SICA des Baronnies-Courvoisier : la stabilité en Prime time

10 juin 2015

Un an après le rachat de Courvoisier par le groupe japonais Suntory, l’année 2015 se décline sous l’ère de la stabilité pour la maison de négoce et sa Sica associée. Stabilité des prix, stabilité des relations avec les viticulteurs, confiance dans le marché même si la période reste compliquée.

 

 

p36.jpgUn non-événement, la reprise de Courvoisier par Suntory ! A coup sûr, les adhé-rents de la Sica des Baronnies n’auront guère perçu le changement. Continuité dans le management, continuité dans les relations avec les viticulteurs, continuité dans le déroulé de l’assemblée générale de la coopérative, ce jeudi 9 avril à Jarnac. Si Patrice Pinet n’y était revenu en début d’intervention, la date anniversaire du 30 avril 2014 n’aurait pas fait tilt. Mais le P-DG de Courvoisier y a fait allusion, plus qu’une allusion même : « Depuis un an, notre maison a connu une évolution majeure. Elle a intégré un très grand groupe de spiritueux, Suntory, au portefeuille extrêmement diversifié. Il comprend non seulement des Whiskies mais aussi des Tequilas, Rhums, Vodkas, liqueurs… A l’intérieur de ce portfolio, Courvoisier occupe une place de premier plan. Nous commençons à travailler avec nos collègues japonais tout en gardant des relations privilégiées avec le siège de Chicago, Beam-Suntory, qui est la branche spiritueux du groupe. Les choses se mettent en place progressivement, sans brûler les étapes. Le groupe nous fait confiance. »

Il y a un peu plus d’un an, la société a modernisé sa chaîne de mise en bouteille. Elle procède actuellement à de profonds changements sur sa gamme et son packaging, pour s’adapter à la clientèle. Au lendemain de la réunion, P. Pinet partait à Paris puis à Londres pour le lancement d’Extravagance, un VSOP premium, assemblage de Petite et Grande Champagne.

Au niveau des volumes et des prix, la stabilité est aussi de rigueur. Sur la récolte 2014, la livraison à la Sica des Baronnies aura porté sur 30 826 hl AP. Une quantité un peu en deçà de la commande passée par Courvoisier, pour une raison simple, la grêle. L’épisode climatique aura prélevé environ 5 % des volumes pressentis (voir en encadré les précisions de Benoît de Sutter, chargé des achats eaux-de-vie). Sur ces 30 826 hl AP, 20 741 hl AP – soit presque 68 % des volumes livrés – ont été achetés en 00. Le solde – 9 999 hl AP, ça ne s’invente pas – soit environ 32 % des volumes, a fait l’objet d’une mise en stock à la Sica, sous forme d’un contrat avec Garantie de Bonne Fin. Selon les crus, la reprise s’effectuera en comptes 1, 2 ou 3. Par rapport à d’autres Sica ou coopératives associées, la Sica des Baronnies présente une particularité : ses adhérents, dans leur intégralité, font distiller à façon leurs eaux-de-vie sous contrat. On comprendra dans ces conditions que le prix du vin soit déterminant. En début de campagne 2014-2015, le conseil d’administration a accepté la hausse proposée par Courvoisier pour tous les crus :
30 €/hl AP, soit une progression de 3 à 3,5 %. « Compte tenu du contexte commercial, c’est une marque de confiance mutuelle » a commenté B. de Sutter qui n’a pas omis de signaler que cette hausse de prix faisait suite à une augmentation de 10 % sur la récolte 2013. « Je pense que la hausse proposée était la meilleure réponse que nous puissions vous faire ».

Prix de rachat des eaux-de-vie

p38.jpgAprès le prix du vin, reste à fixer, chaque année, le prix de rachat des rassises, pour le dénouement des contrats de bonne fin. Il concerne les 35 % (ou un peu moins) d’eaux-de-vie stockées à la Sica pour une durée variable selon les crus. Au prix minimum garanti (prix du vin auquel s’ajoutent les frais de distillation, les frais d’entreposage et les frais financiers) – socle de la politique contractuelle Courvoisier – s’ajoutent les compléments de prix liés au vieillissement.

Si la première partie du prix ne donne pas lieu à négociation (constat des frais réellement engagés), la seconde partie fait l’objet d’une discussion au sein du conseil d’administration. Et bien sûr, plus le prix de revient de l’eau-de-vie sera bas, plus les compléments de prix pourront être élevés. A cet égard, B. de Sutter a souligné la bonne maîtrise des coûts d’entreposage de la Sica. Ainsi, par exemple, l’évaporation régulièrement constatée par la Sica s’élève à 2,5 % alors que l’évaporation moyenne retenue par le Groupe de Travail « production » du BNIC est de 3 %. Même chose avec les frais de stockage – 26,75 €/hl AP/an pour les rachats réalisés au 30 avril 2015 – alors que le « GT » production se base sur 39 €/hl AP/an. En 2014, les frais financiers, à 1,6 %, auront frôlé le taux plancher.

