Sica des baronnies de Jarnac : Courvoisier, prix et volumes d’achat recalibrés à la hausse

9 mai 2012

Dans un contexte de tension sur les volumes, la Sica des Baronnies, navire amiral de l’approvisionnement Courvoisier, n’échappe pas aux sollicitations de son acheteur. La maison de Cognac a annoncé des intentions d’achat en hausse de 10 %. Par ailleurs, elle fait évoluer ses prix de reprise des eaux-de-vie sous contrat de Bonne Fin.

 

 

p6.pngLa région de Cognac a soif, soif de marchandise. Courvoisier n’échappe pas à la règle. Patrice Pinet, directeur général de la société, a annoncé que sa maison vendait 1,5 million de caisses de Cognac (y compris Salignac) et que les VSOP et qualités supérieures affichaient une progression globale de 10 %. Dans ces conditions, lancer une sollicitation d’achat en hausse de 10 % pour la récolte à venir tombait sous le sens. « Nous vous communiquerons formellement nos intentions par courrier début juin » a déclaré P. Pinet à la cohorte de livreurs qui s’était déplacée à Jarnac le 11 avril dernier. La Sica draine 630 viticulteurs. Combien en manquait-il ? Sans doute bien peu. Les parkings débordaient et la salle des fêtes de Jarnac était noire de monde (y compris deux ou trois bambins venus avec leurs parents). Humeur apaisée s’il en est.

Sur la récolte 2011, les volumes livrés à la Sica des Baronnies avaient déjà fait l’objet d’une augmentation de 10 %. « Cette progression s’inscrit dans une stratégie de croissance régulière des achats de Courvoisier depuis une dizaine d’années » a tenu à contextualiser Benoît de Sutter, directeur des achats de la société de négoce. Dans son intervention, il est revenu longuement sur les modalités d’achat de la Sica ainsi que sur sa formule de calcul des prix des eaux-de-vie en contrat de bonne fin. « Courvoisier, a-t-il dit, est la seule maison de Cognac qui garantit un prix minimum sur les contrats de bonne fin. Il s’agit d’un des piliers du fonctionnement de notre Sica, les deux autres étant la garantie des volumes et un système d’acompte. »

Eau-de-vie : deux modalités d’achat

La Sica propose deux modalités d’achat. Première modalité : un achat en vin sur la totalité du volume contractualisé, option qui ne représente pas plus de 10 % des livraisons à la coopérative associée. Seconde modalité : des achats en eaux-de-vie 00 sur 65 % des volumes et le reste (35 %) mis en stock à la Sica, sous contrat de Bonne Fin (retiraison du compte 1 au compte 3 selon les crus). Les rachats interviennent le 30 avril de chaque année. En avril 2012, ils ont concerné, suivant les crus, les récoltes 2008 (Borderies-Champagnes), 2009 (Fins Bois) et 2010 (Bons Bois).

B. de Sutter a détaillé par le menu la composante prix des contrats de Bonne Fin de la Sica des Baronnies, arrivés à échéance en avril 2012 ; une composante prix discutée en conseil d’administration de la Sica. Le directeur des achats de Courvoisier a indiqué que le prix de base – sur lequel s’engageait l’acheteur – se bonifiait d’une prime qualité de 15 € par hl AP (versée l’an dernier à 95 % des livreurs de la Sica) ainsi que de deux compléments de prix. Un premier complément de prix, envisagé avec le conseil d’administration, vise à « accompagner les besoins d’investissements des exploitations ». Un second complément de prix, lui, trouve sa justification dans « l’attitude prudente » observée par la société Courvoisier lors de la détermination du prix des vins, en 2008, 2009 et 2010. A l’époque, la maison de Cognac redoutait les effets de la crise. Puis, comme les autres négociants, elle s’est assez vite aperçue – dès 2010 – que ses ventes progressaient plus rapidement que prévu. D’où la nécessité d’un rattrapage. « Nous avons souhaité corriger le tir, compenser le décalage » a noté le partenaire commercial. Les prix sont les suivants : Grande Champagne 2008, 1 280 e l’hl AP ; Petite Champagne 2008, 1 200 e l’hl AP ; Borderies 2008, 1 243 e l’hl AP ; Fins Bois 2009, 1 100 e l’hl AP ; Bons Bois 2010, 945 e l’hl AP.

