heures et intéressé 400 personnes, dans tous les départements de l’entreprise. La plupart du temps, elle fut délivrée par des auditeurs internes (9) et des formateurs maison (7) qui ont animé 300 stages. Comme à chaque fois dans ce type de protocole, le process a été « saucissonné » en autant d’activités élémentaires pour étudier les différents dangers. De par leurs fonctions, 15 « personnages-clés » ont été désignés en plus des 20 membres de la commission sécurité alimentaire. Si le périmètre de la certification est large – de la production viticole jusqu’au distributeur, en intégrant les différents fournisseurs de la maison de Cognac – la certification ISO 22000 n’a pas vocation à entraîner de nouvelles obligations pour les 1 700 livreurs d’Hennessy. Aucune certification quelconque n’est en vue pour eux. Ils restent seulement concernés par l’HACCP et les audits régulièrement conduits par leur acheteur, sans autres formalités. « Cette approche est suffisante pour nous garantir que les viticulteurs sont en harmonie avec la réglementation demandée » a confirmé Jean Pineau. A quel objectif concourt la norme ISO 22000 ? Par un système de management, à améliorer en permanence la sécurité alimentaire et, par un système de traçabilité, à pouvoir identifier les problèmes sous 24 heures. A noter que la société était déjà certifiée ISO 14001 (certification environnementale). Les deux managements – environnemental et sécurité alimentaire – fonctionnent en synergie, d’autant qu’ils concernent souvent les mêmes personnes.
L’audit de certification diligenté par le bureau Veritas a été conduit en deux étapes : un premier audit sur deux jours relatif aux « pré-requis » et un audit opérationnel sur le terrain, sur trois jours à deux auditeurs, avec interviews des salariés… Onéreuse, la démarche de qualification l’est sans doute. Mais combien coûte la non-qualité ? C’est ce rapport gain/coût qui fonde le raisonnement des entreprises. Le directeur général d’Hennessy, Bernard Peillon, a par ailleurs signalé que la certification ISO 22000 pouvait aussi être « une belle façon de prendre la parole ». En petit comité, illustration en fut donnée à Bagnolet.