Reste ensuite à négocier les compléments de prix. Au sein du conseil d’administration de la Sica, il s’agit d’un moment important entre les deux partenaires amont et aval. Pour les rachats d’avril 2015, le conseil d’administration du 17 mars 2015 a décidé de reconduire les compléments de prix de l’an passé. Une stabilité des niveaux de dénouement perçue comme un signal positif.

Chez Courvoisier, l’année 2014 correspondait au renouvellement des contrats triennaux. A cette occasion, un nouvel accord-cadre a été mis sur pied. Il laisse notamment la possibilité aux adhérents engagés pour plus de la moitié de leurs volumes de pouvoir souscrire un contrat de six ans. La proposition a rencontré un franc succès puisque la moitié des volumes concernés ont été engagés pour six ans, c’est-à-dire jusqu’en 2019. Ce dont Philippe Joly, le président de la Sica des Baronnies et Benoît de Sutter se sont réjouis. « C’est la marque d’une fidélité partagée. »

Sica des Baronnies Chiffres clés
Sur l’exercice clos le 31 octobre 2014, le chiffre d’affaires de la Sica s’est élevé à 37,8 millions d’€, dont 23 millions d’€ au titre de la récolte 2013, payés immédiatement et 14 millions d’€ au titre des récoltes 2010 à 2012 stockées par la Sica. La Sica compte 603 actionnaires part A (viticulteurs) et 8 actionnaires part B (la maison Courvoisier et sept bouilleurs de profession). Sur la récolte 2013, la Sica avait rentré 32 628 hl AP. Le léger écart constaté en 2014 – 30 826 hl AP livrés – s’explique par les pertes de récolte dues à la grêle. Par cru et par hl AP, les apports se répartissent de la façon suivante : GC (2 341), PC (4 712), B (353), FB (21 814), BB (1 606). Le cru FB représente plus de 70 % des apports à la Sica.
C’est à partir du prix du vin qu’est fixé le prix de rachat des eaux-de-vie 00. Après application de la hausse de 30 € pour tous les crus, le prix du vin récolte 2014 s’est établi de la façon suivante à la Sica des Baronnies (en €/hl AP) : GC (1 020), B (985), PC (944), FB (930), BB (880).
Le 30 avril 2015, il a été procédé au rachat des récoltes 2011 pour les GC, PC et B – 2012 pour les FB – 2013 pour les BB. Après application du complément de prix et de la prime qualité, les eaux-de-vie ont été rachetées aux tarifs suivants (€/hl AP) : GC (1 573), B (1 535), PC (1 490), FB (1 356), BB (1 189).

Grêle : un coup de pouce solidaire

Au final, ils n’auront été que 14 adhérents à profiter du dispositif grêle mis en place par la Sica, mais la démarche a été appréciée.

Compte tenu des couloirs de grêle, les adhérents de la Sica n’ont pas été les derniers à être impactés par les dégâts atmosphériques. On estime que la grêle du printemps 2014 a ravi environ 5 % des volumes de la Sica. Benoît de Sutter a détaillé ce qui avait été mis en place pour aider les livreurs. Première mesure, une aide à la trésorerie permettant de toucher un acompte a posteriori sur la récolte 2013. Trois adhérents en ont bénéficié, pour 73 213 €. Il était possible aussi de différer d’un an les frais de distillation de la récolte 2014 (payables sur la récolte 2015). Ils furent six adhérents à adhérer à la mesure, pour 26 634 €. Afin, ceux qui le souhaitaient ont pu libérer tout ou partie de leur réserve de gestion de la récolte 2010 (libérable depuis novembre 2014). Cinq adhérents ont souscrit à la proposition.

Patrice Pinet : « Un vignoble suffisamment dimensionné »

Par rapport au dimensionnement du vignoble Charentes, le P-DG de Courvoisier fait siennes les recommandations du Business Plan Cognac. « Pour l’instant, le vignoble paraît suffisamment dimensionné et ce sur plusieurs années. Par contre, il faut continuer à investir dans le renouvellement, face notamment à la pression des maladies du bois. L’activation commerciale sans produit à vendre ne servirait à rien. » Au niveau régional, les deux outils qui lui paraissent les plus essentiels sont la réserve climatique et le Business plan Cognac.

En ce qui concerne les sorties Cognac, le P-DG de la marque a évoqué le léger frémissement des statistiques sur le mois de mars 2015 (-2,8 %), à rapporter au
– 4 % de mars 2014, avec le commentaire suivant. « Toutes les maisons de Cognac ont confiance dans le potentiel de reprise du marché chinois, notamment sur le VSOP. »

Bien positionné sur le marché anglais, Courvoisier soutient de plus en plus outre-Manche une consommation en cocktails, auprès de consommateurs qui se renouvellent et se rajeunissent. La marque remporte aussi de beaux succès aux Etats-Unis. Après une forte croissance des prix ces dernières années, Patrice Pinet plaide pour une certaine stabilité « afin de défendre nos positions dans un marché très concurrentiel ». « Fort heureusement, ajoute-t-il, un taux de change bien plus normal entre dollar et euro arrive au bon moment pour atténuer le poids des eaux-de-vie en stock, sachant qu’au sein des groupes internationaux, tout se calcule en dollars. »

 

 

 

 

 

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