Dans son rapport d’orientation, Philippe Joly, président de la Sica des Baronnies, a insisté sur le statut de livreur de vin, un statut « qu’il convient de défendre mais qui doit aussi évoluer sous peine de disparaître inexorablement. Veut-on que se mette en place une viticulture à deux vitesses ? » (voir page 8). Il a remercié les adhérents pour leur présence massive. « Vous démontrez que ces rendez-vous sont incontournables. Ce sont des moments exclusifs, pour mieux comprendre le fonctionnement de notre filière. Ils nous rassurent et nous confortent. »

Rendement libre

Quand il s’est exprimé, Patrice Pinet a créé la surprise, en citant un chiffre : 10,5 hl AP/ha. Pour le P-DG de Courvoisier, ce chiffre correspondrait à ses attentes en matière de rendement Cognac commercialisable (libre), ce qu’il juge « en phase » avec la progression des ventes. Inutile de préciser que son annonce figurait plus comme un ballon d’essai que comme une information de première main.

Les discussions sur le rendement Cognac sont ouvertes depuis quelques semaines. La décision finale est attendue lors de l’assemblée plénière du BNIC, le 25 mai prochain. Il n’empêche que la déclaration de Patrice Pinet a fait son effet. Bruissement dans la salle. Le directeur général de Courvoisier l’a justifié par la progression des ventes de qualités supérieures.

Il est également revenu sur une affaire qui avait défrayé la chronique lors de la dernière campagne : la proposition de Courvoisier de contractualiser la réserve de gestion compte 4. Devant l’opposition générale, la maison avait fait machine arrière. Ce qui n’a pas empêché P. Pinet de remercier « ceux qui avaient souhaité s’engager avec nous. A la libéralisation du compte 4, ils seront prioritaires » a-t-il promis. Il a redit son besoin de marchandises, dans un contexte où les ventes de la marque augmentent de 15 % en Asie, où elle est numéro un en Grande-Bretagne. Il a par ailleurs indiqué que le groupe Jim Beam avant intégré en octobre dernier sa maison mère Fortune Brands. Le groupe de spiritueux se classe aujourd’hui au 4e rang mondial. A travers quelques images, Patrice Pinet a présenté une année riche en lancement de nouveaux produits. Au printemps, il y a eu le lancement de « Rosé Courvoisier » aux Etats-Unis, un assemblage de Cognac et de Vin Doux Naturel destiné au marché des cocktails. Au même moment, a été lancé « C de Courvoisier », un Cognac qui rassemble les eaux-de-vie de 50 propriétaires, uniquement de Fins Bois. Son lancement s’est appuyé sur un basketteur très connu aux Etats-Unis, reconverti dans la comédie, Shaquille O’Neal. Les Cognacs 12 et 21 ans d’âge de Courvoisier ont fait l’objet d’une campagne de promotion au Canada, tandis que la marque poursuivait ses opérations de marketing en Angleterre. En mars dernier, Patrick Pinet a fêté en Malaisie l’année du dragon, en lançant « L’essence du dragon », un Cognac en édition limitée à 500 carafes.

La Sica en bref
Le 11 avril 2012, la Sica des Baronnies a tenu sa 26e assemblée générale. Les entrées de la récolte 2011 ont porté sur environ 36 000 hl AP, dont 11 756 hl AP mis en stock (livraison des trois quarts en vin ou en eaux-de-vie 00). Des volumes en augmentation de 10 % par rapport à la récolte 2010. Au titre de l’exercice 2010-2011 clos au 31 octobre 2011, son chiffre d’affaires s’est élevé à 31 millions d’€, en hausse de 7 %. La répartition par cru se décline de la façon suivante : 3 206 hl AP en GC, 5 640 hl AP en PC, 348 hl AP en B, 25 174 hl AP en FB, 1 531 hl AP en BB. Sur la récolte 2011, les prix ont augmenté de + 6 % en Fins Bois et Bons Bois (évolution plus importante sur les trois autres crus, en lien avec la très bonne progression des qualités supérieures).
Joël Lavergne a indiqué que les trois laboratoires du périmètre Courvoisier (laboratoire de la maison ainsi que ceux des distilleries Pinard et du Maine au Bois) avaient reçu 3 064 échantillons au titre de la dernière récolte, contre 2 717 la récolte précédente. C’est la conséquence d’un millésime 2011 qualifié de « hors normes », marqué par les extrêmes. Compliqué à mettre en œuvre (stress hydrique, précocité, hétérogénéité des parcelles), il n’en reste pas moins acceptable, avec quelques pépites, telles ces eaux-de-vie « florales et fruitées ». La prime qualité a été attribuée à 93 % des échantillons de vin (contre 95 % en 2011).

 

 

A lire aussi

L’appel à l’aide de l’US Cognac Rugby

L’appel à l’aide de l’US Cognac Rugby

C'est un constat qui a fait le tour des médias, sportifs ou non: l'US Cognac va très mal. Malgré les efforts de Jean-Charles Vicard pour tenter de redresser la barre, le club se retrouve dans une difficile situation financière.  La direction a de fait décidé d'envoyer...

error: Ce contenu est protégé