SGV SVBC : La ré-union

3 août 2011

Neuf ans après le « clash » qui avait vu le SVBC faire sécession de la structure viticole unitaire créée en 2000, les deux syndicats viticoles SGV et SVBC se ré-unissent. Un acte fort. La décision, prise le 16 juin, lors d’un conseil d’administration extraordinaire des deux syndicats et de la fédération FVPC (Fédération des viticulteurs producteurs de Cognac), a été officiellement annoncée le 21 juin 2011, jour de la Fête de la musique (osera-t-on dire, quelques jours après l’appel du 18 juin !).

De manière symbolique, cinq personnes se sont retrouvées autour de la table pour parapher l’accord : Christophe Véral, président de la FVPC, la structure « ombrelle » déjà chargée depuis trois ans d’organiser le dialogue entre les deux formations, Christophe Forget, président du SGV Cognac, François-Jérôme Prioton, président du SVBC, Jean-Bernard de Larquier, chef de famille de la viticulture au BNIC et Bernard Laurichesse, président de l’ODG Cognac. Tous les participants se sont félicités de cet accord, qui va se traduire, après dépôt des statuts de la nouvelle structure, par la fusion des deux conseils d’administration en un seul mais aussi par la mise en commun des fichiers adhérents. « C’est un grand moment pour la viticulture. En travaillant ensemble au sein de la FVPC, nous nous sommes aperçus que nos différences originelles étaient moins importantes que nos terrains d’ententes. Il était tout à fait naturel de passer à la vitesse supérieure. Nous œuvrons tous pour le même produit et dans le même but, la défense du revenu viticole et la pérennité de nos exploitations. »

Le négoce de Cognac avait ouvert la voie en réalisant lui-même son unité. En 2008, fut fondé le Syndicat des maisons de Cognac (SMC). La viticulture pouvait-elle rester longtemps à la traîne, en prenant le risque d’afficher ses dissensions « et de laisser au négoce le soin de jouer les arbitres ? » « Nous souhaitons renvoyer l’image d’une profession unie et rassemblée même si, en interne, il est tout à fait normal que toutes les sensibilités s’expriment. »

D’un point de vue pratico-pratique, le fonctionnement en fédération devenait intenable, d’une lourdeur « hyper-fatiguante ». La viticulture souffrait de réunionnite aiguë. Sans forcément de satisfactions en retour. Les discussions se déroulaient d’abord à l’intérieur des syndicats. Des positions émergeaient. Puis les représentants des deux formations les portaient en fédération. En ressortait une nouvelle ligne. Les responsables professionnels revenaient alors vers leurs mandants respectifs. Qui ne pouvaient que se sentir frustrés et déçus de ne pas avoir été associés au débat. Ils avaient donné leur aval à un texte. On leur soumettait en retour quelque chose de différent. « Cette façon de faire froissait tout le monde. Dorénavant, chacun entendra les arguments de l’autre et se déterminera en connaissance de cause. » Au sein du conseil d’administration de l’union, il a été décidé que les décisions se prendraient à la majorité des deux tiers, afin qu’un large consensus s’opère (règle des deux tiers déjà en vigueur à la fédération). « Après, il faudra être vigilant et fort pour qu’il n’y ait pas de dérapage » indiquent les syndicalistes viticoles.

Le dépôt des statuts de la nouvelle structure interviendra sans doute courant octobre, en tout cas avant la communication des listes de candidats au BNIC, dont le renouvellement des membres est fixé en novembre. Le conseil d’administration de la nouvelle structure élira un bureau, un président, un vice-président.

Pour les 235 délégués du SGV Cognac, récemment désignés, cela ne change rien. Ils conservent leur qualité de délégués. Sans pouvoir décisionnel, ils jouent le rôle d’une courroie de transmission, du bas vers le haut et du haut vers le bas. Le SGV bien sûr mais aussi le SVBC souhaitent que soit maintenu ce principe de construction pyramidale. « Nous voulons conserver une structure qui nous permette d’être transparent par rapport à la base. » Ainsi, à l’issue du mandat des délégués actuels, une nouvelle désignation aura lieu dans deux ans et demi. D’ici là, le SVBC a la possibilité de présenter des délégués.

Attention à ne pas perdre d’adhérents » met en garde un syndicaliste. « Au contraire, répondent les représentants professionnels. Tout va être fait pour que les viticulteurs charentais apportent leur soutien sans faille à cette nouvelle structure. Le but est de recruter au-delà du périmètre actuel de nos deux syndicats. Il s’agit de regrouper toute la viticulture charentaise, à la manière du SGV Champagne. »

Avant même la naissance officielle de l’union, la première conséquence du rapprochement concerne les élections à l’ODG Cognac. Les deux formations ont décidé de faire liste commune. Bernard Laurichesse a indiqué que le scrutin se déroulerait par correspondance, comme en 2008 et que la liste serait ouverte (possibilités de candidats libres). Les élections devraient se tenir en septembre pour une communication des résultats en octobre, avant le renouvellement des membres de l’interprofession en novembre.

Hommage a été rendu à Bernard Guionnet, l’un des principaux artisans de cette union. « Il a su rassembler les hommes et mettre ce projet sur les rails. C’est en grande partie à lui que nous le devons. »

Pour l’instant, la nouvelle structure s’appelle… pas. Autrement dit, elle n’a pas encore de nom. Une chose est sûre ! Dans sa future dénomination, ne figureront ni le terme « syndicat » ni le terme « unique ». Histoire de conjurer le sort « et parce que ces notions ne font pas vraiment partie de notre code génétique. »

Instruit par le passé, un viticulteur s’interroge : « Cette union tiendra-t-elle dix ans fermes ? » Et de répondre à sa propre question : « Des tentatives de “putsch” existeront peut-être. Mais ce que je sais, c’est que plus le temps passera, plus il sera difficile de redémarrer autre chose. »

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